Prologue
La Porte :
La chaleur est étouffante. Ou alors est-ce le froid qui m’enserre les sens ?!
Je ne sais plus.
Pourquoi suis-je ici ?!
J’aimerais m’en aller, partir, être n’importe où ailleurs. Mais j’ignore totalement où je suis.
Autour de moi l’Air vibre…
La Terre gronde…
Le Ciel pleure…
Je me sens figée, paralysée dans une réalité ou je ne serais qu’une spectatrice. Ou que je pose mon regard, il n’y a que la désolation, le chaos est inscrit dans chaque particules du monde qui m’entoure.
Des flammes noires, immenses, jaillissent du sol alors même qu’une pluie d’étoiles glacées s’échappe des nuages.
Le cri qui s’échappe de ma gorge est un appel.
Un appel du désespoir, une supplique.
A mesure que mon cri s’accroît, je sais que je suis prête
Je suis prête à l’accueillir
Le souffle chaud contre ma nuque, cette présence ancestrale à mes côtés
Je ne suis plus seule, plus vraiment. Je ne l’ai jamais été.
Et je sais parfaitement quoi faire maintenant
Tout me revient
Avant la Porte
Aavani
Regarder les nuages, avait toujours apaisé Aavani,lui offrant la paix qui lui manquait tant chez elle ou même lorsqu’elle travaillait dans le petit centre médical du centre ville. Comme un éternel recommencement, les jours passaient et se ressemblaient, alors même que les espoirs et les rêves d’Aavani de quitter cette bourgade ne faisaient que s’accroitre. Aller au-delà du dôme, pouvoir sentir la magie et peut-être même la pratiquer, voilà ce qui motivait la jeune guérisseuse tout juste âgée de vingt-deux ans.Mais Aavani le savait, il était impossible de quitter le dôme. Elle devait abandonner ses rêves et se consacrer a se construire une vie ici, au milieu de ceux qui, comme elle, portait le poids des péchés de leurs ancêtres.
Le Vish Jel, le monde prison, voila ce qu’était le dôme. Un lieu de magie pure qui s'étendait sur des kilomètres et pourtant limité dans l’espace par la magie. Des villes, des bourgades, un monde à part entière dotéait de son propre système économique et politique. Un lieu totalement créé et dépendant de la magie mais où celle-ci était totalement proscrite. Car le Vishv Jel abritait les pires membres du monde qui s’étendait en dehors du dôme ainsi que leurs descendants. Les criminels de la pire engeance, pour qui tout espoir de rédemption était impossible. Ils étaient envoyé au Vishv Jel pour y vivre et y mourir. Mais au fil des siècles, un gouvernement s’était mis en place, la population s’était civilisée et avait fini par prospérer. Et Aavani était née ici, dans un monde où rêver de magie était passible de lapidation. Personne n’avait pu quitter le Vishv Jel depuis sa création, une condamnation sur plusieurs générations, qui pesait sur le cœur de la jeune fille qui, comme beaucoup de ses semblables, n’aurait jamais la chance de connaître une existence ou la pratiquer leur seraient permis.
« Bon assez rêvassé ! » se sermona Aavani en se levant pour quitter son point de vue, le toit du centre médical, et regagner son poste. Ayant récemment terminé ses études, Aavani était à présent une guérisseuse et soigneuse accomplie. Elle prodiguait des soins aux personnes souffrante ou blessée, participait aux chirurgie complexe, aidait pour les naissances mais accompagnait également dans la mort. Un travail qui lui convenait parfaitement, car la jeune femme avait depuis toujours ressentis le besoin d’aider autruit, cependant elle en voulait plus, convaincu qu’elle pouvait en faire d’avantage. Mais pour l’heure elle devait se concentrer sur le moment présent et s’occuper des patients de la journée. Alors comme chaque jour depuis maintenant six mois, elle enfila son tablier, attacha ses cheveux et se plongea dans le travail. Ne prenant aucune pause, absorbée par les divers pansements et points de sutures qui ne cessaient de se multiplier. Aavani, appréciait ce genre de journée ou elle n’avait pas le temps de s’appesantir.
Elle quitta le centre en fin de journée morte de fatigue mais satisfaite du travail accompli. Satisfaite d’avoir fait quelque chose d’utile, d’avoir aidé. Aavani ne s'intéressait ni à l’or ni à l’argent mais elle avait un besoin de reconnaissance qui la dévorait parfois. Un besoin presque viscéral de montrer qu’elle était utile.
