LA DIFFÉRENCE

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JE TE DONNE

Je te donne toutes mes différences,

Tous ces défauts qui sont autant de chance

LA DIFFÉRENCE

Le fossé entre ultra très riches et moins nantis est trop profond. Chacun devrait pouvoir vivre décemment. Or, deux catégories de personnes aux possibilités financières diamétralement opposées se côtoient dans notre monde : d’un côté, des personnes capables de placer leur fortune dans des lignes d’investissement ; de l’autre, des exclus qui en sont réduits à dormir sur un trottoir et à protéger leur minable carcasse sous de vulgaires cartons.

Que des écarts existent, quoi de plus normal ? Mais les « petites gens » ont, elles aussi, le droit de vivre dignement. Pas dans l’opulence, mais correctement !

Mes parents étaient de simples agriculteurs. Ils ont trimé toute leur vie, bien plus que ces chanceux personnages ultra-riches. Maman travaillait même sept jours sur sept, quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Car, la nuit, nous l’appelions, plusieurs fois, pour nous bouger.

Ils se sont échinés au travail pour s’octroyer un peu de confort… Le minimum de confort, alors que les gens des villes possédaient tous une salle de bain, un téléviseur et le téléphone. Ceux-là percevaient des congés payés, ils prenaient des vacances « bien méritées ». Mes parents n’y avaient-ils pas droit autant qu’eux ?

Au fil du temps, j’ai vu s’amplifier la différence entre ces deux mondes. Petite fille, je n’y prêtais pas vraiment attention. Par contre, dès mon adolescence, j’ai pris conscience de cette disparité injuste.

J’ai vu maman pleurer, le jour où elle a dû jeter son lait à l’égout, suite à l’instauration des quotas laitiers. Aucun salarié et, surtout, aucun artisan n’accepterait de détruire son travail sans raison valable et sans contrepartie !

Imaginez-vous ce que ressent la personne obligée de « balancer » ainsi le fruit de son labeur ? Non seulement on lui impose purement et simplement de détruire ce qu’elle a parfois produit au prix d’énormes efforts, mais des tas de questions fusent alors dans sa tête. Saura-t-elle encore nourrir sa famille ? Payer ses traites ? Peut-être son loyer ?

Mes parents n’ont pas été aidés par la vie, ni d’ailleurs par personne. Ils se sont endettés pour essayer de nous offrir une vie décente, ils ont travaillé comme des damnés. La maladie qui nous a frappés n’a pas arrangé les choses.

Il serait urgent de restaurer une véritable justice sociale et fiscale. Au lieu d’interdire, d’imposer et de restreindre, nos gouvernants devraient en premier lieu se pencher sur le reste à vivre de la population, c’est-à-dire sur la somme dont elle dispose pour éventuellement finir le mois. Ce reste à vivre serait plus ou moins important en fonction de l’investissement de la personne dans sa vie professionnelle ou sociétale. Évidemment, je ne mets pas dans le même panier les personnes valides et les malades, les enfants, les personnes âgées et tous ceux que les aléas de la vie empêchent d’être actifs. Il faut garder à l’esprit que nous n’avons pas tous les mêmes aptitudes. Par contre, nous avons tous nos propres capacités et nous devons – disons plutôt que nous devrions – les utiliser dans l’intérêt collectif. La vie n’est-elle pas un perpétuel échange entre les uns et les autres ?

Si nous offrions à l’autre l’opportunité de devenir le véritable acteur de sa vie, son existence serait bien plus gratifiante ! Je suis persuadée qu’il donnerait alors le meilleur de lui-même en fonction de ses compétences et de ses possibilités. Je ne trouve aucune gloire dans le fait de tout recevoir gratuitement, je trouve beaucoup plus gratifiant d’apporter quelque chose aux autres.

J’ai moi-même des capacités. Certes, je suis très amoindrie dans certains domaines, mais je suis malgré tout capable d’offrir de ma personne. Non seulement j’en suis capable, mais j’y mets un point d’honneur et j’en ai besoin. Pourquoi, dans notre société, les personnes amoindries sont-elles toujours dévalorisées ?

Force est de constater que la valeur du travail n’est plus reconnue. On rémunère des personnes qui végètent chez elles, alors qu’elles pourraient participer à rendre le monde meilleur. Elles pourraient venir en aide à leurs proches, ou à la communauté. Hélas ! nous vivons à l’ère de l’individualisme et du chacun pour soi. Même entre voisins, l’entraide n’existe plus. Pour preuve, lors d’une récente canicule, des personnes âgées sont décédées dans le plus grand anonymat, seules dans leur demeure. C’est pitoyable !

Sans vouloir me plaindre, je ne fais guère partie des privilégiées de la vie. Au contraire, je me suis battue bec et ongles, j’ai épuisé mon corps à force de ramer. Jour après jour, j’ai dû faire preuve de ténacité pour arriver là où je suis. J’estime dès lors que toute personne devrait obtenir l’aide nécessaire pour s’en sortir… en fonction des efforts qu’elle consent, bien sûr !

Retenez bien ceci : la vie ne fait pas de cadeaux. J’ai connu un temps où chacun retroussait encore ses manches, où ceux qui ne cultivaient pas leur jardin risquaient d’avoir faim. Ils récoltaient ce qu’ils méritaient. Aujourd’hui, cette idéologie a disparu. Avant, on n’attendait pas que l’autre travail pour être nourri, logé et soigné.
Si le monde entier attend que l’autre travaille pour être nourri, nous allons tous mourir de faim.

Le monde a trop changé. Il est grand temps de revenir à l’essentiel de la vie.

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