27. C'était pourtant bien parti
Joy
Pas de sexe avant un concours, hein ? On est bien loin de la conduite à tenir, pour le coup. Autant dire que la nuit a été courte, mais je suis dans un brouillard de bien-être pas possible, enveloppée dans les bras d’Alken qui dort encore, mais dont l’érection contre mon ventre me donne encore envie. Je deviens totalement insatiable en sa présence, et pourtant on ne peut pas dire que je finisse frustrée de nos étreintes.
Je le repousse doucement pour qu’il se retrouve sur le dos et viens m’asseoir sur lui, m’allongeant à moitié contre son corps. Mes seins se pressent sur son torse et mes lèvres dans son cou, et je sens ses mains venir se poser dans mon dos pour me serrer davantage dans ses bras.
— J’ai envie d’une nouvelle danse, murmuré-je à son oreille avant d’en mordiller le lobe, ondulant lentement contre sa hampe dressée entre mes cuisses.
Son sourire paresseux est ma seule réponse ou presque. Je sens ses mains glisser jusqu'à mes fesses et il les agrippe pour accompagner mes mouvements. Je descends lentement mes lèvres sur son torse, viens jouer de ma langue sur ses tétons avant de poursuivre ma délicate torture. Alken se crispe lorsque mes lèvres se déposent sur son bas-ventre, sous la couette, et je sens son sexe tressauter au contact de ma bouche. Il jure dans sa barbe et repousse la couverture. J’aime l’envie que je lis dans ses yeux lorsque nos regards se trouvent, voir sa bouche s’entrouvrir comme s’il cherchait de l’air lorsque la mienne l’accueille délicatement. Je m’attelle donc à finir de réveiller ce corps qui, je crois, n’en a pas vraiment besoin, le faisant aller et venir dans ma bouche, jouant avec ma langue, le titillant jusqu’à ce qu’il craque et se redresse pour me faire basculer sur le dos en prenant possession de mes lèvres. Qui y-a-t-il de plus divin que de sentir son corps sur le mien ?
Peut-être le fait de le sentir s’enfoncer en moi ? Oui, je crois que c’est encore plus, toujours plus. C’est doux et sensuel ce matin, bien moins sauvage que cette nuit, mais tout aussi agréable et je me dis que je n’aurais pas dû partir lors de nos trop rares nuits ensemble. Je vote pour des réveils comme ça tous les matins, moi !
Ses lèvres se promènent sur mon visage, dans mon cou, alors que sa main remonte ma cuisse et la presse contre sa hanche pour mieux s’enfoncer encore en moi. Divin, c’est le mot. Le sexe avec cet homme est tout simplement divin, du jamais vu pour moi et je me demande encore comment j’ai pu m’en passer durant ces derniers mois. Quand on a goûté cet homme, dans tous les sens du terme, comment peut-on simplement envisager de ne plus pouvoir en profiter ?
Je finis par agripper ses fesses musclées par la danse pour l’inciter à augmenter la cadence et mon amant ne se fait pas prier. Mon corps attend la délivrance, savoure cette nouvelle montée de plaisir, et c’est enlacés l’un contre l’autre qu’il la trouve, à la fois douce et puissante, me laissant pantelante et frissonnante. Alken continue encore quelques instants à aller et venir en moi avant que je ne sente tout son corps se contracter contre le mien quand la jouissance le fauche à son tour.
Il nous renverse finalement et je me retrouve allongée sur lui, sentant son sexe encore au creux de mon corps. Quand je dis que je deviens insatiable, je n’ai aucune envie qu’il débande, je veux juste pouvoir encore profiter de ces sensations qu’il me procure, enchaîner les positions et les orgasmes, encore et encore. Rester dans cette chambre et ne plus rentrer à Lille. Vivre d’amour et d’eau fraîche. Enfin… De sexe et de douches ?
Je ne peux m’empêcher de me contracter doucement autour de sa hampe, le faisant grogner alors qu’il semblait tout calme, à la limite de se rendormir. Alken finit par me donner un coup de reins qui me tire un gémissement.
— Eh bien, tu vas peut-être arrêter de m’appeler Papy après cette nuit.
— Non, j’aime trop te voir grimacer quand je le fais, souris-je en me redressant pour onduler sur son corps.
— Tu vas finir par me tuer, Joy, rit-il.
— Tu veux que j’arrête ?
— Certainement pas !
Ce cri du cœur, allié à ses mains qui empaument mes seins sensibles, m’excite plus que de raison, comme si j’avais besoin de davantage que cette envie déjà omniprésente. Je commence à me mouvoir au-dessus de lui et savoure, une fois de plus, toutes les sensations qui m’assaillent alors que l’Apollon balade ses grandes paumes partout sur mon corps, comme s’il cherchait à la redécouvrir encore.
Nous nous figeons mutuellement en entendant frapper à la porte de la suite et relevons la tête en direction du salon. Je jette un œil à Alken qui me fait signe de me taire avant d’enrouler son bras autour de ma taille et de me faire basculer sous lui. Il plonge à nouveau en moi et je me mords la lèvre pour ne pas exprimer mon plaisir.
— Alken, mon Chou, tu es là ?
Là, c’est la douche froide. Glaciale, même. Mon amant soupire et se laisse tomber sur moi, mais je le repousse brusquement et me lève, regrettant déjà ce moment partagé. Pour être honnête, je regrette tout autant qu’il soit déjà terminé que de l’avoir vécu.
— Joy ? Tu es là ? entend-on encore au loin.
