Chevron 17

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En le voyant pleurer, la jeune fille du nom d'Alyss avait commencé à s'inquiéter qu'il ne soit blessé, tâtant ses membres ci et là un air interrogateur sur le visage, guettant sa réaction. Il fallut bien cinq minutes à Liam pour lui faire comprendre que tout allait bien. Elle finit par se relever et nomma un à un chacun de ses compagnons, utilisant à nouveau le bout de papier qu'elle plaça devant leur front respectif. Liam se rendit compte qu'il était toujours par terre quand Soreï, le jeune homme à l'allure plutôt normale, lui tendit une main amicale pour l'aider à se relever. Il l'accepta donc volontiers et se laissa tirer vers le haut. Enfin debout, il fit quelques mouvements de jambes pour en chasser l'engourdissement qui s'y était installé depuis son réveil. Ou du moins il essaya : elles cédèrent sous lui dès le premier pas. Si Soreï n'était pas resté à proximité, il se serait écrasé à plat ventre sur le sol de pierre.

Surpris, il avait poussé un petit cri en tombant, et il remarqua que l'étrange fille aux cheveux bleus – qui s'appelait apparemment Arténiss – affichait un petit sourire amusé. Il sentit le sang lui monter aux joues et détourna le regard, préférant contempler ses pieds. Soutenu de chaque côté par Soreï et Alyss, qui avait accouru en le voyant chuter, il fit une deuxième tentative pour tenir sur ses jambes. Alors qu'il se concentrait pour les faire se mouvoir, elles ne répondirent d'abord pas à ses appels mentaux.

Il allait commencer à paniquer lorsqu’Alyss lança quelques mots à Soreï qui réfléchit un moment, puis hocha la tête. Il lâcha prise, laissant Alyss supporter seule le poids du corps de Liam. Elle ne broncha même pas. C'est à ce moment que Liam se rendit compte qu'elle portait une étrange armure le long des bras. Il fut d'autant plus surpris lorsqu'il aperçut que celle-ci luisait d'une étrange aura blanche, qui semblait s'écouler entre les éléments mécaniques qui la composait. Fasciné, il allait en oublier ses jambes lorsqu'il sentit une main froide se poser sur sa nuque. Soreï venait de lui attraper le dos du cou à pleine main. Un air concentré sur le visage, les yeux clos, il stoppa tout mouvement. Liam n'avait aucune idée de ce qu'il était en train de faire, mais les paroles au ton rassurant qu'Alyss était en train de lui adresser le convainquirent de rester calme.

Il sentit quelque chose s'éveiller en lui. Son corps était soudain parcouru d'une étrange énergie. Elle s'écoulait partout en lui, et il réalisa qu'elle semblait prendre source au niveau de sa nuque, là où Soreï le tenait fermement. Cette énergie lui appartenait bien, il s'en rendait compte à présent, mais le jeune homme était en train de la manipuler.

Alors qu'il tentait de comprendre ce qui lui arrivait, il sentit que le jeune homme s'apprêtait à faire quelque chose. Et que quoique ce fut, ça n'allait pas être agréable. Liam eut juste le temps de serrer les dents avant qu'une vague d'énergie ne descende le long de sa colonne vertébrale et provoque une onde de choc au niveau de son bassin. Il eut l'impression qu'une barre de fer venait de lui traverser l'abdomen. Mais une fois la douleur estompée, il réalisa avec stupeur que ses jambes lui obéissaient de nouveau, et il put se tenir debout. Alors qu'Alyss s'écartait de lui, la prise de Soreï se relâcha également. L'énergie qu'il ressentait disparut aussitôt. Liam n'en fut pas surpris, et ne s'en inquiéta pas : il avait l'étrange conviction qu'elle était toujours là, qu'elle avait toujours été là, sans qu‘il ne s‘en rende compte.

Il hocha la tête en direction de Soreï afin de lui exprimer sa gratitude. L'intéressé répondit simplement par un grand sourire accompagné d'un pouce levé. Alors qu'il remerciait également Alyss, Liam remarqua que le dernier des quatre comparses s'était complètement désintéressé de la situation et était occupé à examiner l'intérieur d'une grande boîte. Non. Pas une boîte. Liam avait la certitude que cet objet s'appelait une Cellule, même s'il se trouva bien incapable de se souvenir de sa fonction. En l'observant de plus près, Liam se rendit compte qu'elle était remplie d'un liquide dont l'odeur lui rappelait le goût de l'immonde matière qu'il avait vomi à son réveil. Se pourrait-il qu'il fût plongé à l'intérieur ?! Même si l'idée lui semblait complètement absurde, un coup d’œil à Alyss et aux quelques gestes qu'elle fit en voyant son air interrogateur suffirent à confirmer son hypothèse.

