Chapitre 12.1

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— On est où là ? interrogea Simon.

La pièce, éclairée par quelques bougies discrètes disposées dans les différents coins et un feu de cheminée crépitant, ressemblait à une salle à manger très sombre. La table comportait qu’un couvert, dont le repas était une morue partiellement mangé, accompagné d’une bouillie à l’aspect douteuse. L’hôte ne semblait pas rouler sur l’or et ne détenait que le nécessaire en termes de meubles. Une étagère contre le mur de gauche servait à ranger la vaissellerie, deux coffres remplis de vêtements et de linges et un hamac dont les fibres de cotons commençaient à partir en lambeaux, malgré la présence d’un lit en bois d’acajou dans le fond de la pièce, à côté d’une porte fermée. Des toiles d’araignées ornaient les coins de murs et une forte odeur d’alcool dominait la pièce.

— Je ne sais pas, répondit Charles avec une respiration lente et grave. Mais je parierai ma chemise qu’il y a un mort dans l’autre pièce.

— Ne me manque pas de respect, veux-tu ? répondit l’hôte. Sans moi, vous seriez avec les fers autour des poignets.

Le capitaine dévisagea le propriétaire dès lors que ce dernier atteignit le halo lumineux d’une bougie, lui rappelant ainsi une personne qu’il avait déjà rencontré.

— Mais je vous reconnais, dit-il surpris. Vous êtes le vieil homme du ponton, celui qui ne voulais pas nous laisser rentrer dans le port !

— Et vous êtes ces fameux corsaires espagnols que tous les Anglais recherchent, répondit-il en se réinstallant sur sa chaise. Vous avez eu le droit à un sacré comité d’accueil, qu’avez-vous fait pour mériter ça ?

— Rien de particulier, répondit Charles en scrutant la pièce à mesure qu’il s’approchait de la table. Pourquoi vous nous aidez ?

— Trop de sang …, souffla le vieil homme. La mort, la famine, voir tous ces gens se battre pour un morceau de pain, trop de sang à couler à l’intérieur de ces terres, corsaires. Je ne m’y habituerai jamais et je refuse de l’être.

— Je comprends, j’ai eu vent de la tragédie qui s’est déroulé ici…, dit Charles.

Alors que Simon était en train de chauffer sa lame sur le feu ardent, l’hôte était parti chercher du linge propre suite à la demande du capitaine. Il était blessé depuis le matin même et il était temps de traiter sa blessure.

— Vous n’auriez pas un peu de rhum pour accompagner ? questionna Charles en déchirant la manche gauche de sa chemise.

— Un fond fera l’affaire ?

Ce dernier acquiesça. Il se bâillonna la bouche avec son lambeau d’habit avant que Simon ne s’approche de sa plaie. Il se servit un fond de verre de rhum avant d’asperger le restant de la bouteille des deux côtés de l’impact du plomb ayant traversé son épaule.

— Vas-y, dit-il en donnant le signal d’une voix étouffée.

Le vieil homme s’était réinstallé et continuait à manger tandis que les deux matelots opéraient de la médecine peu orthodoxe en face de lui. John et William restèrent en retrait, proche de la porte, à l’écoute des consignes anglaises qui furent données dehors malgré les plaintes contenues de Charles.

— Ils sont nombreux, murmura William à John. On n’arrête pas de les entendre passer. On fait quoi s’ils se mettent à rentrer dans les habitations ?

John haussa les épaules. Ils étaient entourés d’ennemis qui n’attendaient qu’une seule chose, les exécuter sur la place publique, et le temps qui s’écoulait ne faisait pas partie de leurs alliés. Ce n’était qu’une question de temps avant que les Anglais ne mettent le désordre dans cette ville pour les retrouver.

— Capitaine, j’y retourne seul, affirma John en s’approchant de lui. Il faut que je déplace notre embarcation. Tant qu’elle sera dans la baie, ils sauront qu’on est toujours là.

— Non, lui somma-t-il tout en enroulant son chiffon autour de l’épaule à la suite de l’intervention. Reste ici. On le fera quand la nuit sera tombée. Avec cette brume, ils n’ont peut-être pas cette information. Si tu sors maintenant, tu pourrais tomber nez à nez avec l’un de leur groupe. On n’y voit rien dehors.

— Mais Capitaine, s’indigna John en levant les bras. Ils ne vont pas tarder à comprendre qu’on se cache chez les locaux, et ils vont tout fouiller. On est cuit si on ne bouge pas maintenant.

