Chapitre 2 - Seule

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Il faut à Moïra quelques instants pour se remettre de ses émotions, et maintenant que sa vue est accoutumée à l’obscurité elle finit par observer ce qui l’entoure et se laisser gagner par la curiosité. Elle remarque que la pièce où elle se trouve, semblable à un bureau, est sens dessus dessous. Ce qui était probablement un meuble en acier a été littéralement foudroyé, tordu dans tous les sens et ne ressemble plus à grand-chose. Sur le mur se trouve un tableau, qui devait être blanc à l’origine. Une partie de ce tableau est carbonisée, mais il reste dans un coin quelques écritures que la jeune femme ne parvient pas à déchiffrer. Plus de chaise, plus de documents, pas même un seul morceau de papier. Mais tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un objet en verre ou en métal a bien souffert, et ce qu’il en reste jonche le sol. Les murs sont solides, ils n’ont subi que quelques éraflures et quelques coups ici ou là.

Moïra se lève et tente d’enjamber le plus de gravats possible, tout en se faisant discrète. Qui sait ce qui pourrait se mettre à la poursuivre maintenant ? Après quelques pas malhabiles, elle marche sur quelque chose qui émet un craquement vif et bruyant. En relevant le pied, elle discerne vaguement deux petites fenêtres en verre tenues par des branches en métal. Des lunettes.

« Merde » maugrée-t-elle intérieurement sans cesser de tendre l’oreille. Mais n’entendant rien de plus, elle reprend sa route, avec plus de précautions encore. Une fois arrivée à l’ouverture sans porte, elle jette un coup d’œil dans ce qui ressemble à un couloir, vide. Il y a bien quelques objets qui traînent ça et là, mais rien à voir avec le désordre de la pièce où elle est. Il flotte dans l’air une odeur de poussière, d’humidité et de vieux livre moisi.

Marchant aussi doucement que possible sur les dalles en granit poli, Moïra finit par atteindre un escalier montant à l’étage. Les marches sont larges, assez pour laisser passer quatre personnes sans aucun problème. L’odeur de vieux livre s’amplifie un peu, révélant quelque chose de bien plus grave. Refreinant son envie de faire demi-tour, Moïra se passe la main sur le nez pour l’atténuer mais entame son ascension, malgré cette odeur qui s’avère de plus en plus répugnante à mesure qu’elle monte les marches.

_ C’est quoi ça, gémit-elle..

Mais c’est une question rhétorique, parce qu’au moment où elle le dit, elle se rappelle de quoi il s’agit. Elle se demande même comment elle a pu oublier une telle puanteur : l’odeur d’un cadavre humain, ça ne s’oublie pas ! Ça s’infiltre dans les narines, ça s’ancre dans l’esprit, ça se grave dans le cerveau, pour des semaines, des mois, des années, l’éternité !

C’est à cause de ce genre d’odeurs qu’elle a dû quitter le petit emploi à mi-temps qu’elle s’était trouvé dans une maison funéraire. Son boulot était simple : remplir les admissions, faire l’accueil, et de temps en temps présenter les corps dans les salons réservés aux familles endeuillées. Un peu de paperasse, un peu de social, beaucoup de temps libre. Elle n’avait même pas besoin de faire le ménage, un agent d’entretien s’en chargeait. Simple comme bonjour.

Elle se disait « j’aurai le temps de bosser mes partitions. Les morts au moins, ils ne réclament rien. Ils se contenteront d’écouter mes gammes, ça leur fera de la compagnie. » Elle s’imaginait jouer pour les papis et les mamies bien habillés pour leur dernier voyage, à s’enivrer du doux parfum des fleurs, entourée de petits fantômes bienveillants qui se pencheraient sur son épaule et lui souffleraient quelques poèmes, qu’elle écrirait ensuite pour les vivants. La réalité l’avait frappé de plein fouet dès le départ, et à plusieurs reprises. Moïra pensait avoir le cœur bien accroché : elle est restée à son poste pendant onze mois et trois jours, à voir se succéder les défunts ; entre les papis et les mamies se tenaient, ici le grabataire dont les fils se disputaient l’héritage jusque devant son cercueil, ici l’assassiné dont l’épouse pleurait faussement avant d’être cueillie à la sortie de la maison funéraire par les gendarmes, ici le suicidé dont la famille toute entière portait le poids de la responsabilité, ici le bambin que la mort a fauché avant même que sa vie commence. C’était triste, mais Moïra tenait le coup, jusqu’à celui qui lui donna des cauchemars.

