Du pain et des jeux !
On en arrive à un point où la crise politique, sociale, sociétale, est telle, que du liant qui tenait le pays, il ne reste qu'un simple fil. Les valeurs qui ont construit ce pays, qui ont fait de notre nation ce qu'elle est, sont brandies tels des étendards de vertu, mais sont totalement désincarnées. Des lumières, que reste-t-il ? Lorsque l'on voit les Anges de la téléréalité, force est de constater que Voltaire est bien loin. La pensée française, fleuron du monde humaniste, précurseur des droits de l'homme, n'est plus que l'apanage de quelques-uns, bien trop peu médiatisés. Ce qui compte aujourd'hui, c'est de faire du bruit, d'être vu, entendu, relayé. Peu importe l'ineptie des propos, peu importe la volonté de choquer tant que cela engrange une réaction.
Sous couvert de liberté d'expression, on décide d'engager une lutte idéologique en interdisant la contradiction. Vous noterez le côté amusant de la chose, on hurle au droit de s'exprimer, mais on refuse à certains le droit de le faire, parce qu'ils sont en profond désaccord. Pour couronner le tout, on les assimile à des meurtriers, des terroristes s'ils n'embrassent pas nos convictions. Ne trouvez-vous pas cela digne de Machiavel ? Personnellement, j'avoue que c'est un stratagème bien ficelé. À l'heure où nous devrions nous rassembler pour lutter ensemble contre un avenir obscurci par la haine, l'individualisme, l'économie forcenée, dans un écosystème mourant dont on nous rappelle jour après jour l'urgence de son déclin, nous préférons nous écharper sur de vulgaires idioties.
Pourquoi du pain et des jeux ? Parce que c'est ainsi que je vois la situation actuelle. Fabriquer des peurs, fabriquer des ennemis, renforcer les communautarismes et mélanger tout ça en secouant bien pour que le quidam moyen trouve sa dose quotidienne de fiel à déverser. Cela lui épargnera de réfléchir à son avenir, celui de ces gosses et de parvenir à la conclusion, bien trop évidente, que certains profitent largement de nos divisions. On me taxera ici de complotiste, remarquez, s'il faut ça, tant pis. Que dire d'autre ? Un infime pourcentage tient en ses mains la majorité absolue de l'économie mondiale. Une proportion ratatinée de professionnels de la politique retiennent en otage la démocratie mondiale, nous vendant leurs décisions comme les seules valables. Il n'y a pas besoin de chercher bien loin pour s'apercevoir que la seule chose qui compte à leurs yeux, c'est de perpétuer leur condition. Peu importe le prix, peu importe l'honneur.
Au lieu de s'entre-déchirer pour obtenir l'attention de notre papa ou de notre maman, peut-être devrions-nous penser, se poser, réfléchir, et cesser d'arborer des grands principes dont les trois-quarts ne comprennent pas l'origine. Au lieu de cela, nous nous contentons, comme à Rome, de pain et de jeux. Le pain, c'est ceux que l'on nous jette en pâture comme responsables de tous les maux de la société. Les jeux, ce sont les invectives permanentes, la discrimination de tout un pan de notre population. Ceux-là même pour lesquels nous exigeons l'assimilation et que, pourtant, nous mettons aujourd'hui sur le banc des accusés. Ainsi, nous ne faisons que creuser un peu plus l'incompréhension et le fossé qui nous sépare. Devinez qui y gagne ? À la fin, ne sommes-nous tous pas, plus ou moins, dans la même merde ? J'ai bien peur que si. Mais force est de constater que c'est plus simple d'enfoncer son voisin plutôt que de lui tendre la main et de chercher avec lui une solution.
Je vous le dis, ce monde dégueulasse va, tôt ou tard, s'écrouler. Cela ne se fera pas dans le calme et la sérénité, plutôt dans la violence et la fureur. On a coutume de dire que l'Histoire se répète, hélas, ce n'est que trop vrai. Qu'adviendra-t-il de nos enfants ? Nous ne serons probablement plus là pour le voir. Pour tout vous dire, je ne pense pas que cela sera doux et paisible pour eux et j'en pleure.
En attendant, je vous dis merde, bande de gros cons !
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