26. Midnight in Paris
Alken
Alors que je sors nu de la salle de bain, frustré comme je l’ai rarement été, je jette un dernier coup d'œil sur le corps tout aussi dévêtu de Joy. Cette femme est d’une beauté incroyable. Pour une danseuse, elle n’est pas mince et a vraiment des formes exceptionnelles. Elle est voluptueuse et j’avoue que j’adore ses fesses rebondies, ses seins en forme de magnifiques poires dont la sensibilité est incroyable. Un simple effleurement et ses tétons se dressent dans des gémissements que je rêve d’entendre à nouveau. On y était presque et cela faisait si longtemps que je ne l’avais pas vue nue que j’ai failli jouir quand elle s’est déshabillée devant moi. Je regarde mon sexe tendu et vois déjà une goutte perler à son extrémité. Pourquoi je ne retourne pas dans la pièce où elle est en train de se savonner ? Pourquoi je ne vais pas la prendre sauvagement sous l’eau chaude qui coulera sur nos deux corps enflammés ? La tentation est si forte que je fais demi-tour et fais un pas vers la douche quand mon téléphone sonne à nouveau. Merde alors. Il faudra que je pense à le mettre sur silencieux la prochaine fois qu’une déesse s’offre à ma vue.
Je soupire et me décide à aller voir qui insiste ainsi. En voyant le nom de Marie, je décroche, un peu agacé.
— Alken, j’ai réfléchi, attaque-t-elle tout de suite. Je suis d’accord pour juste du sexe entre nous. J’ai trop besoin de te sentir tout dur au fond de moi et prendre du plaisir pendant que tu me fais l’amour. Ça t’exciterait de savoir que je suis en train de me caresser en pensant à toi ? Je suis nue à quatre pattes, comme tu aimes tant. Je suis sûre que ça te fait bander, gros cochon.
Je regarde mon entrejambe et effectivement, mon glaive est dressé fièrement. Entre le jeu de chaud et froid de Joy et les mots déraisonnables prononcés par Marie, il y a de quoi.
— Marie, oui, je bande, mais ce n’est pas mon truc, le sexe virtuel. On verra quand je rentre si c’est une bonne idée de reprendre ce type de relation, mais là, il faut que je te laisse. N’oublie pas que je ne suis pas un gars bien pour toi. Ça devrait te refroidir un peu.
— Très bien, soupire-t-elle. Je vais me faire jouir toute seule comme une grande alors. De toute façon, c’est plus ou moins la seule possibilité que j’ai de jouir en ce moment. Bon concours, Alken.
Elle raccroche sans me laisser le temps de répondre. Joy qui a vraiment fait vite sous la douche, sort à ce moment-là de la salle de bain, vêtue d’une simple serviette nouée dans ses cheveux, de l’eau coulant sur sa peau nue sous mes yeux ébahis. Elle mate sans vergogne mon érection toujours bien présente avant de se rendre dans sa chambre, emportant avec elle sa valise.
— Tu veux que je te prête mon vibro, peut-être, Smith le voyeur ? me crie-t-elle à travers la pièce.
— Seulement si je peux l’utiliser sur toi, ne puis-je m’empêcher de lui répondre.
— Prof-élève ! Pas possible !
— Non, vous faites erreur Mademoiselle, crié-je à mon tour. Je m’appelle Smith et je suis comptable ! Avec Smith, tout est possible !
Je l’entends pouffer derrière la porte alors que j’essaie d’enfiler mon slip malgré mon sexe qui ne débande vraiment pas. Enfin rhabillé, je reviens dans le salon et y découvre une Joy magnifique, assise sur le rebord d’un fauteuil, ses jambes croisées dévoilant des collants noirs et de longues bottes de la même couleur. Elle a passé une petite jupe de couleur bleue, comme ses magnifiques yeux qui font le même travail de voyeur que le mien, et un chemisier blanc sous lequel je pense qu’elle n’a mis aucun soutien-gorge. Une tenue sexy comme ça, c’est soit de la provocation pour continuer son petit jeu de “je te cherche, tu ne me trouves pas”, soit une invitation à ne pas sortir et à lui arracher tous ses vêtements pour la prendre, là, sauvagement sur le canapé.
Je déglutis et essaie de calmer mes ardeurs pour rester raisonnable. Pour me donner bonne contenance, je vais chercher son manteau que je lui ramène alors que son regard envoûtant suit chacun de mes mouvements. On dirait une mante religieuse prête à bondir sur sa proie. Le problème, c’est que j’ai l’impression d’être un fauve qui n’attend que cette attaque pour réagir et prendre le dessus. La guerre est lancée, tout comme la promenade que nous entamons à pied.
