Whaou… Ce n’est vraiment pas tout rose… Comment peut-elle être aussi insouciante et avoir un tel sourire après ça ?

Tout le long de son récit, son visage exprime tous les sentiments qu’elle a pu avoir : peur, douleur, peine, joie… C’est comme si elle revivait chaque moment, qu’elle revoyait chaque endroit. Tantôt sa main est détendue, tantôt elle se crispe dans la mienne.

Je me sens totalement stupide lorsque ma jalousie se réveille lorsqu’elle évoque ses ébats avec Joshua mais c’est tellement douloureux ! Je resserre même mon étreinte sur sa main à ce moment-là. Nat me regarde et semble comprendre : elle me sourit et me pose même un baiser sur le nez.

Elle a été purement et simplement rejetée par ses parents. Et insultée qui plus est : je comprends mieux pourquoi les paroles de Virginie l'avaient tant blessée. En revanche, il vaudrait mieux que je ne rencontre jamais cette Marie ! Elle a été l’instigatrice de sa tentative de suicide. Steven avait raison. Il a su faire les bonnes déductions. Quelque chose me turlupine… Je dois savoir.

• Nat.
• Mmmh ?
• Quel âge as-tu ?

Elle rit.

• On ne demande pas ça à une femme je te signale ! Mais bon… Je vais faire une exception… Disons que par rapport à toi, à un an près je faisais du détournement de mineur… J’ai vingt-trois ans, Nathan.

Vingt-trois ans ?

Je déglutis… Quatre ans de plus que moi. Elle ne les paraît absolument pas ! Est-ce que ça va changer quelque chose entre nous ? Probablement pas. Enfin, j’espère.

Vraiment ? Trente années… Trente années…

Mon petit Nathan…

Mon cœur s’accélère. J’essaie de le cacher du mieux que je peux.

• Alors ? intervient Steven. Tu es vieille, c’est un fait. Qui est ce Patrick ?

Nat se crispe.

• On en vient à la partie la plus compliquée. Vous vous souvenez de l’homme qui me soutenait lorsque vous êtes arrivés à l’hôpital ? C’était Patrick, il est devenu un très bon ami et… mon employeur donc. Bon. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Je suis passée de secrétaire à informatrice dans son agence : je récolte des preuves pour clore des enquêtes. Et si je suis venue au lycée Saint-Sauveur…

Elle marque une pause et je retiens mon souffle… Je pense avoir compris.

• C’est pour la même affaire que la tienne Nathan.

Non… Putain...

Je ne veux croire ce que je viens d’entendre. La. Même. Affaire. Elle connaît donc Varaud et Varas. Je suis quand même stupéfait. Mais pas autant que Steven.

• Attendez mes bouchons. Qu’est-ce que vous me faites là ? Une affaire ? En commun ? Une affaire de quoi exactement ?
• C’est assez compliqué Steven, continue Natacha. Je n’ai jamais voulu t’impliquer là-dedans, tout d’abord par rapport à ton âge et aussi tes ennuis personnels… Je…
• Taratata ! Je veux tout savoir ! Et je veux en être ! Pas de non qui tienne ! Mais avant tout cela. Jonathan, comment se fait-il que toi aussi tu sois mêlé à tout ça ? Surtout après tes démêlés avec la justice !
• Et merde… pensais-je à voix haute.

Je me lève du lit et m’approche de la fenêtre. Je pose mon avant-bras dessus et y glisse ma tête. Je suis pris de doutes… Devrais-je vraiment tout leur raconter ? Mon assurance de tout à l’heure a fondu comme neige au soleil… Je ne sais plus quoi faire. Je… J’ai peur… Voilà. Je suis mort de trouille. C’est ridicule. Natacha arrive dans mon dos et m’enlace. Son corps chaud a le don de détendre le mien.

• Nathan… J’ai discuté avec Varaud.

Je me raidis à nouveau et elle le sent. Elle resserre encore son étreinte. Je sens son coeur battre la chamade. Le mien ne vaut pas mieux mais ce n’est pas pour les mêmes raisons. Steven s’est aussi approché et a posé sa main sur mon épaule.

• Chut… La seule chose qu’il a bien voulu me dire c’est que tu es la clé d’une autre de ses enquêtes phares. Rien de plus. Si tu ne te sens pas prêt… j'attendrai. Nous attendrons.
• Je peux faire cet effort, concède Steve.

Je me dégage des bras de Nat et me tourne vers eux.

• Seras-tu prête à m’attendre trente ans Nat ? lui répondis-je, les larmes dans la voix. Parce que c’est ce qui me pend au nez… Trente longues années de réclusion criminelle...

C’est parti...