Chapitre 10.2
Le feu de camp était le bienvenu tant la soirée était fraiche dues aux diverses rafales de vents et les températures ayant chuté drastiquement. Le menu du soir était des lapins sauvages chassée par Charles, plutôt doué en connaissances de pièges. Le repas se déroulait sous le regard curieux de la faune les observant. Quelques bruits firent ponctuellement sourciller William, qui n’était pas un grand habitué des nuits en pleine nature, où leur feu semblait être une mauvaise idée pour attirer l’attention, obscurcissant la vue au loin.
— Détends toi, dit le Capitaine en voyant frémir William. Il n’y a pas de prédateurs dans ces forêts, ils ont plus peur de toi que l’inverse. Et toi Simon, comment tu te sens ? interrogea-t-il.
— Cela ne vous concerne pas, répondit-il froidement.
— Au contraire, rétorqua Charles. On ne sait pas ce qui nous attends demain. Je veux que tout le monde ait le sang-froid et ne pète pas un plomb.
— Vous n’en avez pas marre de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas ? s’emporta Simon en se relevant. Je n’ai pas envie d’en parler, et de toute façon, vous êtes indifférent à tout, comme si tout cela n’était qu’un jeu pour vous. Le corps de Robert n’a même pas eu le temps de refroidir que vous vous voyiez déjà sur la piste de deux putains d’émeraudes qui n’existent pas !
Charles s’emporta ses dernières paroles. Il n’avait pas saisi la profondeur du problème qu’il avait avec Simon. Lui, à l’esprit toujours contestataire, posait enfin des mots sur sa colère.
Charles se leva également pour arriver à sa hauteur.
— Quoi ?! s’insurgea-t-il. Tu penses que la mort de Robert m’est égale ?! Tu n’étais même pas là quand il est mort putain, répliqua-t-il en le poussant violement. Tu ne sais même pas ce que ça fait de voir un ami mourir dans ses bras. De l’entendre prononcer ses dernières paroles !
Quand il retrouva l’équilibre, Simon se rua sur son Capitaine, le projetant au sol, avant de se tenir à genou sur lui, empoignant son col. John se précipita de se lever pour intervenir.
— N’intervient pas John, hurla Simon en lui faisant signe de rester à l’écart. C’est bien ce que vous voulez, hein ? pestiféra-t-il en secouant la tête de son Capitaine. Vous semez la discorde partout où vous passez, vous ne pensez qu’à vous. Vous ne voyez même pas qu’une bonne partie de l’équipage désapprouve vos choix. Vous n’en faites qu’à votre tête, l’Imperator ce n’est pas un jeu, c’est réel ! On a eu de la chance une fois, ça ne se reproduira plus. Ne vous croyez pas au-dessus de tout, vous n’êtes rien face à eux, bordel ! Vous ne savez pas de quoi les Anglais sont capables, ils sont inhumains ! Pourquoi ne pas continuer à aborder des navires marchands comme avant. On ne demande pas la lune, on veut juste survivre putain !
— Donc c’est ça survivre pour toi ? fulmina Charles en écrasant sa prise au col d’une seule main. Regarder toujours derrière son épaule ? Ne dormir que d’un œil au cas où qu’on nous attaque ? N’avoir aucun foyer où rentrer ? enchaina-t-il en le projetant à son tour au sol. Tu n’es même pas à la hauteur de tes paroles, regardes toi, tu penses avoir tout vécu alors qu’une seule main arrive à rompre ton beau discours. Ce que je fais, c’est penser à demain, c’est penser à nous tous. Je ne vous demande pas de comprendre car la majorité ne comprendrait pas ! Vous ne voyez que ce que vous voulez bien voir, sans regarder plus loin. C’est pathétique, rajouta-t-il froidement. Vous vous confortez dans votre médiocrité de vie.
John n’en revenait pas des propos violents de son Capitaine, dont les traits illuminés par le feu, se déformaient sous la colère. Même s’il n’était certainement pas ciblé par ses propos, ces derniers trouvèrent un écho en lui malgré tout. Haine et déception se mélangèrent en lui, le rendant complétement impuissant dans cette scène.
