25 Rubilante 767

Une fièvre s’est emparée de Maître Galimède. Il a consacré ces derniers jours à arpenter le campement du vieux moulin, à rassembler les trésors et vieilleries récupérées par chacun, à pester sur ses aides. Quant aux nuits, il les a passées enfermé dans la bibliothèque, le nez dans d’obscurs volumes apportés de la haute école. Le matin, il partage un bref déjeuner avec nous, les yeux rougis et soulignés de cernes violacés, avant de reprendre ses travaux effrénés.

« Bientôt » a-t-il grommelé aujourd’hui matin entre deux bouchées hâtives « Je commence à comprendre. Je touche au but ». Je lui ai demandé de quoi il parlait, s’il avait fait des progrès dans ses recherches. Il m’a regardé comme si je parlais une autre langue. Puis il a fini par répondre. « Bientôt, je descends. Tout à l’heure. Ou demain. Ensuite, je vous expliquerai. À mon retour. » Je n’ai rien pu en tirer de plus clair.

C’est une autre fièvre qui s’est emparée de Mère. Elle me réveille tous les soirs à présent, prise de terreurs nocturnes. Père l’obsède. Et Solefiore aussi, depuis peu. Elle délire, elle prétend vouloir quitter cet endroit. Je ne l’ai jamais vue comme ça. Je suis inquiet. L’âge a peut-être rattrapé cette pauvre femme. Néanmoins, au souvenir de cette première nuit où elle a rêvé de Père et où je me suis réveillé aux pieds de la statue du hall d’entrée, je ressens un malaise. Pressentirait-elle quelque chose ? Ou n’est-ce qu’une de ses ruses pour m’empêcher de m’accomplir ? Elle n’a jamais été favorable à mes projets.