Chapitre 1 Première rencontre

15 minutes de lecture

Vendredi 1er Novembre 2016.

Aéroport Charles de Gaulles, Paris.

 Maïleen ayant abusé des shots de téquila pour fêter la grande nouvelle, ne tenait plus sur ses jambes en arrivant l'aéroport.

 Yvan l'avait extirpé du taxi comme il avait pu. Incapable d'en sortir seule, elle-même. L'écrivaine en herbe avait essayé de lui dire à quel point elle était désolée mais la seule chose sortie de sa bouche à l'aube de cette nuit-là fut un mélange de tartelette aux myrtilles et d'un reste de sandwich au bacon qu'elle s'était enfilé deux heures plus tôt, sur le superbe costume trois pièces de son sbire du moment. Le tout, imbibé de deux ou trois coupes de Champagne et d'un nombre incalculable de verres de cette célèbre boisson alcoolisée à base d'agave bleue enfilés au gala au cours duquel un discours élogieux lui avait été accordé pour son accomplissement littéraire.

                       *

 Maïleen Garcia avait trente-trois ans, mais était avant tout la maman de deux garçons, Isaac et Mathéo. Elle s'était adonnée à sa passion disparue depuis de nombreuses années, lors de sa dernière grossesse, il y avait presque deux ans déjà. Un arrêt maladie prématuré l'avait décidé. Elle écrirait un livre. Un roman. Elle avait toujours voulu écrire. Mais la vraie vie n'était pas un conte de fée. A peine sortie du travail, en maman presque modèle, elle se devait de récupérer ses gamins, à la sortie de l'école pour l'un, et chez la nourrice pour l'autre, puis venait l'heure des bains précédents le diner pour finir par border ses adorables bambins. Généralement, les heures qui suivaient, cette maman avaient le temps pour faire une ou deux machines de linges sales, parfois même l'opportunité de les étendre et ranger un peu le capharnaüm que ses tendres mouflets avaient eu le temps de faire entre deux dessins animés, plongeant ainsi le salon, en salle de jeux faisant jalouser à coup sûr les adaptes de Funspot. Après une bière bien fraiche, elle s'installait devant un film préalablement choisi avec soin. Ce moment signait le triomphe d'une journée bien remplie. Malheureusement et de façon presque systématique, après les cinq premières minutes de la fiction, Maïleen s'endormait sur le canapé tel un lamantin échoué près d'un marais côtier.

 Infirmière de carrière depuis une dizaine d'années, elle était de celle qui prenait son métier à cœur. Son boulot lui procurait une gratification certaine. Prendre soin des autres était une réelle vocation. Cependant, l'écriture avait toujours fait partie d'elle d'aussi loin qu'elle se souvenait. Cela, elle le devait à son père, piètre reporteur du journal local dans la petite campagne où elle avait grandi durant ses quinze premières années. A cinq ans, elle campait sur les épaules de son père durant les tous les matchs de football des environs. Lors de sa huitième année, elle décidait de suivre les pas de son géniteur pour devenir rédactrice en chef d'un magasine célèbre et ne le quittait plus d'une semelle. Elle avait apprit à taper sur une machine à écrire dès son plus jeune âge, si bien, qu'à dix ans, elle était devenue une dactylo totalement aguerrie. Son père lui avait offert, à l'époque le cadeau le plus précieux qui soit, l'iconique machine des futurs promus Goncourt ou Renaudot, la Brother 210, couleur orange très funky pour l'époque et où les clappements des frappes pouvaient prétendre faire de l'ombre aux concerts de Nirvana. Dès ses premières écritures, ses parents l'avait inscrite à de nombreux concours pour lesquels elle ne rougissait pas et parvenait presque à chaque fois à obtenir le premier prix. Mais le jour de ses seize ans, elle arrêta brutalement. Quelque chose s'était brisé en elle, et avec elle, tous ses rêves. Quelques années plus tard, sa mère se heurta à la franchise incisive de sa fille et lui demanda les raisons de l'abandon soudaine de sa passion. Maïleen lui avait répondu que la vie était parfois faite d'évènements profondément acerbes, ainsi, elle ne vous laisse plus vraiment d'autres alternatives que de s'éloigner de ses ambitions idéologiques. Soigner les autres pour se soigner soi-même lui avait paru un bon compromis.

