Chevron 1

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Elle reprit subitement conscience. Sa première impression fut celle d’un froid intense, au point qu’elle ne sentait plus aucun de ses membres. Elle tenta de bouger un bras, une main, ne serait-ce qu’un doigt. Rien ne répondait. Son corps ne lui appartenait plus. Alors qu’elle se débattait dans une tentative de reprendre le contrôle, elle se rendit compte avec horreur qu’elle n’arrivait même pas à se rappeler de son propre nom. La panique commença à s’emparer de son esprit.

Elle tenta de se calmer.

Où se trouvait-elle ? Elle ne se souvenait pas s’être endormie, ni de ce qu’elle faisait avant de perdre connaissance. Elle avait beau réfléchir, il lui était impossible de remettre de l’ordre dans ses pensées trop nombreuses, trop incohérentes. Elle se concentra avec peine, se forçant à ouvrir les yeux : ce n’est qu’au bout d’une éternité que ses paupières répondirent à l’appel qu’elle leur envoyait désespérément. Peu à peu, elle fut capable de distinguer ce qui l’entourait, le noir total laissant place à une pénombre profonde, mais où elle pouvait tout de même discerner l'espace alentour.

Son sang se glaça dans ses veines.

Sous ses yeux s’ouvrait un vide gigantesque, dont le fond semblait recouvert d’une masse vivante, mouvante, grouillante telle une fourmilière dans laquelle un enfant aurait donné un coup de pied. Face vers le bas, elle était suspendu au dessus d'un gouffre, sans rien pour la retenir d'une chute inévitable.

Son cœur serré par l’angoisse lui faisait mal.

Elle voulait désespérement reprendre le contrôle de la situation, donner sens à ce qui lui arrivait. Mais sa réflexion était perturbée par d’autres pensées. Malgré elle, une partie de son esprit essayait de comprendre l'abysse, d'en analyser la profondeur, d’identifier la nature de ce qui semblait y vivre, de déterminer la composition de la roche qu’elle apercevait entre les mouvements des sombres créatures. Contre sa volonté, elle était bombardée d'informations qu'elle n'arrivait pas à assimiler.

Sa poitrine, prise en étau par un sentiment de malaise grandissant, l’empêchait de respirer.

La peur la subjugait. Les nombreuses voix dans sa tête s’en fichaient éperdument. Elles continuaient de déblatérer sans cesse sur des sujets sans importance : le temps, la température, un objet à ne pas oublier, quelqu'un à retrouver. La jeune femme ne les écoutait pas, ses yeux contemplaient la mort qui l’attendait à coup sûr, si elle venait à chuter au fond du précipice.

Sa bouche s'ouvrit pour crier à l’aide, mais aucun son n’en sortit.

Le temps, cruel, s’écoulait pour elle de manière erratique. Elle le sentait filer entre ses doigts, lui échapper. Pourtant, chaque instant durait une éternité. Comme s’il avait voulu qu’elle observe son sort funeste le plus longtemps possible, mais sans lui laisser le temps de l’appréhender ou de comprendre ce qui l’avait mené ici.

Son corps, lourd comme le plomb, refusait toujours de lui obéir, la condamnant à sa fin.

Elle se trouvait si loin au dessus du néant qu'elle fut prise de vertige. A tout moment, elle le savait, il l'attirerait en son sein. Les larmes qu'elle s'apprêtait à verser n'eurent pas l'occasion de naître, alors que le temps reprennait enfin son cours.

Elle tomba.

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