Le jeune homme, Heytham si Liam avait bien lu, était donc penché au-dessus de la Cellule. Il portait lui aussi un étrange attirail semblable à celui d'Alyss, à la différence que deux bras mécaniques attachés au niveau de ses épaules s'affairaient à parcourir la surface du container. Il y a quelques minutes, cela aurait pu surprendre Liam, mais il commençait à se faire à l'idée qu'il n'avait jamais vu - ou ne souvenait pas avoir vu - la plupart des choses qui l'entourait.

C'est donc avec un esprit ouvert à toute découverte qu'il commença à observer les alentours. Il se trouvait dans une pièce qui aurait pu être grande si la Cellule n'y prenait pas la moitié de la place. Placé au centre de la salle, elle laissait tout juste la place de se déplacer entre elle et les quelques meubles, dont une petite ta...

Liam fut interrompu dans sa contemplation par une tapote sur l'épaule droite. Alyss, qui le regardait droit dans les yeux, commença à faire des gestes lents qu'elle répéta à plusieurs reprises. Elle voulait lui expliquer quelque chose, et au vu de son air devenu sérieux, c'était quelque chose d'important. Elle plaça deux doigts en face de ses yeux, puis les pointa ensuite vers la table. Elle prononça ensuite plusieurs fois le même mot, appuyant à chaque fois qu'elle le répétait sur la table en question. Enfin, elle pointa son doigt sur lui et lui prit la main pour la placer sur la table. Puis elle l'observa et attendit. Cette fois, Liam comprit ce qu'elle voulait immédiatement.

- Table, articula-t-il simplement. J'appelle ça une table.

Alors qu'il prononçait ses mots, il désigna la table, puis lui. Il mima le fait de parler en faisant le moulin du doigt devant sa bouche pour signifier “appelle”, puis repointa la table lorsqu'il répéta le mot. Il allait recommencer, mais Alyss lui attrapa le poignet et le tira vers une étagère sur laquelle étaient rangés de nombreux objets que Liam ne put reconnaître. Elle posa le doigt sur l'étagère en elle-même et ouvrit la bouche à nouveau. Mais cette fois-ci, Liam fut surpris de comprendre ce qu'elle dit.

- Appelle ça, fit-elle d'un ton autoritaire.

Elle avait prononcé parfaitement cette courte phrase, si parfaitement que Liam en fut bouche bée. Elle sembla s'en agacer et répéta immédiatement :

- Appelle ça.

- C'est une étagère, fit Liam sans parvenir à cacher sa surprise.

Il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit d'autre qu‘Alyss le tirait déjà en dehors de la pièce. Il eut juste le temps de voir Soreï et Arténiss s'esclaffer devant son air ahuri avant de se retrouver dans un couloir si sombre qu'il ne pouvait pas y voir à 10 mètres. Ce qui l'interrogea sur la longueur du dit couloir. Cela ne sembla cependant pas déranger Alyss, qui avançait d'un pas assuré, presque en courant, comme si elle se trouvait en pleine lumière. Ils se retrouvèrent rapidement dans le noir total, mais Alyss ne ralentit que pour changer de direction. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Liam eut très vite la certitude qu'elle pouvait voir dans le noir comme en plein jour, et il se contenta de se laisser guider.

Après quelques changements de direction, il aperçut enfin de la lumière au bout du tunnel. Une lumière qu'il devina bien plus vive que celle de la pièce qu'il venait de quitter. Pour la première fois depuis qu'ils avaient commencé à marcher, Liam força Alyss à stopper sa course. Bien qu'il ne puisse voir les traits de son visage dans la pénombre, il sentit à sa poigne qu'elle en était agacée. Il lui fit comprendre par de rapides gestes qu'il allait avoir besoin de temps pour s'habituer à la luminosité, et elle se détendit immédiatement. Ils parcoururent les derniers mètres qui les séparaient de la lumière en marchant lentement, Liam se cachant à moitié les yeux avec une main. Quelques instants plus tard, ils étaient dehors. En sortant, Liam baissa la tête vers le sol pour ne pas agresser sa rétine. Filtrant la lumière de ses doigts, il releva peu à peu la tête pour regarder où ils étaient arrivés.
Il n'en crut pas ses yeux. Lui qui se pensait prêt à affronter toutes les surprises qui pouvaient l'attendre après son amnésie, il fut bien obligé de se rendre à l'évidence : il n'était pas prêt du tout.
À côté de lui, Alyss prononça juste deux mots, qui pour une raison qu'il ne put expliquer, le rendirent profondément heureux.

