1/52 - Re/cycle
Le tranchant n'était pas assez aiguisé. Il est entré dans ma chair en forçant, déchirant salement les tissus. J'ai tout senti. Chaque millimètre de son avancée au travers de ma peau, de ma graisse, de mon muscle. Et l'organe percé. J'ai tout senti. Un choc lent, qui arrête le temps. La douleur, la Vie... C'est à l'instant où l'on meurt qu'on la ressent le plus.
Et combien de fois suis-je morte, bon sang ? Combien de fois mon ventre a-t-il été transpercé ? J'en ressens encore les stigmates. Dans mon flanc, dans mon cœur, ma gorge noyée de sang. Je suis saisie par la peur, glacée par la mort. Condamnée à revenir encore et toujours. Mourir et renaître dans un cycle sans fin.
Ça n'était pourtant pas faute d'avoir refusé d'y croire. D'avoir espéré de toutes mes forces que mon dernier souffle soit véritablement le dernier. Qu'il n'existe ni âme, ni réincarnation. Ni punition, ni rédemption. Pas de retour. Et surtout pas de destin.
Mais nous voilà encore, tous les deux. Le morceau de verre planté sous mes côtes. Incurvé juste comme il faut pour trancher l'intestin et percer le poumon, en un seul mouvement. L'accident, l'éternel coup du sort. Le hasard trop parfait. Et ma bouche qui vomit tout mon sang sur tes bras.
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