DE PAIX ET D’AMOUR
NOS MAINS
Longues, jointes en une prière
Bien ouvertes pour acclamer
À peine un geste, un autre monde
DE PAIX ET D’AMOUR
Après tous ces bouleversements, on m’a proposé une nouvelle fois de retourner à Lourdes. Cette idée m’a séduite, car j’avais grand besoin de me retrouver. Je me sentais rabaissée au dernier des points et il était urgent que je retrouve la force intérieure nécessaire pour me remettre en selle. Je devais en tout premier lieu recharger mes batteries – pas celles de mon fauteuil, vous l’aurez compris –, me regonfler d’espoir. J’avais tant besoin de réconfort ! Dans l’immédiat, ma solution consistait à me rapprocher de la très Sainte Vierge Marie, ma Mère pleine de tendresse. J’ai franchi le pas en compagnie des pèlerins de ma région et de mon précieux kiné.
Je ne suis pas parfaite, même si j’aimerais l’être. Par contre, je suis consciente d’être perfectible. Voilà pourquoi je tenais à me confesser dès mon arrivée à Lourdes.
Suite à cette confession, j’ai conversé longuement avec le prêtre Emmanuel. Alors qu’il ne me connaissait pas, il a réussi à raviver en moi un peu d’espoir, un peu de joie, un peu de croyance en la vie terrestre, l’idée d’une certaine utilité ici-bas. Il a attisé le faisceau de lumière qui sommeillait dans ma vie, jusqu’alors si terne. Pourtant, quand je me suis présentée devant lui, je me sentais anéantie, seule avec ma détresse, sans projet de vie, sans aucun loisir, sans le moindre plaisir. Lui, à travers son écoute, sa bonté et sa clairvoyance, il m’a insufflée en l’espace de quelques minutes, la bouffée d’oxygène nécessaire à mon salut. Je lui en suis profondément reconnaissante.
J’avais tant besoin de reconnaissance, de tendresse, d’Amour et de compréhension. Inconsciemment je me sentais encore si coupable, si inutile, si « mauvaise », pour reprendre les mots de papa.
Le Père E. a pris le temps de me revaloriser, de m’absoudre et d’éveiller à nouveau en moi un soupçon d’Amour dans la vie. Grâce à ses paroles, je me suis ralliée à l’idée que cette vie terrestre valait encore la peine d’être vécue.
Plus tard, il m’a envoyé un mail, un petit mot qui m’a réchauffé le cœur et que je tiens à retranscrire. Un tel geste vous semblera peut-être anodin. Pourtant, il apporte tellement de réconfort ! Voici ce message :
Les fêtes amènent une foule de petits bonheurs que l’on attend parfois tout au long de l’année. Parmi ces bonheurs retrouvés, il y a le plaisir de formuler des vœux pour des gens merveilleux...
Puisse Noël être une fête des plus gaies pour toi et ta famille et puisse l’année qui s’en vient apporter à tous le bonheur et la sérénité !
Il m’arrive souvent d’écrire des poèmes. Ce matin en pensant à toi, j’en ai écrit un...
Une rencontre spéciale
Le jour est ensoleillé comme tous les autres
Je suis là pour m’occuper de tout le monde
Te voir n’a pas le même effet qu’avec les autres
Tu es ce que tu es, différente de tout le monde
Tu penses vraiment être limitée
Mais tu es d’une charité illimitée
Ta souffrance est hors norme
Mais tu es d’une bonté énorme
D’autres prétendent prendre soin de toi
Alors que leur avenir dépend de toi
Je t’ai certainement pardonné tes péchés
Mais tu m’as fait découvrir mon vrai péché
En te voyant je redécouvre la vie
Moi, je garderai ton souvenir à vie
Et je veux vraiment être ton ami
Si parmi tes bien-aimés je suis admis
Très bonne journée à toi
Perdue comme une âme en peine dans ce monde sans pitié, cette pensée m’a chavirée. Jusqu’alors, je me sentais repoussée, haïe, éloignée de tous et de tout. Si vous saviez comme c’est affligeant de se sentir aussi paumée, alors qu’un geste, un mot, un sourire suffirait à nous réconforter ! J’avais besoin de cette forme d’apaisement et de reconnaissance pour croire à nouveau en la valeur de l’être humain. Je voulais recommencer à aimer l’Homme, la vie, le monde. Cet apaisement et cette foi nouvelle en l’avenir, le père Emmanuel me les a apportés.
Ce prêtre, que les aléas de la vie ont posé sur mon chemin, m’a relancée dans mon élan de vie, il a ravivé mon estime envers moi-même. Oui, je pouvais encore apporter mon écot à cette valeur précieuse qu’est la Vie !
Pourtant, je m’étais faite à l’idée que je ne fonderais jamais de famille. Qui plus est, j’avais perdu la mienne, je ne conduisais plus, je ne travaillais plus et je perdais jour après jour ce qu’il restait de mon autonomie. Avant de me rendre à Lourdes, je me considérais comme un parasite, un paria de la société. Or, les paroles de ce prêtre m’avaient convaincue de ne pas rester plus longtemps focalisée sur mes échecs. Elles m’incitaient au contraire à me fixer de nouveaux objectifs pour m’accomplir et sourire à la vie tout en restant – pardonnez-moi l’expression – « les pieds sur terre », alors qu’ils se trouvaient en permanence à vingt centimètres au-dessus du sol !
Ce prêtre a provoqué l’électrochoc nécessaire à ma remise en question. Je sais qu’il est retourné au Cameroun pour parachever sa mission et poursuivre son sacerdoce. Je suis convaincue qu’il le fait toujours avec autant d’Amour et de détermination.
Ses paroles emplies d’espoir étaient peut-être prémonitoires, car un projet d’appartement d’un type nouveau allait bientôt se concrétiser dans ma ville. On me conseilla d’introduire une demande pour en bénéficier. J’allais, cette fois, disposer d’un appartement véritablement adapté au déplacement en fauteuil. La chambre et la salle de bains seraient plus spacieuses et confortables.
Alléluia ! Un nouvel horizon s’ouvrait à moi.
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