- Appelle ça.

Ce qu‘il avait devant lui, il le sentait, était la chose la plus incroyable, la plus magnifique qu‘il n'ait jamais vu. À perte de vue s‘étendait une forêt remplie d‘arbres immenses, qui laissaient quelques rares rayons de soleils percer à travers leur cyme formant comme des rideaux de lumières entre leurs troncs. Il se tenait au pied d‘une colline, sur un sol sablonneux qui s‘enfonçait légèrement sous ses pas. Il ne se souvenais plus de rien mais une chose était sûre : jamais marcher ne lui avait paru si agréable. Juste à côté de l‘entrée du bâtiment dont ils venaient de sortir, près de la petite ouverture qui semblait avoir été déterrée entre les racines d‘un des arbres, attendait une sorte de véhicule en métal monté sur pattes. Cela lui parut étrange, mais il ne s’y attarda pas. Pour Liam, le simple fait de se trouver en cet endroit le remplissait de joie, sans qu‘il ne puisse vraiment savoir pourquoi.

- Appelle ça.

Les mots répétés par Alyss sortirent Liam de sa torpeur. Il se tourna dans sa direction. Elle pointait vers un des arbres les plus proches d‘eux.

- Arbre.

- Arbre, répéta-t-elle à nouveau avec une prononciation parfaite.

Elle sortit un objet de sa poche et lui présenta. Il s‘agissait d‘un mécanisme en métal que Liam ne parvint pas à identifier.

- Appelle ça.

Il hocha négativement la tête, essayant du mieux qu‘il pouvait de mimer l‘ignorance.

- Je ne sais pas, dit-il simplement.

Elle sembla réfléchir un instant, puis répéta à nouveau :

- Je ne sais pas.

Encore une fois, les mots sortirent de sa bouche comme si elle les avait toujours utilisés.

- Comment tu fais ça ? Demanda Liam, qui commençait à douter du fait qu‘elle n‘ait jamais parlé sa langue.

Mais au moment où il prononça ses mots, elle balança sa tête de gauche à droite et lui mit deux doigts devant la bouche en fronçant les sourcils. Très bien, pensa Liam. Pas de question, juste des réponses. Il hocha la tête pour lui faire signe qu‘il avait compris, et attendit ses prochaines instructions.

Liam avait perdu la notion du temps. Il avait passé les dernières heures à parler en décrivant à Alyss chaque chose qui les entourait. Mais aussi magnifique que l‘endroit paraisse aux yeux de Liam, elle vint vite à bout de nouvelles choses à lui pointer du doigt. Elle lui avait donc fait dire à haute voix toutes les parties de son corps, puis lui avait fait signe de s’asseoir devant elle. Avait alors commencé un véritable spectacle de mime. La jeune femme avait d’abord commencé par des actions simples : manger, dormir, courir, voir, parler, lancer, pousser, tirer, autant d’action qu’il était possible d’en trouver.

Après de longues minutes, peut-être fatiguée de s‘agiter ou à court d‘idée, elle vint s’asseoir à côté de lui et commença à dessiner dans le sol à l‘aide d‘un bâton. Malgré cet équipement rudimentaire, les motifs qu‘elle dessinaient était précis et clair. C’est à ce moment que l’un de ses ami – Soreï – les avaient rejoints. Ils avaient échangé quelques mots que Liam ne comprit pas, et il s’était assis près d’eux. Il se contenta ensuite de les regarder faire, se levant occasionnellement pour aider Alyss à mimer des actions plus complexes.

Ils passèrent ainsi de longs instants à jouer à différents petits exercices visant à lui faire décrire le plus de choses possibles. Après ce qui lui avait semblé être un couple d’heures, Alyss avait commencé à prononcer des phrases qui, bien que manquant parfois le sens qu’elle voulait leur donner, avaient engagé la première conversation qu’il eut avec elle. Il put alors se permettre de parler plus librement et de la corriger à chaque fois qu’il ne la comprenait pas, ou qu’elle utilisait un mot de la mauvaise manière. Erreurs qu’elle ne reproduisait plus jamais. Si elle ne le comprenait pas, il reformulait en essayant au mieux de mimer son intention.

