Natacha
Il se peut que finalement Steve soit un atout pour moi. Il est très intelligent et très doué en informatique. Il pourrait facilement entrer dans le système surtout avec ce fameux petit boîtier… Mais si Steve peut le faire, Loïc aussi non ? Je ne comprends pas pourquoi il ne l’a pas tenté… Mais comment faire participer mon petit geek ? Je ne peux pas tout lui dévoiler, si ? Et puis Steven est mineur. Je ne peux pas le faire faire des trucs illégaux… Rhhhhaaa !!!!
Jonathan claque des doigts devant mes yeux. J’étais tellement plongée dans mes pensées que j’en ai oublié son existence !
- Désolée… Je… J’étais complètement à l’ouest !
- J’ai vu ça…
Je me laisse aller sur le tapis et pose mon bras devant mes yeux. Il va falloir que je retourne à l’appartement pour mieux regarder ses dossiers. Mais comment laisser Jonathan sans paraître… bizarre ?
- Pourquoi voulais-tu les rapports des conseils de discipline ?
Aïe aïe aïe… Si lui aussi se met à me poser des questions je ne suis pas sortie de l’auberge… Autant donner la même version qu’à Steven, histoire de ne pas me mêler les pinceaux.
- Oh… c’est pour une amie… Elle fait des études de journalisme et… comment dire… Disons qu’elle a une dent contre ce lycée et qu’elle cherche des sujets croustillants à publier sur son blog…
Jonathan me regarde, l’air de me dire “je n’y crois pas une seconde, arrête ton char…” C’est le moment que choisit ma plus grande phobie pour retentir : être atteinte d'astraphobie, voilà qui est original ! Je ne peux m’empêcher de me rouler en boule dès que le tonnerre gronde : c’est une peur viscérale. Mes sens se sont fermés à tout ce qui m’entoure sauf sur ce qui va bientôt éclater : j’ai vu l'intense lumière qui précède l’éclair zébrer le ciel. Je me prépare mentalement à l’inévitable et décompte : “trois… deux… un…” avant de me boucher les oreilles et de plonger… dans les bras de Jonathan ?!
Mais comment ? Quand ? Peu m’importe : il a refermé ses bras sur moi et je me sens bien. L’orage peut gronder tant qu’il veut, ici je suis protégée, au chaud près de son cœur. Le mien bat la chamade, à cause de cette phobie stupide, et je sens déjà les larmes perler au coin de mes yeux. Je passe mes bras autour du corps chaud de Jonathan : il a comme un sursaut de recul face à mon étreinte mais je ne le lâche pas. Je suis si bien ici et je me sens en sécurité. Je respire son odeur, un parfum délicieux qui me calme peu à peu. Une pluie diluvienne s’abat sur nous, me contraignant à quitter mon cocon. Nous traversons la cour pour nous abriter.
Natacha ! Mais tu es complètement folle ! Qu’est-ce qui t’a pris !
Avoue… Tu as bien aimé être dans ses bras.
Je… Non ! Non… Je… Je ne peux pas…
Je prends une grande inspiration pour calmer les battements erratiques de mon cœur et me retourne vers Nathan.
Seigneur qu’il est beau !
Ses cheveux noirs dégoulinent d’eau de pluie et ses vêtements trempés révèlent une musculature fine. A travers son T shirt blanc, je peux voir ses pectoraux bien dessinés ainsi qu’une tablette de chocolat qui ne demande qu’à être croqué...
STOP !
Je m’appuie sur le mur du fond : je ne sais plus quoi penser. Je commence à avoir froid et grelotte. Il s’approche de moi. Je dois trouver quelque chose pour briser la glace. Et vite.
Je sais ! Ses tatouages !
Je lui prends la main et les observe. Ils sont vraiment magnifiques ! Les entrelacs de lignes sont si fins !
- Ils sont super beaux, soufflé-je.
- Je te l’ai déjà dit, je crois. J’ai eu super mal à certains endroits mais je ne regrette rien. Chaque symbole à une signification particulière voire personnelle. Tiens, celui-ci par exemple pour moi veut dire la famille et celui-là l’amour maternel.
Lorsqu’il parle d’amour maternel, j’ai un pincement au cœur. Une blessure encore un peu à vif. Je serre un peu sa main et lève les yeux : le voilà en face de moi. J’ai tellement envie qu’il me prenne encore dans ses bras, qu’il me serre fort. Mais je n’en ai pas le droit. Je n’ai pas le droit de souhaiter ça. Je pose mon front sur son épaule, en proie à un déchirement intérieur. Sentir la chaleur de son corps si proche du mien mais pourtant si loin… C’est intolérable. Il entrelace sa main à la mienne et ce geste signe ma perte. Je l’attire contre moi et pose ma tête sur sa poitrine puis dans son cou.
- Nat…
- Chut… S’il te plaît ne dit rien… Laisse-moi juste profiter de la chaleur de tes bras… Encore un peu… s’il te plaît.
Des larmes silencieuses coulent le long de mon visage, trempé par la pluie. Des larmes amères. Je ne suis qu’une égoïste.
Là je réalise que…
Que je pourrais être heureuse dans ses bras là.
Oui… je pourrais…
Tu pourrais. Si tu le voulais.
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