27/52 - Nothing
Ton temps passe trop vite. Il passe trop vite. Tu es trop occupé. Tout est trop, dans ta vie. Il y a trop de gens que tu appelles amis, trop de tâches à boucler dans une journée, trop de désirs que tu as transformés en rêves. Ta vie, j'en voudrais pas. J'en veux pas, de tes secondes en shaker, de ton pas nerveux, de ta tête en feu. Tu t'es vu ? À vouloir tout faire, tout. Fabriquer de l'argent, et le dépenser. Travailler, et prendre autant de bon temps. Penser que dormir est une perte de temps. S'envoyer des poudres louches dans le nez pour tenir jusqu'au bout de la nuit. Et recommencer au matin. Tu crois que tu vis, mais tu es mort. Ta mémoire n'accroche plus rien, tes émotions sont un embrouillamini insensé. Mais regarde-toi, bon sang ! Tu es épuisé, vidé du dedans. Le compte à rebours est en folie, tu as dépassé le zéro. Allez, va, appelle tes clients. Et les sous-traitants. Et les chefs d'équipe. Allez, mets ton costard de mauvais goût, vérifie cent fois ton emploi du temps, remplis des cases, répète tes phrases. Encore. Et puis, n'oublie pas de flirter un peu, de coucher aussi, de tomber de temps en temps sur un ou une partenaire avec qui tu échangeras des textos pendant un ou deux mois, avant d'oublier de lui répondre, ou que l'autre se lasse de tes bavardages impalpables. La roue a un poids sur la flèche : « Nothing ». Tu y reviens de plus en plus souvent. Nothing. Rien du tout. C'est ça, ta vie. Rien du tout.
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