— Le gamin a raison, conclut le vieil homme. Cependant, reprit-il en finissant de macher sa viande, il faut que je vous dise quelque chose. J’ai détruit votre barque.

— Qu’avez-vous fait ?! s’insurgea Charles en tapant du poing la table, le regard noir, la douleur lui faisant un électrochoc le long du bras. Vous nous avez condamner ici avant de nous sauver ? Vous vous prenez pour qui ? Un Messi envoyé par Dieu ?

— Partons d’ici Capitaine, rajouta Simon en se saisissant de son autre arme. On ne peut pas lui faire confiance, bâillonnons-le et partons, enchaina-t-il en le montrant du doigt. On trouvera un moyen de s’en sortir en chemin. On peut toujours aller dans la résidence de mon oncle à Moonstell. Il part souvent en expédition maritime, on y sera tranquille.

— Attends, l’interrompu le Capitaine en se frottant le front de haut en bas avec sa main droite, plongé dans ses réflexions.

— C’est une île remplie de pourris je vous dis, il attend certainement qu’on frappe à sa porte pour toucher une récompense ! A bien y réfléchir, tuons-le plutôt, s’agita Simon en empoignant sa chemise vers l’épaule et en glissant sa lame le long de sa gorge.

— Ça suffit ! reprit à l’ordre Charles.

Il se rua péniblement sur l’hôte, retira d’un revers douloureux de la main l’arme de Simon, et l’empoigna suffisamment fort pour le relever de sa chaise. La posture était difficile à maintenir pour le vieil homme, pas suffisamment debout pour subir la fragilité de son corps.

— Pourquoi ? s’insurgea-t-il de nouveau. Je ne vous comprends pas ! Cela n’a aucun sens de nous le dire, alors crachez le morceau !

— Pour…, grommela-t-il en tapant sur le bras qu’il l’empêchait de respirer. Pour cacher …, les preuves de votre présence ici. Maintenant, lâchez-moi ! dit-il en repoussant avec difficulté l’emprise de Charles, avant de retomber brusquement sur son siège.

Il avait laissé retomber sa victime après avoir entendu ses mots. Il ne comprenait toujours par les motivations du vieil homme.

— Ça ne répond pas à la question, répondit Charles en gardant le regard fixé sur lui. Pourquoi nous aider ? Vous saviez à l’avance ce qui allait se passer ?

— Je ne suis pas une sorte de sorcier, croyez-moi, ricana-t-il à gorge déployée. Cela fait quelques jours que les Anglais ont accostés ici. Le lendemain, leur navire était reparti, mais des dizaines de visages inconnus rôdaient dans la ville. On aurait dit que les lieux leur appartenaient, aaah ! protesta-t-il. Je déteste ça ! J’ai vite compris qu’ils cherchaient quelqu’un, et quand on connait la passion de ces enfoirés, j’ai fait le rapprochement qu’ils traquaient des pirates ! Encore ! soupira le vieil homme, le regard s’assombrissant. Je n’ai compris que quand je vous ai vu arrivé hier. Ils en avaient après vous. Je m’appelle Earl Bakker, et j’ai gouverné Moonstell pendant des décennies.

Simon écarquilla les yeux. Le temps ne l’avait pas épargné, mais il finit par reconnaitre le vieil homme. Quelques rides en moins, des cheveux courts et une barbe moins fouillis, et il correspondait trait pour trait au gouverneur de son village natal. L’homme faisant parti des décisionnaires abusés par les pirates et dominé par les Anglais ayant plongé leur île dans le chaos.

— Je vous reconnais, dit Simon. Je n’aurai pas dû m’en prendre à vous, vous avez supervisé le rationnement de Moonstell, vous avez réussi à maintenir l’ordre tant bien que mal. D’ailleurs, c’est à vous que l’on doit ces nouveaux moulins flamboyants ?

— Le début de la reconstruction a commencé sous ma gouvernance, oui. J’ai quitté mon statut peu de temps après, souffla-t-il.

— Je ne comprend pas, s’étonna-t-il après s’être assis face à lui. Vous êtes la figure paternelle de cette ville, vous avez toujours œuvré pour le bien de tous, même lorsque Brasslight a commencé à imposer leurs conditions financières pour nous permettre d’utiliser leurs réseaux maritimes. Pourquoi abandonner ces habitants ? interrogea-t-il avec les sourcils froncés d’incompréhension.

On n’entendait plus que les bruits de mâchements d’Earl, plongé dans son assiette, les yeux vides, comme perdus derrière un voile de brumes. Simon comprenait souvent quand il ne fallait pas interrompre un homme. Certaines personnes dégageaient une aura tellement puissante, que même le vent se ferait couper en deux s’il se mettait à rugir. Là ce n’était pas le cas, certes il avait énormément de respect pour cet homme, mais il ne put se résigner qu’à l’observer.

