Chapitre 6

16 minutes de lecture

« …et je travaille actuellement sur une mise en place de moyens afin de les ralentir. Je serai injoignable dès la réception entre vos mains de cette lettre. »

— Vice-commandant Stone, nous avons un cap, dit le commandant Newind. Préparez l’appareillage !

Pendant ce temps, sur Skullwater, Thomas se dirigeait vers le fort afin de négocier subtilement un ravitaillement en boulet de canons. L’autorité suprême des deux forts était le gouverneur Richmond, qui s’occupait principalement d’allouer le budget pour le bon fonctionnement global de ces forteresses, ainsi que la gestion du personnel et du ravitaillement. Deux personnes choisies par Richmond, s’occupaient chacun de leur forteresse respective, et leurs rôles étaient principalement de s’occuper du déroulement des tours de gardes, et de protéger la ville de toutes attaques extérieures. Ces forts avaient plusieurs siècles d’existence, étant initialement érigés par les Français.

En effet, avant l’occupation des pirates sur cette île, cette dernière représentait un point de ravitaillement idéal pour les Français souhaitant conquérir le nouveau-monde, grâce à sa localisation située à la frontière entre l’océan et la mer donnant accès à ces îles et terres inconnus dont le monde se battait la propriété depuis quelques siècles. Port-Espérance était donc un avant-poste convoité par de nombreuses nations, y compris les pirates. Il y a quelques décennies, durant l’âge d’or de la piraterie, une coalition était née, regroupant les équipages les plus sanguinaires que l’on pouvait trouver sur les mers.

Ces derniers effectuèrent un siège afin d’affaiblir les résidents de l’archipel et s’attaquer au nerf de toutes guerres d’usure, les vivres, et ainsi finir par forcer les Français acculés à sortir de leur dédale impénétrable. Quand ils sortirent de leur avant-poste avec leur puissance militaire maritimes, ils se firent complètement annihilé par une pluie interminable de boulets de canon provenant des pirates, s’abattant sur leurs vaisseaux, tout en les ayant empêchés de sortir en groupe de plusieurs navires. Le relief de l’archipel s’était retourné contre eux à leur plus grande surprise. Ce qu’ils pensaient être leur meilleure défense, s’avéra être leur plus grande faiblesse dans cette guerre sempiternelle. Les pirates entreprirent peu après d’attaquer les deux forts avec leurs navires, tout en envoyant des matelots au sol pour prendre d’assauts ces forteresses trop occupés à viser l’ennemi voguant en face d’eux. Le nombre de mort gisant dans les eaux de l’archipel inspira les pirates, qui lui donnèrent le nom de Skullwater, tant les squelettes de français et de pirates demeuraient encore visibles profondément dans l’eau, enseveli partiellement sous les bas-fonds dans le sable. Cette nuit-là, tout n’était que feu et cendres, destruction et fracas. La coalition pirate revendiqua l’île afin de dissuader les armées continentales de pénétrer dans le nouveau-monde qui était devenu leur refuge.

La fin de la guerre de Skullwater signa les prémices de la retraite militaire des Français dans les mers du nouveau-monde.

Les fortifications en pierres du fort procuraient un sentiment de modestie à quiconque rentrait en son sein. Les six tours cylindriques délimitaient de toutes parts la structure militaire, possédant dans chacune d’elles, une dizaine de canons chargés et prêts à l’emploi en cas d’attaque surprise d’un ennemi. Trois tours faisaient face à la l’intersection des deux îles présentes à l’ouest, tandis que les trois autres étaient orientés vers la ville, pour aider le fort situé à l’Est. Ce genre d’architecture était assez unique dans l’ancien monde, y compris dans l’ancien Port-Espérance, car l’idée venaient des pirates de fortifier une rangée de tours supplémentaires, après avoir constatés les faiblesses que présentaient les deux forts.

