Chapitre 14 : Gauthier
Léonys est à côté de moi dans un silence enténébré. Il ne veut rien gâché, alors il se tait. Moi je salue les dernier arrivant avec Louisa. On s’est dit oui devant le maire, maintenant c’est l’heure de la fête, le moment où dans le jardin nous partagerons nos vœux.
Marc apparait. Je me tends. Le visage de Léonys à la mairie me revient : l’œil humide, la mâchoire crispée, les poings serrés, l’air déconfis.
Marc se penche sur Louisa qui l’attrape dans ses bras. Elle lui susurre un truc à l’oreille. Surement en lien avec ses vœux. Elle ne sait toujours pas pour eux. Et quand elle se tourne vers Léonys pour attraper son bras, elle déclenche un vent glacial.
Mon estomac se retourne. J’ai chaud de honte.
Léonys ne lâche pas Cathy du regard. Celle-ci sourit comme dans le temps. Elle est plus femme, plus rayonnante, plus séduisante, plus harmonieuse au bras de Marc. Elle est ravissante et heureuse.
Marc blanchie à vue d’œil. Il doit être aussi raide que moi. Je sens la terre s’effondrer sous nos pieds.
— Franchement, je m’attendais à ce que vous veniez ensemble, se fâche faussement Louisa. Enfin, j’espère que ton ami va mieux.
Elle s’adresse à Marc avec une tape amical sur le thorax. Je déglutis en même temps que lui.
Cathy a perdu son sourire. Elle sent l’animosité qui monte chez Léonys. Il se contient du mieux qu’il peut. C’est dur. Tout son corps hurle : « c’est dur ».
Quand il se tourne vers moi, je me sens étouffer. Il ne dit rien, mais je sens le reproche. Il a compris. Il sait que je savais.
— Il va mieux, oui, répond Marc à l’intention de Louisa.
Elle aussi commence à sentir la froideur dans leur voix. Le froncement de son nez m’alerte.
— Qu’est-ce que… ?
Je ne lui laisse pas le temps de terminer.
— Chérie, ma mère nous appelle. Nous continuerons les salutations plus tard. Je crois qu’elle nous veut rafraichie pour la suite.
Elle ne dit rien, l’air confuse. Je lui attrape la main. Elle salue Cathy dont elle a senti la présence, mais pas reconnu l’odeur. Je l’attire à moi, m’excuse silencieusement vers Léonys et pars en souriant aux autres invités.
— Tu as mentis, pourquoi ? me reproche Louisa.
— Je… je ne voulais pas.
— Que se passe-t-il ? C’était qui la femme avec Marc ? Je suis aveugle pas stupide. Elle était proche de lui. Leur parfume se mélangeaient. Je n’aime pas les cachotteries, Gauthier. Le tremblement dans la voix de Léo n’avait rien de normal.
— Voilà… Léo et Marc ne sont plus ensemble depuis un peu plus d’un mois. Il se trouve que Marc s’est remis avec son ancienne petite-amie. Je ne voulais pas t’inquiéter à leur sujet. Eux non plus. Alors, on ne t’a rien dit.
— C’est une blague ?
Je sens sa main se ramollir dans la mienne.
— Je sais combien tu es attaché à eux, à leur couple. Malheureusement, c’est la vérité.
— D’accord. On en reparlera plus tard, se force-t-elle.
— Si tu veux, mais pour le moment, on pense à nous.
Une larme s’écoule sur ses joues que je viens essuyer.
— Ça ira pour eux. Ce sont de grands garçons.
Elle se blottit contre moi, enlace ma taille, colle son visage dans mon cou.
— Je n’en suis pas sûre. Si tu me l’avais dit avant, je leur aurai passé un savon. S’ils savaient…
— Quoi donc ?
— Comme ils s’aiment. Il faut sacrement être aveugle pour ne pas le voir, sacrement demeuré pour ne pas le ressentir. Ça me fait de la peine.
— Je sais. Mais c’est notre jour. Et ils finiront bien par comprendre ce qu’ils sont l’un pour l’autre.
Je lui relève la tête et pose un baiser sur ses lèvres.
— Notre jour, répète-t-elle. Même si tu as peur, tu resteras avec moi ?
— Peur de quoi ?
— De mes possibilités de revoir.
— Je resterais. Ce sera à toi de voir si tu veux partir.
— Jamais, susurre-t-elle en attrapant ma lèvre.
Je veux bien y croire le temps que ça durera.
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