Dès qu’il le pût, il lui demanda comment elle faisait pour parler sa langue avec autant de facilité. Elle souleva les imposantes lunettes qu’elle avait porté comme un masque pendant tout ce temps, et lui pointa son œil droit.

- Mes Yeux d’Or se rappeler ce que je ne peux pas me rappeler. Je pense ce que je veux dire, mes Yeux aident trouver les mots qui sont les meilleurs dans ceux que tu dis dans le passé. Ton visage et mouvements aussi aider à comprendre.

- Comment c’est possible ? Des yeux sont des yeux ...

Il se pencha pour mieux observer les globes oculaires de la jeune femme. Sa gorge se serra en constatant que ceux-ci n’avaient pas d’anormal uniquement leur couleur. Ils n’avaient en fait rien de normal, puisqu’il put constater qu’ils étaient entièrement artificiels. Là où auraient dû se trouver des vaisseaux sanguins courraient ce qui ressemblait à de complexes circuits imprimés, particulièrement visibles au bord de ses yeux et dans son iris, où ils formaient autour de la pupille un schéma presque envoûtant. Alyss s’éclaircit la gorge. Liam, qui n’en revenait toujours pas, s’était approché très près de son visage pendant son observation. Embarrassé de cette soudaine proximité, il recula brusquement et prit la décision de continuer la discussion le plus rapidement possible.

- Ce ne sont pas tes vrais yeux n’est-ce pas ? Tu n’es pas une sorte de robot ?

- Robot ?

Liam jura intérieurement de ne pas avoir pensé qu’elle ne connaîtrait pas ce mot, et réfléchit un instant à comment décrire de manière simple ce dont il s’agissait. Heureusement, son regard se posa sur quelque chose qui allait rendre son explication beaucoup plus simple.

- Ce truc là-bas. Je ne sais pas exactement ce que c’est, mais ça ressemble à un robot.

Il avait pointé l’énorme araignée de métal qui attendait toujours non loin de là. Alyss se tourna, réfléchit un instant, puis éclata de rire.

- Non ! Je suis pas une robot. Moi et mon frère avons de très grand… pensées ? Têtes ? Les Yeux aider à tous se rappeler sans devenir mal. Mes yeux être comme les tiens avant, mais si je n’avais pas enlevé pour entrer les Yeux d’Or, je serais très mal en ce moment.

Liam déglutit.

- Enlevé ? Tu as retiré tes yeux pour les remplacer par ceux-là ? Ça a dû être horrible.

- Je suis dormir quand on a remplacé mes yeux. J’avais 7 ans. Ça avait fait mal au début, mais s’est arrêté après beaucoup de jours. Je...

Elle sembla alors se souvenir de quelque-chose qui lui fit froncer les sourcils.

- Tu ne sais pas les Yeux ?

Sa question était soudaine, comme si elle était surprise que ce ne soit pas normal pour lui d’avoir ses yeux remplacés par des machines dès l’enfance.

- Non. Je ne sais rien de ces yeux robot. Ceci-dit, peut-être que je ne m’en souviens simplement pas. Je ne me souviens pas du tout de qui je suis ou d’où je viens après tout.

Dire tout haut ces mots lui rappela subitement sa condition et lui mit la boule au ventre. Même s'il avait réussi à reconnaître son nom et se rappeler de vagues images, il était encore loin de pouvoir appeler ça un passé…

- Tu ne te souviens pas d’où tu viens ?!

Probablement surprise et inquiète, Alyss avait monté la voix. Du moins c’est ce que Liam pensa d’abord. Mais en l’observant mieux, ce n’est pas de l’inquiétude qu’il lut sur le visage de la jeune femme, mais de la frustration. Il s’en agaça un instant :

Je suis lev premier frustré de ne pas pouvoir me rappeler de quoi que soit ! Et la voilà en train de prendre cela comme un problème dont elle se serait bien passée !

Il se força cependant à se calmer. Après tout, elle souhaitait probablement trouver des réponses autant que lui. Il ne pouvait pas lui en vouloir d’être déçu qu’il ne puisse pas lui en apporter. De plus, elle était la seule personne capable de communiquer avec lui pour le moment. Mieux valait ne pas se disputer avec celle avec qui il pouvait parler.