C’était un homme ; le même âge qu’elle à cette époque, c’est-à-dire vingt ans ; déception amoureuse, il avait décidé de ne plus souffrir et d’aller se pendre dans les bois sur le flanc d’une montagne à quelques kilomètres de chez lui. On avait retrouvé son corps après onze jours de recherches sous le soleil de plomb du mois de mai. La jeune femme avait senti l’odeur de son corps en putréfaction avant même que les ambulanciers n’ouvrent la porte du véhicule.

Ce parfum terrible suivit Moïra jusque chez elle et s’incrusta pendant des jours. Peu importe combien de couches de baume du tigre elle se mettait sous le nez, combien de fois elle se lavait, quel produit chimique elle utilisait pour nettoyer ses vêtements : cette pestilence s’était gravée en elle et ne la quittait plus. Elle empêcha Moïra de dormir la première nuit, et remplit les suivantes de rêves atroces.

Ça ne faisait même pas un an que Moïra jouait les réceptionnistes pour défunts et associés, le jour où elle n’arriva plus à passer le palier. Les morts pouvaient se passer de troubadour, et elle préférait encore travailler à la chaine avec des vivants, peu importait à quel point ils étaient barbants. Elle a posé sa lettre de démission et elle est partie. Deux jours plus tard, elle se levait à cinq heures du matin pour aller à l’usine de tri des déchets où elle n’était rien d’autre qu’un numéro, mais tout sentait encore le cadavre.

Les images dérangeantes des cauchemars de Moïra disparaissent petit à petit de son esprit, tandis qu’elle reste pendant quelques secondes interdite, se contentant de regarder le haut de l’escalier avec appréhension, le bras cachant le bas de son visage, s’efforçant de ne respirer que par la bouche. [Quelques années auparavant, elle s’est rendue compte que ne pas respirer par le nez lui permettait justement de ne rien sentir des pires effluves. Si seulement elle avait connu cette technique quand elle travaillait à la maison funéraire…] Après que son cœur ait retrouvé un rythme régulier, la jeune femme reprend sa marche vers l’étage supérieur. Peut-être qu’il y a un mort, mais peut-être qu’il y a aussi des survivants. Et puis d’ailleurs, si quelqu’un est mort, elle devrait prévenir la police, et savoir de qui il s’agit. Si c’est un animal, on dira sans doute qu’elle a prévenu la police « pour rien », et elle ne veut déranger personne.

Mais aussitôt que cette idée traverse son esprit, ses pas s’arrêtent et ses jambes se figent dans une posture tendue. A quelques marches de là, elle entend très nettement des grognements, des reniflements et des bruits de mastication. Finalement, on se passera d’elle pour prévenir la police, elle préfère être couarde mais en vie. S’efforçant de rester aussi calme que possible pour ne pas attirer l’attention, elle redescend les escaliers en silence, puis longe de nouveau le couloir avant d’essayer de passer dans une autre pièce que celle dans laquelle elle s’est réfugiée un peu plus tôt.

Ce bureau ressemble beaucoup au précédent, mis à part quelques traces laissées ici et là par des étagères disparues et quelques boulons et vis laissés en plan dans la poussière. Cette dernière ne s’est pas accumulée partout, Moïra remarque que quelques traces ont été laissée ici et là, des empreintes qui n’ont rien de pieds humains. Ces bestioles qui se tiennent comme des gens, sans doute. Quand elle pose, par curiosité, le pied sur l’une de ces empreintes, son dos se raidit par la goutte glacée qui parcourt son échine : l’autre pied a laissé une trace au moins deux fois plus grande que sa ranger.

Moïra secoue la tête et reprend sa marche. Enjambant les tas de débris, elle découvre parmi eux quelque chose qui bouge, comme un liquide dans un contenant transparent : une bouteille d’eau ! Satisfaite de la chance qu’elle a dans son malheur, la jeune femme l’ouvre et en boit quelques gorgées. La fraicheur du liquide se disperse dans tout son corps, et elle se sent soudain revigorée, prête à affronter ce qui se trouve à l’extérieur de ces murs.

Elle s’en approche, passe la tête dehors en l’absence de fenêtres, et tend l’oreille. Pas un bruit. Rien ne lui fait croire que ces espèces de chiens bipèdes sont dans la rue, et la lumière vacillante au loin lui fait comprendre que la sentinelle gigantesque est occupée ailleurs. Poussant un soupir, elle quitte enfin le bâtiment en passant par la fenêtre brisée, sa bouteille à la main.

