18 Ashton
Le regard sur ses courbes exquises, un sourire satisfait au coin des lèvres, je contemple ma rouquine qui a les yeux rivés vers les étoiles. De l’index, je redessine son tatouage, placé entre ses seins. Je me demande si ce lotus en mandala avec ce rubis en son centre à une signification particulière ou bien si elle l’a fait simplement sur un coup de tête pour montrer à tous son côté rebelle. Pour ma part, chacun des miens camoufle une partie de mes blessures. J’ai fait faire le premier, un scorpion, le jour de mes quinze ans pour recouvrir une sale cicatrice que je ne supportais plus de voir en peinture. Quant au dernier, il est très récent. À ma sortie de taule, je me suis déniché un tatoueur dans la ville voisine. J’avais besoin d’extérioriser et d’encrer sur ma peau ma haine pour Liam. Tout ce que je ressens à son égard a été inscrit en hébreu sur mon pectoral droit. Avouons-le, chacun des dessins qui ornent ma peau est lié à ma famille que je déteste par-dessus tout.
Plutôt que de m’enfoncer dans de sales souvenirs, je préfère m’occuper de ma rouquine qui plane encore un peu.
Sous la course de mon doigt qui descend de plus en plus vers l’épicentre de son plaisir, la délicieuse peau de ma copine se recouvre de chair de poule. J’adore l’effet que je lui fais et j’ai bien l’intention de lui montrer combien être en elle me rend dingue. Jamais, d’aussi loin que je me souvienne, je me suis autant senti à ma place qu’en étant enfoui en elle. À elle seule, avec sa beauté époustouflante et son caractère irrésistible, elle parvient à chasser mes démons et à les maintenir très loin de moi.
— Tu n’es pas rassasié ? demande-t-elle au moment où je pince son clitoris.
Je lève la tête pour venir ancrer mon regard au sien. Ce désir irradiant dans ses yeux me donne vraiment très chaud.
— On dit bien jamais deux sans trois, je me goure ?
Après notre première fois, on a remis aussitôt le couvert. Beaucoup plus intense. Beaucoup plus bestiale. Là, tout de suite, j’ignore comment je vais m’occuper d’elle, mais ce dont je suis certain c’est qu’elle prononcera encore mon nom au moment où je la ferai décoller.
— Ash ?
Ouais, enfin, c’est ce que j’espérais jusqu’à ce que j’entende la voix de Kyle.
— Eh mec ! Je sais que vous êtes là-haut, alors descends. Ça fait un bail que Nills te cherche, mais quand je vous ai entendu, j’ai pas eu envie de vous interrompre.
Oh, putain !
— Ouais, j’arrive !
Honteuse d'avoir été surprise par mon pote, Sav planque son visage entre ses mains. Un sourire en coin s’esquisse sur mes lèvres, amusé par sa réaction. Je dépose un baiser sur son front, avant de me lever et d’aller enfiler mes fringues.
— Je vais descendre. Prends ton temps pour te rhabiller.
— Je crois que je vais rester ici jusqu’à la fin des vacances.
Je laisse échapper un éclat de rire. Qui aurait cru qu’elle puisse être aussi timide alors qu’elle est totalement l’inverse quand on est juste tous les deux ? J’adore ces deux facettes de sa personnalité. J’ai tellement de choses à découvrir sur elle. Je sais que je ne devrais pas souhaiter en apprendre davantage. Que je devrais l’éloigner de moi avant de nous blesser tous les deux. Je n’ai rien de bon à lui apporter et elle, elle finira, sans aucun doute, par m’abandonner comme tous les autres. Malgré tout, je n’ai qu’une putain d’envie, me montrer égoïste comme jamais et profiter d’elle jusqu’à ce qu’elle se casse. Je vais juste devoir me méfier, ne pas devenir encore plus accro que je ne le suis pour ne pas complètement m’y perdre.
— T’as pas à avoir honte de ce qu’on a fait. On en avait envie autant l’un que l’autre.
Quand elle fuit mon regard, une seule fraction de seconde pourtant, j’ai la trouille d’avoir très mal interprété ce qu’il vient de se passer entre nous. Qui me dit que ce n’est pas la ressemblance avec son Liam qui l’a poussée dans mes bras ? Qui me dit que ce n’est pas avec lui qu’elle voulait s’envoyer en l’air plutôt qu’avec moi ? Furax que ça puisse être le cas, je me renfrogne aussi sec. Mes démons se marrent et me rabâchent que je l’ai bien mérité, que je suis tellement minable que tous me tournent le dos.