— C’est pour cela que je veille sur vous, pour que vous puissiez vivre avec insouciance, bordel ! s’indigna-t-il. Je fais les choix difficiles qui nous permettront ce genre de vie. Si nous ne faisons rien, les Anglais auront gagné. On ne pourra même plus lever l’ancre sans avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Ce n’est pas en fermant les yeux que les problèmes disparaissent, la vie ne fonctionne pas ainsi, Simon. Alors ne doute pas de mes choix, jamais ! s’exclama-t-il en le relâchant. Je préfère avoir des conseils que des reproches.
En un instant, l’obscurité envahit le combat entre les deux hommes. Le feu venait de s’éteindre. William, jusqu’alors silencieux, se jeta à l’aveugle sur Charles pour le propulser au sol.
— Taisez-vous, murmura-t-il. Regardez là-bas ! De la lumière ! Il y en a même plein !
— On dirait des cavaliers, Capitaine, répondit John la tête embrumée par ses pensées. Vous pensez qu’ils nous cherchent ?
— Je n’en sais rien, râla Charles, le souffle coupé par la violence du contact avec William lui ayant écrasé le ventre dans sa chute. Je n’espère pas…
Seules quelques braises crépitaient, rompant ainsi partiellement le silence. Les bruits des cavaliers s’estompaient peu à peu dans la pénombre de la nuit, dont les hennissements ponctuelles résonnaient faiblement à travers le bois.
— Ils sont partis, c’est bon. Bon réflexe, bien joué William, dit Charles en frottant les cheveux du jeune mousse.
Nos étrangers continuèrent à rester silencieux au cas où qu’un autre groupe de cavaliers passèrent également ou qu’ils ne renvièrent sur leur pas. Plusieurs longues minutes passèrent dans une ambiance pesante où chacun ressassait les mots ayant été dit. L’échange était sans précédent. Rare était les matelots s’étant attiré un tel courroux de la part du capitaine.
— On devrait être tranquille maintenant, dit John pour casser le malaise. Dormons un peu, on a encore de la route demain.
La nuit fut compliquée, ils s’étaient tous allongés en rond autour des dernières braises encore chaudes, grelottant dans leur cape. William ne put fermer les yeux qu’une heure, après être tombé de fatigue à réagir aux moindres petits bruits nocturnes. Simon avait encore le sang chaud de leur altercation et ne put s’adonner qu’à quelques précieuses heures de sommeil. John, lui, ne put dormir, après avoir vu la vraie nature de Charles.
— Bon, prochaine fois, on dort dans une auberge, ironisa John pour prendre la température.
— Pas tant qu’on a quelqu’un sur notre dos, répondit Charles sans laisser paraitre la moindre émotion. Si tout se déroule comme prévu, on devrait être rentrer au navire ce soir, donc la prochaine fois que vous dormirez en regardant les étoiles, ce sera de votre plein gré sur le pont.
Ils reprirent leurs affaires, se débarrassèrent des preuves du bivouac de la veille et reprirent leur route. Plusieurs dizaines de traces de sabots marquaient désormais le chemin de terre. D’après Simon, il n’était pas rare que des cavaliers aillent d’une ville à une autre, mais c’était étrange que leur passage fût en pleine nuit.
— Cela ne me dit rien de bon. Redoublons de vigilance. A la moindre suspicion, on fait marche arrière.
— Attendez, murmura Simon à l’arrière du groupe. Je viens de Moonstell, et il y a de cela quelques décennies, il y a eu un gros incident sur Massali. C’est ce qui m’a fait vouloir devenir un pirate et par la même occasion, détester cette île.
— Ne te sens pas forcer d’en parler, Simon, répondit John en se retournant vers lui.
— Laisse-le, interrompu Charles.
John fut interloqué de voir qu’il n’avait pas changer d’état d’esprit par rapport à hier. Il pensait avoir mal interprété les mots de la veille, mais il n’en n’était plus aussi sûr.