Thomas traversa le pont levis qui était abaissé en journée, et atteignit la porte centrale des murs d’enceinte gardée par deux gardes. Le fort était entouré d’une douve naturelle créer par le littoral ayant été détournés par les pirates afin de renforcer la défense contre les attaques terrestres. En cas d’attaque, ils n’avaient qu’à remonter le pont levis pour rendre caduc toutes attaques envers le fort. En cas d’invasions ennemis, les cloches de l’église retentissaient pour prévenir les habitants. Ces derniers se précipitaient de rallier le fort pour se protéger, dont les réserves en vivres étaient capables de nourrir la moitié de l’île pendant quelques années.

— Bonjour Messieurs, dit Thomas aux gardes.

— Bonjour, répondit l’un d’eux. Que voulez-vous ?

— Je souhaiterai parler à l’un de vos confrères, un dénommé Bill, répondit Thomas. L’artisan de la ville m’a dit de venir le voir pour une affaire.

Les deux hommes désarmèrent Thomas puis s’écartèrent du chemin pour laisser passer l’officier du Rose’s Revenge. Ils lui indiquèrent que la personne qu’il cherchait, effectuait actuellement sa ronde sur la tour centrale faisant face à la mer. Dans la cour intérieure ouverte, une dizaine d’hommes s’entrainaient au combat à l’épée contre des mannequins en paille, répétant ainsi les mêmes postures, jusqu’à arriver à les maitriser parfaitement. L’un des gardes s’entrainant dans la cour intérieure fut détaché par le commandant, afin d’accompagner le visiteur au sein du fort. Ils se dirigèrent vers le fond de la cour, accédant ainsi à l’escalier menant aux sommets des murailles.

La vue était sans équivalence pour Thomas ayant les cheveux au vent par la brise survolant les remparts, et cela faisait partie des rares point de vue en hauteur dont il avait eu l’accès. Du haut de ces quelques dizaines de mètres de pierres empilées, il était possible de voir toute la partie nord-ouest de la ville avec ses riverains se déplaçant de commerces en commerces, et de voir une de ses fameuses îles munies de deux tours qui montaient la garde face à l’immense étendu d’eau s’étalant à perte de vue devant eux. Le monde en dessous de ses pieds paraissait si petit à ses yeux, mais paradoxalement si vaste en regardant la mer.

— Tu es garde depuis longtemps ? demanda Thomas à l’homme qui l’accompagnait.

— Je me suis engagé il y a quelques mois, répondit le garde qui paraissait assez jeune. Quand le vent a commencé à tourner en notre défaveur, l’équipage avec lequel je naviguais s’est dissout, et je voulais continuer à participer à l’effort collectif pour défendre notre mode de vie.

— Une noble action, dit Thomas dont l’engouement du jeune garde lui avait forcé le respect. Il en est de même pour les autres ? demanda-t-il en montrant du doigt les gardes s’entrainant en contrebas.

— Pour la majorité oui, répondit-il. Certains étaient également prisonniers pour des délits mineurs qu’ils avaient commis sur l’île, et le gouverneur leur a donné le choix entre continuer à croupir derrière les barreaux des geôles du fort, ou monter dans le fort et aider à garder Skullwater dans les mains des pirates. Néanmoins, ceux qui brisent le code des pirates et commettent un délit majeur n’ont pas eu ce choix, enchaina-t-il en faisant un signe de main devant son cou.

— Le gouverneur pense à tout, s’étonna Thomas. Je comprends mieux pourquoi cette île est la dernière à pouvoir être rayé de la carte par les armées continentales.

— Oui, il a accéléré toutes les mises en place de défenses quand Gold Highland est tombé peu de temps après la fin de l’hiver dernier, répondit le garde. Elle faisait partie des deux dernières îles tenant toujours tête aux courroux des Anglais. Maintenant nous sommes les derniers, et seuls.