— Ça ne va pas ? me questionne-t-elle, visiblement perturbée par mon corps qui se tend.
— Laisse tomber. Ce qu’il y a eu entre nous était super sympa, mais ça ne se répétera pas.
Ses sourcils se froncent sous l’incrédulité.
— Je ne comprends pas. T’étais prêt pour un troisième round pourtant.
— Laisse tomber. C’était une erreur. Je voulais juste te baiser pour te chasser de ma tête. C’est fait, maintenant, on passe à autre chose.
Sa réaction ne se fait pas attendre, elle bondit sur ses pieds pour venir se placer devant moi. De la pulpe des doigts, elle caresse les lignes qui décorent mon pec et ancre son regard au mien. J’ai la sale impression qu’elle tente de percer ma carapace et je déteste ça. Pour qu’elle me foute la paix, j’attrape brutalement son poignet et ramène son bras le long de son corps.
— Tu mens ! s’exclame-t-elle.
Ouais, sûrement, et alors ? Qui ne ment pas dans la vie ? Tout le monde ment. Je suis très bien placé pour le savoir. Tous ceux que j’aimais m’ont menti et m’ont fait des promesses en l’air.
— Peut-être, mais c’est pas ton problème, ok ?
Elle recule d’un pas et croise les bras sur sa sublime paire de seins. Je louche quelques secondes dessus et salive comme un crétin.
— Dans la mesure où ça me concerne, c’est aussi mon problème. Est-ce que tu peux au moins me dire ce que j’ai fait pour que tu te renfermes comme ça ?
Surpris par le son de sa voix, je relève la tête. Son foutu regard me harponne et je ne parviens plus à m’en détacher. Tous mes neurones se déconnectent d’un seul coup et mon attirance pour elle se retrouve seule maître à bord. Sans qu’elle ne s’y attende, j’enroule mon bras autour de sa taille pour l’attirer contre moi. Qu’est-ce que je suis en train de foutre ? Aucune idée, la seule chose dont j’ai conscience, c’est que son corps contre le mien m’apaise. Je pourrais rester des heures et des heures à la tenir contre moi, si Kyle ne s’impatientait pas en bas. J’approche mes lèvres des siennes, sans toutefois les toucher. On reste ainsi plusieurs secondes, en silence, les yeux dans les yeux. Puis, elle franchit la frontière que je nous suis imposée et m’embrasse avec une douceur enivrante.
— Désolé, murmuré-je tout contre ses lèvres.
— Je ne sais pas ce que tu caches, Ashton Davis, mais j’ai bien l’intention de découvrir tous tes secrets.
À ses mots, mon cœur palpite. J’ai à la fois la trouille que ce qu’elle découvre la fasse fuir et en même temps, je suis heureux que quelqu’un s’intéresse enfin à moi. J’ai des potes, c’est clair, mais aucun d’eux n’a pris la peine de me découvrir en profondeur. Seul mon ancien entraîneur sait qui je suis, mais lui aussi n’a pas daigné prendre de mes nouvelles depuis que je suis ici. À croire que je ne compte pour personne. Mais suis-je prêt à me dévoiler devant elle ? Non, elle n’a pas besoin de découvrir toutes mes failles. Elle n’a pas besoin de savoir que je voue une haine féroce à mon frère, ce salopard qui a préféré se tenir loin de moi plutôt que de me soutenir au moment où j’avais le plus besoin de lui. L'unique fois où je lui ai demandé d’être là pour moi. C’est un coup de trop que je me suis pris dans la gueule pour lui. Un coup qui m’a mis K.O. au milieu du ring.
— À quoi tu penses ?
— À notre prochaine baise, mens-je en collant son corps un peu plus près du mien pour lui montrer l’effet qu’elle a sur moi, comme chaque fois que je pose les yeux sur elle ou que je la tiens contre moi.
— Je croyais que tu ne voulais plus que ça se reproduise.
— Et je t’ai aussi dit que je ne bandais que pour toi.
Son regard accroche le mien et un sourire irrésistible illumine son regard. Ma bouche se scelle à la sienne et je l’embrasse comme si c’était la dernière fois.
— Bon, vieux, tu rappliques ou je monte ! Et j’en ai rien a foutre si vous êtes en train de vous envoyez en l’air ! s’impatiente Kyle.
Nouveaux sourires autant sur les lèvres de ma rouquine que sur les miennes. La bulle qui nous enveloppe me donne la sensation qu’ici plus rien ne peut m’atteindre. C’est juste elle et moi contre le reste du monde. Elle et moi contre mes foutus démons.
