« Vous m'avez manquée.
- Vous aussi étonnement. La taquinais-je.
- Je suis contente de l'apprendre. Au fait, j'espère que vous avez bien trouvé mon petit mot.
- Oui rassurez-vous, votre numéro est bien enregistré dans mes contacts Made-... Alice. »

Elle esquisse un sourire, elle doit apprécier le fait que j'utilise son prénom. Elle me mime un merci du bout des lèvres et reprend la lecture de son livre. Un autre livre, celui de la dernière fois avait une couverture verte alors que celui-ci est de couleur rouge sang. Je me demande ce qu'elle peut bien lire. A part mon cher journal, la lecture d'autres littéraires m'est complètement égale. Je la fixe, je me demande si elle apprécie ce qu'elle lit car elle garde son éternel sourire. Je me demande quand cette jeune femme a commencé à sourire ainsi et si elle a déjà perdu cette grimace un jour. Son visage est si paisible, les muscles du faciès détendus sauf peut-être ceux qui soutiennent constamment ce rictus. Je ne saurais décrire les traits de son visage : fins, légers, durs ? J'aime observer les personnes, prendre tous les détails visuels, sonores et autres que je puisse. Mais quant il s'agit de mettre des mots sur ce que je vois, je suis totalement perdue. Ses yeux quittent son bouquin pour venir s'accrocher aux miens. Glacial, aucun doute cette fois. Ce regard bleu, il me donne des frissons, c'est un froid sec et glacial qui me traverse. Au café, je ne l'ai pas ressenti , pourquoi ? Est-ce que je la regardais ? Ou est-ce que je la voyais simplement ? A cet instant sur ce banc, j'ai sentis pour la première fois que j'étais vivante. Je sentais chaque parcelle de mon âme sondée par ces yeux. J'en suis figée, et c'est en descendant mon regard sur ses lèvres que je me rend compte de mon état de transe. Elle sourit encore et toujours. Je suis partie longtemps. Mais elle, où était-elle quand j'étais partie ? Alice Courbet.

« Diane ?
- Oui.
- Faîtes moi une faveur s'il vous plaît.
- Laquelle ?
- Appelez moi.
- J'essaierai.
- A bientôt, j'espère de tout cœur que vous m'appellerez. Dit-elle en se levant.
- Au revoir Alice Courbet.
- C'est Alice tout court ! Crie-t-elle en se retournant»

Alice tout court donc...