Il fait frais mais il n’y a pas de vent et c’est vraiment plutôt agréable de profiter du ciel étoilé en cette nuit où les nuages se sont désagrégés comme par magie. Il fait frais mais la température entre nous ne descend pas. En bonne danseuse, elle marche à mes côtés avec une grâce qui n’a de cesse de m’émerveiller. Le bruit des bottes sur les pavés parisiens rythme notre marche et je viens passer mon bras sur sa hanche pour m’accorder à son allure et profiter pleinement de sa démarche chaloupée.
— Tu veux aller marcher en bord de Seine, Joy ? lui demandé-je en approchant ma bouche de son visage, juste pour continuer notre guerre des provocations.
— Pourquoi pas oui, mais pas trop tard, j’ai rencard avec Markus, tu sais.
— C’est pas demain, ton rencard ? demandé-je, surpris, en m’écartant tout de suite d’elle à la mention du géant blond.
— J’aime te voir jaloux, Smith, sourit-elle en venant se coller contre ma hanche, glissant sa main dans la poche arrière de mon jean.
— Et moi, j’ai horreur de t’imaginer dans des bras autres que les miens, ruminé-je en venant à nouveau reposer ma main sur sa hanche.
— Et tu crois quoi, que je n’ai aucune vie sexuelle et que je dépéris en attendant que ma formation soit finie pour venir frapper à ta porte ?
— Je crois que là, il n’y a que toi et moi, deux adultes qui se promènent au bord de Seine. Smith, le comptable et Joy, la serveuse du Nouveau Départ. Et que le reste importe peu. Regarde comme c’est beau, continué-je en tendant mon bras libre.
Les lumières de l’église Notre Dame se reflètent dans l’eau de la Seine, un peu plus loin, on voit le Châtelet et la Sainte-Chapelle. Paris illuminé est vraiment la ville des amoureux. Je m’imagine comme l’acteur principal de Midnight in Paris, une comédie romantique de Woody Allen et j’espère que ma partenaire est dans le même état d’esprit que moi. Nous nous arrêtons sur un de ces nombreux ponts qui surplombent la rivière de la capitale et je m’appuie sur le parapet. J’attire Joy dans mes bras et suis heureux de voir qu’elle ne me résiste pas. Au contraire, elle passe ses bras autour de mon cou et vient déposer un doux baiser sur mes lèvres.
— Si j’avais su que la vue te rendrait si câline, je serais venu ici plus tôt ! ris-je doucement. Ou alors, ça fait encore partie de ton jeu qui consiste à me rendre fou de désir sans rien pouvoir faire derrière ?
— J’essaie juste d’oublier Lille et de profiter du moment. Quant à mon petit jeu, avoue que tu apprécies, sourit-elle.
— Si tu veux tout savoir, il me rend fou et m’a déjà fait perdre le Nord.
Elle rit de son si joli rire qui me plaît tant. Nous continuons un peu notre marche et nous arrêtons devant un homme sans âge, un violon à la main, qui interprète des chansons françaises des années vingt. Quand il entame Mon Amant de Saint Jean, j’enlace la sublime brune qui est à mes côtés et la fais virevolter au son de la musique. La féérie continue et nous improvisons une valse où le désir s’exprime presque autant que quand on s’entraîne à la salsa. Quand le musicien s’arrête, Joy vient se coller dans mes bras et enfouit sa tête dans mon cou.
— Je crois que je me suis trompé, Joy. J’ai envie de rompre mes propres règles et de te retrouver comme à l’époque où je n’étais que Smith.
— Sauf que Smith m’a menti et par conséquent blessée, Alken. Alors oui, c’est un amant formidable, mais je serais curieuse de voir ce que vaut le vrai, le danseur et pas le comptable...
— Smith est mort et enterré. Paix à son âme, lui rétorqué-je précipitamment. Allons voir comment le danseur lui rend hommage alors. Je te promets qu’il fera tout pour ne pas te blesser, il tient trop à sa partenaire.
Elle scelle mes paroles par un nouveau baiser qui n’a plus rien de chaste. J’ai l’impression que les digues du désir se sont brisées et que rien n’arrêtera le flot de la passion qui se déverse à travers ce baiser, cette étreinte. Je ne sais pas comment on y parvient, mais nous nous retrouvons à l’hôtel sans avoir vraiment arrêté de nous embrasser, nos mains étant aussi peu raisonnables que nos langues qui se font un plaisir de jouer à se retrouver.
