Partie 2
- Toi tu as pleurée. Chocolat noir aux pépites carmels beurre salé ?
- Oui… je réponds d’une voix mal assurée.
- Non ! Arrête tout de suite tu vas encore grossir ! 30 minutes, me répond-t-elle avant de raccrocher.
Je repose mon téléphone sur la table de nuit et me laisse retomber dans les oreillers. J’aurais aimée éviter de mettre ma meilleure amie au courant de mes déboires amoureux… encore. Elle en a tant fait pour moi, dans un laps de temps si réduit que je me sens un peu coupable de la faire venir une nouvelle fois à la rescousse de mon petit cœur en deuil.
Je pose le regarde sur la poubelle à côté de mon bureau et je me sens coupable d’avoir englouti tout le pot de glace. Amanda a raison, je ne devrais pas passée mon chagrin sur un pot de glace aussi bon soit-il. Je n’ai pas la taille mannequin, loin de là, j’ai des poignets d’amour et des cuisses trop volumineuses entre autres pour une fille d’un mètre soixante à peine. Plus de 20 kilogrammes à perdre. Je déglutis avec peine et lâche un énième sanglot. Pathétique. Je suis une fille pathétique. Je me demande pourquoi il m’a quitté mais la raison est juste là sous mon nez : je suis trop grosse et pas assez jolie. Je suis plutôt du genre idéaliste, je veux voir la vie en rose un maximum mais à quoi bon ? J’avais vraiment cru qu’il m’aimait pour moi et se fichait de mon physique pas très avantageux. Je me trompais. Encore une fois c’est Amanda qui avait raison. Elle m’avait prévenue que ça n’allait pas durer. Quelle sotte je suis.
Je finis par repousser les couvertures et je me lève pour aller prendre une douche rapide dans l’espoir de me débarrasser de la crasse de ce rejet. Je pénètre dans la cabine après m’être déshabiller et je laisse le jet brûlant s’abattre sur mon corps. Je tressaille et sers les dents pour rester sous l’eau. J’accueille la douleur à bras ouvert. Une douleur en vaudra peut-être une autre. Ma peau rougit à vue d’œil, il m’est très difficile de rester sous le jet mais je persiste jusqu’à ce que la pression devienne légèrement plus supportable. Je me force à attraper le shampoing et à me masser le cuir chevelu, puis le gel douche que j’applique sur mon corps d’une main tremblante. La chaleur de l’eau et de l’air m’anesthésie, je suis toute engourdie. Enfin, juste mon corps, car mon cœur lui souffre encore. J’aimerais trouver la formule magique pour arrêter de souffrir. Je renifle bruyamment avant de relever la tête vers le jet en fermant les yeux. Je laisse mes larmes partir dans le siphon. Je reste ainsi je ne sais combien de temps, mais suffisamment longtemps pour que ma sonnette me tire de ma transe. Je sors de la douche, m’enroule dans une serviette de bain et frictionne mes cheveux courts à la garçonne avec une plus petite. Je me dépêche de me sécher et d’enfiler un débardeur et un short de pyjama avant d’aller ouvrir.
Amanda comme à son habitude rentre en mode princesse, un coup de cheveux blond platine en arrière en roulant des hanches. Elle peut se le permettre elle. Avec sa taille de mannequin, ses formes avantageuses et son absence totale de matière grasse. Que j’ai de la chance de l’avoir pour meilleure amie, moi. Elle me jette un coup d’œil de ses beaux yeux bleus glaciés, je vois passé un éclair dans ses yeux que je prends pour de la compassion et elle se dirige vers mon salon où elle se laisse choir dans mon divan. Mes yeux à moi son bien fade à côté des siens. Ils sont noirs, on ne distingue pas vraiment ma pupille de mon iris. Amanda m’a souvent dit qu’ils donnaient froid dans le dos, qu’ils donnaient l’impression que j’allais aspirer l’âme de celui qui me regardait dans les yeux. J’essaie donc de ne pas fixer les gens et encore moins de croiser le regard de ceux avec qui je parle. Sans Amanda je n’en aurais jamais eu conscience, grâce à elle je ne risque plus de faire fuir les gens. Heureusement que je l’ai dans ma vie.
En passant devant un miroir, j’essaie de m’ébouriffer un peu les cheveux pour les rendre un peu plus convenable, puis je m’assois dans un fauteuil en face d’Amanda qui est plongée sur son téléphone. Je la laisse terminée ce qu’elle a à faire sur ses différentes applications et je m’empare d’un plaid en pilou-pilou pour me cacher en-dessous. L’œil de lynx d’Amanda ne l’a pas manqué.
- Chérie tu sais que tu ne pourras pas indéfiniment te cacher sous ce truc affreux ?
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