A présent qu’elle est habituée à l’obscurité, Moïra s’efforce d’avancer discrètement. Le brouillard, qui a repris sa place, étouffe quelque peu ses pas. La rue semble vide, mais elle n’est pas dénuée de vie. Ça regarde ici et là, ça s’enfuit, ça se rapproche à petits pas. Avançant lentement et prudemment, Moïra longe ce qui devrait être la route de cette rue si peu animée bien qu’habitée. Finalement, elle tombe sur un grand poteau de bois, où sont accrochés différents panneaux dévoilant des noms de rue, dont Moïra devine qu’ils sont en acier. Certains sont rouillés par l’humidité ambiante, d’autres sont plus résistants. On dirait presque que les premiers sont bien plus anciens.

Moïra sourit en lisant le premier panneau : enfin elle va trouver une route qui la mènera tout droit vers la sortie… Mais elle déchante très vite. Il lui est impossible de comprendre une seule des lettres qui sont inscrites.

_ Quoi ? Murmure-t-elle avant de secouer la tête.

Après tout, c’est peut-être elle qui est fatiguée. Elle relit, jusqu’à cinq fois, sans toutefois comprendre. Elle écarquille les yeux, en vain. Elle les plisse alors pour essayer de voir ce qui la dérange, toujours rien. Une seconde, elle regarde autour d’elle pour s’assurer de ne pas se ridiculiser devant un public, avant de se pencher jusqu’au sol pour tenter de vérifier s’il ne faut pas lire à l’envers. Nouvel échec.

_ C’est quoi ça ?! Rage-t-elle entre ses dents tout en regardant fixement une à une les lettres inscrites. Je suis en train de faire un AVC ou quoi ?

Son cœur recommence à s’affoler, tandis qu’elle repasse dans sa tête toutes les écritures qu’elle a pu lire ou étudier à la fac de lettres. Elle finit par constater que ces lettres qu’elle ne parvient pas à lire ont une dimension onirique, ou plutôt cauchemardesque. Ce sont des parodies de lettres, des gribouillis grossiers vaguement similaires mais pas semblables, s’inspirant de plusieurs écritures connues comme les hiéroglyphes, les kanji et les alphabets. Moïra reconnaît ici un « a » maladroit, et là ce qui se rapproche du « wo » chinois. C’est comme si ces lettres avaient elles-mêmes des bras et des jambes à l’instar des autres choses que Moïra a eu le malheur de croiser, comme si elles s’efforçaient de ressembler à de l’écriture « humaine » sans pour autant y parvenir.

Pour quoi faire ? Leurrer les gens perdus ? Poursuivre l’expérience sociale ? Est-ce que des gens étaient devenus fous en regardant ces lettres ? Quelle direction doit-elle suivre, si toutes sont aussi floues et invraisemblables que les inscriptions ?

Poussant un soupir, Moïra regarde autour d’elle à nouveau, les poings sur les hanches. Elle doit se calmer. Peut-être qu’en grimpant en haut de l’un de ces bâtiments, elle pourra voir au-dessus de la brume, et saura mieux s’orienter. Dans une telle pénombre, il y a de fortes probabilités pour qu’elle ne voie rien, mais que perd-elle à essayer ? Il suffit qu’elle se dégotte un bâtiment qui ne soit pas occupé par… Ces dogues humains.

C’est en prenant le temps de réfléchir à quel panneau lui inspire le moins de dégout et qui ne pointe pas vers l’endroit d’où elle vient, que Moïra se décide enfin à rejoindre un autre de ces immenses blocs qui prennent place de chaque côté de la rue large. Après avoir longé une partie du mur qui s’élève au-delà de la brume, elle trouve une porte entrouverte et dont le verre a subi le même sort que celui de toutes les fenêtres. Elle renifle. Pas d’odeur de cadavre. Elle entre et rejoint un grand hall vide et aux murs blancs qui donnent un aspect froid à l’endroit. Elle s’attend presque à sentir une odeur de médicament, mais ne s’attarde pas au rez-de-chaussée et se contente de rejoindre l’escalier comme elle l’a fait dans le bâtiment précédent. Après un petit instant de vérification, elle n’entend rien et grimpe, s’accrochant à la moindre once de lumière pour savoir où elle va. Arrivée en haut, elle écoute quelques secondes puis s’invite dans le couloir. A droite, plusieurs portes de chaque côté ; tout droit, le prochain étage.

Moïra décide de fouiller cet étage. L’une après l’autre, elle pousse les portes de ce qui avait tout l’air d’appartements. Mais tous sont vides, à l’exception de marques sur le sol et les murs, marquant l’emplacement de quelques meubles qui ont occupé les lieux jadis. Presque tous ont disparu à l’exception d’un casier en métal et d’un réfrigérateur. Moïra découvre d’ailleurs dans ce dernier une autre bouteille d’eau, d’une autre marque que la première, mais elle ne parvient pas à lire l’étiquette car les lettres se dérobent à sa compréhension. Elle s’apprête d’ailleurs à comparer les deux pour garder la plus grande, mais finit par ne pas faire de choix.

