Chapitre 14 – Les voisins

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Remontée comme une horloge, Moïra se remet sur ses pieds en un rien de temps, un grand sourire illuminant son visage. Le cœur plein de courage, elle s’engouffre dans le boyau gigantesque, s’orientant du mieux qu’elle peut en tentant de ne pas se faire remarquer. De temps à autres, elle entend de petits bruits aigus s’échapper de la voie de fer en contrebas. Ça doit être des rats. Le peu de luminosité ne lui permet pas de s’en assurer, ni de voir très loin devant elle, mais ça lui suffit pour faire un pas devant l’autre sans trébucher sur quelque chose qu’elle n’aurait pas vu. Elle se surprend à ne pas vraiment tressaillir de crainte en les entendant crisser et couiner. Mais comme elle y réfléchit, avec ce qu’elle a déjà eu à affronter, ce ne sont pas quelques petits rats qui lui feront peur. Du moment que les petites créatures ne viennent pas la harceler, elle s’en moque.

Combien de temps prend son périple ? Dans une telle obscurité et sans téléphone ni montre, elle ne peut rien en dire. Mais elle ne s’en inquiète pas tant que ça. Elle longe la voie de fer en suivant les lumières faiblardes, imaginant déjà le moment où elle trouverait enfin d’autres êtres humains. Au bout d’un moment, elle se met d’ailleurs à fredonner quelques unes des paroles de sa première chanson folk. Emportée par sa bonne humeur, elle commence même à sautiller sur quelques mètres avant de se rendre compte qu’à part elle, il n’y a plus de bruit. Alors elle s’arrête et tend l’oreille, la terreur revenant soudain la happer. C’est comme si elle venait de faire une prestation devant une salle pleine de spectateurs qui la jugent silencieusement. Secouée d’un frisson, Moïra se redresse.

_ C’est bon j’arrête… Public difficile.

Elle reprend sa route en silence, réduite au silence par la boule au creux de son estomac dont elle ne sait si elle résulte de la faim ou de la honte. Peut-être qu’elle n’est pas une si bonne chanteuse que le dit son public niche. Si elle l’était, aurait-elle besoin de galérer autant pour percer ? Elle remarque avec amertume que ce long tunnel vide, sombre, nauséabond, à peine éclairé et rempli de créatures différentes et incapables de la comprendre vraiment, c’est probablement ce qui se rapproche le plus de ce qu’elle vit déjà tous les jours.

Les épaules basses, la jeune femme poursuit pourtant sa route pendant encore un temps qui lui semble interminable. Mais elle s’arrête soudain net, le nez à quelques centimètres à peine d’un mur de briques. Perdue dans les idées noires qui se sont invitées dans son esprit, elle a bien failli ne pas le voir. Lorsqu’elle regarde plus attentivement, elle remarque que le mur arrête aussi la voie ferrée et que de l’autre côté se trouve une porte éclairée faiblement. Le même genre de porte qu’elle a franchi pour arriver ici.

Le problème, c’est qu’un énorme fossé sépare les deux quais et que Moïra ne se sent pas de plonger au milieu des rats pour y parvenir. Le fait de nager dans une marée de souris, aussi mignonnes et gentilles soient-elles, ne l’enchante pas. Mais a-t-elle réellement le choix ? Elle a fait tout ce chemin pour atteindre une autre dimension, comme celle de la maison. Maintenant qu’elle y est, elle n’a plus qu’à faire l’effort de sauter pour rejoindre ce nouveau monde.

Moïra prend une grande inspiration et recule jusqu’à toucher le mur opposé à l’autre quai. Même si ça lui semble loin, elle doit essayer. Alors elle s’élance en avant. En trois pas, elle atteint la bordure du quai et prend appui sur son pied pour se jeter vers l’autre bord, tendant les deux bras, fermant les yeux en s’imaginant déjà la douleur de son corps à la réception.

Et elle fait bien d’y songer.

Car au moment où elle saute, elle prévoir une erreur dans son évaluation des distances. Les maths n’ont jamais été sa plus grande qualité. Elle percute l’autre côté de plein fouet, le choc lui coupant le souffle. Elle a pourtant le réflexe de s’accrocher de toutes ses forces. La douleur à son épaule se réveille, violente et soudaine. Suspendue au-dessus des rails et des rongeurs qui commencent soudain à s’exciter et à crisser plus fort, elle est obligée de se hisser à la seule force de ses bras dont un n’est pas au maximum de ses capacités. Malgré les douleurs à sa poitrine, son ventre et son épaule, l’instinct de Moïra la maintient.

La jeune femme essaie de se hisser comme elle le peut mais la force lui manque, et elle peine à s’appuyer sur ses bras pour quitter sa posture délicate. Un petit soupir étouffé lui échappe tandis qu’elle remarque que les bruits en dessous se sont encore accentués. Elle baisse la tête.