Les deux hommes continuèrent leur marche dans la fraicheur due à la hauteur des remparts, jusqu’à arriver dans la tour où se trouvait Bill. Ce dernier s’occupait de l’entretien des canons, et vérifiait si le matériel était en bon état. Les remparts des tours permettaient aux canonniers de pouvoir utiliser leur canon caché derrière les fortifications en forme de dents, mais cela avait la contrepartie de ne pas permettre un important angle de tir. Au sol, du côté intérieur du château, se situait une trappe fermée menant à une cour secondaire, moins imposante que l’autre, mais semblant utile aux ravitaillements pendant la bataille Un système de cordage basé d’une poulie permettait de hisser une caisse de canons ou autres armes nécessaires au bon déroulement de la bataille.

— Salut Bill, dit le garde. Il y a un gars qui est venu pour te parler.

— Merci, répondit Bill. Que puis-je faire pour toi ? demanda-t-il en observant de haut en bas Thomas, tout en travaillant.

— L’artisan de l’île m’a conseillé de venir te voir car tu devrais avoir ce que je souhaite, répondit Thomas. J’étais venu le voir pour qu’il me fournisse des boulets de canons et des mousquets, mais quelqu’un est passé avant moi et lui a tout pris.

— Tu n’as pas eu de chance, se moqua-t-il de Thomas. Néanmoins, je ne vois pas ce que je peux faire de plus pour toi. En effet on a des boulets, mais comme tu le vois, on s’attends à combattre l’ennemi à tout moment, donc cela ne va pas être possible, enchaina-t-il avec mépris.

— Attends, répondit Thomas. Je vois que tu as clairement de quoi tenir plusieurs sièges en termes de boulets, pourquoi ne pas nous en prêter juste deux caisses ? Je suis sûr que cela ne se verra même pas dans ton inventaire, enchaina-t-il après avoir observé toutes les caisses de boulets reposant au sol et qu’il avait vu également dans les autres tours.

— Tu as peut-être raison, répondit Bill en réfléchissant de lui-même. Néanmoins, comme tu le vois, je ne suis qu’un simple garde et sans la validation de mon supérieur hiérarchique, je ne peux rien faire pour toi, dit-il en s’éloignant après avoir tourné les talons.

— Qu’en penses-tu si je peux avoir l’accord du gouverneur Richmond ? répondit Thomas avec insolence, pour piquer au vif le garde. Tu penses que cela vaut vraiment la peine que je le dérange pour de telles conneries ? Pour pouvoir prendre une infime quantité de boulets ?

— Comme si un pirate comme toi pouvait exercer une telle influence sur le gouverneur, répondit Bill en se moquant. Vous autres, ne savez que vous pavaner comme si le monde vous était dû et dès que le danger montre le bout de son nez, vous partez tous la queue entre les jambes.

— Tu n’étais pas un de ces pirates ? s’étonna Thomas.

— Si, bien sûr que si, répondit-il avec énervement. Mon soi-disant capitaine et son équipage faisaient les fiers, mais le jour où l’Imperator a commencé à dicter sa loi sur les mers, ils ont tous disparus dans la nature, me laissant seul sur le bateau au moment de l’appareillage. Je ne les ai plus jamais revus, et cette histoire est réputé dans notre monde car on était qu’aux prémices de cette domination anglaise. Dès que je disais être le timonier de cet équipage, tout le monde me riait au nez. Il ne me restait plus qu’à m’enrôler en tant que garde pour la défense de l’île, afin de garder le peu d’âme de pirate que je puisse maintenir en moi.

— Oh, répondit Thomas consterné. Je n’étais pas au courant de cette histoire. Tu n’as pas de chance d’avoir été considéré comme un lâche aux yeux de tous, car ironiquement, je pense que ces mêmes détracteurs sont même plus en vie à l’heure actuelle, ou ont déserté comme tes anciens camarades.