— Un plan cul hein ? murmuré-je avec rancœur en enfilant mon short de nuit et mon débardeur. T’en connais beaucoup des plans cul qui viennent en famille supporter le paternel pour un concours ? Tu t’es encore foutu de ma gueule, Smith !
— Joy, ce n’est pas ce que tu crois, tente-il de me dire pour me retenir mais je ne l’écoute pas et lui balance ses fringues au fur et à mesure que je les récupère au sol.
— Dépêche-toi d’aller retrouver ta meuf et ton fiston, marmonné-je. Je vais sous la douche, je te laisse ton intimité.
Je sors de ma chambre sans plus tarder et vais m’enfermer dans la salle de bain alors que j’entends encore marteler à la porte. Comment j’ai pu me laisser avoir comme ça ? Il mériterait que je sorte à poil pour faire comprendre à sa petite amie qu’il était bien occupé loin d’elle, tiens ! Encore un pauvre type incapable de garder sa queue dans son pantalon. Et, outre la colère que je ressens, c’est aussi la déception, ou la tristesse. Je me fais avoir, j’y plonge les deux pieds dedans, je profite, et je me prends le retour de bâton. Pourquoi est-ce que tout ne pourrait pas être un peu rose ?
Lorsque je sors de la salle de bain après une longue douche, j’ai la surprise de tomber sur les beaux yeux de mon colocataire et je retrouve le sourire qui s’était fait la belle à l’arrivée de la blonde installée sur le canapé.
— Mais qu’est-ce que tu fous là ? ris-je en me lovant contre lui.
— On est venu en groupe vous encourager, me répond-il en déposant un baiser sur mon front. Tous ceux qui vous aiment sont là.
— Quelle bonne nouvelle, trop d’amour, ironisé-je en allant faire la bise à Kenzo. T’es là pour ton vieux ou pour moi ?
— Pour toi, bien sûr. Mon père, il a sa meuf qui est venue. Si je devais me déplacer à chaque fois qu’il fait un spectacle ou un concours, je m’en sortirais plus. Tu vas bien ? Tu as l’air d’être un peu tendue. J’espère que tu ne stresses pas trop pour tout à l’heure. On est là pour te faire faire des miracles en tous cas ! dit-il d’une traite en rougissant quand il réalise qu’il n’a pas lâché mes mains qu’il a saisies entre les siennes.
Je jette un œil à son père, occupé à discuter avec une Marie aux mains entreprenantes sur la terrasse. J’ai presque envie de vomir alors que tout ce à quoi je pense, c’est qu’il y a vingt minutes, c’étaient mes mains sur son corps.
— Je suis fatiguée, c’est tout. Et j’ai besoin d’un café, je crois.
— Ça tombe bien, sourit une Marie rayonnante en rentrant. Si vous descendiez petit déjeuner tous les trois ? Il te faut des forces avant ce concours, Joy.
— Je crois qu’on est deux à avoir besoin de forces pour le concours, non ? ne puis-je m’empêcher de faire remarquer alors que je constate le malaise d’Alken.
— Oh, laisse-les en amoureux voyons, Joy, rit Théo en venant me prendre par les épaules. Ils vont vivre d’amour et d’eau fraîche, eux !
— Heu… Vous devriez peut-être aller petit déjeuner tous les trois en famille, on va sortir avec Théo et vous laisser tranquille, dis-je en allant m’enfermer dans ma chambre.
Chambre dans un sacré bordel… La moitié des coussins est par terre, les draps sont dans tous les sens… Mes vêtements d’hier soir un peu partout dans la pièce… Une sacrée scène. J’ouvre grand la fenêtre et range rapidement avant de m’habiller. J’hésite un moment quant à savoir quoi mettre, et opte finalement pour mon slim et un chemisier que je noue sur mon ventre. Quitte à être vénère, autant lui montrer ce qu’il rate en restant avec sa secrétaire cochonne, non ? Je laisse d’ailleurs outrageusement ouvert mon chemisier, et avec l’effet push-up du soutien-gorge, je doute que ça passe inaperçu.
— Je suis prête, dis-je en ressortant au salon, ma veste à la main. On y va, Théo ?
— Wow, Princesse ! Tu es chic ! C’est la vie parisienne qui te fait ça ? En route, ma chérie.
— Sans doute, oui, souris-je. Alken, on se retrouve à treize heures là-bas pour la répétition ?
— Eh, je viens avec vous, moi, s’incruste Kenzo qui vient de lever les yeux de son téléphone. Je reste pas avec les deux vieux, moi.
— On va tous descendre déjeuner, non ? J’ai faim aussi, intervient Alken.
— Oh non, mon Chou, geint Marie en s’agrippant à son cou. J’ai d’autres projets pour nous.
— Ouais, on vous laisse, marmonné-je. Juste, évitez de me l’épuiser, j’ai besoin de lui en forme pour le concours, il n’est plus tout jeune.
Je tourne les talons et sors rapidement de la chambre, incapable de masquer ma jalousie. J’aurais aimé pouvoir être en tête à tête avec Théo, parce que j’hésite à lui parler de tout ça. Je crois que j’ai besoin d’un soutien et il est la personne idéale pour ça. Mais avec Kenzo dans les parages, qui n’est autre que le fils de Smith, hors de question d’aborder le sujet. L’avantage de tout ça, c’est qu’au moins je ne me suis pas réveillée avec la boule au ventre, et je ne ressens pas encore le stress du concours. Il faut bien qu’il y ait des avantages à ce bordel sans nom, hein ?
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