Chapitre 12.2

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— Pourquoi n’avez-vous pas ouvert plus tôt, vieillard ? intima-t-il.

— Pardon moussaillon, répondit Earl. Vous êtes là depuis longtemps ? Je n’entends plus très bien. J’ai compris qu’on tapait à ma porte à cause des vibrations.

— Et lui ? interrogea-t-il en montrant du doigt Simon après être rentré dans les lieux.

— Il vient de se réveiller. Les journées en mers commencent tôt et il faut beaucoup de patience pour gagner sa croûte, répondit Earl gentiment.

Tandis que l’anglais fouillait minutieusement la maison à l’aide de sa torche, Simon faisait tout son possible pour ne pas attirer l’attention sur lui. Il agissait tel un miroir, dès que le marin se déplaçait, il allait à l’opposé pour ne jamais se retrouver nez à nez avec lui, jouant de l’obscurité ambiante pour se dissimuler. Earl, lui, répondait à ses questions et expliquait n’avoir rien vu de particulier ce jour-ci, qu’aucune personne qu’il avait récemment croisée ne ressemblait de près ou de loin au portrait qu’on lui dressait. Seule une forte agitation du côté de la baie semblait inhabituelle.

— Bon, tout m’a l’air en ordre ici, conclut l’anglais. Et toi là-bas, tu n’as vu personne à l’allure suspecte du côté du port ? interrogea-t-il en s’approchant de Simon.

— Non, répondit-il en esquissant un léger sourire niais. Je passe toutes mes journées sur mon bateau de pêche, et je les finis ici à dormir.

— Je n’arrête pas de lui dire que ce n’est pas une vie, enchaina Earl en secouant la tête, l’air consterné. Il faut qu’il pense à se marier à son âge. Avoir sa propre maison, soupira-t-il en enroulant ses yeux.

— Ton père n’a pas tort, enchaina l’anglais en se rapprochant de la porte. Ecoutez, dit-il se retournant. Si vous voyez la moindre chose suspecte, vous nous prévenez. Surtout toi, étant donné que tu travailles vers le port.

Simon acquiesça silencieusement de la tête.

— Attends, interrompu le marin. Pourquoi tu portes deux armes autour de la taille ? C’est nouveau pour des pécheurs d’être autant armé ?

— Vous savez, répondit-il en gardant un air calme. L’une d’entre elle me permet de tailler les plus gros poissons, et l’autre assure ma sécurité. Ce n’est pas rare que des fripons nous attendent sur le port au coucher du soleil.

L’anglais fronça les sourcils, exposant ainsi quelques rides sur son front. Sculptant rapidement divers endroits à travers la pièce, à la recherche du moindre indice. D’un coup, il se mit à marcher en direction de la porte fermé, éclairant tout sur son passage, et apercevant brièvement du coin de l’œil quelques traces de sang vers la table. Il accéléra subtilement le pas pour atteindre la pièce du fond.

— Ouvrez-moi cette porte, j’ai oublié de la vérifier.

Earl s’exécuta d’aller chercher la clé. Une fois la porte ouverte, le marin anglais balaya le cellier de quelques mouvements de bras, dont la torche n’éclairait que les dizaines de bocaux de nourritures. Par instinct, il frappa plusieurs fois avec la main sur les parois de la pièce tout en mettant quelques coups de pieds sur le sol.

La maison ayant été construite depuis longtemps, beaucoup de poussières s’était accumulé le long des espacements qui composaient le plancher rustique. Elle fut délogée sous les coups répétés de l’anglais, pénétrant directement les narines et les yeux des trois hommes cachés. A cause du peu d’espace qu’ils partageaient, l’air se faisait plutôt rare et cela les empêchaient de respirer convenablement. Charles tenta de remonter sa main le long de son corps pour faire barrière devant son visage, dont les autres se dépêchèrent d’en faire autant. Sa douleur à l’épaule, comprimée par les corps des deux autres matelots, le relançait de douleurs. C’était un supplice de rester immobile et silencieux, sachant qu’au moindre bruit suspect, cela pouvait signer leur arrêt de mort.