Avant de rentrer, Aavani passa à la petite épicerie du coin, là où elle avait l’habitude de s’acheter des sucreries et chocolats. Ce soir ne dérogeait pas à la règle. Mais en plus elle en prit aussi pour son frère, Darshan. Dans le monde gris et morose d’Aavani, son frère représentait sa seule lumière, son far dans la nuit. C’est les poches bien remplies qu’elle reprit enfin la route vers sa maison. Des murs,un toit, un jardin… Une maison mais pas un foyer.…
Il faisait nuit noir quand Aavani passa la porte d’entrée, accueillie, par les cris de ses parents, pour ne pas changer. Aavani, ne put retenir un petit couinement quand elle aperçut la majorité de ses carnets sur le sol. Les feuilles éparpillaient au sol. Complètement détruite. Et l’écho des voix de ses parents. « Je le savais, je savais que ça allait arriver » « Elle va causer notre perte ! On doit se débarrasser d’elle ». Aavani se figea sous le choc des paroles de sa mère.Sa mère ne pouvait quand même pas parler d’elle, c’était impossible. « Modère tes paroles ! Le premier qui la touche, je le tue de mes mains ». Aavani, ne sut dire si elle fut rassurée par les paroles ou non. Elle ne l’avait jamais entendu parler avec une telle véhémence.Aavani prit quelques minutes à se demander si elle devait le rejoindre ou non.« Respire Aavani, respire». Aavani, entra le plus naturellement possible dans la cuisine pour la retrouver aussi saccagée que le salon.Le chaos l’entourait et les membres de sa famille figé se fixant en chien de faïence.
- Petite sœur, tu rentres tôt ce soir, le teint livide de son frère sauta au yeux d’Aavani même si celui-ci essayait de paraître décontracté.
- Tu trouves ? J’ai pourtant fait un petit détour avant de rentrer.
- Aavani, petit insecte,souffla le père d’Aavani. Explique nous un peu ce que sont ces carnets que nous avons trouvés dans tes affaires ?
- D’abord pourquoi est-ce que vous avez fouillé dans mes affaires ?!
- Baisse d’un ton jeune fille, aux dernières nouvelles tu vis sous notre toit tu dois respecter nos règles.
- Aux dernières nouvelles comme tu dis maman, c’est toi qui ne veut pas que je me trouve un autre logement.
- Parce que ta place est ici, fulmina la mère d’Aavani.
Aavani soupira. Car comme toujours sa mère utilisait encore et encore la même excuse, le même argument.Si tant est que l’on pouvait appeler ça un argument. Mais Aavani nota quelque chose de différent ce soir. La pointe de folie dans la voix et les yeux de sa mère.Aavani ne comprenait pas pourquoi sa mère réagissait ainsi.Ses carnets ne contenaient que ses écrits, ses aspirations. Et surtout ses rêves. Rêves qui la tourmentaient le soir quand seul le sommeil devait être son seul compagnon.. Mes carnets sont noircis de mes écrits, de mes pensées et de mes aspirations. Des rêves remplis de magie, de dragon et de créatures de ténèbres à l’apparence cauchemardesque. Alors oui, cela pouvait être surprenant mais pas au point de péter les plombs à ce point se dit Aavani dans sa tête.
- Je suis la seule à décider d’où est ma place de maman ! Tu devrais te faire à l’idée
- Aavani, ramasse tes affaires et va dans ta chambre.Fit Darshan, en se plaçant devant Aavani avec une autorité dans sa voix qui fit comprendre à celle-ci qu’il n’y avait pas de discussion possible. Monte je te rejoints bientôt.
- Mais
- Monte, s’il te plait.”
Avant de lui obéir, Aavani posa sa main dans le dos de son frère en signe de soutient, de remerciement et d’amour. Puis elle se dirigea vers sa chambre en passant par le salon ou elle récupéra les quelques pages de ses carnets encore en état.La chambre d’Aavani était un sans dessus-dessous, un véritable foutoir.« Non mais sérieusement ! C’est quoi leur putain de problème ! ». Elle se fraya un passage jusqu'à son lit et s’y assit.
Sa relation avec ses parents avait toujours été compliquée. Elle n’avait jamais été assez pour eux,ou alors bien trop étrange. Il n’y avait qu’avec son frère qu’Aavani se sentait à l’aise et elle même.Même si celui-ci faisait de son mieux pour arrondir les angles, Aavani avait remarquée que depuis sa majorité les liens déjà fragiles s’étaient de plus en plus désagrégés pour disparaître définitivement. Les cris étouffés parvenaient jusqu’à la chambre d’Aavani. Elle ramena ses genoux contre elle, « Darshan s’il te plait ».
Et puis le silence. Un silence assourdissant.
La porte de la chambre d’Aavani vola en éclat laissant apparaitre la mère de la jeune fille un couteau à la main.
- Je vais y mettre fin, une bonne fois pour toute. Marmonna-t-elle.On aurait dû faire ça depuis le début ! Shaapit ladkee !!
- Maman! ,Aavani recula instinctivement. Mais qu’est-ce que tu fais ?
- Tais-toi ! LA FERME !
Sa mère s’élança sur elle, une haine atroce déformant les traits de son visage. Un visage qu’elle avait connu toute sa vie, ou certe elle n’y avait jamais lu de l’amour. Mais cette haine, elle n’aurait jamais pensée qu’on puisse autant détester quelqu’un…elle…sa propre fille.
Le couteau brandit vers elle.
Les mains d’Aavani qui se lèvent.
Une explosion et le noir complet.
Des ombres et des cries
Et une voix… « Il est temps ».
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