Il renifle bruyamment, ses petits poings serrés le long du corps. Il a de nouveau cette expression butée. Il est tout près de craquer, mais il retient ses larmes. Hors de question de pleurer, pas devant sa mère. Elle le voit bien. Ça et son œil gonflé et ses coudes écorchés.

— Qu’est-ce qui s’est passé ? demande-t-elle.

— Les autres se sont moqués. C’est Ullain qui a commencé. » Un sanglot le secoue, mais de larme, toujours point. « Mais je me suis bien défendu, ajoute-t-il fermement.

— Bien. Il s’est encore moqué de tes cheveux ?

— Non.

— Qu’a-t-il dit ?

Le gamin ne dit rien. On dirait qu’il a peur de s’exprimer, ou peut-être honte.

— Si les gens prennent la peine de se moquer de toi c’est que, d’une manière ou d’une autre, ils te craignent.

Il hoche la tête.

— C’est aussi ce que dit grand-père.

En effet, en y réfléchissant, elle a parlé comme son père. L’idée la fait sourire.

— Dis maman, reprend-il après un temps de réflexion, moi j’ai pas de papa hein non ?

C’est donc ça.

— Non, mon chéri.

— Bon. Tous les autres en ont un. Mais tu sais, c’est pas grave du tout.

— Ah non ?

— Non, parce que j’ai la meilleure maman du monde. Tu vaux une maman et un papa à toi toute seule. Je lui ai dit, à Ullain.

Il se jette tout contre elle et la serre dans ses bras. Elle lui rend son étreinte et sent une petite larme couler en silence. Elle a bien essayé de ne pas l’aimer, au début. Mais voilà, c’est un fils en or.