— Tu comprends donc mieux pourquoi je ne pourrais pas accéder à ta requête ? interrogea-t-il. Vous tous, vous faites semblant d’être encore des pirates. Alors venir dépouiller le fort, même d’une infime portion de ses boulets de canons, il en est hors de question. Trop de tords m’ont été causés par ces mêmes gens, et il est impensable qu’il en soit de même pour le fort. Tu sais ce que ça fait de perdre sa crédibilité ? enchaina-t-il en grognant.

— Tu te méprends sur mes intentions, répondit Thomas en secouant les deux mains en avant en signe de rassurement. On les souhaite car nous avons prévu une expédition et là où nous allons, il y a de fortes chances que nous croisions les Anglais. Tu n’as pas entendu parler d’un navire s’échappant de l’Imperator il y a peu de temps ?

— Non, je n’ai rien entendu de la sorte. Et je dirais même que c’est absurde d’imaginer un navire s’échapper des griffes d’un tel monstre.

— Je t’assure que l’on a réussi à s’enfuir lors d’une nuit tumultueuse, répondit Thomas en essayant de le convaincre. Je ne comprends toujours pas ce qu’il s’est passé cette nuit-là, mais nous avons gagné dans un duel de vitesse. Cependant, on a besoin de ces boulets pour répondre à ces prochaines attaques, et cela me parait plus pertinent de les utiliser contre nos ennemis sur les mers, plutôt que d’attendre sagement ici qu’ils soient à portée de tir. Ne nous confonds pas avec tes anciens camarades.

— J’aimerai croire en ton histoire, répondit Bill en soupirant. Mais j’ai vu trop de navires pirates se dissoudre, voire couler, pour pouvoir croire à de tels fantaisies. La seule chose en laquelle je crois, c’est la lueur que je perçois dans tes yeux, et c’est pour cette unique raison que je réfléchirai à te laisser prendre quelques caisses de boulets. Reviens dans la soirée avec un chariot, je passerai le mot aux autres gardes.

Thomas remercia plusieurs fois Bill pour son approbation à la proposition. Il lui promit que ces boulets seraient utilisés à bon escient, et qu’il reviendrait lui en attester les preuves à travers ses récits. C’était avec la satisfaction d’avoir réussi à accomplir son devoir de permettre à l’équipage de partir dans de bonnes conditions, que Thomas se fit raccompagner vers la sortie, pour retourner en ville afin de célébrer la bonne nouvelle.

C’était à la nuit tombée que, Christine, gérante de la maison de joie la plus lucrative de la ville, commençait ses journées de travail. Ce bordel, situé à la sortie du port, était le point de référence pour tous les pirates qui appareillaient sur Skullwater, autant pour le grand nombre de chambres disponibles, que pour la diversité ethnique des prostitués. Ces pirates pouvaient continuer de rêver en vivant leur vie de pirate, et par ces temps troublés, cela leur étant d’un grand réconfort, voire indispensable. Christine disait toujours à ses filles « un homme comblé est un client fidèle », et par ce biais, elle disposait d’un grand réseau d’information envié par le gouverneur.

Avec sa grande expérience dans le commerce du plaisir, elle savait reconnaitre la nature des tracas du client, ses désirs les plus profonds et avait proliféré son savoir à ses filles qui l’appliquaient. Les seuls hommes engagés dans son équipe étaient des mercenaires protégeant les filles, et son mari tenant le bar afin d’étancher la soif des pirates en quête d’une nuit de réconfort. C’était dans ce même bordel que se trouvait l’équipage du Capitaine Storm.

— Capitaine, je vais aller récupérer la cargaison de boulets, dit Thomas accoudé au bar. Je vais prendre quelques matelots qui ont déjà tirer leur coup.

— Tu les gâtes trop Thomas, répondit le Capitaine en reposant sa pinte de bière sur le comptoir. Profites-en toi aussi, on repart dans quelques jours.

Thomas partit du bordel en ayant choisi avec soin les trois matelots qui allaient l’aider à transporter les caisses de boulets sur le chariot depuis le fort.

