Parlons compromis

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 "On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre", cette expression bien connue dans notre langue maternelle est la meilleure synthèse de cette anecdote : celle des compromis ou "trade-off" en anglais. Pour ceux qui se posaient la question : non, nous ne parlerons pas de reproduction aujourd'hui ! (Non, ne partez pas ! Revenez ! )

Qu'est-ce qu'un compromis ?

 C'est bien beau de faire la maline avec une vieille expression, mais le sujet entre dans le cadre de la biologie. Les compromis, vous en trouverez partout ! Que ce soit dans l'environnement extérieur, dans votre maison ou à l'intérieur de vos entrailles. Ils sont même présents dans vos choix. Petit exemple ci-contre :

 Vous avez 5 € et vous comptez acheter un fameux tee-shirt à 4,999999999999999 €. SAUF QUE, deux hauts retiennent votre attention : le bleu et le jaune. Lequel choisissez-vous ? C'est de ce choix que nait le compromis. Si vous prenez le bleu, vous serez sans doute plus passe-partout et on vous laissera tranquille au bureau. Si vous prenez le jaune, on vous remarquera et on pourra possiblement critiquer vos goûts vestimentaires (je n'ai rien contre cette couleur). Ces conséquences sont issues de votre choix et impacteront votre vie. Faut-il prendre le risque de se faire remarquer pour déclencher de nouvelles possibilitées ou faut-il rester discret et assurer sa "survie" (un bien grand mot, mais vous comprendrez que le terme n'est pas si exagéré).

On obtient quelque chose au détriment d'une autre

 Pour comprendre le sens lié au compromis, visualisez la vie comme une grande balance. Tout repose sur un équilibre. Autre exemple, visualisez le personnage d'un jeu vidéo. Vous avez peur du poison ? Très bien, misez dans votre résistance au poison. Oh, mais quel dommage, vous êtes complètement nul face au feu et vous mourrez débilement dans un incendie. Vous êtes victime d'un compromis.

Des compromis pour la survie

 Les êtres vivants de toute sorte font eux aussi face à des compromis. Les conséquences souhaitées sont premièrement liées à la survie. Par exemple, prenons l'exemple d'une plante grasse des plus banales, qui orne nos appartements : la Gasteria (d'une morphologie proche de l'Aloe vera). Cette espèce peut résister à des températures très chaudes dans des environnements très secs, quoi de plus normal, elle est adapté à ce genre d'environnement.

 Une plante possède des besoins en eau, et dans des zones arides, ce n'est pas la ressource la plus présente. Pour cela, la Gasteria utilise la méthode des plantes grasses : limiter les pertes en eau. Le précieux liquide est stocké dans ses tissus, la perte en eau par transpiration (oui les plantes transpirent, et tu sais quoi ? Elles ne sentent pas mauvais dans ce processus !) est limité par une cuticule (couche de gras pour retenir l'eau) autour de ses tissus.

 Avec ces exemples, vous comprenez que la Gasteria aspire volontiers de l'eau pour la garder le plus longtemps possible. Mais que se passerait-il si l'on plaçait notre plante grasse dans une terre très humide ? De l'eau, il en faut pour une plante, mais en trop grande quantité, elle devient un poison. Trop d'eau pour la Gasteria signifie la mort, généralement par l'action d'un champignon friand d'humidité.

Attention à ne pas tomber dans les extrêmes

Il ne faut pas penser que trop d'eau amène a une mort instantané, les êtres vivants ne sont pas des tapettes tout de même ! Pour résister face à un environnement humide, le végétal peut mettre au point des petits changements. Dans le cas de la Gasteria, on limiterait le stockage en eau, on augmenterait la perte par transpiration, etc.

  Évidemment, si vous mettez votre plante grasse dans une mare en espérant la voir évoluer en nénuphar, sachez que vous êtes très bête. Résultat, vous obtiendrez une carcasse moisie.

Des compromis pour la productivité

On entre dans le charmant domaine de l'agriculture avec le cas des vaches laitières. Un exemple très simple, la race Prim'holstein (vous savez, les fameuses vaches maigres en noir et blanc). La sélection génétique a fait que cette vache produit énormément de lait, pratique quand on sait que le prix du litre est ridiculement bas.

 Le choix de la société, le voici : je veux beaucoup de lait pour me nourrir. Très bien, concentrons-nous à fond sur la production de lait. Et pour ceux qui ne le savent pas, pour obtenir du lait, il faut des veaux. Si la vache n'a pas de petit, pas de lait ! (pareil que pour les femmes) Donc, évidemment, la reproduction est essentielle pour obtenir du LAIT (oui, je me fiche des répétitions ici). Malheureusement, la Prim'Holstein possède un défaut : son manque de fertilité. Oh, mince, comment va-t-on faire du lait sans petit ? Ben, trouve une solution, le croisement des races en est une.

 Et ne pensez pas qu'un compromis est comme une balance à deux plateaux. Vous pouvez en rajouter bien plus. Pour reprendre mon exemple, le lait est une ressource alimentaire faite à 90 % d'eau. Le reste, ce sont des sucres, des protéines et de la matière grasse. Si tu comptes faire du fromage, les deux derniers composants sont essentiels. En revanche, la Prim'Holstein ne produit pas un lait très riche comparé à des races fromagères comme la formidable, la mignonne et l'époustouflante NORMANDE (comment ça, je suis régionaliste ?). Cette part, fait également partie du compromis, au même titre que des résistances face aux maladies.

Pour conclure, nous sommes tous victimes de compromis. Certains décideront d'équilibrer leurs choix, d'autres, au contraire, parieront sur les extrêmes. Cependant, n'oubliez pas que la meilleure décision n'est jamais la même selon certaines situations.

SOURCES :

- Stage réalisé au Gaec du Chesnay en 2016

- Cours d'anatomie, adaptation, évolution à l'université de Rouen

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