Et si ça suffisait, maintenant ? Si tu cessais d'attendre, si tu cessais de douter ? Si tu passais la porte... De l'autre côté, c'est la guérison. Il suffit de. Il suffit...

Ah oui. Bien sûr, ouvrir la porte, la faire pivoter sur ses gonds, faire un pas en avant, ce sera douloureux. Tu vas en chier, pour cracher toutes ces peurs ankylosées, tout ce mal préparé, entretenu, soigné, nourri, quand tu te croyais invincible. Forte et énergique. Pas vraiment douée, mais habile. Pas vraiment belle, mais athlétique. C'est tout ce qui importait, hein, ce confort du corps, cette sensation de vie quand on décide de courir, bondir, se percher en haut d'un rocher pour sentir le vent, l'odeur de tout, comme une bête libre. Et voilà tu ne peux plus courir. Voilà, tu ne peux plus sentir, prendre une grande bouffée d'air, même pas vraiment rire. Voilà... tu es une demi-toi. Tu vis une demi-vie.

C'est le temps de l'exorcisme. La peur ne retient pas tes pas, c'est le doute... le doute encore. Celui qui ramène violemment la balance dans sa position initiale. La pente passive. Avaler les cachets qui cachent. Laisser des doigts trifouiller tes veines, tes artères, ta peau, ta moelle, poumons, estomac, sinus... et le cœur, ils le regardent de loin, mais se sent-il en paix ? Peut-on guérir quand on n'est pas en paix ?

Passer la porte... laisser une chance au corps. Détraquée, tu l'es de partout. Dans ta chair, dans ton âme, et ton cerveau parfois, quand les médicaments s'y mettent.

Arrêter. Tout arrêter. Quitter le goudron encore frais qui colle aux pattes. Prendre un meilleur chemin, un sentier de terre, incertain mais logique, terrifiant mais calme.

Et retrouver, d'une façon ou d'une autre, le confort au-dedans.