— On se retrouve dehors ? demandé-je.
Elle hoche la tête sans se départir de son sourire qui me retourne le cerveau. Je crois que je suis grave atteint et ce n’est pas forcément une bonne chose. Je ne la laisserai pas partir, cependant j’ai conscience qu’elle va devoir lutter contre des choses qui la dépassent, contre mon foutu caractère qui fait presque de moi un bipolaire. Je me connais suffisamment pour savoir que je vais souffler le chaud et le froid avec elle, que par crainte qu’elle me tourne elle aussi le dos, je vais sans cesse lutter contre ce que je ressens. Elle risque d’en souffrir, même si ce n’est pas ce que je désire. Elle a bien assez douillé pour que j’en rajoute une couche. C’est pour cette raison que j’ai tout fait pour ne jamais sortir avec une fille qui me plaisait un peu trop. Je ne peux pas être amoureux, je n’en ai pas le droit. Avec Sav, c’est pourtant différent, c’est tellement plus fort que tout ce que j’ai ressenti jusqu’à présent. Elle hante mes nuits et mes journées. Elle s’est implantée sous mon crâne et y reste en permanence. La voir près d’un autre mec me file la gerbe et s’il a le malheur de la toucher, ça me donne envie de lui exploser la gueule. Je veux qu’elle soit à moi et juste à moi. Que personne d’autre que moi puisse lui faire toucher les étoiles. Que je sois le seul nom sur le bout de sa langue. Je tiens à lui faire oublier son ex, lui prouver qu’il y a des gars bien sur Terre. Mais en suis-je seulement capable ?
C’est dans cet état d’esprit que je rejoins mon pote. Il m’accueille un sourire goguenard sur les lèvres.
— Alors, elle est aussi bonne que t’espérais ?
Ouais, même beaucoup plus.
Je garde, toutefois, ses paroles pour moi. Seul un sourire à la con, alors que je repense à nos deux fois, lui répond.
— Que me voulait Nills ?
Changer de sujet pour botter en touche, ça a toujours fonctionné.
— Il était étonné de ne pas te voir à ton poste. Il m’a ordonné d’aller te chercher. Quand je vous ai entendu, je suis allé le voir et je lui ai dit que Sav avait fait un malaise. Il voulait aller la voir, mais je lui ai dit que ce n’était pas la peine, que tu t’en occupais très bien.
À son expression, je sais qu’il se fout clairement de ma tronche. Je ne m’en offusque pas, dans un sens, il a raison, je me suis très bien occupée d’elle.
— Mais, là, il est revenu à la charge. Ça fait plus d’une heure que tu t’es barré et il commençait vraiment à s’inquiéter pour la rouquine.
Je déteste quand il l’appelle ainsi. Je voudrais garder ce surnom juste pour moi.
— D’accord. Je vais aller le voir et lui dire que tout va bien, qu’elle se repose encore un peu.
Il hoche la tête pour me soutenir dans mon idée,
Pendant qu’on se dirige vers la fête, Kyle tente de revenir à la charge avec ce qui s’est passé entre Sav et moi. Le bras autour de ses épaules, le regard noir, je lui laisse capter que je n’ai aucune envie d’en causer.
— Ce qu’il y a entre elle et moi ne regarde personne. Alors, tu sais quoi ? Tu vas oublier très vite que tu nous a entendus sinon je risque de te remettre à ta place, pote ou pas, compris ?
Il opine de la caboche, puis reste un long moment silencieux.
D’un coup, il s’arrête pour venir me faire face.
— Juste une question et je te fous la paix avec ça. T’as pensé à ton frangin quand tu l’as baisée ? Tu nous a dit que c’était sa copine.
— J’ai menti. Je voulais juste la garder pour moi, mais j’étais avec Harper. Je ne voulais pas que vous vous doutiez que j’étais attiré par elle.
— Mouais, fait-il dubitatif comme s’il ne me croyait pas sur toute la ligne. Je peux admettre que tu voulais la garder pour toi, vu que tu la kiffes grave, mais je suis certain qu’il y a un truc entre elle et ton frangin sinon tu nous aurais pas balancé un tel bobard.
Sa perspicacité me cloue sur place. Je reste plusieurs secondes figé à me demander ce que je peux lui sortir. Déjà, il faudrait que je comprenne moi-même ce qu’il y a entre elle et son Liam. Et est-ce vraiment mon frangin ?
Putain de merde ! Je n’ai pas envie de laisser mes démons à nouveau s'emparer de moi et si je pense à lui, ce sera inévitable.
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