 Et puis, le jour de ses trente-deux ans, s'était réveillée la furieuse envie de tapoter sur un clavier. Les machines à écrire n'étant plus en vogue et remplacées par des claviers d'ordinateur, elle s'était offert un Mac devant lequel, elle était restée une bonne heure avant d'écrire ses premiers mots : Trahison paternelle.

 Elle avait bouclé son roman en à peine deux mois. Portant sur son vécu personnel à travers une héroïne correspondant en tout point à sa personne, elle retraçait, les évènements et les sentiments vécus durant son adolescence. Dès le point final de cette aventure littéraire, les sentiments de plénitude et d'accomplissement s'étaient mêlés au soulagement d'un parcours ombrageux qu'elle portait depuis bien trop longtemps.

 Durant des semaines, elle lut et relut un nombre incalculable de fois son opus. Malgré une certaine satisfaction personnelle, la belle brune à la crinière illuminée de mèches dorées avait toujours un mot, une phrase, ou une page à modifier. Enfin, un matin, à l'aide de ses dix doigts et un soupçon de courage, elle s'était décidée à envoyer son ouvrage à une maison d'édition portant un nom assez original, le nom de la chèvre qui allaitait, du millésime des abeilles, Zeus dans son enfance. C'était pour cette seule raison, que Maïleen leur avait envoyé, trouvant l'idée fun.

 Le treize Septembre 2015, vers dix-sept heures trente, alors qu'elle courait un marathon endiablé après ses deux garçons à travers l'appartement de soixante-dix mètres carrés pour leur donner leurs bains, son téléphone sonna. Un certain Yves Matton, se présentant comme éditeur en chef lui demandait ses disponibilités dans les semaines avenirs.

Il fallait l'avouer, Maïleen avait fait pipi dans sa culotte. Très rapidement le rendez-vous fut fixé et, après quelques mois et quelques dizaines de modifications littéraires, son roman allait être publié par l'enseigne et deviendrait le plus grand succès littéraire de l'année.

                       *

 Yvan avait installé sa collaboratrice comme il avait pu sur un des sièges en plastique vert canard de la salle d'attente du vol AF 0076 en partance de Paris pour Los Angeles.

 Maïleen, avachie entre deux assises, peinait à tenir ses paupières ouvertes et sa boite crânienne s'adonnait à un concert de clairons. Elle s'assit avec toute la peine du monde laissant le dossier du fauteuil lui lacérait le dos. Elle aurait voulu avaler une boite d'antalgiques codéinés. Elle balaya les environs pour en quémander à son agent mais après un bref état des lieux, elle s'aperçut qu'elle était seule.

C'est à ce moment là qu'elle croisa son regard pour la première fois.

 Il était debout adossé à l' immense baie vitrée. Lorsque les yeux du beau ténébreux s'entremêlèrent aux siens, il se retourna soudainement préférant observer les pistes d'atterrissage illuminées dans la pénombre de la nuit. En le scrutant des pieds à la tête, la romancière perdit son équilibre et retombait avec une nonchalance semblable à une otarie atteignant sa berge glacée. Puis, dans un élan de vivacité s'adonnant à celui de la dernière chance, elle entrouvrit à nouveau ses pépites chartreuses pour apercevoir ce colosse d'au moins un mètre quatre-vingt-dix et finit par s'évanouir à nouveau dans les bras de Morphée.

 Précipitée dans un coma alcoolisé durant plusieurs heures, au réveil de la belle au bois dormant, l'aube se dessinait d'un drapé orange corail. Le gaillard était toujours là, à la même place.

 Yvan était revenu. Moitié assis, moitié allongé sur un des sièges et il ronflait la bouche grande ouverte. Ses ronflements raisonnaient dans la salle abandonnée. Les sons s'extirpaient du fond de sa glotte. Même si elle savait que les abus de la veille y étaient pour quelque chose, le concert qu'Yvan donnait au petit matin ressemblait plus à un hennissement de cheval qu'à autre chose qui plus est, en rythme. Cela n'allait pas tardé à rendre Maïleen totalement irascible.

 Après quelques minutes à émerger tant bien que mal, la belle s'était levée pour aller prendre une bouffée d'air frais à l'une des fenêtres entrebâillées.

— Un café?

 On venait de lui susurrer quelque chose à l'oreille. Se retournant si hâtivement vers son interlocuteur, elle fut prise de vertiges et un instant plus tard, se retrouvait au sol.

— Bah alors! Je savais que je faisais de l'effet à la gente féminine mais pas à ce point là? Si? se moquait allègrement le beau brun.