— Vous devez savoir que Massali était très accueillante avec les étrangers par le passé, voire trop, reprit Simon. La réputation de ses marchés étaient reconnus de toutes les îles voisines et plus encore, faisant accoster bon nombre de navires du côté de la baie de Brasslight.
Il continua à raconter qu’il y a une vingtaine d’année, quand il avait à peu près l’âge de 10 ans, il ne le savait pas encore, mais c’était la traque aux pirates de la coalition partout dans le nouveau monde. Toutes les armées continentales avaient signés un accord pour joindre leurs forces et renseignements afin d’éradiquer complétement la menace qu’ils représentaient, même si la dissolution de leur coalition était actée depuis plusieurs années.
Un jour, la flotte de l’armée anglaise débarqua à Massali, prétextant avoir reçu des informations anonymes sur la présence de pirates hébergées par les gouverneurs au sein même de leurs communautés. Ces derniers réfutèrent leurs propos, annonçant garder leurs portes ouvertes aux étrangers pour développer leur commerce, mais qu’ils n’avaient jamais entendu parler de ces pirates de la liste noire. Une enquête fut menée en interne pour trouver le moindre signe de présence de ces hors-la-loi.
Quelques jours plus tard, alors que la marine anglaise avait retrouvé ses quartiers dans leurs navires, un conseil exceptionnel entre les trois gouverneurs eu lieu. Le peuple n’était pas convié à ce genre d’évènement, cela était réalisé à huis-clôt entre les trois parties prenantes. Chaque gouverneur comptait pour une voix et la majorité l’emportait, mais dans les faits, historiquement, toutes les décisions avaient été unanimes. Quand il prit fin, les trois hommes envoyèrent une missive aux Anglais pour les prévenir du résultat de leur enquête. Aucun homme correspondant à leur liste noire n’avait élu domicile à Massali. Les habitants furent soulagés d’entendre cette nouvelle tant la réputation de ces hommes faisaient froid dans le dos.
Les Anglais paraissaient mécontents du résultat de cette enquête, qu’ils jugeaient insuffisamment profonde. D’autres plaintes semblaient leur avoir été envoyé, prouvant la présence de ces hommes. Plusieurs descriptions physiques leur avaient été dressé et correspondaient au portrait établie par les forces continentales, cela ne pouvait pas être une coïncidence à leurs yeux. Ils avaient sommé les trois gouverneurs de revoir leur version dans les prochains jours, sous menace verbale qu’ils pouvaient le regretter. Massali était sous la juridiction des Hollandais, et toutes intrusions non souhaitées pourrait apparaitre comme un acte de guerre fortement répréhensible, pouvant mettre en péril l’accord. A cette époque, il était assez clair que la Hollande ne souhaitait nullement s’écraser politiquement face aux Anglais sur leurs propres terres en leur donnant les honneurs de la capture des hommes les plus recherchés sur les mers, alors ces derniers n’avaient reçu aucun document légal leur permettant d’appliquer leurs actions militaires dans Massali.
A contrario, la flotte hollandais était trop occupée dans la protection de ses navires marchands. Le roi s’en était donc remis à la véracité de l’enquête des gouverneurs.
Les jours passèrent, et les gouverneurs n’avaient pas revu leur constat, il n’y avait pas de pirates de la coalition sur leur île. Les Anglais, furieux, retournèrent leur talon et rejoignit leurs navires pour la dernière fois, injuriant au passage les dirigeants de menteurs, proclamant que cela était ancré dans leur veine de Massaliens de mentir. Depuis les affirmations clivantes de l’explorateur Crawford au sujet de sa découverte, il y avait une mauvaise réputation au sujet de cette communauté. Une partie était fascinée de savoir qu’il était encore possible de découvrir de nouvelles terres regorgeant de trésors, et d’autres pointaient du doigt une propagande et un mensonge pour accroitre sa propre notoriété de piètre explorateur. L’armée anglaise pensait comme les seconds.
Ce n’est que le soir même que de multiples détonations se firent entendre au nord de Moonstell, au-dessus des falaises. Les habitants affluèrent dehors pour prendre conscience du danger, alors que tous les moulins avaient été détruits, les ailes enflammées continuant de tourner inlassablement. Tout ce qui faisait la réputation de Moonstell était partie en fumée en un clin d’œil.