John commença à ouvrir grand les yeux, ce qui n’avait pas échappé à la vigilance du Capitaine. Se pinçant les lèvres aussi fort que possible, les narines dilatées, son corps ne réclamait qu’une seule chose. Impuissant, il faisait tout le nécessaire pour ne pas dévoiler leur position, tandis que l’anglais continuait à inspecter frénétiquement les lieux. Charles prit le risque de retirer sa main de son visage pour la guider près de John. Ce dernier fit un mouvement de tête en arrière, ouvrit la mâchoire en contenant sa bouche fermée, il fallait que ça sorte. Un pincement puissant et perçant le fit souffrir de douleur, lui coupant le souffle pour atténuer le bruit de sa souffrance. Le capitaine venait de lui tourner brutalement un bout de la peau de son bras entre ses doigts.

D’un coup de tête restreint, il tenta d’observer à travers le jour des planches malgré l’obstruction de sa vision, comment avait été perçu le bruit là-haut ? Des tonalités graves se firent entendre, avant que quelques perles à peine audible vinrent s’éclater sur le plancher, coulant le long des lattes, finissant par suinter sur leur visage.

— C’est du sang, murmura John en faisant une grimace tout en crachant furtivement le mélange de poussière et de sang.

Soudain, un bruit grave et lourd vint se percuter contre le plancher en deux temps. Les quelques gouttes se transformèrent en un léger flux continu s’écoulant lentement sur leurs visages. Charles commença à tambouriner le plancher, espérant pouvoir se libérer de leur prison de bois.

— Sortons vite d’ici ! grommela Charles. Il s’est passé quelque chose !

Ils se mirent à taper du poing et des pieds sur les planches au-dessus d’eux, faisant un vacarme absolu. Une première planche commençait à bouger, mais un poids les empêchait de la soulever plus.

— Putain, mais ce n’est pas possible ! cria l’un d’eux.

Soudain, une première planche commença à s’arracher du côté de John. Il pouvait voir une main gisant juste au-dessus de sa tête et Simon tenant la lame dans les siennes. En mettant de côté le membre inerte, John releva légèrement la tête entre deux planches et vit une personne allongée au sol en train de se faire déplacer.

— Il se passe quoi Simon ?! hurla John à travers le plancher.

— Un petit contretemps, attendez, répondit-il.

Patientant quelques longues dizaines de secondes, les trois hommes finirent par être libéré de leur geôle de fortune. Une trainée de sang se dessinait au sol et en suivant les traces, le Capitaine aperçut un homme qu’il ne reconnaissait pas.

— C’est l’anglais ? pointa-t-il du doigt.

— Oui, répondit Simon. Il savait qu’on lui mentait, alors je lui ai planté ma lame avant qu’il ait le temps de comprendre.

— Le temps de comprendre ?! hurla Earl. Tu te fous de moi ?! Il ne savait rien et il allait repartir. Mais ce n’est pas croyable ! s’écria-t-il fortement en levant les bras au ciel. Je vous sauve pour éviter un bain de sang et vous tuez un homme dans ma maison ? Hors de chez moi !

— Taisez-vous, on va nous repérer, intima le Capitaine. On est tous dans la même merde maintenant. Croyez-moi, si les Anglais débarquent ici, vous êtes devenus plus qu’un complice. Simon, va jeter un coup d’œil dans la rue.

Ce dernier s’exécuta tandis que les autres matelots s’attelaient à déplacer le corps sous le plancher avant de le refermer. Earl fulminait dans son coin, se mordant les lèvres, le visage fermé.

— Attendez ! accourra Simon alors qu’ils étaient en train de remettre en place la dernière planche.

Il se mit à genoux sur le sol et plongea sa main à travers la fente. Il bloqua sa respiration et força au maximum sur son épaule pour étendre son bras. Après quelques palpations à l’aveugle, il finit par atteindre la poche du marin et ressortit un petit sac.

— Voilà, c’est bon, dit-il en reprenant son souffle. Vous pouvez refermer.

Sous les yeux ébahis de ses deux complices, Simon retourna vers la porte d’entrée avant de s’enfermer à l’extérieur. Un cognement survint peu après. Il rouvrit la porte rapidement et s’affala adosser contre elle après l’avoir de nouveau fermé.

— A quoi tu joues ? interrogea Charles, le front crispé. Fais toi plutôt discret au lieu de t’amuser avec cette porte. Tu vas les attirer, si tu continues.

— Laissez-moi gérer, répondit Simon dont la main blanchâtre surpris le capitaine.

Il leur fit également signe de se taire et d’éteindre les bougies restantes. Plusieurs longues dizaines de minutes passèrent pendant que Simon collait son oreille à la porte jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun bruit dehors. En entrouvrant légèrement, il vit une rue déserte.