— Et toi John ? questionna le Capitaine en allant s’asseoir sur la table à côté du bar où se trouvaient Marcus et John.

— Ne vous faites pas de soucis pour moi Capitaine, répondit John. J’ai déjà profité des saveurs locales, enchaina-t-il avec un sourire joueur. En revanche, Thomas devrait se lâcher un peu plus, il ne pense qu’à son grade d’officier et ses missions.

— Je ne parlais pas de ça, répondit le Capitaine en se moquant de son officier. Je voulais savoir où en était le recrutement, il est fini ?

— Oui, répondit-il penaud. On a nos cinq nouvelles recrues comme vous le souhaitiez. Jack et Robert étaient très content des choix effectués, ils sont prometteurs ces petits gars. Je les présenterai à l’équipage avant que l’on reparte.

— Vous avez bien travaillé, répondit Marcus. Christine, hurla-t-il en se tordant le cou en arrière.

Christine venait en grandes enjambées dans la grande salle de réceptions où les clients attendaient généralement autour d’une bière que la prostituée qu’il avait choisie vienne les aborder.

— Quoi, quoi ? répondit-elle essoufflé et énervée. Je travaille là, donc fait vite Marcus.

— Pardon, dit Marcus en s’excusant poliment. Je ne pensais pas que tu t’étais remis en activité.

— Tu n’es qu’un connard Marcus, répondit-elle avec exaspération. Je cours partout car on a dû expulser certains pirates qui maltraitaient nos filles. Encore ces abrutis de l’équipage de Barbegrise, ils sont sans foi ni loi, des réels brigands. Que puis-je faire pour toi, Marcus ? questionna-t-elle.

— J’aurai aimé que tu réserves tes meilleures filles pour mon équipage, et plus spécialement pour John et nos deux vétérans là-bas, ils ont travaillé sans arrêt depuis hier, répondit-il.

— Pas de problème Marcus, je te dois bien cette faveur, dit-elle avec un ton encore plus mielleux qu’avec celui qu’elle aurait utilisé avec ses autres clients. Tu n’auras pas besoin de payer les extras, je vous les offre. Cela fait bien longtemps depuis ton dernier passage ici, Marcus.

— Oui, je sais, on ne sait jamais où la vie de pirates va nous amener, répondit-il en rigolant.

Christine sortit de la salle de réception pour aller chercher ses filles, alors que les autres membres de l’équipage venaient d’être mis au courant par Marcus. Les deux vieux hommes, Jack et Robert, furent appelés par le second, et furent également mis dans la confidence qu’ils allaient passer une nuit qui leur rappellerait leur jeunesse. Robert, prévoyant comme toujours, préféra sortir maintenant pour combler ses besoins primaires dehors, avant que les filles arrivent. Ce n’était pas sans peine que ce dernier atteint la porte pour sortir, et qu’une fois sortit dehors, il se fit interpeller par un homme dont l’obscurité masquait le visage.

— Excuse-moi, interpella-t-il. C’est bien ton équipage qui recrute pour partir à l’aventure ?

— Oui c’est bien nous, répondit Robert en peinant à marcher droit avec le pantalon qu’il avait commencé à dénouer. Tu arrives trop tard, on a déjà tous les matelots qu’il nous faut, tente ta chance une prochaine fois, enchaina-t-il en finissant la conversation au détour de la ruelle.

— Attends, dit l’inconnu en essayant de le rattraper. C’est vrai que vous êtes sur un énorme butin qui va rapporter gros ?

— Qui t’a dit-ça, moussaillon ? dit Robert en se retournant vers lui, la main contre le mur, concentré à la fois par ce qu’il venait d’entendre et pour éviter de se pisser sur le pantalon.

— Ce ne sont que des rumeurs circulantes dans les tavernes de Skullwater, dit l’homme s’approchant de lui. Je rêve de butins pour me payer ce que je souhaite, pas toi ? Raconte-moi toute l’histoire, je ne dirai rien, enchaina-t-il avec une voix tendre.

