Université

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J'observe la porte en fer devant moi, il est l'heure. Je n'avais pas fait cela depuis un moment et étrangement je sais que ce n'est pas ça qui me rend stressée. Elle s'en doute à peine. J'enclenche la poignée et passe la porte. Soudain une vague d'yeux curieux s'abat sur moi. Je suis tellement invisible en général mais pas aujourd’hui. Je ne me tente pas à lancer un regard vers l'auditoire. J'aurais peur d'être déstabilisée. Pas par ces jeunes adultes mais par elle. Je monte sur l'estrade et m'installe près de mes confrères à une grande table de rouge nappée. Le microphone me regarde et moi aussi je le regarde, tête baissée. Une inspiration, je le saisis et me présente:


« Bonjour, je suis Diane Ferfax. Je suis professeure, écrivaine et conférencière. Je me tiens devant vous pour discuter du sujet de la littérature dans le continent Océanien. C'est un plaisir de pouvoir être ici en votre compagnie et celle de mes confrères. »


Tout au long de ma présentation je me suis contenté de guider mes yeux de façon aléatoire dans la salle, ne fixer personne, ne chercher personne et parler à tous. Pas de collègues féminine à mes côtés et c'est normal. Enfin espérons que ce ne le soit plus dans dix ans. Elle est au milieu de l'amphi au quatrième rang et à la place au centre. Je me souviens qu'elle me l'avait dit. Elle doit être surprise. La conférence est bien vite terminée. Aucun débat ou sujet inutile n'a été lancé, j'ai joué mon rôle et me suis contenter du nécessaire. Jamais je n'ai cherché à la trouver du regard. Je suis en tant que professionnelle et pas autrement.

Je marche bien vite. Je suis au bord de l'essoufflement. Je fuis. Pourquoi je ne sais pas.


« Vous êtes bien pressée de nous quitter Madame Ferfax.
-Alice.
-Madame Alice Courbet, enchantée.
-Voyons Alice pourquoi faire semblant ?
-Et pourquoi pas ?
-Nous ne sommes plus dans votre établissement, ici je suis Diane et tu es Alice.
-Pourquoi ne pas me l'avoir dit ?
-Je l'ai su bien tard.
-L'avez-vous su derrière la porte de l'amphithéâtre ?
-Non bien sûr que non.
-Alors vous n'avez aucune excuse.
-Cesse de me vouvoyer Alice.
-Je t'en veux.
-Je le sais.
-Tu ne me diras pas pourquoi tu ne m'a pas prévenu.
-Non.
-Je fais de mon mieux pour ne pas trop m'immiscer dans ta vie mais tu me rends la tâche difficile.
-Je sais.
-Tu as beaucoup de charisme sur une scène.
-Je sais.
Elle ne peut s'empêcher de sourire.
-Veux-tu un thé ?
-Avec plaisir. »

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