— Non mais attendez! Vous vous foutez de moi en plus! C'est de votre faute si j'ai perdu l'équilibre. Depuis quand des étrangers se parlent en murmurant à l'oreille d'autres personnes?

— Mouais… et depuis quand les murmures font trébucher? La soirée manifestement trop arrosée de la veille n'y est pour rien bien sûr?

La fierté du petit bout de femme d'un mètre cinquante-cinq en avait prit un coup. Et d'un coup, elle se sentie la nausée montait et elle menaçait d'aller chercher ses grands frères. Un marteau piqueur lui tambourinait littéralement le crâne. Epuisée, elle puisa dans ses dernières forces pour relever la tête et plonger son regard saillant dans celui de son assaillant.

— Laisses-moi t'aider un peu, attrapes ma main, ironisa t-il avec un petit sourire révélant de coquettes fossettes.

 Comme pour l'ignorer, Maïleen glissait sa main sur le bord de la fenêtre pour prendre appui. En vain. Elle se résignait donc à prendre sa main. De toute façon elle ne pouvait pas être plus bas. Littéralement et physiquement parlant. Il l'empoigna avec une telle vivacité qu'il s'étaient retrouvés accolés, seuls leurs habits respectifs les séparer d'un corps à corps enflammé.

 Ce corps à corps fut très long. Aucun des deux protagonistes ne bougeaient. Alors que la brunette bataillait pour retrouver une once de stabilité, le bellâtre se dégagea suffisamment pour qu'elle puisse voir réellement son visage. Un visage qui lui parlait, mais dont elle ne savait où. Et peu lui importait au final, elle était claquée, souffrait et pour couronner le tout, l'énergumène qui lui faisait face se foutait de sa gueule.

— Mon offre tient toujours.

Maïleen le regardait niaisement. Pourquoi donc cet étranger lui proposait-il un café?

— Vous faites le même numéro à toutes les femmes que vous croisez ou c'est pour vous faire pardonner du comportement abjecte que vous avez eu envers moi?

— Euh non. Je pense juste que t'en as grand besoin!

— Et bah dis-donc mon grand, maintenant on a élevé les dindes et les cochons ensemble. On s'tutoie direct! Au cas où t'aurais pas remarqué, j'suis plus vieille que toi gamin, tu me dois le respect avant tout! Tu tutoies pas avant qu'on t'y es invité. Ta mère t'a jamais appris les bonnes manières?

— Ma mère ne m'a jamais rien appris surtout, rétorqua t-il l'air abattu.

 Maïleen sentit de nouveau la nausée prendre le dessus. Mais là ,c'était parce qu'elle avait merdé. Ses paroles lui avaient, une fois de plus, fait défaut. Elle avait pénétré dans la sphère émotionnelle de ce beau parleur en l'égratignant son vécu intime au passage.

— Excuses-moi. Mes paroles sont allées au-delà de ma pensée. Tu m'offres gentiment un café et je t'agresse en retour.

Le jeune homme faisait la moue.

— Bon aller, c'est moi qui te l'offre ce café!

Il retrouva alors ses jolies fossettes.

— Et ton mari?

 Le regard candide laissait transparaitre son incompréhension. Les idées encore embrumées, la jeune romancière se demandait bien pourquoi cet étranger parler de Sam, son cher et tendre, avant de comprendre lorsqu' il pointa son menton en direction d'Yvan.

— C'est pas mon mari! C'est mon attaché de presse Yvan.

— Ah, d'accord. Et tu veux pas l'attendre ton attaché?

 Maïleen observa le tableau d'affichage des départs et arrivées. Il était 6h46. Leur vol pour L.A n'était pas avant encore une bonne heure. Au vu de la soirée qu'elle avait fait subir à Yvan, comment ne pourrait-elle pas le laisser se reposer encore un peu? Certaines brides de la veille lui revenaient en tête et, il fallait l'avouer, elles ne faisaient pas parties de ses meilleurs souvenirs.

— C'est parti pour deux cafés, clama t-elle en se dirigeant vers l'escalator.

 A cette heure crépusculaire, peu de monde naviguait dans l'aéroport. Ils s'installèrent à la première cafétéria en vue. Le store était à peine levé et la lumière intérieure laissait deviner qu'un nombre limité de clients était autorisé à y pénétrer. Aussi clandestinement que possible.

 Alors que Maïleen s'avachissait sur le premier fauteuil, le bel inconnu s'engouffrait au travers de la porte de fer pour en ressortir quelques instants plus tard avec deux grands cafés.

