Ashton

Il y a des jours où on ferait mieux de rester au lit, c’est ce que je me répète en boucle alors que je suis assis, là, sur le banc des condamnés à attendre que le juge rende sa sentence. Je ne suis pas un gentil garçon, ni un mauvais, je suis juste un mec lambda qui sait se servir de ses poings pour se défendre ou pour protéger sa famille. Un peu normal pour un gars qui boxe depuis son douzième anniversaire.

Je me souviens de ce jour où cet homme qui se trouve juste derrière moi est venu me ramasser dans la rue. J’avais la rage et je voulais me battre contre la Terre entière. Il est venu me cueillir au moment où je balançais un coup à un plus grand que moi. Sans son intervention, je sais que j’aurais pas fait long feu. J’ai eu de la chance qu’il croise ma route et ne me lâche pas. Il m’a appris à me servir de mes poings, mais aussi à canaliser toute la colère qui grognait à l’époque dans mes veines.

Je jette un coup d’œil à mon entraîneur par-dessus mon épaule. Il a le visage grave de celui qui regrette de ne pas être intervenu pour m’éviter de commettre une erreur. Je m’en veux, il ne méritait pas de souffrir par ma faute. Cet homme a été un père pour moi, lorsque le mien n’a plus su tenir son rôle.

Et voilà que je brise tous les espoirs qu’il plaçait en moi, ceux du gars qui peut s’en sortir même s’il est né dans la rue. Les miens se sont aussi envolés au moment où on m’a passé les bracelets. J’allais à la fac, merde, ce n’est pas rien ! Combien de mes potes d’enfance ont la chance de s’y rendre ? Quasiment aucun. Et tout ça, je le dois à Greg, sans lui, je n’aurais jamais obtenu une bourse sportive. Sa peine me touche en pleine poitrine. Et tout ça pour quoi ? Pour un mec qui n’a même pas daigné faire le déplacement jusqu’ici. Pour sa putain de gueule, je me suis sali les mains, je suis sur le point d’être condamné et lui n’est pas là. Va te faire foutre Liam, je te hais !

Devant le regard voilé de cet homme qui a toujours été un soutien, je ferme les yeux, avant de détourner la tête et de faire face à l’homme de loi qui vient de revenir. On nous invite à nous lever alors que l’homme en robe noire s'assoit. Mon avocat tente de me rassurer en posant sa main sur mon avant-bras. S’il savait comme je m’en fous de son geste. Je n’ai même pas vingt-et-un ans et tout ce que je vois à cet instant ce sont les futures années que je vais passer à croupir dans une cellule. Mon défenseur m’a assuré que je ne devrais pas prendre trop cher, il a juste oublié un élément dans son équation, je suis né sous une très mauvaise étoile ou plutôt du mauvais côté de la balance. La famille de celui que j’ai cogné au point de l’envoyer un bon moment à l’hôpital a les moyens de se payer les meilleurs avocats de la côte ouest des Etats-Unis et ils ne sont pas gênés pour charger mon dossier à bloc. Tous mes délits, même les plus minimes, y sont passés. Je suis un homme très dangereux qui mérite de passer un maximum de temps à l’ombre pour le bien de la société, voilà qu'elles ont été leurs conclusions en gros.

— Silence ! tonne le juge.

Sa voix autoritaire et son coup de marteau font taire aussitôt l’assemblée.

Perdu dans mes pensées, je ne m’étais même pas rendu compte du brouhaha.

— Vous pouvez vous asseoir, ajoute-t-il une fois le silence revenu.

Tous lui obéissent, même moi. Mes mains tremblent. J’admets que devant cet homme aux cheveux grisonnants, je ne fais pas mon malin. Il énonce les faits qui m’ont conduit ici, comme si je l’ignorais.

— En conséquence, monsieur Ashton Gary Davis, vous êtes condamné à vingt-quatre mois d’emprisonnement dont six mois ferme.

Des protestations s’élèvent de tous les côtés. Un regard de biais vers la partie adverse m’indique qu’elle est loin d’accepter cette sentence.

— Silence ! clame le juge en cognant à nouveau son marteau.

Plusieurs secondes sont nécessaires avant que le moindre murmure cesse.

— Monsieur Davis, vous êtes jeune, c’est pourquoi j’ai pris la décision de vous faire passer les dix-huit mois suivants en conditionnelle dans un centre équestre qui s’occupe de jeunes dans votre situation. Vous avez tout l’avenir devant vous, mettez cette expérience à profit.

Je souris au juge, même si je n’en pense pas moins. Moi, dans un centre équestre ? Je ne sais pas si je n’aurais pas préféré purger ma peine enfermé. Que vais-je aller faire au milieu des canassons ? Je n’y connais rien. Pire que ça, je n’ai jamais mis un pied à la campagne. Je vais y crever d’ennui, oui !

Mon avocat se tourne vers moi, un large sourire triomphant sur ses lèvres. Contrairement à moi, il semble très satisfait de ce qu’il doit considérer comme une victoire et vu comme les autres fulminent, je devrais aussi en être convaincu. Sauf que c’est loin d’être le cas. J’aurais peut-être mieux fait de tuer carrément ce mec pour rester moisir à l’ombre plutôt que de me retrouver au milieu de nulle part.

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Hello !

En arret maladie, je m'ennuie alors me revoilà partie pour une nouvelle histoire.

J'espère qu'elle vous plaira également.