La souffrance des prochains jours fut terrible. Les habitants de Moonstell furent dévastés par leurs pertes matérielles, complétement incompréhensifs de la violence gratuite des Anglais. Certaines maisons avaient été touchés par les tirs, faisant plusieurs dizaines de victimes. Bon nombre de questions se posèrent parmi les Massaliens pour comprendre de tels agissements. Pourquoi nous attaquent-ils alors que nous n’avons rien fait ? Ont-ils le droit de nous assiéger alors que les pirates recherchés ne sont pas sur notre ile ? Les gouverneurs n’avaient aucune réponse valable à apporter, complètement dépassés par cette crise majeure.
Dans une ambiance tendue où tout pouvait arriver, l’armée anglaise, ne voyant toujours aucun signal de réédition des pirates, continua de stationner en périphérie de Massali. Les jours passèrent et un nombre grandissant d’habitants présentaient des symptômes de maladies assez inquiétants. Douleurs abdominales, vomissements, vertiges, ils pensaient faire face à un manque de nourriture chez les personnes les plus fragiles. Jusqu’à ce que cela atteigne des jeunes personnes à la santé solide. Le gouverneur de Brasslight apporta le soupçon que la baie pouvait être empoisonnée par les Anglais, risquant ce coup-ci d’affecter leur deuxième source principale d’approvisionnement de nourriture.
L’hiver était rude et les récoltes de Rainfield fut impacté par les températures saisonnières très basses. Les vivres s’amenuisèrent à vue d’œil tandis que la famine s’installa dans Massali. Un système de rationnement avait été mis en place pour limiter le nombre de nourriture par famille et toutes tentatives de commerces avec les îles voisines fut vaines, le blocus des Anglais dissuadait quiconque souhaitant accéder à Massali.
Les habitants, impuissants face à cette oppression, avaient commencé à chercher la présence de pirates dans tous les coins de l’île. Il était plus logique pour eux de trouver les coupables plutôt que de se retourner contre la marine en étant dépourvu de forces militaires. La moindre personne ressemblant de près ou de loin à un hors la loi était tabassée et amenée vers la baie pour la présenter à l’armée. Une vraie chasse aux sorcières avait débuté, tandis qu’une majorité de Massaliens perdirent la vie dans des bagarres ou par manque de nourriture.
Petit à petit, la baie de Brasslight fut vidée de tous ses navires. Tous les commerçants et étrangers avaient fini par fuir par peur de se retrouver mêler à un conflit qui ne les concernaient pas à la suite de la mise en place d’un filtrage des bateaux par les Anglais. Mais un bateau avait plus retenu l’attention que les autres. Peut-être parce qu’il est parti en dernier avec les cales remplies de nourritures locales volées la veille. Ou peut-être parce qu’une fois à l’horizon, ils avaient hissé le pavillon noir des pirates, et plus précisément celui qui fut le plus tristement connu, le funeste pavillon du Capitaine Barbenoire, membre activement recherchée de la liste noire.
— Depuis ce jour, reprit Simon, j’ai voulu devenir pirate. Ironique, n’est-ce-pas ? Ils ont réussi à leurrer le barrage filtrant des Anglais, ont amené la famine sur l’île, créant une véritable fragilisation du pouvoir politique sur l’île. Une crise sans précédent…, marmonna-t-il. Et malgré tout ce qui s’est passé, ceux qui ont continué d’agir comme ils l’ont toujours fait, c’est eux, ces fameuses pourritures de la coalition. C’est les seuls à avoir garder l’esprit rationnel, à prioriser leur survie à celle des autres et à réussir à s’échapper malgré tout. C’est eux les grands gagnants. Ils ont pu se reposer, manger à s’en remplir la panse, et une fois que les choses ont mal tournés, ils sont partis. Rien ne les attachait à cette île. Et vous savez quoi ? Ils avaient raison. Tous les moyens sont bons pour survivre. Pas comme les Massaliens, pieds et mains liés à leurs terres et incapable de faire quoi que ce soit pour arrêter ce carnage.