— Je ne sais pas ce que tu prends, alors j'ai demandé la totale, sucre et crème.

— Merci.

 Alors qu'elle prenait son arabica entre mes mains, elle sentait son regard insistant, bu une gorgée qui lui brula littéralement la gorge. Levant les yeux vers son invité, elle lui souriais bêtement.

— Comment t'appelles tu?

— Liam.

— Maïleen.

— Et bien, enchanté Maïleen.

— Tu as un léger accent. D'où viens-tu?

— D'Australie, mais je vis à Los Angeles. D'ailleurs je rentre.

— Je vais aussi à Los Angeles. Tu es venu à Paris pour le travail ?

— Pas vraiment, répondit-il avec son sourire enjoliveur.

 La trentenaire s'offrit une deuxième gorgée de café qui lui lacéra radicalement la trachée.

— Et toi? Que viens-tu faire à L.A.?

— Le travail. Je suis romancière, je me rends au concours L.A.Story. J 'ai été sélectionnée parmi plusieurs auteurs pour le concours littéraire mondial.

— Première fois aux States?

— En effet.

 Il souriait. Son regard était doux. Si jeune et lumineux. Il portait un parka en cuir beige, court, en dessous, une chemise blanche éclatante très échancrée laissant deviner une chaine en argent dotée d' un pendentif. En le suivant dans ce café, Maïleen ne s'était pas privée d'observer ses belles courbes fessières dans son jean délavé très bien taillé.

— Et bien les félicitations sont à l'honneur on dirait, poursuivit-il. Et quel genre de roman as-tu écrit?

— Dramatique.

— Tu es mariée?

— Tout comme.

 Maïleen, visiblement déstabilisée par cette dernière question plus qu'intrusive par un étranger, enchaina en bredouillant légèrement.

— Et donc tu te rends à L.A. pour le boulot?

— Dans le mille.

— T'es pas très loquace comme mec.

Il se mit à éclater de rire.

— J'offrais seulement un café à la base, ce n'était pas une invitation à la discussion, surtout de si bon matin!

La romancière se sentit vexée mais esquissa un large sourire poli pour donner le change.

— Les jeunes. La politesse ne fait vraiment plus partie de vos priorités, murmura t-elle en finissant sa boisson.

Liam avait attraper son Smartphone dans une de ses poches arrières. Il semblait contrarier.

— Un souci? lui balança t-elle.

Il hocha la tête en signe d'acquiescement.

— Je n'ai pas été retenu pour un rôle.

— Un acteur! Ah oui, maintenant que tu le dis, tu as le profil. Grand, beau et magnifiquement prétentieux, un délayage parfait!

— Ecoutes, merci pour le café! A une prochaine. Ou pas!

Le beau brun s'extirpa de son fauteuil visiblement froissé par cette dernière remarque.

— Ne prends pas la mouche comme ça beau gosse! T'as choisi un métier où des remarques dans ce genre tu en prendras durant toute ta carrière, alors il faut t'y faire!

— Peut-être mais certainement pas de la part d'une nana à la trentaine bien tassée, incapable de se tenir après avoir bu deux verres qui, s'ennuyant dans sa petite province entre son mari à la bedaine bedonnante et ses marmots détestables, pour passer l'ennui et oublier sa vie tristement affligeante, écrit un navet pitoyable faisant peu de concurrence aux collections Harlequin!

Maïleen rougit de colère mais restait stoïque devant tant de mépris. Elle voulut en découdre avec cet individu condescendant mais il était déjà loin.

Quel goujat prétentieux impertinent de surcroit! avait-elle pensé.

Au moment où elle se retournait, elle vit Yvan visiblement soulagé de l'avoir retrouver.

— Je te retrouve enfin Maï, souffla t-il en l'obligeant à une accolade fraternelle.

— J'suis venue prendre un café histoire de décuver un peu.

                       *

 Elle avait rencontré Yvan chez son éditeur le jour de l'avant première de la sortie de son livre. Yvan et son éditeur étaient amis de longue date. Il l'avait alors salué et beaucoup trop complimenté sur son roman. Il était tellement enthousiasme que lorsqu'il lui avait proposé ses services, Maïleen s'était sentie obligée d'accepter. Elle n'avait jamais regretté, Yvan faisait un excellent boulot de communication. Il était réservé mais efficace. Du peu que qu'elle le connaissait, elle avait comprit qu'il n'était pas homme à femme. Restant toujours évasif sur sa vie privée , ce quinquagénaire se montrait toujours impeccablement apprêté. Si le proverbe disait que l'habit ne fait pas le moine, c'était la devise solennelle d'Yvan: "Le plat de devant donne toujours la première impression aux lecteurs. il en est de même pour nous, alors apprêtons-nous de la meilleure façon qu'il soit!".