— Je n’ai rien à dire, dit-il en remontant son pantalon et en écartant l’homme qui se tenait sur son passage. Le recrutement est terminé, et ma récompense m’attend.

Robert s’éloigna donc de l’homme afin de repartir dans le bordel pour profiter de la nuit qui promettait d’être tumultueuse avec ses compagnons.

Les journées passèrent, et Thomas avait fini le chargement dans le navire après être retourné voir l’artisan pour récupérer les mousquets commandés. Il en profita pour le payer, et lui parler de la conversation houleuse qu’il avait eu avec le garde du fort. Le charpentier et le cuistot avaient respectivement compléter les besoins dans leur domaine, l’un avait récupéré certaines pièces de bois qu’ils étaient difficiles de tailler pour le bateau sans les outils appropriés, et l’autre avait acheté de la nourriture pour compléter les réserves grandement amoindries par leur long voyage. Des roulements avaient été organisés afin de pécher et chasser le maximum de poissons et gibiers. Cela permettait de grandes économies allouables à la prochaine aventure dont la durée était indéterminée.

Le matin du départ, tout l’équipage rangeait les tentes installées sur la plage par ceux qui avaient préférés dormir en dehors du navire. Certains avaient gardés l’habitude de s’endormir au rythme de la houle agitant le bateau, tandis que d’autres profitaient de ces pauses pour retrouver un sommeil terrestre et calme. Cela faisait également quelques nuits que ces mêmes matelots purent entendre les bruits éclatants venant de la forêt. Aucun d’eux ne s’étaient décidés à gravir la montagne afin de tuer la bête troublant leurs sommeils à répétition, par peur de se faire déchirer par le monstre vivant dans les bois. Ils avaient été avertis par les habitants que nul homme n’avait osé entreprendre l’expédition de chasser la bête, tant les cris fracassants et déchirants résonnaient dans les ruelles de la ville.

Le chargement était terminé depuis la veille, il ne restait plus qu’à finaliser les derniers préparatifs afin de pouvoir appareiller le navire. John avait présenté les cinq nouvelles recrues au reste de l’équipage, qui ne seront réellement intégrés que lorsqu’ils auront fait leurs preuves devant les yeux des autres matelots. Pour ces derniers, les mousses étaient juste attirés par l’annonce d’un trésor inestimable, et ne cherchait que richesse et gloire facile pour se vanter auprès des leurs, il en fallait donc plus pour les convaincre.

— Capitaine, capitaine, interpella Jack en courant, le souffle coupé. Attendez-moi, je suis inquiet. Je ne trouve pas Robert. J’ai passé toute la journée d’hier à le chercher, je ne le trouve pas, dit-il en peinant à reprendre son souffle avec le teint pâle.

— Comment ça ? questionna le capitaine. Tu ne penses pas qu’il est encore dans les bras chaleureux d’une femme ?

— Non, capitaine, répondit Jack dont la voix cachait quelques sanglots. Cela fait des jours que je ne l’ai pas vu, on avait prévu de jouer aux dés autour d’une bonne bière la veille du départ comme à l’accoutumé, mais il n’est pas venu. Depuis je le cherche, mais en vain. Je pense qu’il lui est arrivé quelque chose, conclut-il désespéré.

— Ne t’inquiète pas, on va partir à sa recherche, dit le Capitaine. Matelots, votre attention à tous, hurla-t-il en se retournant face à tous les pirates. Est-ce que l’un d’entre vous a aperçu Robert ces derniers jours ?

Un silence s’installa au sein des troupes du Rose’s Revenge où chacun regardait son voisin en quête d’informations. Après quelques secondes interminables de silence, le capitaine reprit :

— C’est décidé, hurla-t-il. Nous allons tous à la recherche de Robert. On repousse le départ à cette nuit.

Tous les matelots abandonnèrent leurs tâches et partirent à la recherche de leur compagnon.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Yalvanos ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0