INTRIGUE
Des milliards d’années auparavant...
« Vivre n’est pas de notre volonté, mourir ne l’est pas non plus… Nous ne sommes rien, un subterfuge, rien d’autre qu’une pâle matérialisation de l’espoir. Une disposition de l'esprit humain dans l’attente d’un monde meilleur et un destin plus favorable… Je ne suis qu’un esprit vacant à la croisée des mythologies… »
Sur les hauteurs du mont Olympe, là où le sommet traverse les nuages, des braseros illuminaient les multiples temples plongés dans les méandres de la nuit. Ils étaient tous reliés par des chemins en dalles blanches, éclairés de flambeaux en terre cuite recouverts de bronze. Tous menaient à la petite route qui se trouvait au sommet de la montagne. Dans un panorama nocturne à couper le souffle, les étoiles brillaient au-dessus de l’Olympie. Qui prônait sa supériorité de par sa monumentalité et sa prestance architecturale. Des statues en marbre de Paros à l’effigie des dieux olympiens qu’ils abritaient, étaient disposées sur chaque extrémité des sanctuaires. Certains possédaient des emblèmes les représentant disposés au centre du fronton. Tous se trouvaient sur la première façade de la montagne, l’arrière de celle-ci étant réservée aux temples des Dieux secondaires.
Éclairés par les lumières tamisées qu’offraient les flammes éternelles, on pouvait distinguer quelques Dieux vêtus de toges blanches se hâter à gravir les dernières marches d’une Olympie silencieuse. Six colonnes ioniques encadraient l’entrée principale. En arrière-plan, deux colonnes supplémentaires encadraient l’entrée de l’édifice. L’intérieur était fait de marbre, les flammes des braseros se reflétaient dans celui-ci. Des piliers, dont les chapiteaux possédaient de multiples ornements recouverts de dorure, entouraient la pièce à l’aspect arrondi. Une frise était peinte et représentait l’histoire de Zeus, comment il avait évincé son père Chronos. En son centre douze sièges étaient disposés en arc de cercle. Derrière les sièges une ouverture donnait sur un vestibule qui mène aux appartements privés de Zeus et Héra.
Le panthéon des douze grands Dieux était réuni, aucun ne manquait à l’appel. Zeus, Poséidon et Hadès occupaient les sièges centraux. Tous d’une impartialité déconcertante, il n’y avait que Hadès qui affichait une mine grave surement parce qu’il était le seul à comprendre la gravité de la situation. Il posa l’avant de ses bras sur les accoudoirs de son siège en marbre, tout en laissant un soupir le trahir.
Les dieux secondaires faisaient acte de présence, debout de chaque côté de cet arc de cercle parfait. La gorge nouée ils avaient les yeux rivés sur Paros, leur vie dans cet essaim ne tenait qu’à un fil, tout comme les Moires coupant d’un simple coup de ciseaux la vie d’un homme, quand celle-ci atteint son but. Tous menaient leur train de vie, ce louant aux volontés de ce qu’ils appelaient les Dieux supérieurs. Il n’y avait pas que chez les hommes que l’aspect pyramidale de la société opérait, les Dieux furent sans doute les premiers à l’imposer. Tout en se vantant prétentieusement leurs exploits.
Le bruit titillant des chaines s’entrechoquant entre elles se fit entendre, tandis qu’une jeune déesse vêtue d’une toge blanche voluptueuse et échancrée au niveau de sa jambe droite, avançait. Une ceinture dorée lui marquait la taille, elle était pieds nus et pouvait ressentir le froid du marbre, qui fit frissonner son échine. Le coeur battant à tout rompre et la gorge nouée pour un sanglot elle était maintenue par l’étreinte d’Arès autour de son bras. Il était un homme musclé, un guerrier. Il ne quittait jamais son armure et son masque. Au plus loin que la jeune femme se souvienne, elle n’avait qu’entraperçu le bleu de ses yeux et des mèches brunes et rebelles s’échappant du casque.
— Lilith déesse ailées rêves érotiques ! tonna Zeus dont la voix raisonna dans l’enceinte vaste et pure de l’Olympe. Celle-ci releva son visage en leur direction. Elle pouvait sentir le poids de tous les regards l’épier et la haïr pour un crime qu’elle n’avait pas commis. Ses mains se mirent à trembler tandis qu’elle croisa le regard de Zeus.