— Ça a marché, confirma-t-il en poussant un souffle de soulagement avant de revenir s’asseoir vers eux. Ils sont partis ! Les autres anglais marquaient les portes qu’ils avaient inspecté. J’ai fait le nécessaire.

— Le nécessaire aurait été de l’assommer, pas de le tuer, répondit sèchement le Capitaine.

— Il m’a reconnu, j’ai agi par réflexe. C’était soit lui, soit nous.

Charles poussa un soupir. Earl lui, de son côté, ne décolérait pas de la situation.

— Capitaine, interrompu John en refermant le cellier. C’est quoi le plan maintenant ?

— On attend, répondit-il. D’ici quelques jours, les Anglais finiront vraiment par croire que nous avons eu le temps de partir. J’espère qu’ils s’en iront rapidement et que le Rose’s Revenge en profitera pour venir nous chercher. Le temps nous est compté.

— Comment ça ? questionna Simon. On a perdu, c’est fini. On vous a suivi dans cette folie pour en avoir le cœur net, mais là on a même plus la moindre preuve qui peut nous mener au trésor.

— On a encore une carte à jouer, Simon. Il n’est pas encore trop tard, s’ils partent assez vite d’ici, ça peut encore le faire, réfléchit Charles, l’air sérieux et le regard perdu dans ses conjonctures.

— Bon sang ! cria Simon en tapant du poing sur la table. Réveillez-vous ! Pourquoi vous n’abandonnez pas ces conneries ? Ça ne vous a pas suffi tout ce qu’il s’est passé depuis hier ? La mort de Robert ? Une fois remonté sur le bateau, je soumettrais un vote ! Vous mettez nos vies en danger pour rien !

— Et que tu deviennes Capitaine ? s’esclaffa Charles. Tu penses pouvoir endosser ce rôle, alors que tu n’es pas même pas capable de canaliser tes pulsions ? Quand est-ce que tu comprendras que dans ce monde, pour se défaire d’un démon, il faut le prendre par les cornes. Ce n’est pas en le laissant faire qu’on pourra survivre. Grandis un peu ! explosa le Capitaine, le regard froid et perçant. Je le fais dans l’intérêt de notre équipage ! Rentre le toi dans le crâne une bonne fois pour toute !

— Alors pourquoi faire les choses à moitié ? répondit Simon avec un air agacé. Allons tout droit sur l’Imperator ! Au moins l’objectif est clair. Si on le bat, on pourra faire ce que l’on veut non ? Allons droit vers notre mort que l’on n’en parle plus.

— Si seulement c’était aussi simple, soupira Charles. La force ne résout pas tout, sinon les plus forts deviendraient rois. On se doit d’être plus malin qu’eux, les attaquer où ça fait mal. Ces émeraudes, c’est notre survie qui en dépend. Il faudrait retrouver le carnet de bord.

— Maudits pirates, soupira Earl en grimaçant. Vous me prenez pour un idiot depuis le 1er jour avec votre histoire de corsaire et je n’ai rien dis. Mais tuer un homme dans ma maison alors que je vous sauve la vie ? Mais qu’es-tu devenu, Simon ? questionna-t-il rhétoriquement, le regard emplit de dégout. Regarde-toi un peu bon sang ! Tu es devenu tout ce que tu as toujours rejeté.

— Vous êtes qui pour me juger ? interrompu Simon en haussant le ton. Vous avez condamné toute une île pour ce que vous pensiez être juste. Mais qu’en penses tous les Massaliens morts de faim à cause de votre bravoure ponctuelle ? Je me bats pour sauver la vies de mes camarades et ces anglais faisaient tout sauf faire régner la paix. Encore aujourd’hui, ils se croient partout sur leurs terres. C’est ces mêmes continentaux qui nous ont condamnés, et maintenant il faudrait les pleurer ?

Earl ne savait pas quoi répondre face au constat amené par Simon. D’un certain point de vue il n’avait pas tort, mais il continuait à penser que cela restait un assassinat réalisé de sang-froid.

— La peur est une graine qui éclot le plus souvent en considération de l’adversaire, répondit Earl sur un ton plus calme. Quand on la croise, on change de chemin par réflexe. C’est ancré dans notre sang. Mais toi, tu l’as transformé en force. Elle te permet d’avancer chaque jour que Dieu fait. Le seul conseil que je peux te donner, c’est de faire attention au jour où elle deviendra ta faiblesse, car tu te perdras. Je vois bien que ma lâcheté t’a mené tout droit devant moi aujourd’hui, et j’en suis peiné, souffla-t-il, les yeux vitreux.

