Chapitre 5 : Léonys 1-2

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Le nez dans une nouvelle lecture, j’entends à peine la porte de la salle de bain se fermer. Marc est rentré et avant même de m’embrasser, il s’y est enfermé. Inhabituelle, mais il est bizarre depuis son agression. Il me parle de moins en moins. J’ai la sensation qu’il me cache un pan de sa vie, de ses émotions. Je le sens perdu, parfois très loin de moi et du monde. Ça me terrifie, parce qu’où il est, je ne suis pas et je ne peux y accéder. Derrière les barrières de son mental, je suis impuissant. J’ai l’impression de le perdre irrévocablement, de ne plus comprendre l’état de son cœur. Il me repousse et je ne sais pas pourquoi. Qu’ai-je fait ? Il me parait loin le temps où on passait nos journées au lit à planifier notre avenir, à nous regarder pendant des heures entières, à nous caresser, nous embrasser. Je veux croire que c’est un mauvais moment à passer et que demain, on recommencera à s’aimer comme des ados, ne voyant le monde que dans le regard de l’autre.

En surfant sur internet, j’ai vu ses recherches. Elles n’ont rien pour me rassurer. La famille. Les enfants. Il en a besoin. Je pense que nous l’étions, cette famille. Deux personnes qui s’aiment suffisamment pour marcher vers l’avenir avec le sourire. Je me suis trompé, aveuglé par mon seul bonheur d’être avec lui. Je ne peux clairement pas lui faire de gosse et lui non plus. Adopter ? Devrais-je dés à présent en parler avec lui ? Le demander en mariage et construire pour lui ce bonheur qui semble l’étreindre avec force ? Je n’aime pas vraiment cette solution. Elle me semble un prolongement de notre problème, une accroche pour éluder la vérité. Un enfant… pour retenir l’amour qui s’écaille.

Ma main se crispe sur ma poitrine. Mon amour est toujours le même. Peut-être est-il plus fort encore. C’est comme un feu qui m’étreint. Un feu qui me broie et qui m’ouvre l’âme en deux. Le savoir si peu enclin à n’aimer que moi, me fait souffrir. Qu’est-ce qu’un enfant changera à cet amour qui s’effrite ? Pourquoi Marc m’aimerait moins ? La faute au quotidien ? à l’habitude ? Je ne comprends pas…

Toute la journée, j’ai pensé à lui. Aux fois où j’ai tenté de parler de l’agression, à celle où j’ai pensé intelligent de lui expliquer qu’un chaton pourrait nous décider à voir si nous étions faits pour être parents. Je me sens con. Désespérément, con. Il ne parle pas et je ne comprends pas. Tout s’efface. Tous ces événements s’amoncèlent sans que je ne puisse rien y faire. Ils s’empilent comme pour m’avertir que tout bonheur à son malheur. J’ai peur. Peur de ce qui pourrait arriver, dans les semaines, mois ou années à venir. Et s’il partait ? S’il m’abandonnait ? Je ne veux pas. Je ne l’accepterai pas. Et s’il me disait ne plus m’aimer, je crois bien que j’en crèverai. L’amour est sournois. Il nous fait nous attacher, mais nous susurre à l’oreille combien il est complexe, combien il est filandreux. Il vient, il part, il se transforme en une autre forme plus solide ou moins…

La porte de la douche s’ouvre. Le parfum du gel douche envahi le couloir puis le salon. Je l’inspire à faire exploser mes poumons. Cette odeur c’est Marc. C’est lui emmailloté dans sa nudité. C’est un fragment de fleur fraiche qui ne dissimulent jamais longtemps son odeur corporelle. Celle qui par-dessus toute me fait chavirer le cœur et m’y suspend. Il est nu. Je le sais. Pas de serviette autour de sa taille, rien pour dissimuler qui il est.

Je quitte ma chaise, délaisse mon bureau et ma lecture. Eliosa peut attendre, tout comme ses derniers mots paralysant mon esprit. « C’était trop fort pour ne pas la suivre, pour ne pas lui dire combien elle comptait. ».

Je me dirige vers notre chambre, pousse la porte derrière moi. La laisser ouverte n’aurait rien changé. C’est le seul moyen que j’ai pour le retenir d’en le cas où il chercherait à me fuir. Encore.

Marc est devant l’armoire, analysant sa pile de fringue. Il n’a jamais mis autant de temps pour tirer sur un caleçon de nuit et un t-shirt. Sans tourner la tête vers le miroir, il murmure mon prénom. Il sent ma présence comme je sens la sienne. C’est ainsi que nous somme : capturer par l’autre jusque dans nos sens.

Je m’approche le pas léger sur le tapis. Marc frisonne. Je glisse doucement mes mains sur son ventre, me colle à son dos et pose un baiser sur son épaule. Il tremble comme souvent quand il est dans mes bras. Fut un temps où il me disait qu’il était bien. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de l’entendre le dire. J’écoute simplement la mélodie de son cœur contre la paume de ma main.

Je le serre un peu plus fort par désir, par besoin de le ressentir partout. Il se tend dangereusement. Je suis déjà raide. Nos corps savent encore se dire « je t’aime »…

J’embrasse son cou, lèche sa nuque, lui caresse le torse tout en me frottant sagement contre lui. C’est une danse. Nous dansons l’un avec l’autre dans le calme de notre chambre.

Il vient emprisonner mes mains qui se dirigent sur son bassin et bascule la tête dans le creux de mon épaule. Ses lèvres entrouvertes me réclament un baiser. Je le lui donne avec gourmandise. Sa langue caresse la mienne encore et encore. Il ne veut pas que ça s’arrête. Moi non plus. La course de mes doigts s’approprie la zone enchevêtrée de poil et s’éparpillent sur la chair tendue. Sa queue a la douceur d’une peau fragile. J’aime la sentir pousser plus fort dans mes mains. Elle frétille. Je souris contre les lèvres de Marc. Les yeux dans les yeux, j’aperçois l’éclat enfiévré de mon amant. Il me supplie comme il ne l’avait jamais fait jusqu’à présent. Il me demande se qu’il ne m’avait pas donné jusqu’alors. Surpris, je me recule. Il retient mes poignets, me forçant à continuer les caresses.

— Tu es sûr, murmuré-je.

— Je veux savoir. Je veux te sentir. Je veux devenir plus homme encore que tu ne l’es.

Je mords ma lèvre le cœur battant comme un fou. Je ne m’y étais pas préparé et je n’étais pas sûr d’y arriver… ou peut-être bien que si.

Je le retourne pour que son corps soit face au mien et m’agenouille entre ses jambes. Je l’embrasse, le lèche, l’attrape en entier. J’agrippe ses fesses. Elles se contractent. Je les masse tendrement, puis me relève pour retirer mes vêtements. Marc m’aide, le regard brillant d’envie. Je ne comprends pas cet amour qu’il me témoigne soudainement. Il est en train de me promettre le monde et son éternité.

Il me bascule sur le lit, baise chaque pan de ma peau pour se rendre sur mon sexe. Ses lèvres me soignent. Sa langue s’amuse. Sa bouche me rend esclave.

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