- Non, désolé. Je me suis rappelé mon prénom parce que je l’ai lu sur mon bras, et j’ai quelques images qui me sont revenues, mais rien de très précis…

Alyss, en voyant son air triste, se radoucit un peu. Elle réfléchit, mais au moment d’ouvrir la bouche, elle fut interrompue par un petit cri.

Soreï, qui écoutait jusque-là leur conversation en mélangeant des cartes contre l’arbre où il s’était adossé, s’était soudain relevé avec un air alerte sur le visage. Il courut sur la courte distance qui le séparait d’eux en s’adressant de manière houleuse à Alyss. Le visage de cette dernière devint sérieux à son tour, et elle attrapa Liam par le bras pour le forcer à se lever avant de commencer à courir en direction du véhicule et de l’entrée du souterrain. Une fois qu’ils furent tous les trois près de ces derniers, Alyss dit quelque chose à Soreï qui hocha la tête et se précipita à l’intérieur. Probablement pour aller avertir les autres.

- Que se passe-t-il ? demanda Liam.

Alyss lui lâcha le bras pour attraper un étrange mécanisme jusque-là attaché à son épaule. Dès qu’elle l’eut pris en main, celui-ci se transforma en fusil. Liam commença à comprendre la situation, qui lui fut aussitôt confirmer par Alyss.

- Des… (Elle chercha un instant ses mots) Mauvais arrivent. Nous partir vite ou nous battre.

- Pourquoi ne pas aller à l’intérieur et attendre ?

Alyss fit un signe de tête en direction de la machine.

- Nous avons besoin de Grouilleur pour rentrer. Si on attend dedans, les Mauvais vont le casser et le manger.

Des Mauvais ? Manger ?

Liam n’eut pas le temps de poser plus de questions. Un bruit étrange mais puissant, comme un cri, retentit dans toute la forêt. Suivis de plusieurs autres. Beaucoup d’autres. Dans ce qui semblait presque toutes les directions. Un frisson parcourut le dos de Liam.

Alors que les trois compagnons d’Alyss ressortaient des ruines, Arténiss en tête, Liam jeta un regard sur les alentours. Ils avaient la colline derrière eux. Les ennemis, quoi qu’ils soient, ne semblaient pas venir de cette direction. Il était donc possible de prendre l’avantage de la hauteur. La disposition des arbres y était également plus dense, leur offrant une couverture naturelle. A l’inverse, l’espacement entre les troncs en contrebas leur permettrait de pouvoir voir arriver l’ennemi. Cependant, il y avait aussi ce Grouilleur à défendre, et il ne pouvait pas les suivre sur les hauteurs, faute de place. Ils devaient donc soit défendre ici, soit tenter une percée avec la machine. À en juger par leur apparence et leur comportement, seules Alyss et Arténiss semblaient être prêtes à se battre. Soreï arborait une excellente forme physique, mais ne possédait apparemment pas d’arme. Quant à l’autre, Heytham ? Liam ne savait pas de quoi ses bras métalliques étaient capables, mais son expression laissait transparaître qu’il n’avait aucune envie de croiser le fer avec quoi que ce soit. Liam fit le compte. Avec lui, ils étaient donc trois, peut-être quatre, à pouvoir se battre. Et à en juger par les cris des créatures qui continuaient à s’approcher, cela n’allait pas être suffisant. Ils étaient au moins une vingtaine.

C’est en se faisant cette remarque que Liam réalisa quelque-chose. Pourquoi était-il si calme ? Il ne savait rien des choses qui approchaient et de ce dont elles étaient capables, mais le bruit qu’elles faisait suffisait à indiquer leur dangerosité, alors pourquoi sa première réaction n’était-elle pas de fuir ? Il n’eut pas le temps de trouver les réponses à ces questions. Arténiss s’était approchée de lui et commençait à le pousser vers le Grouilleur, se plaçant entre lui et la direction d’où provenait les cris. Il allait protester quand son regard fut attiré par un mouvement entre les arbres au loin. Les cris s’étaient tus, mais quelque chose s’approchait. Il plissa les yeux pour mieux discerner ce qui avait attiré son regard. Il eut de mal à le repérer de suite, mais un autre mouvement furtif lui permit enfin de les voir. Et ce qu’il vit lui fit remonter le cœur dans la poitrine.

- Qu’est-ce que… ? lâcha-t-il dans un souffle.

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