Lilith était une jeune femme possédant une chevelure d’un blond froid naturel, une couronne d’olivier en or était posée sur le haut de sa tête. Elle possédait des pommettes colorées, ainsi qu’une peau naturellement bronzée qui faisait ressortir les abîmes bleutés de ses yeux humides et apeurés. Elle portait autour de son bras un bracelet en or, représentant deux serpent donnant l’impression d’envelopper sa peau de velours. Une améthyste violette était placée en son centre.
La poigne d’Arès se resserra autour de son bras, lui indiquant qu’il fallait s’arrêter. Il la lâcha et recula pour rejoidre les autres Dieux.
Au centre de l’arc de cercle, elle fut un moment sondée par tous les Dieux. De la tête aux pieds comme si elle n’était qu’une vulgaire tache sur le marbre. Son coeur battait à tout rompre et son souffle se faisait presque court. Elle les jaugeait un à un, implorant leur clémence de son regard brumeux. Ses mains tremblaient tandis que ses doigts serraient nerveusement le tissu de sa robe. Une vague de murmure prit vie. Lilith regarda furtivement les spéculateurs autour d’elle, tous craignant la colère du Dieu suprême. Il mit rapidement sous silence le bruit sourd qui alourdissait le coeur de la jeune femme en se redressant sur son piédestal.
Lilith était une jeune femme en avance sur son temps, elle n’avait jamais eu peur de dire « non » à un homme et c’est ce qui lui avait peut-être bien porté préjudice. Mais aujourd’hui un mélange de peine et de colère luisaient à travers son regard. Le coeur palpitant, il priait intérieurement pour avoir la force de faire face à son jugement.
Zeus la toisa avec dédain avant de laisser un mince sourire en coin fendre son visage. L’animosité surplomba la peur de Lilith, elle se propagea en elle, tel le venin d’un serpent se répandant dans les veines. Il descend une marche silencieux, laissant planer le suspens. Le sourire qui montrait la satisfaction sur son visage en disait long sur ses intentions de la faire souffrir et malheureusement il savait comment s’y prendre.
— Nous nous sommes élevés grâce à la croyance de nos fidèles, nous avons appris d’eux, comme ils apprennent de nous. Comme diraient certains d’entre-nous, il y a un temps pour tout. Un temps pour vivre, un temps pour mourir et un temps pour le pardon… proclama-t-il en laissant sa voix rauque résonner dans l’enceinte du temple. Nous traversons les âges et les générations sans que cela impact nos vies, mais l’éternité à un prix… et la trahison aussi. Chaque félonie exercée en mon sein est égale à une lame en plein coeur, ne crois pas que je prends plaisir à te condamné.
— Je ne crois en aucune de tes paroles, trancha Lilith qui tentait de garder le peu de dignité qui lui restait.
— Nous t’avons accueilli au sein de notre communauté, chéri comme si tu étais l’une des nôtres. Ta trahison est une véritable déception pour chacun de nous… commença-t-il les mains jointes prenant cet air hautin qu’elle détestait tant.
— Ma trahison… répéta Lilith dans un souffle ironique. Je me demande bien lequel est le plus déçu de tous…
Sa voix était froide et pleine de sous-entendu dont ils étaient les seuls à en connaitre la véritable signification. Le visage de Zeus se durcit, elle put apercevoir enfin une faille, celle de la jalousie qui lui rongeait le coeur. Pour Lilith la félonie n’était pas de son fait, mais celui de Zeus, elle éprouvait une telle rage envers lui qu’en comparaison sa peine était moindre. Elle sentit son coeur se serrer à mesure que ses pensées déviaient sur les raisons qui l’avaient mené à ce jour. Face à un conseil dont les regards étaient dénués de la moindre compassion.
— Tes charmes ne te sauveront pas cette fois Lilith, as-tu quelque chose à dire pour ta défense avant que nous ne délibérions, questionna-t-il en ignorant les paroles de l’accusée.
— Ah quoi bon ? Mon sort est déjà sellé… cracha-t-elle écoeurée par la fausse compassion dont il faisait preuve à son égard.
— Nous retiendrons donc, que l’accusé ne tient pas à se défendre, le conseil des 12 grands Dieux a délibéré. Tu es châtiée et bannie de l’Olympe ! clama-t-il en ne détournant pas les yeux de ses courbes fines et sensuelles, de son regard intempestif.