— Tu n’es pas énervé de ce tout qu’ils ont fait ? interrogea Charles.
— Si, bien sûr, répondit sèchement Simon. Mais je le suis encore plus à l’encontre des gouverneurs, dont leurs impuissances ne leur ont jamais permis de comprendre ce qui s’étaient réellement passées devant leurs yeux. Incapable d’effectuer une vraie enquête… Et j’ai la haine de ces Anglais se pensant partout chez eux, et que malgré tout ça, ils ont quand même réussi à perdre leur piste. Vous vous rendez compte ? Ils encerclent une île pendant des semaines, et leur proie leur passe sous le nez. C’est légendaire ! Les grands gagnants, ce sont les pirates. Je ne veux pas mourir en perdant. Je veux vivre la tête haute en gagnant.
— Je comprends mieux pourquoi tu ne voulais pas revenir ici, dit John. On aurait peut-être dû éviter de l’emmener avec nous, Capitaine.
— Impossible, répondit Charles. Les seuls à connaitre Massali sont Simon et le prisonnier. La deuxième option était trop dangereuse. En revanche, enchaina le Capitaine en regardant Simon. Je ne comprends toujours pas la haine que tu as envers l’explorateur Crawford.
— Mensonges, mépris, j’ai une très mauvaise image de tout ce qu’il a apporté à notre île, à cette réputation qui nous colle à la peau et dont les Anglais ont ravivé aux yeux du monde. Ils ont justifié leur massacre en prétextant qu’on avait caché des pirates notables. Encore un mensonge.
Charles comprit plus facilement les sentiments de Simon après avoir entendu ce qu’il avait vécu dans son enfance. L’horreur de la guerre, la famine, les combats dans les rues, la méfiance envers les autres, tout cela à cause de la réputation d’un homme connu pour ses supposés mensonges par la majorité des gens. Les événements se seraient peut-être déroulés différent s’ils s’étaient déroulés dans une autre île ou si Crawford n’avait pas revendiqué l’exploration d’une nouvelle île. Malgré tout, Simon aurait eu plus simple de blâmer les pirates ayant profité de la faille dans le système, mais non, il reconnut leur ingéniosité et avait identifié la racine même du problème. Les paroles d’un homme.
La discussion dura longtemps. Les quatre hommes venaient d’arriver au niveau de l’entrée nord de la ville, à quelques maisons de la demeure de Crawford. William resta pour faire le guet sous les ordres de Charles.
— La maison devrait être un peu plus loin par-là, montra du doigt Charles. La demeure est plus grande que les autres, impossible de la confondre avec une autre.
En ce début d’après-midi, la rue était déserte, seuls quelques mouvements à travers les vitres trahissaient la présence de villageois festoyant autour d’un bon repas. Profitant de la distraction, ils avancèrent silencieusement jusqu’à atteindre une imposante habitation, dont les vitres étaient cassées, la porte d’entrée ouverte et les lierres avaient envahis toute la façade avant.
— Bon, on n’aura pas besoin de clé au moins, ni de défoncer la porte, dit John en rigolant. Ça doit être abandonner depuis un moment ! enchaina-t-il en touchant la végétation.
— Les Crawford avaient une notoriété controversée, répondit Charles. Je pense que ce carnage a été fait pendant le siège des Anglais. Tu les connaissais bien ? interrogea-t-il en se retournant vers Simon.
— Non, pas plus que ça. Ils étaient connus dans Moonstell donc je sais qu’ils habitaient ici autrefois, mais apparemment ce n’est plus le cas, conclut-il en regardant à travers la premier carreau brisé. Ils ont dû déménager après les émeutes. Ce n’est pas plus mal, pesta-t-il.
Charles haussa les sourcils.
— Tu sais qu’ils n’ont rien à voir là-dedans quand même ? répondit Charles consterné. Ils n’auraient pas avoir dû à subir toute cette haine sous peine qu’ils étaient son descendant. Enfin bon, rentrons et trouvons ce carnet !
