Rêveur, je regarde par la fenêtre, avec cette idée un peu clichée de l'apercevoir. Emma, pourquoi ne me remarques-tu pas? Toutes ces filles autour de moi, qui me font les yeux doux, ne m'intéressent pas. C'est toi, ta douceur et ton odeur caramel qui m'enivrent.

Surpris, c'est une autre personne que je vois courir vers ma boîte aux lettres, rouge et orange, peinte par mon père qui cherche encore à expérimenter ses talents de peintre. Mais là n'est pas la question. Cette silhouette féminine, cachée par la pénombre, jette avec hâte une enveloppe qui tombe au sol dans sa précipitation, et s'enfuit aussi vite qu'elle n'est apparue. Surpris, je sors discrètement pour aller la récupérer, et rentre rapidement avant que le froid ne me congèle sur place.

Délicatement, j'ouvre cette enveloppe beige, qui a une légère odeur de vanille. Je lâche un rictus, car c'est exactement l'odeur d'une de mes admiratrices, Catherine. Bien qu'elle soit attirée par moi, c'est une amie qui m'est chère, même s'il est vrai que je me suis quelquefois amusé à la faire tourner en rond, histoire de la garder sous le coude, dans le cas où Emma ne voudrait pas de moi. Après tout, Catherine (alias Cathy) et mille fois mieux que toutes ces filles qui ne s'intéressent qu'à mon physique.

Je reviens à la réalité, et me demande qui a bien pu m'écrire une lettre. Ma génération est plutôt à fond sur Instagram et les réseaux sociaux, et n'a probablement jamais envoyé de lettre.

Mes yeux glissent directement vers le nom de l'auteur: Catherine.

Abassourdit, je lis attentivement cette merveilleuse lettre. Je ne pensais pas qu'elle ressentait des choses aussi intenses... Mais ce n'est pas réciproque, et je ne dois plus jouer avec elle. Jamais.

Ceci dit, sa déclaration est tellement belle, que je me dois d'y répondre correctement. A mon tour, je prends un stylo, du papier, et je réponds du mieux que je peux:

"Ma chère Cathy,

Je ne sais pas quoi répondre à tout cela,

Mis à part que je te remercie de t'être ouverte à moi,

De la plus belle manière qui soit.

Malheureusement, je pense que ce que je vais t'écrire n'est pas ce que tu veux entendre,

Cela va peut-être te surprendre,

Mais je veux être clair dès à présent:

Je t'apprécie énormément,

Comme une bonne amie, avec qui, je l'admets, je flirt parfois,

Seulement, ce n'est que pour passer le temps,

Une manière de te tenir accrochée à moi.

Sous le choc, dans mon coeur se bousculent mes sentiments,

Surpris, car je ne m'imaginais pas un instant,

Que tes sentiments puissent être aussi puissants,

Tandis que les miens se dirigeaient, lentement, sûrement,

Vers une autre personne

Qui, je pense, sera la bonne.

Mes paroles sont peut-être un peu cruelles,

Mais je ne veux qu'elle;

Ma belle inconnue au parfum mortel.

J'espère que nous pourrons rester amis,

Car c'est comme cela que je te considère.

Je ne veux pas perdre ce lien qui nous unit,

Pour cela, je pourrais remuer ciel et Terre,

Même si je peux comprendre,

Si, tes distances, tu préfères prendre.

Voilà ma réponse à ton égard,

Craintif, je frissonne à l'idée,

De croiser ton regard,

Car j'ai peur de le voir brisé,

Découvrir cette lueur éteinte dans tes yeux nacrés,

Mais je ne peux pas davantage te faire espérer.

Je te souhaite le meilleur, tout ce qu'il y a de plus beau,

Et j'espère qu'un autre homme saura, un jour

T'enlever ce fardeau

D'un amour sans retour."

Michael PAUL