La sécheresse

En haut de la colline, le soleil est rude, la chaleur s’évapore, la terre est sèche, les oiseaux se mettent sous les branches des arbres. Celui-ci est muet, un silence s’installe. C’est le commencement de la sécheresse. Les frères se retrouvent dans leur coin habituel appelé « le rempart des aventuriers », un nom banal parce que ce sont des aventuriers qui sont prêts à tout pour s’aventurer, folie extrême. Quant à Scritbba, le pauvre reste au bout de cette flamme, donnant tout son souffle pour casser des bois afin de boucaner l’oie qui a été capturée par ses frères. Tictac, une goutte de sueur, son corps est mouillé, il ne reprend pas son souffle, il pense seulement à finir ces bois en petits morceaux.

Cette flamme lui donne envie de se reposer, de se remettre d’une bonne fraîcheur. Il allait se reposer au pied d’un amandier, réfléchissant à ses frères qui, eux, se vacillent par-ci par-là dans leurs ajoupas. En pensant à cela, le sommeil l’emporte dans le monde des rêves.

Tout à coup, une voix se met à crier : « Scritbba, Scritbba, t’es où ? » Éveillé par ces bruits forts, il se leva et marcha sans répondre. Il savait que c’était la voix de Releba qui voulait savoir si les préparations étaient prêtes. Son frère, ne le voyant pas arriver, cria encore plus fort.

Trouble de la venue de Scrit, sans aucun bruit, se met à lui poser des questions : « Que faisais-tu ? »
- Je coupais du bois.
- As-tu fini les préparatifs ?
- Je suis presque.
- Vas-y, finis, je suis affamé.

Le petit Scrit se remettait au travail pendant que s’étalait l’immense chaleur, un fardeau qu’il devait porter, disait-il.

Au bas du village, les villageois se battaient pour de l’eau, chacun marchant avec une dizaine, voire plus, de récipients pour aller chercher de l’eau. La situation s’aggravait, et les chérifs devaient intervenir pour empêcher les habitants de retirer toute l’eau de la citerne.

Pendant ce temps, les frères avaient fini de grignoter cette belle oie au chair délicieux dont l’odeur était stupéfiante, et décidèrent de descendre dans le village pour voir leurs parents. Chacun étirait un morceau pour ses aînés, mais Scrit retira le plus beau morceau pour sa mère. En arrivant, ils voyaient des gallons, des cruches vides et des récipients sales en plusieurs morceaux. En rentrant à la maison, tout le monde était accablé par cette situation de manque d’eau, et chacun restait dans son petit coin.

Cette situation devait être résolue, se disait Scrit dans ses pensées, mais ses frères n’accepteraient pas de travailler pour amener l’eau aux villageois. Comment allait faire le petit pour amener l’eau ? Seul, c’était peut-être impossible, la quête de l’eau était sur le point de commencer.