— Earl ? interrompu Charles.

En un lourd clignement d’œil, il émergea dans le présent. Il se mit à se gratter nerveusement la tête tout en soupirant. Comme si le vieil homme venait d’être arraché à ses songes les plus profonds.

— Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas revu tous ces pensées de manière aussi limpides, souffla-t-il de lassitude. Il faut croire que seule la mort pourra me libérer de mes chaînes. Je ne suis pas l’homme que tu penses, Simon. Je me souviens de toi. Tu as perdu tes parents dès le plus jeune âge. Ils étaient d’une intelligence des plus singulières et ont beaucoup contribué pour faire de Moonstell la cité qu’elle est aujourd’hui. Fière et civilisée. Ils n’ont pu donner naissance qu’à un brillant homme comme toi. J’ai été très consterné d’apprendre ton départ. Mais tu as bien fait. Plus rien de bons n’a poussé sur Massali. L’incident a beaucoup marqué les esprits, c’est pour cela que je filtre les nouveaux arrivants sur l’île. On ne veut plus que cela se reproduise. C’est également pour cela que j’ai quitté ma fonction.

— Je ne comprends pas, répondit Charles. Simon dit que vous avez la carrure pour gérer une ville, que le sort des habitants vous importe. Pourquoi avoir quitter ces braves gens sans leur dirigeant ?

— Je n’avais plus la force de continuer, soupira Earl. Leurs regards… je ne pouvais plus le soutenir. S’ils savaient ce qu’on a fait. Ce que j’ai fait…, dit-il en reposant son couvert avant de se prendre la tête dans les mains. Je ne suis pas l’homme que tu penses, Simon. Je suis désolé, commença-t-il à sangloter. Je n’avais plus la force de leur mentir ouvertement.

— Qu’avez-vous fait de si grave, Monsieur ? questionna amicalement Simon, ne sachant que faire face à ses sentiments.

— Tout commença peu de temps après l’arrivée des pirates de la liste noire…, du moins, je ne le savais pas à ce moment, reprit-il. Maxim Andries, le gouverneur de Brasslight à l’époque, profitait de ces petits arrangements qu’ils menaient avec l’extérieur. C’était un homme toujours à l’affut d’un tintement de pièces de huit trébuchant au sol. Depuis son enfance misérable dans les cales d’un bateau de pêche, il avait développé le sens des affaires, et était constamment à la recherche du moindre commerce juteux pouvant faire gonfler ses poches rapiécées. Toute la marchandise transitait par son port, et il créa une taxe afin de développer sa ville. Un jour, ces fameux pirates se sont présentés à lui et lui ont parlé de développer son commerce grâce leurs marchandises provenant de leur propre réseau, tabacs, soies d’une excellente qualité, rhums à foison. A mesure que ses affaires prospéraient et grandissaient, Maxim imposait une taxe de plus en plus imposante, jusqu’à atteindre des prix que les habitants de Moonstell ne pouvaient plus suivre. On est assez pauvres de nature, notre savoir-faire n’est pas le plus lucratif sur l’île. On ne pouvait plus se permettre que d’acheter le strict nécessaire et nous nourrir de notre propre production, créant ainsi une pénurie sur nos biens. Plus d’argent sortait de notre ville qu’ils n’en rentraient et nous consommions plus de nourriture que nous n’en cultivions.

Se rendant compte de la précarité de la situation, Earl fit la remarque à Maxim lors d’un conseil récurent entre les trois gouverneurs. Ce dernier feinta de ne pas comprendre sa détresse, aveuglé par la cupidité de sa prospérité commerciale. Rien ne fut voter à la majorité ce jour-là, car le gouverneur de Rainfield, Aelbert Coenen voyait d’un bon œil la tournure que prenait les choses. Ses productions agricoles étaient au cœur même des spécialités dont raffolaient les étrangers, l’argent venait à profusion dans leurs poches. Il avait tout à y gagné, et Earl avait tout à perdre. Il tenta de les raisonner en baissant la taxe ou en arrêtant le commerce illicite qui avait multiplié leur inégalité entre leurs villes à cause du développement soudain de leur clientèle. En vain.