Elle aurait dû garder les yeux rivés sur sa destination.

Sous ses chaussures, la masse grouillante commence à s’agiter, remuant, grognant, claquant, ses multiples cris suraigus ayant grimpé en intensité. Ça bouge, ça s’agite de plus en plus furieusement, ça claque des dents et ça gratte frénétiquement. Et çase rapproche.

Avec cette nouvelle motivation, Moïra trouve par miracle l’énergie qui lui manque et puise dans ses dernières forces du jour pour forcer sur ses bras, ses petits bras potelés, ses bras en mousse comme elle les appelle, malgré toute la douleur qu’elle peut ressentir de sa blessure laissée par arïoM. Pendant tout ce temps, elle garde le regard rivé sur la porte, son seul salut pour le moment.

Pendant une seconde, l’image de sa mère qu’elle voit ensuite, les bras croisés, l’attitude fermée, une mine consternée sur le visage. Sa mère qui lui a dit et répété « tu devrais te mettre au sport, ça te maintiendrait en forme puisque tu ne fais rien de tes journées »

Moïra fulmine intérieurement. Pourquoi a-t-il fallu que cette vision plus qu’une autre qui apparaisse devant elle ? Elle aurait pu imaginer un mur ou une de ces peintures en trompe-l’œil à la place de son salut. Mais non, c’est Rubis, l’éternel dragon strict et maniaque quia décidé de mettre à mal sa motivation. Si elle avait imaginé son père, il aurait au moins tenté de l’aider.

Pourtant, elle lutte encore et parvient à se hisser seule et sans l »aide de quiconque, au moment où elle sentait que quelque chose tentait de s’accrocher à ses rangers. Une fois son corps passé entièrement de l’autre côté, elle bascule sur le dos et se glisse sur le sol froid avant de se relever en quatrième vitesse et de donner un coup de pied dans le vide pour se débarrasser du nuisible qui s’est accroché à sa chaussure. La créature est étonnamment flasque et facile à déloger. Pour s’assurer que cette chose ne revienne pas, la jeune femme balaye l’air de son tisonnier, dans l’espoir peut-être vain que ça découragerait les bêtes de l’attaquer. Cependant, Moïra n’attend pas plus longtemps et, pressentant que la marrée ne va pas tarer à arriver sur le quai, elle ouvre brutalement la porte et s’y engouffre.

La jeune femme ne s’attendait pas à grand-chose, mais voilà qu’elle débarque d’une devanture de gare. Pour une fois, la sortie est raccord avec son tunnel. Nouveau lieu, nouvelle règle : Elle observe autour d’elle pour tenter d’apercevoir les cachettes les plus efficaces si elle n’a pas le temps de fuir. Juste devant se trouve ce qui ressemble le plus à un abri bus avec un grand panneau en bois. Les environs ressemblent à un petit lotissement.

Des maisons carrées, toutes similaires en taille et en couleurs, jusqu’à la forme et l’emplacement des fenêtres, avec un jardin au gazon bien tondu digne du fond d’écran de Microsoft, certains agrémentés d’une piscine ovale à l’eau bien translucide, un petit portillon en fer forgé au milieu d’un muret blanc et d’où une allée de galets mènent jusqu’à la porte d’entrée des maisons. Elles semblent rangées par lot de quatre ou six, séparées par une route neuve et dont le goudron n’a sans doute jamais vu de voitures. Et cette route mène jusqu’ici, la « gare ».

Evidemment, pas l’ombre d’un habitant. Pas un oiseau pour chanter, pas un chien pour aboyer, pas un chat pour se balader. Ça ressemble à ces quartiers qui sont construits des années en avance avant d’être abandonnés puisqu’ils étaient faits pour accueillir une population qui ne viendra jamais.

_ La misère, laisse échapper Moïra avant de se reprendre.

Outre son côté cringe, l’endroit aurait malgré tout presque l’air sympa. Si elle réunit un groupe conséquent de survivants, elle s’imagine bien faire une fête des voisins ici. Elle se décide d’aller voir le panneau d’affichage en bois sous l’abribus, en doutant quand même qu’il y ait la moindre information sur de vrais horaires de bus. Et en effet, quand elle s’approche pour regarder, elle découvre de nombreux messages, accrochés de manière rudimentaire : certains par des bâtons, d’autres par un petit morceau de métal, des cure-dents, et même un petit caillou pointu.

_ La misère, le retour.