Lorsque la porte de l’ascenseur se referme sur nous, je plaque Joy contre la paroi et glisse ma main entre ses jambes pour venir la caresser. Elle gémit sous mon assaut et je m’empare de ses lèvres pour l’embrasser avec toute la passion qui me consume depuis si longtemps. Ses mains se font mutines et je la sens parcourir mon torse sous mon tee-shirt. Je parviens à passer la carte magnétique dans la porte de notre suite sans cesser cette étreinte et nous parcourons le chemin qui mène à la chambre de Joy en nous débarrassant mutuellement de nos habits.
— Je crois que je me suis trompé de chambre, murmuré-je à son oreille alors qu’elle s’est allongée, nue, vêtue seulement de ses collants que je ne suis pas parvenu à lui enlever dans notre folle passion.
— Quel dommage. Tu comptes t’en aller, peut-être ? sourit-elle.
— Je crois que même la fin du monde ne me fera pas partir, Joy. J’attends ce moment depuis si longtemps.
Je finis de la déshabiller totalement et m’allonge sur elle. Ses mains viennent se poser sur mes joues barbues et elle m’enlace pour reprendre ce baiser qui semble nous emmener vers toujours plus de passion. Je saisis un de ses seins dans ma main et le caresse avant de continuer à redécouvrir les sensations que je peux lui provoquer juste en l’embrassant et en caressant ses tétons fiers et dressés. Ma main s’agrippe à ses seins et elle gémit dans ma bouche tout en ondulant son bassin contre mon érection.
J’interromps notre étreinte pour aller chercher un préservatif dans mon portefeuille et la retrouve à genoux sur le lit, sublime et tentatrice.
— Alken… Je… Tu sais, je veux bien qu’on s’amuse, et j’en ai vraiment très envie, mais être la maîtresse d’un mec déjà pris, c’est vraiment pas mon truc. Ça me met mal à l’aise de savoir que tu es avec ta secrétaire cochonne alors que… Toi et moi… Enfin voilà quoi, bafouille-t-elle en détournant les yeux.
— Ma secrétaire cochonne ? m’esclaffé-je en approchant du lit pour attraper son visage entre mes mains et l’obliger à me regarder. Marie et moi, c’est juste… Du sexe. Aucun engagement, on ne s’est rien promis.
— Vraiment ? Tu ne me mens pas pour pouvoir profiter de moi, j’espère ? me questionne Joy avec un sourire en coin.
— Bien que l’idée soit effectivement de profiter de toi, c’est avant tout la stricte vérité. Tu veux encore papoter ou on peut enfin passer aux choses sérieuses ? Parce que j’ai du mal à me concentrer en sachant que je vais enfin retrouver la chaleur de ton corps, Joy.
Je l’embrasse avec avidité et la danseuse m’arrache presque des mains le préservatif pour venir l’enfiler sur mon gland raide et gonflé, puis elle me fait basculer sur le lit afin de me chevaucher. Prise par un désir fou, elle s’empale sur moi et nos gémissements mêlés résonnent dans la pièce. Le spectacle et les sensations qu’elle m’offre ne peuvent s’exprimer en mots tellement c’est fort et puissant. Elle accélère peu à peu les mouvements de son bassin et je la soutiens, mes mains pressées sur ses seins. Elle se cambre en arrière et utilise ma hampe comme si ce n’était qu’un jouet fait pour son plaisir. Je sens que je m’enfonce profondément en elle, je bute dans son intimité trempée pendant qu’elle se met à masser son clitoris. Je la sens se contracter sur mon sexe et pousser un long gémissement qui dure tout le temps où son orgasme la submerge. Je ne peux moi non plus résister à toutes ces sensations qui me font perdre la raison et quand elle reprend son baiser farouche et sauvage, je jouis à mon tour en son sein, dans un moment de pure félicité.
Nous restons de longues minutes ainsi, l’un dans l’autre, l’un sur l’autre, l’un contre l’autre. Aucun de nous deux ne parvient à se remettre du plaisir qui nous a terrassés. Je crois que c’est encore plus intense maintenant. Pour moi, c’est clair, j’ai beaucoup plus d’ambitions que Smith. Avec une déesse comme ça, il va me falloir plus que du cul. Beaucoup plus.
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