L'If. Juste l'If. Vous connaissez ? Attention, je ne parle pas du mot anglais, mais bien d'un arbre : l'If commun (Taxus baccata). Cette essence est très ancienne et accompagne l'homme depuis des générations. C'est dire qu'à l'époque des Celtes, il y avait des hommes qui se nommaient : les guerriers de l'If (Éburovices).

 Je pourrais également vous dire que l'If est très présent dans les jardins, taillés sous forme de cône, en guise de haie ou bien dans les cimetières. Ce dernier point concerne surtout la région normande. Cet arbre est très présent au sein de ce territoire, et occupe une histoire avec ses habitants assez... particulière (vous aurez lu le titre.)

 Donc aujourd'hui, je m'écarte doucement du domaine de la biologie stricte pour vous amener vers l'Ethnobotanique.

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Définition Ethnobotanique (version simple, à ma sauce et sans prise de tête):

L'Etnobotanique est une discipline qui allie les traditions humaines et l'usage des végétaux. Cela regroupe aussi bien les croyances ou autres légendes liés aux plantes, ainsi que leur utilisation à but médicinal.

Pour faire simple, histoire + plante + humain = Ethnobotanique.

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Vous êtes toujours là ? Bien ! Dans ce cas, reprenons notre format comprenant diverses questions. Tout d'abord, commençons avec celle-ci :

Pourquoi mettre des Ifs dans des cimetières ?

 L'if commun est un arbre symbolique en Normandie (bien qu'il me semble que c'est également le cas dans d'autres régions voisines). Dans le patrimoine local, il représente à la fois l'éternité et la mort. Un symbole qui peut paraître paradoxal et pourtant, il y a des raisons.

 L'éternité, car cet arbre peut vivre pendant 10 000 ans si on lui laisse les bonnes conditions. Parmi les plus vieux arbres du monde, on retrouve les Ifs. Cette essence prend son temps à pousser (2 ans de germination), mais perdure dans le temps.

 La mort, pour la simple et bonne raison que l'If est toxique ! Il contient une molécule appelée taxol (dérivé du genre Taxus) qui peut être mortelle. Donc, un conseil : ne mangez pas d'If, mais soyez-leur reconnaissant. Ne paniquez pas, je vais vous expliquer la raison :

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Pourquoi l'If c'est trop bien, trop génial ?

 Parlons un peu médecine, voulez-vous ? Les cancers sont, en Europe, des maladies parmi les plus dévastatrices. Certains sont si problématiques que la chimiothérapie seule ne suffit pas. Et pourtant, dans sa grande toxicitude, le taxol de l'If est utilisé comme remède contre le cancer du sein. Cela fonctionne, et c'est pour cette raison que certaines communautés donnent des tailles d'ifs aux entreprises pharmaceutiques.

Donc l'If est un remède efficace contre le cancer sans pour autant être rare !

(N'étant pas une pro en matière de médecine, je vous invite à vous documenter si vous êtes intéressé.)

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 Voici donc la raison derrière le symbolisme de l'If en Normandie. Pour ce qui est de sa présence dans les cimetières, c'est sûrement lié à ses antécédents. L'If commun est un arbre mystique, pour ne pas dire sacré, chez les Celtes. Il a certainement dû garder une partie de ses légendes dans les traditions normandes. Certains pourraient même dire qu'ils veillent sur les morts.

D'accord, mais ton titre tu t'en éloigne, quel rapport avec les chaussons et les garçons ?

Bonne idée, revenons aux chaussons ! En Normandie, dans un temps plus reculé que le nôtre (sûrement période avant guerre, je ne saurais vous le situer avec précision), les humains batifolaient et faisaient des galipettes ensemble.

 Vous allez me dire, mais aujourd'hui aussi ils le font. Et je suis de votre avis ! (je me rappelle encore de ma voisine d'internat qui l'avait fait 7 fois par nuit...) Sauf qu'à cette époque, les moyens de contraception n'étaient pas aussi sophistiqués que les nôtres.

 Vous le voyez venir ? Oui, l'If était utilisé comme moyen contraceptif. Le taxol attaquait sûrement l'embryon en train de se former dans l'uterus, tout comme la femme qui le contenait (intelligent, non ? Surtout qu'on avait conscience de sa toxicité à l'époque.). Le pire, c'est que cette méthode avait créé une petite mode. Les jeunes demoiselles mettaient une branche d'If dans leurs chaussons, tout cela dans le but d'attirer les hommes.

 Le message transmis par ce geste était : "Tu as vu ? J'ai un moyen contraceptif, on peut baiser quand tu veux !". Malheureusement (ou heureusement d'ailleurs) ces messieurs ne semblaient pas comprendre, ce qui n'a pas eu l'effet escompté.

Résultat, l'If a perdu sa popularité de contraceptif. Et tout est bien qui finit bien !

(Enfin, sauf pour celles qui en ont consommé...)

Sources :

- Bénévoles du jardin Conservatoire à Saint-Pierre en Auge 14170 (Calvados, Normandie)

- Témoignage d'un manager d'équipe de jardiniers à Caen 14000 (Calvados, Normandie)

- Croyances populaires acquises par mes proches en Normandie