Mais autre chose la frappe : Pour la première fois depuis qu’elle est ici, Moïra arrive à lire tous les messages. Ils sont écrits en humain. Pour la plupart, ils sont rédigés dans un anglais rudimentaire, sans doute pour toucher plus de personnes. Incapable de contenir sa joie, Moïra trépigne sur place avant de se reprendre et de se concentrer.

En les lisant plus attentivement, certains messages parlent de paix avec soi-même, d’autres expriment de l’amour, évoquent un point de rassemblement ou un message d’alerte. Mais ceux qui auraient pu s’avérer utiles pour elle sont griffonnés ou rayés. Est-ce qu’ils sont devenus obsolète mais qu’on les a laissés pour montrer qu’il n’y a pas besoin d’aller chercher ces solutions proposées ? Est-ce que c’est une ruse de monstre pour faire croire que ces solutions n’existent plus ? Comment savoir ? Seul un message, très court et écrit en français, n’a pas été raturé :

« Sommes vivants, chalet 215 »

Ou peut-être est-ce « 275 » ? L’écriture est difficile à lire mais peu importe. Des larmes montent aux yeux de Moïra. Si quelqu’un a réussi à écrire c’est bien qu’il est vivant ! Espérant qu’il l’est toujours, Moïra s’apprête à prendre sa bouteille d’eau pour en boire, mais se ravise : qui que soient ces gens qu’elle s’apprête à rencontrer, elle va devoir leur prouver qu’ils peuvent compter sur elle. Peut-être qu’ils n’ont rien eu à boire depuis qu’ils sont arrivés. Peut-être que cette eau serait le seul moyen pour elle de prouver qu’elle peut faire partie de leur groupe, qu’elle ne serait pas inutile. Alors elle range sa bouteille et se met à courir comme une furie sur le bitume noir et neuf entre les jardins et leurs maisons inoccupées. Elle court, elle vole, passant d’une boite aux lettres à l’autre, laissant les nombres se succéder. Même si elle a l’impression de courir sur un circuit fermé, Moïra est bien décidée à trouver ce numéro 215, et si ce n’est pas lui, le numéro 275. Elle traverse le lotissement comme une étoile filante, laissant le vent souffler contre ses joues et chanter à ses oreilles. Elle ne pensait pas aimer un jour le bruit du vent.

Enfin, Moïra atteint son objectif ! La maison – le chalet ? – 215. Pareille aux autres en tout point, cette coquette demeure aux murs beiges et aux volets verts, montée sur deux étages et plantée au cœur d’un jardin dont le gazon est aussi impeccablement tondu que celui des autres jardins, et devancée par une allée de pierres parfaitement rangées, se dresse devant la jeune femme. Sobre, basique, silencieuse.

Trop silencieuse.

Moïra s’arrête, aux aguets, son cœur soudain trop bruyant pour qu’elle parvienne à se concentrer sur la présence de l’autre côté. Puis, s’efforçant d’ignorer la chair de poule qui recouvre ses bras, elle prend une grande inspiration.

_ Salut, entonne-t-elle de sa plus jolie voix. Ch’uis la nouvelle voisine…

Pas de réponse. Peut-être qu’ils n’ont pas entendu ? Moïra prend la liberté de pousser le petit portillon et marche le long de l’allée en pierres jusqu’à la porte d’entrée. Elle toque doucement, trop gênée de devoir le faire, et reprend plus fort :

_ Je viens de m’installer dans le quartier, j’ai vu de la lumière. Je peux entrer ?

Toujours rien. C’est des ninjas ou ils sont tous morts ? La panique la prend, alors elle ressort son arme habituelle contre ce monstre intérieur qui la prend si souvent aux tripes quand elle est dans une situation sociale qu’elle n’arrive pas à gérer :

_ Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre maison,

Cette fois, elle entend un bruit sourd. Ça y’est, on a enfin entendu son appel. Alors qu’elle regarde encore un peu la sobriété de la décoration, la porte d’entrée s’ouvre brutalement devant elle. La vision cauchemardesque manque de la faire basculer en arrière tant elle est horrifiée par cette pure abomination. Mais heureusement, elle a le réflexe de faire demi-tour pour s’enfuir aussitôt et détaler aussi vite que la fatigue et son corps meurtri le permettent. Heureusement qu’elle a laissé le portillon ouvert. Elle court sans prendre la peine de le claquer derrière elle, sentant le souffle putride et rauque sur sa nuque.

Quand elle sent que la chose la rattrape, Moïra peine à contenir sa terreur qui se forme dans sa gorge en un hurlement d’une intensité qui l’aurait surprise si elle n’avait dû se concentrer sur sa course. Elle court entre les maisons vides, espérant semer son poursuivant mais elle sait que c’est peine perdue alors elle trouve la force – elle ne sait où – de sauter par-dessus le muret qui borde l’un des jardins dans l’espoir d’avoir le temps se réfugier dans la maison qui trône au centre.