Sur ces mots, l’ambiance avait retrouvé une certaine sérénité, les esprits avait fini par se calmer. Pendant ce temps, John avait demandé à William de s’occuper de nettoyer toutes les traces appartenant au défunt.

— Je vous ai entendu parler d’émeraudes, reprit Earl. Qu’est-il vraiment advenu d’Estéban Crawford ?

Le capitaine et Simon se regardèrent spontanément.

— Il est captif sur notre navire. Il nous a vendu son histoire en échange de sa vie. Il cherche à rétablir la notoriété de son ancêtre, donc nos objectifs convergent.

— Vous jurez de la relâcher si je vous parle un peu de cette légende ? questionna sérieusement Earl. Malgré ce que l’on pense, j’ai foi aux hommes d’honneurs. Et j’aime à penser que vous en êtes un, Capitaine.

— D’accord, répondit-il en lui serrant la main. Pour être franc, dès que l’on aurait trouvé le trésor, je l’aurai laissé partir. Il faut bien que quelqu’un raconte notre découverte pour nous. Que savez-vous sur cette histoire ?

— Mes grands-parents l’ont connu, expliqua-t-il. Il passait son temps assis au-dessus des falaises de Moonstell à contempler l’horizon, à deviner ce qui se cachait derrière la frontière imperceptible séparant le ciel de la mer. L’éternel désir de repousser les limites dans un monde en constante évolution, il voulait apporter sa pierre à l’édifice avant qu’il ne soit trop tard. Toutes les grandes nations avaient leurs explorateurs ayant découvert tous les continents de notre monde. Il désirait être le premier insulaire à étonner le monde entier.

Il continua à raconter que lorsque Crawford avait eu l’âge de recruter ses propres matelots, il s’était mis à marchander pour les îles voisines dans l’ambition d’acheter un vaisseau encore plus grand, afin de pouvoir réaliser des trajets de plusieurs mois sans accoster. C’était le minimum nécessaire pour aller au-delà de la mer de Chine. Puis un jour, en congés dans la maison familial, il tomba sur une carte du nouveau-monde. En traçant les parcours qu’il avait effectué, il analysa un point qui avait retenu son attention. Les vents et les courants marins qu’ils avaient suivi ce jour-là ne corrélaient pas avec sa carte. Il n’avait jamais vu ce genre de phénomène dans l’un de ses livres nautiques, comme si un élément non cartographié pouvait justifier ces anomalies climatiques.

Quelques jours après, excité par sa potentielle découverte, il appareillait en direction de l’anomalie détectée. Il revint quelques mois plus tard, son bateau avait subi des dégâts, ses voiles transpercées ne prenait plus le vent, la coque du navire flottait à peine au-dessus du niveau de l’eau. Quand il réussit à atteindre la baie, les Massaliens découvrirent un capitaine sans équipage, en sale état. Les traits marqués, il semblait n’être plus que l’ombre de lui-même. Il n’avait plus que la peau sur les os dont la couleur était d’une blancheur maladive. Sans un mot, il rejoignit son foyer en chancelant, avec pour seul accessoire une sacoche. Il avait laissé ses armes à bord, avant que le navire ne sombrât dans l’eau.

Toutes les personnes qui tentèrent de discuter avec lui firent le même constat. Il avait perdu la tête. Il marmonnait toujours les mêmes inepties, qu’il était allé tout droit en enfer pour avoir osé tenir tête à Dieu. Que son châtiment fût d’avoir survécu pour raconter aux autres le chemin à éviter et qu’il ne fallait pas chercher à empoigner ce qui se situait entre le ciel et la mer.

Dans des moments plus rares de lucidité, il racontait avoir découvert une nouvelle île, riant qu’elle était située sous le nez de tous les navigateurs de monde entier qui ne regardait pas au bon endroit. La nouvelle fit rapidement le tour du nouveau-monde, dont la santé mentale de l’orateur rendit perplexe le plus grand nombre. Seul le récit des deux magnifiques émeraudes en provenance de ces enfers pouvait justifier ses récits, mais même ses proches ne pouvaient confirmer cette version de l’histoire. Jamais personne ne les avait vu.