Ils rentrèrent à l’intérieur, étonnés de la scène devant leurs yeux. Les meubles avaient été renversés de toutes parts dans la pièce, les chaises fracassées en petit bois, la vaisselle éparpillée en mille morceaux, les rares tableaux déchirés par des traces de lame. Les toiles d’araignées recouvraient tous les coins de le salle alors que de la poussière volait partout à travers le plancher à chaque pas effectué par les matelots.
— On ne retrouvera rien là-dedans, Capitaine. C’est un foutoir cette maison. Il n’y a plus rien qui est à sa place.
— Le carnet devrait être caché en haut, dans le grenier, répondit Charles.
En effet, un peu plus loin, une échelle permettait d’accéder à une trappe dans le plafond. John se saisit de l’échelle dont la moitié des barreaux étaient brisées, et souleva l’ouverture avec sa main. Il fit dépasser sa tête pour observer, avant de hurler, le faisant perdre l’équilibre et tomber en bas.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Charles en se précipitant à son encontre pour l’aider à se relever.
— Un doigt, dit-il en pointant du doigt la trappe. Il y a un doigt plein de sang au sol. C’est dégueulasse.
Charles, surpris par les propos de son officier, entreprit la montée des marches. Une fois arrivé en haut, son sang ne fit qu’un tour et il se mit à marteler le sol de ses poings tout en beuglant. Les deux matelots se hâtèrent de monter, et aperçurent une inscription marquée au fond de la pièce, dont les mots d’un rouge vif disaient : « Trop tard ».
— Ces putains de gibiers de potence, cria le capitaine. Je vais me les faire ! Je les traquerai jusqu’au dernier !
— Trop tard ? interrogea John. Ce sont les mêmes personnes que ceux qui ont torturé Robert ?
— Ça ne peut être qu’eux, répondit Charles après avoir évacué toute sa haine à travers ses poings. Le sang m’a l’air assez frais, ils ne doivent pas avoir tant d’avance que ça sur nous.
— Mais on ne sait pas par où ils sont partis, Capitaine, déclara Simon. C’est peine perdue, encore un signe qu’il faut arrêter maintenant. On est allé jusqu’au bout, pas de regrets.
— Hors de question, hurla Charles. Le vieux de Brasslight, sur le ponton. Il nous a dit qu’il y avait d’autres étrangers qui ont accosté ici. Ils doivent être encore sur l’île. Allons le voir pour en savoir plus, on a encore une piste !
Les matelots dégringolèrent l’échelle, et se dirigèrent vers la sortie afin de retrouver William et partir à la recherche du vieil homme. Quand ils franchirent le seuil de la porte dans la hâte, un spectacle inattendu les attendait dans la rue quand ils relevèrent la tête.
— Bonjour Messieurs, commenta l’homme encapuchonné devant eux. Tout d’abord, je vous souhaite la bienvenue à Massali. Magnifique endroit n’est-ce pas ? Elle regorge d’énormément de ressources, un véritable petit paradis, vous ne croyez pas ? questionna l’homme d’une manière rhétorique. Ah ! soupira-t-il, quelle belle journée ! Même si on dirait que ça va se couvrir…
L’homme jovial faisait un véritable monologue à mesure que d’autres personnes affluaient autour de lui en provenance des rues voisines. Il était difficile de l’interrompre, quelque chose rendait la tâche compliquée. Peut-être était-ce dû à son charisme très imposant ou alors le manteau bleu camouflé derrière sa cape. Ce bleu n’annonçait jamais rien de bon.
— Vous me connaissez peut-être déjà, mais allez ! Je me présente ! continua-t-il en enlevant son capuchon noir. Commodore Edward Newind, aussi connu comme étant le commandant de l’Imperator.
Plusieurs dizaines d’hommes retirèrent également leurs cape, exposant ainsi leur uniforme de la marine avant de dégainer leurs armes en direction des pirates.
— Ah, et j’oubliais ! reprit-il en arborant un grand sourire. Vous allez gentiment vous rendre et prendre un aller simple pour la corde, païens !
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