II
Xena n'avait pas traîné. Dès qu'elle avait appris que son Amie n'était pas rentrée souper la veille, elle s'était mise en chasse. Comme guidée par une force invisible, elle avait trouvé, sans peine, la citadelle où l'on maintenait son âme-sœur captive.
Gabrielle !! elle rageait intérieurement ... deux jours ... il suffit que je parte seulement deux petits jours ... et voilà, tu te mets dans le pétrin ... quand j'y pense ! Je t'avais pourtant prévenue …
Sur la colline située face à la citadelle, elle avait trouvé une excavation d'où elle pouvait observer le château malgré l'inconfort de l'éloignement.
Et puis on était d'accord bon sang ! Tu devais m'attendre à l'auberge ! Oui mais voilà, tu n'en fais toujours qu'à ta tête ... c'est plus fort que toi …
La forteresse était située au sommet d'une montagne et dominait la vallée. D'où elle se trouvait, Xena n'avait qu'une vue restreinte de la situation. Elle put tout de même se rendre compte qu'en fait, il n'y avait rien à voir.
Rester à l'auberge ! C'est pourtant simple ! ... Mais non ! Mademoiselle s'ennuie ! Alors il suffit qu'on joue une pièce dans ce maudit château pour que tu perdes ton bon sens ...
La guerrière à l'affût se concentra. Elle huma l'air, tentant de capter une quelconque effluve qui pourrait lui donner des indications sur ce qui se passait là-haut, mais rien.
Elle tendit l'oreille, en vain. Pas de bruit d'épées qui s'entrechoquaient, ni de cri de rage de soldats qui combattaient, ni même le murmure ordinaire d'un château occupé.
Le moins que l'on puisse dire c'est que s'il y avait des hommes d'armes derrières ces remparts ils ne perdaient pas leur temps à s'entraîner.
Aucun guet à l'ouvrage sur les hauts murs, pas de soldat en vue, ni de garde faisant sa ronde !
« Ça sent le piège à plein nez ! »
Gabrielle, grrrrrrrrrr ... du théâtre ! ! ? ? ... Elle fulminait ...
Mais tout cela cachait une grande inquiétude plus qu'une réelle colère.
Xena entreprit de sortir de ce trou inutile. L'exiguïté des lieux l'obligea à prendre appui sur la paroi
pour opérer son demi-tour. Elle sentit au bout de ses doigts, à chaque main, deux aspérités de forme ronde qui lui « parlèrent » étrangement. La pierre était si lisse et si douce qu'elle ne put s'empêcher de les prendre à pleines paumes, les pressant doucement, un sourire au coin des lèvres.
« C'est bien le moment de penser à ça ! grogna-t-elle en secouant vigoureusement la tête. Bon ! Puisque c'est moi qu'on attend ! J'arrive ! Lâcha-t-elle. Gardez-moi le dessert au chaud ! J'apporte ma petite cuillère ! » rumina-t-elle entre ses dents, tout en tirant son épée du fourreau .
Elle la présenta devant elle, en ausculta les deux faces tour à tour, l'air songeur.
... J'arrive mon cœur ; pourvu que tout aille bien ...
Elle remit son épée en place et s'élança.
Annotations
Versions