AUTANT… OU SI PEU
PEUR DE RIEN BLUES
Y a les choses qu’on peut faire
Et puis celles qu’on doit pas
Y a tout c’qu’on doit taire
Tout c’qui ne se dit pas
Des vies qui nous attirent
De brûlures et de clous
Oui, mais ne pas les vivre
C’est encore pire que tout
AUTANT… OU SI PEU
Pourquoi ai-je noué et conservé si peu de liens avec ma fratrie ? Comme vous le remarquez, j’évoque très peu ma sœur et mon frère. La raison en est simple : je respecte leur souhait. Leur vie leur appartient.
Je suis prête à leur procurer mon aide s’ils en font la demande. Ce n’est pas le cas actuellement. Je reste assez éloignée d’eux, c’est d’ailleurs également leur volonté. Ils communiquent très peu avec moi et, je l’avoue, j’en souffre encore. Toutefois, je respecte ce choix ; leur vie les regarde, c’est leur chemin personnel. Ils vivent avec papa et ils se portent bien malgré leur maladie. C’est tout ce qui m’importe.
Pourquoi être restés éloignés les uns des autres durant autant de temps ? Chacun de nous conçoit différemment la religion. Pourtant, nos vues religieuses portent le même nom. C’est la même Église, avec les mêmes rites, la même foi. Sauf que moi, je vois un Dieu Amour, jamais un Dieu méchant. Seulement un Dieu juste. Si nous agissons mal de façon volontaire, nous serons forcément punis, sauf si nous nous rachetons en toute sincérité. Dieu sait ce que nous vivons. Il souhaite notre bonheur, jamais notre malheur.
Nous avons tous à gagner à ce que l’autre soit heureux. Cette idéologie devrait être notre cheval de bataille à nous tous, habitants de cette terre. Vous ne croyez pas ?
À un moment donné, papa était persuadé que j’étais une brebis égarée, que j’étais une mauvaise personne. Le jour où je suis partie, j’ai démoli l’équilibre familial du fait que nous vivions tous ensemble, un peu en vase clos. Peut-être m’en veulent-ils encore d’avoir quitté le nid familial ?
Cependant pour exister, pour me sentir vivante, j’avais besoin de rencontrer des passionnés, de vivre des expériences, de discuter, de concrétiser des projets.
Je n’oublierai jamais pour autant les très bons moments passés en famille. Affection, complicité et solidarité rythmaient nos existences dans la fratrie, lors de ma présence au domicile familial.
Les week-ends et les vacances étaient sacrés : me retrouver en compagnie de ma grande sœur, de mon petit frère et de mes parents, vivre en famille parmi les miens, comme je trouvais cela exquis ! Avec de tels instants passés ensemble, nos liens ne peuvent être brisés ; il existe une fondation commune et fraternelle.
Évidemment, nous possédons nos propres ressentis, nos affinités, nos personnalités individuelles, nos sensations et nos émotions personnelles. J’admets que la congruence peut différer, car les souvenirs résultent d’un tri, d’une sélection, voire de simples oublis. Ma mémoire fonctionne aussi de cette façon. Je ne suis pas différente des humains !
J’étais heureuse parmi eux, tout comme je souhaite qu’ils soient, eux aussi, heureux et épanouis. J’aurais même adoré avoir un neveu ou une nièce…, même plusieurs !
Il est indispensable de faire preuve de compassion, mais surtout pas de pitié dans nos choix de vie. La pitié entraîne de l’apitoiement, et nous n’en avons pas besoin. Du moins, personnellement, je n’en veux pas.
Oui, nous sommes plus vulnérables par rapport à notre condition physique. Cependant, la bienveillance ne peut qu’être motivante pour notre quotidien, car elle active la solidarité et la sollicitude ; elle aide à mettre en place tout ce qui peut nous aider pour pallier nos incapacités.
Donner du plaisir, du bien-être et de la satisfaction, quel bonheur, quelle félicité ! C’est un nectar de vie, un régal d’existence, la meilleure essence possible.
Une personne joyeuse est tellement plus agréable à côtoyer ! Si tout le monde essayait d’apporter un peu de joie, d’aider l’autre ou d’offrir un peu d’amour pour que l’autre soit plus heureux – ou moins malheureux – je suis persuadée que notre Vie à tous s’en trouverait embellie…
Et Dieu aimerait cela !
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