« Imagine que tu sois coincée ici plus de deux jours, tu seras bien contente d’avoir ça si tu ne trouves rien d’autre entre temps.

Une bouteille dans chaque main, elle reprend l’exploration de l’immeuble en gravissant l’escalier pour franchir l’étage du dessus. Là, elle trouve un vieux sac en toile froissée derrière ce qu’il reste d’un tabouret en métal rouillé. Bien qu’il soit usé, tâché et qu’il sente le moisi, le tissu est encore un peu solide et elle y met les deux bouteilles avant de le prendre en bandoulière. Après un long moment de réflexion, elle prend également le tabouret. L’objet se désagrège en quelques secondes, ne laissant plus qu’un pied à la jeune femme comme arme.

« C’est toujours ça » se dit Moïra.

A l’étage suivant, même constat qu’aux précédents : meubles et livres disparus, des morceaux rouillés de fer dispersés qu’elle n’ose même pas toucher, et quelques traces prouvant qu’il y a eu une vie ici, avant que cet endroit ne devienne ainsi.

Dans un sens, ça paraît logique : s’il y a des gens coincés ici comme elle, ils ne se risqueraient pas à rester dans un endroit aussi dangereux, entre l’être gigantesque et les créatures humanoïdes et quadrupèdes. Ils prendraient sans doute tout ce qui les aiderait, à commencer par tout ce qui peut brûler, c’est-à-dire du bois et du papier, et potentiellement le reste ensuite, pour l’embarquer là où ils ont le plus de chance de survivre.

Moïra ne sait pas depuis combien de temps cet endroit existe. Peut-être que l’expérience sociale dure depuis des mois, voire des années. Après tout, Harris Harlow a bien pratiqué des expériences monstrueuses sur des singes pendant trente ans, et bien que ça n’excuse pas toutes les vies qu’il a gâchées, il a fait de grandes découvertes sur l’attachement et l’isolement. Alors qui sait ce qu’un gouvernement peut accepter d’un type qui raconte qu’il va faire quelque chose au nom de la science ? Et ça, c’est dans le cas où un gouvernement est au courant !

Moïra franchit une fois de plus les escaliers avec la plus grande prudence. Cinquième étage ; cette fois-ci, la plupart des portes est absente. Certaines ont été retirées soigneusement de leurs gonds, d’autre sont littéralement explosées. Mis à part quelques objets en porcelaine – du moins ça y ressemble – éclatés dans un coin, rien d’intéressant. Pareil aux suivants.

Le treizième étage est différent. L’escalier se termine sur une porte défoncée de l’intérieur. Quand elle regarde dehors, elle aperçoit un couloir extérieur offrant à droite une vue pleinement dégagée sur la lumière vacillante qui se balade au loin, occupée à se fixer ici ou là. Quand elle se tourne dans la direction de Moïra, la jeune femme se cache derrière le montant de la porte qui est resté debout. Mais la chose n’a même pas pointé sa lumière dans sa direction.

Après quelques secondes, Moïra regarde à nouveau. La coursive est assez étroite, mais bordée d’une balustrade sur un petit muret. Elle peut facilement se cacher derrière, à condition de ramper. Elle remarque qu’ici, certaines portes sont closes. Elle pourrait trouver un endroit où se reposer. Elle n’a vu aucune bestiole jusqu’ici, peut-être que les molosses humanoïdes ne viennent pas aussi haut. Alors elle se met à quatre pattes, puis commence à ramper à la façon militaire, comme elle a vu dans certains films, sauf qu’elle n’a pas de mitraillette dans les mains. Une fois arrivée à la moitié de la coursive, elle découvre un nouvel escalier, qui mène au toit cette fois-ci. C’est exactement ce qu’elle cherchait, mais elle serait alors une proie facile si elle fait le moindre bruit.

_ Allez Moïra, murmure-t-elle pour se donner un peu de courage. T’as fait tout ce chemin pour pouvoir scruter la ville. Si t’y vas pas, t’auras fait tout ce chemin pour rien. Un peu de courage ! Un, deux, t-

Un cri retentit non loin, qui la fige sur place. Soudain, la lumière se braque sur l’immeuble et l’éblouit à nouveau. Moïra blêmit et se plaque contre le petit muret, s’aplatissant sur le carrelage brunâtre. En regardant en arrière, elle voit son issue s’envoler en même temps que son option de monter, avec l’apparition d’une forme noire. Elle est coincée ici, sans possibilité de bouger au risque d’être vue par cette espèce d’œil gigantesque et brillant.

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