Cependant, le prix des biens sur Moonstell avait considérablement augmenté dû à la pénurie sur le marché. Maxim, par peur de perdre des clients à cause de cela, proposa de l’aider officieusement pour subvenir à ses besoins alimentaires, à conditions qu’il décidait de revendre un certain quota de ses biens afin de réguler le prix à la normal. Earl fut pris entre le marteau et l’enclume, car s’il était contraint d’accepter pour le bien être de sa ville, ils perdraient par la même occasion leur autonomie alimentaire. Ils se retrouvaient dépendant du bon vouloir de Maxim.

Au fil du temps, peut-être par lassitude ou par la découverte de nouvelles opportunités, la clientèle affluait moins souvent dans la baie de Brasslight.

— Les prix sont intenables, dit le gouverneur de Rainfield lors d’un conseil. Il faut qu’on baisse les taxes, de nouveaux marchés sont plus attractifs ailleurs.

— Baisser les taxes ?! s’insurgea Maxim. Mais tu es fou ?! Non, non, hors de question, il faut plutôt qu’on diversifie ce que l’on vend. Et qu’on leur propose plus d’avantages à venir chez nous. Comment avance la construction de ton deuxième bordel, Aelbert ?

— On manque de matériaux pour finir l’établissement, répondit-il. Moonstell a du mal à fournir les pierres qu’il nous faut.

— Evidemment ! cria Earl en tapant du poing sur la table. On manque de nourriture, on a eu énormément de malaises à la carrière. Les gens se reposent, on ne tient plus. Maxim, tu ne nous fournis plus assez de nourriture pour vivre, on survit là.

— Je t’ai prévenu, répondit-il. On vend moins de tes marchandises, on ne peut pas garder le rythme. On perdrait de l’argent.

— Et nous, nos vies ! hurla-t-il en ouvrant la porte. Ça suffit, on arrête tout. On vivra sur nos réserves, et on te payera le complément. Quant aux pierres, enchaina-t-il en fixant nerveusement Aelbert. Tu les auras quand je serai capable d’assurer la sécurité de mes travailleurs, finit-il en claquant la porte derrière lui.

Depuis l’arrivée des pirates, tous les conseils tournaient autour du sujet du commerce avec l’extérieur et comment le développer. Earl n’en pouvait plus, il n’était plus question que de cela, alors que la vie de ses habitants ne reflétait pas cette opulence financière. Ce ne fut qu’après une enquête sur ses hôtes privilégiés, qu’Earl appris leurs vraies natures. Ils faisaient partis de la liste noire recherché par toutes les armées continentales. Il contacta anonymement l’armée anglaise pour mettre fin à l’accès à leurs réseaux étendus. L’objectif était de retourner à la situation initiale avant qu’ils n’aient débarqué. Mais ne rien ne se déroula comme prévu. Les Anglais abusèrent de leur pouvoir tandis que les deux autres gouverneurs faisaient tous leur possible pour les protéger d’eux, en espérant pouvoir garder leur partenariat. Earl tenta comme il put de les raisonner afin de les capturer, argumentant que la prime pourrait amortir la perte de leur partenariat mais ils n’écoutèrent pas. Ils craignaient que la population soit au courant et qu’ils perdent leurs statuts de gouverneurs et leurs avantages. Il ne put que constater impuissant à la destruction lente mais certaine de l’île de Massali.

— Vous savez tout, conclut-il en se raclant la gorge. Je ne méritais pas de rester gouverneur, alors dès que la reconstruction a commencé à bien se dérouler, je suis parti m’isoler où tout à commencer, à Brasslight. Je fais en sorte que cette situation n’arrive plus en filtrant les entrées sur l’île. Mais vu mon âge, je n’ai plus que ma grande gueule pour arrêter les gens.

— Attendez, s’étonna Charles. Vous auriez pu directement nous mener à la marine anglaise à notre arrivée si vous aviez compris ce qu’il se tramait ici. Vous auriez été sûr et certains que les Massaliens ne soient pas pris à parti dans notre querelle.

— Non, corsaire. Vous ne comprenez pas. Les pirates ont abusé de notre hospitalité, en effet. Mais les Anglais, eux, c’est différent. Ils sont responsables de cette tuerie de masse, en sachant pertinent que cela allait laisser des traces irréversibles sur nos terres. Je préfère voir mourir un Anglais plutôt qu’un pirate. Si mes collaborateurs n’avaient pas été aussi cupide, les pirates n’auraient jamais été un problème. Ni moi…, conclut-il en fermant nonchalamment les yeux, le soupir lourd. J’ai donc cassé votre barque pour qu’ils pensent que vous avez eu le temps de partir d’ici.