Malgré lui, c’était trop tard, il avait attiré l’attention des gens. Le monde était clivé entre deux parties, ceux qui dénigraient tous ces propos en justifiant une folie qu’il aurait commencé à développer à force d’errer seul sur les mers, déshydraté et blessé après une bataille navale ou une tempête coriace. Qu’ils leur étaient inconcevables d’imaginer la présence d’une île dans une zone déjà cartographiée. D’autres rêvaient d’aventures inédites et s’attelaient à corroborer son histoire en parcourant les mers et en essayant de suivre les maigres indices qu’il avait donnés.

Avec l’annonce des deux émeraudes, bon nombres de pirates et scélérats s’arrêtaient à Massali dans l’optique de lui voler son butin. Les réveils brutaux dans la nuit avec un couteau sous la gorge n’étaient pas rares, mais ils ne l’ont jamais réveillé dans un moment de lucidité. La plupart repartait bredouille, mais certains pillaient sa maison familial par frustration. Ils durent quitter leur maison avant de s’installer dans un endroit plus discret.

Puis, un soir d’automne, un homme sur le port raconta avoir vu l’explorateur Crawford disparaitre seul à l’horizon, à la barre d’un bateau de pêche. Plus personne ne le vit depuis ce jour-là.

— Mes grands-parents ne l’ont jamais connu directement, mais cette histoire a beaucoup impacté Massali, conclut Earl. Les brigands s’arrêtaient souvent ici, pour le meilleur et pour le pire. Sa disparition permit à ses détracteurs de gagner en crédibilité, classant l’affaire comme le plus gros mensonge Massalien. Si vous voulez mon avis, si ces émeraudes existent, elles ne peuvent être que maudites. Il a vraiment disparu le jour où il a fait cette fameuse découverte.

— Hum, songea Charles. Ça ne nous renseigne pas plus que ça sur la véracité de cette histoire. Et même si ces émeraudes existent, elles ont marqué psychologiquement Crawford. Je me demande bien ce qu’il a vécu là-bas.

— Ça commence à faire beaucoup, Capitaine, dit Simon en haussant les sourcils. Si votre Dieu voulait vous envoyer un message, il n’aurait pas pu faire mieux. On n’a pas le carnet de bord et tout porte à croire qu’il a essuyé une attaque avant d’errer sur les mers pendant des mois. La famine fait des ravages au cerveau, croyez-moi, enchaina-t-il, soupirant des souvenirs que cela faisait remontés en lui.

— Je ne crains que Simon ait raison, pirate, rebondit Earl. Et si je vous ai raconté cette histoire, c’est également pour qu’Estéban arrête de suivre les pas de son ancêtre. Rien de bon ne l’attendra à la fin. Ni même pour Massali.

La nuit touchait à sa fin quand ils finirent de discuter. Les jours d’après, William était missionné de suivre Earl pour recueillir des informations dans le village. L’imperator avait laissé la place à d’autres navires placer en garnison, mais ils paraissaient beaucoup moins rigoureux, profitant plus des joies que leur compères sur ce que pouvait proposer Massali.

Pour soulager leur hôte, pendant une nuit ombrageuse, John et Simon entreprirent de déplacer le corps à l’abri du regard de tous. Puis, peu à peu, les Anglais quittèrent l’île, permettant aux Massaliens de retrouver leurs quotidiens paisibles. Une tension s’était installée depuis leur arrivé en écho des événements passés, d’autant plus que leur présence était motivée par la recherche de pirates introuvables.

Ce n’était qu’après plusieurs semaines, à l’approche de l’hiver, que les derniers continentaux s’en allèrent. Le Rose’s Revenge, visiblement à l’affut, vint peu après pour récupérer leurs matelots en exil. Le bateau de pêche d’Earl permit d’assurer le trajet sans encombre. Une bourse de pièces lui fut donné en dédommagement pour le gite et le couvert, ainsi que les risques pris pour les avoir sauvés et hébergés.

— Bienvenu à bord, Charles, dit Marcus en haut de l’échelle. Cela fait bien longtemps que l’on ne s’est pas vu. Beaucoup de choses ont changé ici, et on a surtout un gros problème, grimaça Marcus.

— Dis-moi, répondit le Capitaine alors qu’il venait à peine de monter sur le pont.

— Le prisonnier, Estéban Crawford, répliqua le second. Il est mort.

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