Diane, Diane, Diane

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Chère Diane, voisine de banc, Si vous trouvez ce mot et que vous désirez récupérer votre parapluie, je vous propose de me retrouver ce soir à 18h00 au café The Lucky One à l'entrée du parc au coin de la rue.

Alice


Cette demoiselle me demande beaucoup d'effort à faire. Je suis une femme quadragénaire bien solitaire qui accorde beaucoup d'importance aux habitudes. Ces deux derniers jours ont été particulièrement chamboulés depuis que Mademoiselle Alice partage avec moi le banc numéro 4. Devoir interagir plus de deux fois, devoir changer mon planning pour ce soir, devoir fréquenter un lieux public et clos. TROP d'efforts demandés. Et par qui ? Une jeune fille qui doit avoir la moitié de mon vécu et qui s'amuse à me torturer à ses heures perdues. Et pourtant, malgré que cette situation m'irrite légèrement, je ne peux m'empêcher d'être excitée par la curiosité. Curieuse de voir un léger changement dans ma vie ordonnée (morne), voir comment je pourrai être touchée. Ce mot m'intrigue autant que la première fois que je l'ai vu, scotché au banc du parc. Chance ou pas, heureusement que ce soit moi qui l'ai trouvé.

« Chère Diane » cette fille est bien trop formelle pour son âge non ? Diane. Diane ! Mon prénom comment le connaît-elle ? Je ne le lui ai pas donné alors comment ?


« Avez-vous commandé ? »


Alice, je ne l'ai pas entendue. Elle est assise face à moi, en attente d'une réponse que je ne lui donne toujours pas. Je la regarde, je réfléchis (je ne sais pas à quoi) et rien. Rien ne sort de cette fichue bouche. Je suis gênée, la dernière fois je lui ai envoyé un doigt en guise de salutation. Je vois, je vois son sourire, cet éternel sourire moqueur.


« Diane, Diane, Diane...
- Alice.
- Est-ce ma beauté qui vous empêche de prononcer un seul mot ?
- Ne soyez pas si sûre de vous, votre charme en prend un coup.
- Haha ! Enfin la parole vous revient. Avez-vous commandé ?
- Non je vous attendais.
- Bien, laissez moi vous inviter. Je connais plutôt bien la maison.
- Je ne pensais pas rester.
- Trop tard ! Dit-elle en hélant un serveur. »


Entreprenante ou invasive ? J'hésite vraiment, cette jeune fille est étrange. Cette distinction dans sa façon de parler en totale provocation avec son attitude désinvolte. J'aime sa façon de détacher les mots, de rattacher les liaisons et de ne laisser aucune syllabes au hasard. Même si la jeunesse d'aujourd'hui comme celle d'hier me rebute, je trouve la personne en face de moi très intéressante. « Intéressante », très peu dans mon vocabulaire.

Je n'entends pas ce qu'elle demande au serveur. Ce dernier s'en va et je retrouve toute son attention. Elle sourit, moi non. Je tente, elle rit. Je me sens bien. Une enveloppe vient entourer notre table. C'est calme, c'est agréable. Les bruits sont tamisés et une douce vague de chaleur nous entoure. Je commence à apprécier sa compagnie. Deux minutes seulement depuis le départ du serveur. Un rire peut-il autant changer l'atmosphère ?


« Comment avez-vous su ? »


Elle ne semble pas comprendre alors je précise : « Mon prénom. »


« Il était écrit sur une étiquette elle-même collée sur le manche de votre parapluie.
- Sapristi !
- Est-ce une habitude ?
- Une mauvaise oui ! Dit-je en souriant.
- Faîtes le plus souvent.
- Quoi donc ? Écrire mon nom sur mes objets.
- Non, sourire.
- J'y penserais. Au fait je vous présente mes excuses pour hier. Je peux m'emporter vite. »


Le service est vraiment rapide dans ce café. Le serveur nous souhaite une bonne dégustation après avoir posé devant nous une boisson des plus écœurante qu'il m'a été donné de goûter. Le café.


« Vous n'aimez pas le café. (Elle change de sujet)
- Je déteste.
- Bien pire que ce que je pensai. Moi j'adore. Je peux vous prendre autre chose.
- Non merci. Je me contenterai de ce café.
- J'insiste.
- Et je refuse.
- D'accord. »


Je ne peux m'empêcher de pousser un souffle de soulagement quand je repose enfin ma tasse vide sur la table.


« Vous détestez vraiment ça. Dit elle son sourire accroché aux lèvres.
- En effet. Pourrais-je récupérer mon parapluie ?
- Bien sûr. »


Elle se penche sous la table, attrape l'objet et me le tend.


« Merci Alice.
- De rien Mademoiselle Ferfax. »

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