— Et si on avait vraiment eu le temps de nous enfuir ?! questionna vigoureusement John en continuant de murmurer par réflexe. On se serait retrouvé comme des cons devant des planches de bois qui flottent ?

— Vu le nombre d’Anglais que j’ai croisé ces derniers jours, je n’aurai jamais misé sur cette option, désolé mon garçon. Les miracles, ça n’existe pas.

— Il faut dire que votre audace va probablement nous sauver la mise, confia Charles remettant en arrière ses cheveux en bataille avant de soupirer violement sous la douleur de son épaule. A l’heure qu’il est, je pense que le Rose’s Revenge a décampé. On peut rester quelques jours le temps que les choses se calme dehors ?

Soudain, un violent tambourinement répété fit sursauter William qui était à côté de la porte. Dehors, un homme ordonnait qu’on lui ouvre l’entrée.

— C’est la marine Anglaise, nous sommes en mission. Ouvrez votre porte ! cria-t-il en martelant encore plus fort.

Charles lança un regard persistant à Earl en quête de réponses. Il se demandait si c’était possible qu’il les ait retenus pendant tout ce temps pour mieux les vendre aux Anglais ?

— Venez par ici, murmura Earl en montrant du doigt la porte au fond la pièce.

Les quatre hommes se regardèrent, surpris de la direction qu’on leur indiquait et inquiets de placer leur vie dans les mains d’un inconnu.

— Capitaine, grommela John en lui retenant l’épaule. On ne va quand même pas le suivre ? On ne peut pas lui faire confiance !

— On n’a pas vraiment le choix, confia Charles en baissant de ton. Si on ne se cache pas, ça va rameuter tous les Anglais des quartiers avoisinants. Sans compter que notre seul moyen de quitter l’île se retrouve au fond de l’eau. Je ne nous vois pas tenir plusieurs jours traqués comme du gibier. C’est surement la seule issue pour s’en sortir. Simon, toi qui le connais, tu en penses quoi ? interrogea-t-il discrètement.

— On va défoncer cette porte si vous n’ouvrez pas ! insista l’anglais en frappant la poignée comme un forcené.

— Je ne le connais pas tant que ça, mais il a une très bonne réputation dans notre village. C’est un homme de parole et son histoire m’incite à penser dans ce sens-là. Suivons-le.

Ils le suivirent rapidement dans la pièce du fond jusqu’alors fermé, et découvrirent qu’elle faisait office de cellier. La pièce était remplie d’étagères dont une multitude de bocaux reposait dessus. Quelques gigots de viandes séchaient au bout d’une corde au milieu de la pièce et c’était tout. La température y était fraiche, reflétant bien le temps qu’il faisait dehors.

— Il n’y a nulle part où se cacher là-dedans, interrogea Charles en fronçant les sourcils.

— Détrompez-vous, répondit-il en tapant délicatement du pied sur toute la longueur du plancher jusqu’à ce qu’un bruit plus aigu se fasse entendre.

Il se pencha, et commença à forcer l’une des planches au sol à l’aide d’un morceau de métal qui trainait. Instinctivement, John et Simon l’aidèrent dans sa tâche. Plusieurs d’entre elles étaient facilement démontables et rendaient possible l’accès en dessous du plancher. Seules quelques dizaines de centimètres tout au plus permettaient de s’y glisser, mais l’espace restait tout de même très restreint. Ils ne pouvaient pas tous y rentrer.

Dans la précipitation et sous les coups de pressions émanant de l’anglais à la porte, William, John et Charles s’enfilèrent dans le petit espace tandis que Simon aidait le vieil homme à remettre les planches à leurs places.

— On fait comment pour toi ? interrogea Earl en regardant Simon tout en tapant du pied pour s’assurer de leur bonne mise en place. Je n’ai pas d’autres pièces chez moi.

— Pas de soucis. Je me ferai passer pour votre fils, proposa-t-il en haussant les épaules. J’ai vécu ici, je saurai tenir mon rôle. De toute façon, c’est un contrôle comme un autre, ils ne nous ont pas vu rentrer ici, dit Simon d’un air serein. Ils ne devraient même pas faire attention à moi.

— Très bien, répondit le vieil homme.

Il se hâta d’atteindre l’entrée tandis que l’anglais tentait toujours vainement de forcer la serrure. Quand il l’ouvrit, il vit un homme à l’allure gauchère, le souffle court et les habits froissés par la pluie battante et les coups d’épaules donnés à répétition sur la porte. Plusieurs autres torches indiquaient que d’autres maisons se faisaient également interrogée. En apercevant le vieil homme, le marin sortit son sabre en le menaçant.

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