La jeune femme court à perdre haleine et n’ose jamais se retourner. Ses poumons lui brûlent, son cœur est sur le point de sortir de sa poitrine. Elle sent clairement ses forces l’abandonner. Si elle ne trouve pas très vite un endroit où se cacher, elle est cuite !

Elle ouvre la porte en grand et s’engouffre dans la demeure. Elle sait qu’elle n’a qu’une infime chance pour que cette chose qui la poursuit s’arrête une fois la porte close – à part un zombie, qui ça peut arrêter, une porte close ? – mais elle ne lésine pas sur la force qu’elle emploi à la fermer. Si ça n’assomme pas au moins un peu le monstre, ça contribuera au moins à la ralentir et lui donnera de précieuses secondes supplémentaires.

Mais elle se heurte alors à un autre problème : Tout comme la cabane dans la vallée forestière, cette maison est vide. Aucun endroit où se cacher, aucun objet à jeter sur la créature qui la poursuit. Alors elle traverse la pièce où elle se trouve – le hall d’entrée sans doute – pour franchir une nouvelle porte, qu’elle ferme à son tour. C’est une faible barrière, mais ne dit-on pas que ce sont les petites choses qui, mises bout à bout, font les grandes ? Ou quelque chose comme ça. Dans une situation désespérée comme la sienne, n’importe quoi peut être une force ! Comme par exemple…

Son tisonnier ! Elle l’avait complètement oublié dans sa fuite, mais elle est armée. Alors elle se saisit de son arme et se retourne pour faire face à son agresseur… Mais en l’entendant détruire la porte d’entrée, l’image fugace de l’immondice qu’elle a croisé quelques instants auparavant revient à son esprit et elle frémit. Un tisonnier suffirait-il à blesser une chose pareille ou même à lui faire peur ? Moïra en doute. Alors elle abandonne l’idée et fonce vers la prochaine porte, qui doit mener vers une autre pièce…

A peine ouvre-t-elle cette nouvelle porte que la précédente cède aussi en seulement deux coups. Son poursuivant pousse un hurlement qui la fait tressaillir jusque dans sa chair. Mais c’est alors que son regard croise celui d’un être en tout point semblable à ce qu’elle pourrait appeler un être humain. Et qui se trouve devant, miracle : Une table !

Comment est-il possible d’avoir un plus mauvais timing ?

Tentant de repousser la porte tout en continuant sa route, Moïra appelle l’autre survivant.

_ Planque-toi ! Crie-t-elle. Il arrive !

Le temps de l’avertir, la voilà de l’autre côté de la pièce qui glisse sur le meuble et le repousse pour s’en servir de cachette. Elle se retourne pour parler à l’autre survivant, mais l’homme ne l’a pas suivie. Pourtant il est grand et mince, il aurait eu bien moins de difficultés qu’elle à se faufiler ici. Pourquoi ne l’a-t-il pas suivie ?

Moïra s’apprête à lever la tête pour l’appeler, mais les hurlements qu’elle perçoit alors la pétrifient sur place. Elle se retrouve recroquevillée derrière son abri de fortune, les mains sur les oreilles, la tête entre les genoux, attendant que le pire s’achève. Les cris s’amenuisent, mêlés à des bruits de craquement, avant de s’éteindre pour ne laisser que ce bruit horrible.

Moïra est mortifiée. Ce n’est que le second voyageur qu’elle croise enfin après tout ce temps à errer seule ici… et s’il est mort, c’est entièrement de sa faute ! Elle aurait dû faire quelque chose, lui agripper le bras, l’entraîner avec elle, combattre le monstre elle-même pour lui donner une chance de s’enfuir…

Si tout ça n’avait été qu’un jeu vidéo, elle aurait seulement eu à se déconnecter puis tout recommencer. Mais l’odeur âpre du sang lui rappelle que tout ça n’a rien de fictif.

Ça y’est, c’est fini. Jamais elle n’atteindrait cette trappe de toute façon, jamais elle ne sortira d’ici vivante… sa dernière pensée est pour son père, qu’elle regrette de ne pas avoir écouté davantage quand elle était petite.

Moïra s’efforce de contenir un frisson et un sanglot, lorsque ses yeux se posent sur une petite trappe au plafond de la pièce. Un espoir ? Vraiment ? Mais est-ce que ce monde n’est pas justement fait de plein de petits espoirs dans le seul but sadique de les dissoudre ? Moïra sait que c’est suicidaire d’essayer ; autant danser la polka sur la table en espérant que le monstre ne la remarque pas.

« En vrai ça se tente ! » Se dit-elle.

De toute façon, quitte à mourir, autant essayer le tout pour le tout.

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