Atem s’enfonça dans une étrange oasis. Il entendit un bruit suspect et posa sa main sur le pommeau de son épée, prêt à la dégainer. Il avança et découvrit un nouvel environnement. En tant que Pharaon, il ne devrait pas traîner dans ce genre d’endroits. Mais en tant qu’humain, il n’était pas insensible à la beauté de la flore environnante. Il continuait son chemin jusqu’à faire une bien étrange rencontre. Une jeune femme sauta devant lui. Elle devait être sur une branche avant. Il n’avait jamais vu une femme semblable à elle. Après tout, ses autres épouses – épouses protocolaires – sont toutes égyptiennes. Elles ont donc une peau naturellement tannée par le soleil. Ce qui n’est pas le cas de celle qu’il avait en face de lui. Sa peau était laiteuse, ses yeux, aussi bleus que le ciel, manquaient de lumière. Elle était vêtue d’une robe assez singulière. Le bas était fendu et laissé voir ses jambes fines et blanches. La robe avait un décolleté assez plongeant. La robe avait une pièce que Pharaon ne connaissait pas. Ca semblait rigide, ça modelait et amincissait la taille de la jeune femme ainsi que de maintenir sa poitrine. Ses longs cheveux dorés étaient ondulés et volaient au grès du vent.

- Qui êtes vous ? lui demanda-t-elle, ne le regardant pas dans les yeux.

- Je suis le Pharaon d’Egypte. Et toi ? Qui-es tu ? l’interrogea-t-il.

- Je m’appelle Geb.

- Geb ? Mais c’est un nom masculin.

- Et donc ? Est-ce que cela vous dérange, Majesté ?

- Non, non. Geb… Que fait tu ici ?

- Je me cache de votre monde qui n’accepte pas les gens tel que moi.

- Comment cela ?

- Il y a de cela bien longtemps que j’ai perdu l’usage de la vue. Je suis aveugle, Pharaon. Et le monde où vous êtes entré n’est pas le vôtre.

- Si tu es aveugle, comment fait tu pour te repèrer ?

- Je connais chaque recoin de cette oasis. Elle me guide dans chacun de mes pas. Elle ne m’a pas laissé tomber. Elle est toujours avec moi. Elle est moi. Je suis elle. Nous ne faisons qu’un.

- N’est-ce pas un poids, par moment ?

- Je ne sais pas. Je pense que ça peut-être un fardeau… Mais je n’ai jamais consideré les choses comme ça.

Atem ne pouvait que se taire et écouter ce que Geb disait. Elle respectait l’oasis car c’est grâce à elle qu’elle n’est pas encore morte. Il ne savait pas pourquoi mais il ressentait un étrange sentiment pour elle. Le vent fit voler les cheveux blonds de Geb. Elle inspira, sa poitrine monta à chaque respiration. La blonde semblait si paisible.

- Mais, Pharaon, que faites-vous ici ? Si loin de votre palais et de votre Reine ?

- Je me suis perdu alors que je pourchassais un voleur. Mon cheval avait besoin de repos alors je me suis arrêté un instant puis votre oasis nous est apparu.

- Elle doit vous avoir jugé digne de rentrer. Que voulez-vous ?

- Rien. Je souhaite juste arrêter ce voleur.

- Vous aurez besoin de mon aide.

- Quoi ? Non ! Ici, tu es en sécurité et tu vois.

- Je suis aveugle mais pas idiote. Vous avez besoin de moi autant que j’ai besoin de vous.

- Besoin de moi ? questionna-t-il.

Geb sourit et se mit face à lui. Elle posa ses mains sur ses pectoraux, se mit sur la pointe des pieds et l’embrassa avec douceur.

- Peut-être que je pourrais voir avec vos yeux. Si vous me le permettez, continua-t-elle en fermant les yeux, Atem.

L’entendre dire son nom sonnait comme irréel. Elle l’avait dit dans un souffle presque imperceptible et pourtant, elle l’avait dit. Pharaon rougit et enlaça Geb dans ses bras.

- Je te permet de voir avec mes yeux, Geb.

Elle sourit, se mordit la lèvre et prit la main café de Pharaon. Elle entrelaça leurs doigts et une douce brise chaude et parfumée les entoura.

- Il est temps d’y aller…

Geb prit une branche d’un arbre qui était tombée et s’appuya dessus pour savoir où se trouvaient les obstacles. Atem prit la main blanche de son aimée et, ensemble, ils sortirent de l’oasis, comptant l’un sur l’autre.