L'héritier (10)

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5 Rubilante 767

J’ai reçu ce matin la visite de Monsieur Stabel. Il a commencé par présenter ses excuses, car en dépit de ses efforts, il ne trouvait dans ces sols aucune veine d’essence exploitable. Il pouvait toujours creuser plus profond, m’a-t-il dit, mais son sens de vieux mineur lui chuchotait que c’était peine perdue. La ressource est simplement insuffisamment présente sur le domaine. La nouvelle m’a ébranlé. Tous ces efforts se révélaient donc vains.

Mais Stabel n’a pas pris congé, il désirait me montrer quelque chose. Il avait apporté un paquet, une sacoche de cuir informe dont le contenu produisait de légers cliquetis. Intrigué, je l’ai invité à me suivre dans mon cabinet. Il a posé son paquet sur le bureau et l’a déballé avec une sorte de précaution respectueuse. C’est ainsi que j’ai découvert sa trouvaille.

Il s’agissait d’un assortiment de divers fragments d’objets. Notamment plusieurs morceaux de poterie, parties constitutives d’une amphore aux formes élégantes. Parmi les morceaux, j’ai également discerné une petite figurine en bronze verdie par les années. Il y avait aussi un bon pied d’une lame usée, corrodée, mais sur laquelle on devinait encore des dessins d’ornement. Et puis une garde très abîmée, garnie d’enchâssements vides, sauf un, orné d’une petite pierre verte. Une émeraude !

J’ai observé Monsieur Stabel, stupéfait. Il semblait à la fois amusé et prudent. Il appréhendait peut-être ma réaction. « En poussant mes investigations dans vos galeries à la recherche d’une veine, m’a-t-il confié, je suis tombé sur un passage éboulé, puis sur des salles. Elles sont très anciennes. J’ai trouvé ces objets dans l’une d’elles, mais il y en a d’autres. » D’après lui, ma carrière n’a pas vocation à devenir une mine d’essence, mais peut-être un site de fouilles. Ces antiquités doivent dater de plusieurs siècles et devraient intéresser historiens et érudits, sans parler des richesses pures, telles que cette émeraude.

J’ai aussitôt repensé au trésor de Père. Il n’était peut-être pas si rêveur, finalement. Il y avait bien quelque chose là-dessous. J’ai rassuré ce brave Monsieur Stabel. Sa probité méritait d’être récompensée et j’aurais sans doute encore besoin de lui et de ses hommes pour la suite. Je lui ai proposé de rester à mon service, il aurait une part honorable sur les découvertes, et il a accepté de bon cœur.

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