26/52 - Personnage
Parlons un peu de Myük. Pour l'instant, que voyez-vous ? Avec ce simple nom, là. Myük. Ça ne dit pas grand-chose. Pourtant, vous avez tous formé dans votre tête une silhouette, ou quelque chose qui puisse faire office de base. À partir de là, on étoffe, en commençant par les gros traits.
Myük est un individu de sexe mâle, a priori humanoïde. Il est assez grand, autour du mètre quatre-vingt-cinq, d'une corpulence élancée avec une musculature développée mais fine. Là, ça y est, vous vous imaginez déjà le cliché du beau gosse. Avouez !
Ses cheveux bruns sont coupés un peu sauvagement et portés en bataille, il est clair qu'il ne leur apporte aucun soin particulier. Puisqu'on est dans la couleur, que devrait-on dire de sa peau ? Alors, on pourrait dire brune, mais ce serait trop. Mate, ce ne serait pas assez. Non, Myük a la peau ambrée. Il a une jolie peau ambrée, uniforme, au grain lisse ; de ces peaux qu'on a envie de toucher du bout des lèvres pour ne pas la brusquer avec la corne de nos doigts. Sauf qu'en réalité, Myük est loin d'être aussi fragile. Si on y regarde de plus près, il a autant de marques sur l'épiderme que vous et moi. Bon, peut-être pas autant, pour des raisons biologiques mystérieuses et injustes. Mais il a une petite cicatrice sous la lèvre, et une grosse dans le dos, près du rein gauche. M'enfin ! Restons dans les couleurs. Que dire de ses yeux ? Parce qu'il paraît que c'est important. Leur forme est assez difficile à décrire, ni bridés, ni en amande, ni grands ronds ouverts. Ils sont pourtant dessinés avec une étrange perfection, à tel point que la teinte des iris ne frappe pas au premier abord. Cerclées de noir, leur brun piqué de diverses nuances est assez commun.
Les traits, ensuite ! Myük a le visage relativement fin. Relativement. Avec une pilosité variable en fonction des jours et peu envahissante, mais jamais inexistante - le rasoir, ça irrite. La chose la plus remarquable sans doute est son profil, la ligne de sa mâchoire qui remonte presque tout droit du menton jusqu'à l'oreille. Le nez, aussi, qui semble rectiligne, rond et épaté quand on le voit de face, a une apparence fine et légèrement concave vu de côté. Le dessin de ses lèvres a quelque chose de sec, un peu informe ; peut-être sont-elles d'ailleurs trop petites, par rapport à son nez. Il faudrait voir son sourire, pour savoir ce qu'elles donnent en s'étirant. Ou bien qu'il parle, mais pour l'instant ce n'est pas gagné.
Non parce qu'il ne suffit pas d'un corps ! Maintenant qu'on l'a modelé, il faut faire tout le reste. C'est ce reste, qui est décisif, après tout. Tout ça, mis en mouvement par un caractère mou, tordu ou désespéré, ça ne donne pas pareil que s'il est bougé par une énergie rieuse, fraîche ou arrogante – ne vous méprenez pas, l'arrogance n'est pas positive, mais elle est dynamique !
Alors on commence par le sourire. C'est une bonne porte d'entrée. Ce que ça dit, si son sourire est simple, asymétrique, avec un brin d'espièglerie qui fait écho à un éclat dans son regard. Qu'en pensez-vous ? On continue dans cette voie-là ? Est-il pétillant ou moqueur, d'après vous ? Ha... De ses dents imparfaites n'apparaissent que le bas quand il rit ; il a une canine un peu plus longue que l'autre, un peu moins pointue aussi. Au coin de ses yeux apparaissent deux plis discrets. Des pattes d'oie ? Ça donnerait une idée de son âge... Elles restent encore un peu quand le sourire a disparu, mais sans excès. Il doit avoir dans les trente ans.
Est-ce qu'on a envie de l'aimer ? Est-ce qu'on a envie de le trouver beau ? Rha... on n'y est pas encore. Le voilà qui a poussé la voix au dehors, elle est grave, plutôt sourde d'ailleurs, mais très claire, sans rien qui coince ni dans le nez ni dans la gorge. En contraste, il parle peu, sans fluidité, avec des phrases non finies, un peu vagues. Il donne l'impression de ne pas y être. Mais son regard est fixé sur son interlocuteur sans montrer une once de gêne ou d'hésitation. Il semble prendre et donner bien davantage de cette façon que par les mots. On peut se douter que ça ne doit pas mettre très à l'aise.
Quand il est seul, il chante, très souvent. Plus ou moins fort, plus ou moins bien en fonction de ce qu'il fait en même temps. D'ailleurs, qu'est-ce qu'il fait ? Il fabrique des choses. Des choses utiles. Des sacs, des boites, des meubles, des cordes, des tabliers, des chapeaux, des gants, des écharpes... Il fabrique ce qu'on lui demande. Et il chante, dans son atelier de plein air, comme ça, tout seul. Il n'a pas de chien, pas de chat, il est tout seul, avec les oiseaux et les rats, les loirs, les orvets... et les araignées. Plein d'araignées. Myük aime bien cette solitude-là, cette solitude bien entourée.
Le portrait est dressé. On peut partir d'ici et créer une histoire. Mais vous êtes bien avares ! Vous avez un personnage et voilà que vous réclamez un scénario à grands cris ! Ne niez pas, je vous entends. Allons allons, n'est-ce pas magnifique, tous les chemins qui se dessinent devant les pieds de Myük ? Devrait-on vraiment n'en choisir qu'un seul ? Vous avez déjà tous un avis bien à vous sur l'animal, la direction qu'il prendra est trop subjective ; la moitié d'entre vous serait sceptique si on faisait ce choix pour vous.
Alors Myük, Myük... si on te laissait faire ta vie ?
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