Encore une journée passée à pleurer en pyjama, dans mon lit, la couette sur le visage, les volets baissés et mon ours en peluche préféré dans mes bras. J’ai 22 ans, mais dans le fond, un chagrin d’amour nous fait toutes – je pense – retomber dans nos travers de petite fille. En tout cas, moi c’est l’effet que ça me fait, après que mon petit ami est décidé de me larguer « pour mon bien ». J’aimerais lui en vouloir, vraiment, mais je n’y arrive pas. J’ai juste mal. Non, c’est même plus que ça. Je suis totalement dévastée, engloutie dans un ras de marré de douleur. Ky… je l’aimais tellement. On avait des projets d’avenir ensemble. Pas plus tard qu’hier il m’avait proposé des vacances dans le sud pour fêter ma réussite aux examens. Je ne comprends tout simplement pas pourquoi il a fait ça… Je suis profondément perdue et là seule chose que je puisse faire après avoir reçu son sms c’est de pleurer à chaudes larmes en espérant que la douleur va finir par passer.

Je sais très bien que je me leurre. Mais ça fait du bien, je crois. Enfin, je ne peux pas m’arrêter. Ma poitrine est comprimée, comme écrasée par un poids mort dont je n’arrive pas à me débarrasser. Ma tête tourne, je vois flou et ma gorge est comme prise dans un étau. J’ai du mal à respirer, à penser, à faire quoi que ce soit d’autre que de pleurer. Je tousse énormément aussi à force de sangloter, de crier des « pourquoi », « je ne suis rien sans toi », « revient », « pourquoi » et je manque à plusieurs reprises de vomir. Je suis dans ce qui s’apparenterait le plus à l’expression « au fond du trou ». Croyez-mois vous n’avez pas envie de connaître la même chose. Vrrrrrrrrr, vrrrrrrrrrr, vrrrrrrrr. J’émerge péniblement la tête de sous ma couette et cligne plusieurs fois des yeux pour trouver la source de la vibration. Sur ma table de nuit, mon portable illuminé me notifie d’un appel. Je ne me sens pas la force de répondre, alors je le laisse continuer et prendre un message. La gentille fonction « ok google » active automatiquement la lecture du message vocal laissé par ma meilleure amie Amanda.

- Salut ma poule, ça te dit qu’on sorte ce soir ? Rappel moi vite.

Sortir. Même pas en rêve, pleurer est plus approprié pour mon programme de la soirée, voir de la semaine et encore plus du mois. Peut-être même que je pourrais faire ça pour toujours ? Oui, idée merveilleuse.

Aussitôt ma décision prise, je retourne me réfugier dans la chaleur de ma couette et j’attends. Mes yeux sont toujours sujet à une irrigation impossible à endiguer, néanmoins les sanglots ne viennent pas. Les larmes ne cessent de dégringoler et de tremper mes draps, j’ai toujours l’envie de m’arracher le cœur avec les dents si nécessaire mais je ne suis plus secouée de sanglots. Je ferme les yeux et inspire à fond jusqu’à trouver le courage d’émerger une nouvelle fois de la chaleur protectrice de mon lit. Est-ce que je vais mieux ? Non. Clairement non. Mais au moins j’arrête de m’époumoner et c’est là la seule chose positive pour le moment. Pathétique n’est-ce pas ? D’une main incertaine, je cherche à tâtons mon paquet de mouchoirs qui devrait être quelque part sur ma table de nuit.

Je suis prête à crier victoire lorsque j’entends avec horreur la tonalité d’un appel. Je tourne la tête vers mon portable qui est en train de rappeler Amanda. Enfer et damnation ! Je me redresse beaucoup trop vite que ce que ne peut endurer ma pauvre tête et me rue sur mon téléphone pour couper l’appel…

- Ah bah quand même ! J’ai failli attendre, annonce la voix haut perchée d’Amanda.

Bordel de putain de m… !!!

J’inspire à fond et essaie tant bien que mal de répondre le plus normalement possible.

- Hey ! Désolée j’étais… aller trouve vite un truc ! … sous la douche.

Je suis presque fière de moi, ma voix a à peine chevroté. Néanmoins, Amanda n’est pas dupe à mon grand daim.