Natacha
C’est impossible…
Nathan ne peut pas être la deuxième personne sur mon affaire… Ce serait un comble ! Je ne peux m’empêcher d’être vexée. C’est ridicule je sais. Il faut absolument que je sache. En descendant vers les terrains de sport, j’appelle Patrick.
- Allô ? me fait-il, surpris.
- Oui… Excuse-moi de te déranger mais il faut que je mette quelque chose au clair. As-tu trouvé des infos sur l’autre personne ?
- Pas vraiment non. Varaud ne veut rien me dire et attend toujours que tu lui donnes des conclusions plus explicites. C’est tout. Pourquoi ?
- Je crois que c’est Nathan.
- Quoi ? Qu’est-ce qui te fais dire ça ?
- Une histoire un peu bizarre et surtout mon intuition. Je vais appeler Varaud directement.
- Ne fais pas…
J’ai raccroché. Il faut que je sache. Je bifurque dans un coin tranquille et compose le numéro. Une sonnerie, deux… Messagerie.
Ça ne m'étonne qu’à moitié.
“ Je sais qui est la seconde personne sur l’affaire. Rappelez-moi.”
Clair, net, précis. J’espère juste que ça fera mouche.
- Mademoiselle Rivers. Je peux savoir ce que vous faites là ?
Le ton mielleux de Marais me fait froid dans le dos. Son apparence aussi. Nous sommes seuls et il a comme un air libidineux sur le visage.
- Vous êtes censée être à votre poste en ce moment je me trompe ?
- Je…
- J’espère que ce coup de téléphone était important car il vous vaut la confiscation de votre portable. Donnez-le moi.
J’obtempère bien malgré moi. Juste au moment où il touche la main du CPE, Varaud me rappelle. Le mot commissaire s’affiche sur l’écran. Marais le regarde, l’air étonné puis fronce les sourcils.
Merde.
Il empoche le téléphone sans plus de manière.
- Vous viendrez le récupérer ce soir à mon bureau où nous aurons une petite discussion. Vous finissez bien à 17h45 aujourd’hui ?
- Oui. C’est bien cela.
- Bien. Soyez dans mon bureau à 17h30. Considérez que vous êtes collée deux heures ce soir. Vous resterez donc jusqu’à 20h00 dans la salle concernée, vous dinerez ensuite. C’est bien clair ?
- Oui, monsieur.
- Bien, retournez en cours mademoiselle.
Je bous littéralement de rage. J’avais oublié à quel point les CPE peuvent être des cons sans nom. Je ne pourrai pas vérifier ma théorie avant ce soir. J’espère juste qu’il ne fouillera pas dans mon téléphone. Dans la théorie, il n’en a pas le droit mais concernant Marais, je doute que la législation ne lui fasse peur. Et puis, il a clairement vu le mot commissaire sur mon portable. Je m’étonne juste qu’il n’ait pas relevé…
L’après-midi se traîne… Je dois absolument récupérer mon téléphone. 17h20. Enfin. J’ai prévenu les professeurs que j’étais convoquée chez M. Marais. Ils ont eu l’air étonné... Je file tout droit au bureau du CPE, espérant qu’une ou deux surveillantes s’y trouvent encore. Lorsque j’y arrive, Van der Bund sort tout juste de la vie scolaire, Marais sur les talons. Je me cache.
- Tu as bien rangé le registre ? demande Van der Bund.
- Oui, oui il est en sécurité. Aucun risque. De toute façon personne ne peut le comprendre. Ton système de gommettes colorées est tout simplement génial !
- Il le faut ! Nous ne pouvons pas l’informatiser, ce serait beaucoup trop dangereux. Qu’en est-il du paquet de la dernière fois ?
- Expédié. Richards va être heureux.
- Je n’en doute pas.
Registre ? Gommettes ? Paquet ? Richards ? Mais c’est le nom de famille de Steven ça !
Cette conversation est des plus surprenantes… Je fais mine d’arriver, en exagérant le bruit de mes pas.
- Ouf ! J’ai bien cru que je n’arriverai pas à temps...
- Oh, Rivers ! Je vous avais complètement oubliée ! Votre portable n’a pas arrêté de sonner tout l'après-midi ! Un vrai cauchemar ! J’ai été obligé de l’éteindre. Tenez, il me semble aussi que la batterie soit à plat. La surveillante vous attend pour vos heures.
- Merci, monsieur.
- Dites-moi Natacha… Puis-je vous demander qui est ce fameux commissaire ?
- Oh ? Euh… un ami à moi qui rêve d’entrer dans la police… Mais qui est loin d’y arriver !
J’essaie de rire mais même à mes oreilles ça sonne faux… Les deux hommes me dévisagent. Je décide de ne pas m’éterniser.
- Je… Euh… Je vais aller effectuer ma punition.
Je tourne les talons et me cache dans le couloir adjacent.
- … que disions-nous déjà ? Oui, Richards. C’est bien son rejeton qui est dans la classe de cette jeune fille non ?
- Exact. Une honte pour son père. Hum. Max ? Tu t’es bien débarrassé du code couleur que je t’ai envoyé n’est-ce pas ?
- …, oui…
Du code couleur ?
Son hésitation a été éloquente. Il a toujours ce code couleur. Les pas se dirigent vers moi. Pas le choix, je fonce vers la cage d’escalier et me rend directement à la salle d’étude. Cette conversation était des plus dérangeantes...
Je jette un œil à mon portable. Effectivement, il est à sec. Je soupire avant d’entrer dans la salle.
Encore deux heures à attendre.
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