 Il avait d'ailleurs suggéré avec délicatesse, à sa pouliche de revoir un peu ses basiques vestimentaires afin de troquer ses infernales tenues incluant irrémédiablement un denim, de vieilles baskets et un tee-shirt délavé par une garde-robe plus féminine. Au départ, la maman au caractère obstiné avait catégoriquement refusé jusqu'à lors d'une petite séance de signature au sein d'une des librairies de sa ville, une lectrice lui fasse une remarque désobligeante sur son look d'ado attardée.

 Elle avait alors concédé Yvan de la relooker. Ils avaient prit une journée entière pour faire les boutiques les plus en vogues de la capitale. C'était un investissement coûteux, mais son ainé lui avait promis que cela serait payant. Après quelques heures entre les mains d'un dieu de la coiffure et quelques coups de crayons sur le visage par la maquilleuse professionnelle du salon, la chenille s'était transformée en un véritable Hamadryas bleu. Elle était belle. Avec ses airs de femme fragile aux joues rebondies et tachetées de petites éphélides, la romancière portait avec élégance ses quelques kilos en trop de ses grossesses passées. Son visage était harmonieux. Ses yeux amandes trop souvent cachés par la longueur de sa frange, Yvan les avait découvert lors de l'élaboration du dégradé long effilé. Le relooking terminé, ce dernier prit alors conscience du potentiel sex-appeal de son écrivaine favorite et comptait bien rentabiliser son investissement professionnel.

 Professionnel jusqu'au bout des ongles, il lui avait décroché plusieurs interviews sur des chaines locales dans un premier temps puis le succès montant, Maïleen avait accepté d'être interviewer au grand journal de vingt heures. Pour conclure cette ascension fulgurante, le mois dernier elle était en une de couverture magazine avec en prime un article élogieux de la part du Mag littéraire, une référence en France.

 Yvan lui avait annoncé qu'elle était également pressentie pour devenir la personnalité la plus influente de l'année. Une star en herbe était née. Mais la brunette gardait la tête froide. Ce succès, qu'elle ne devait qu'à elle-même et à son partenaire littéraire, n'était qu'éphémère. Il disparaitrait aussi vite qu'il était arrivé.

 Grâce à une de ses connaissances, Yvan avait réussi à inscrire son auteure sur la liste des invités prestigieux du Grand concours annuel L.A.Story. D'ailleurs, ce concours étant très prisé et surtout privé, Maïleen s'était interrogée sur les relations qu'entretenaient Yvan avec ce confrère. Mais cela ne la regardait pas.

                       *

 Le bout de femme sentait le regard insistant d'Yvan. Il avait quelque chose à dire. Mais Maïleen n'avait pas envie de parler. Yvan l'avait très vite cerné et la connaissait (presque) comme sa poche, comme il s'amusait à le dire. Il savait que ce n'était pas moment à conversation mais tenta quand même.

— Tu connais ce type?

— C'est personne Yvan.

— Personne?

— Bon. Si ça peut te faire plaisir, c'est un grand con prétentieux!

— Tu sais quand même qui il est?

 Elle le fixait du regard, sidérée de ce questionnement obstiné. Non Yvan, elle ne le connaissait pas et s'en foutait! Après une longue inspiration, voyant son ami l'air déprimé, elle dénia poursuivre la conversation.

— Alors? Qui c'est d'après toi?

— Liam Yams.

— Et ça devrait me dire quelque chose?

— Faut vraiment que l'on revoit ta culture cinématographique Maïleen! C'est un jeune acteur. Prometteur ce garçon. Il a tourné dans Le Ring d'Omar Janson. Il a même était nommé aux oscars pour ce film.

 La chanson d'Alicia Keys "If I Ain't got you" raisonnait dans l'aéroport. 5h06. Nous allions pouvoir embarquer dans quelques minutes. Maïleen se retournait afin de revoir ce visage familier que qu'elle avait connu finalement, dans un film il y a quelques temps. Mais Liam avait disparu.

Annotations

Vous aimez lire Maïleen Champset ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0