— Bannie pourquoi ? questionna-t-elle avec une intonation particulière, curieuse de connaitre la raison qu’il avait donné à ses semblables.
— Tu as été vue en train de pratiquer des sortilèges provenant de ton ancienne vie, de laquelle nous t’avons sauvé et qui est interdite en ce lieu sacré. répondit-il en s’approchant de la jeune femme.
— Pardon ? questionna-t-elle hébétée par ce qu’elle venait d’entendre.
— Feindre la surprise ne te sera d’aucune utilité, chantonna-t-il avec un air satisfait sur le visage.
— La seule chose pour laquelle je suis connue et que l’on est pu me voir faire, c’est d’avoir laissée mes lèvres se perdent dans les parties les plus érotiques d’un corps en effervescence, répliqua-t-elle affichant à son tour un sourire en coin.
Un ouragan s’éleva dans le coeur de la jeune femme. Elle fit face aux regards curieux et déstabilisateurs des autres Dieux. Certains à ce seul souvenir d’elle surplombant leur corps nu, et se donnant corps et âme à la félicité charnelle, étirait un sourire sur leur visage. Ce qui n’était pas apprécié par le Dieu supérieur qui serra discrètement ses poings. Contenant la jalousie possessive et maladive dont il souffrait. Lilith avait fait échec et mat, et elle le savait. Aucun retour en arrière n'était possible. Les yeux couleur azur de la jeune femme s’attardèrent sur la foule, laissant une larme trahir la peine qu’elle éprouvait.
— Tu as fait ton choix Lilith, lui souffla-t-il déçu qu’elle ne l’implore pas. J’aurais pu te sortir de là.
— Tu peux te servir de la compassion, utiliser la manipulation pour faire croire aux yeux du monde que tu es bon, pour te détacher des ombres qui te collent à la peau. Mais la vérité finira toujours par te rattraper et un jour tu devras faire face au monstre que tu es réellement, gronda-t-elle en laissant sa voix cristalline piquer dans les graves.
— Mon père était un monstre, dit-il comme pour faire remarquer la légère nuance qu’il y avait entre lui et un véritable méchant comme Chronos.
— Tu le seras aussi et on sait tous les deux quelle est la véritable nature de mon exil… dit-elle dans un souffle, alors qu’il n’était qu’à quelques centimètres d’elle.
Il se contenta de plonger son regard azur dans le sien, imaginant une dernière fois les courbes de son corps camouflées par la toge. Il baissa son visage simulant la déception qu’il éprouvât et fit apparaitre la foudre dans une main. Celle-ci était dotée de trois grands pouvoirs, dont un qui était méconnu des adorateurs. Tous retenaient leur souffle à ce moment. Lilith eut un moment de recul en sentant ses jambes se mettre à trembler.
Il le brandit soudainement, le ciel entra en réaction avec son geste. Un éclair transperça le ciel avec un flash lumineux, une brèche s’ouvrit derrière la jeune déesse. Lilith sentit la peur reprendre le dessus. Elle se tourna afin de faire face à son destin, son coeur se mit à battre la chamade. Elle guetta dans la salle un regard familier, un soutien absent qui lui serra le coeur.
— Non, je t’en prie ne fait pas ça… lui murmura Lilith en se tournant vivement vers Zeus. les choses peuvent se passer autrement.
— Le conseil a fait son choix. Adieu Lilith, souffla-t-il avant de la pousser brusquement dans la brèche qui se referma derrière elle. Elle poussa un cri de terreur qui résonna dans toute l'Olympie.
— NOTE D'AUTEUR —
Bonjour à toute et à tous.
Je me présente je m'appelle Justine et je suis une auteure débutante. Cela fait un petit moment que je n'avais rien poster (pour ne pas dire une éternité). Il y a quelques mois j'ai commencé une nouvelle oeuvre et je me suis laissé surprendre par son avancement et mon engouement sur celle-ci. Je voulais donc vous la proposer afin d'avoir des avis sur le fond, ainsi que la forme. Mais également une aide approfondit en correction. Car l'orthographe et moi ça fait deux !
Je vous remercie d'avoir lu ses premières lignes et espère que la suite vous plaira !
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