Chapitre 3 L'impensable
Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.
Albert Einstein
Débarquant dans l'aéroport de L.A, Yvan les avait rejoint. Il s'était présenté à Liam avec une grande modestie. Maïleen était encadrée par ses deux acolytes et heureusement, car elle aurait été incapable de retrouver son sac de voyage.
Alors qu'ils descendaient les escalators pour récupérer leurs bagages, un mutisme général, étouffant envahit les lieux. Une première détonation résonna. Des regards inquiets s'échangeaient entre étrangers. Un silence de mort régnait. Une seconde plus tard, un éclat retentit de nouveau forçant, par esprit de survie, à s'accroupir pour les uns, se plaquer aux sols pour d'autres. Certains restaient pétrifié rien qu'en effleurant l'idée de ce qu'il pouvait être en train de se passer.
Tout à coup, des cris émanant de la gauche du trio faisaient échos dans l'immense espace. Ces hurlements déchirants laissaient place à une vague humaine en panique. Maïleen fut bousculée et perdit l'équilibre. Elle tomba à terre. Sa tête heurta quelque chose de dur et froid.
Devenue sourde, elle était abasourdie par la douleur vive qui lui traversait le crâne. Peinant à se relever, elle vit ces images qui la hanteront pour le reste de sa vie. La terreur sur les visages. Elle savait ce qui se passer. Et n'avait qu'une pensée : Sam et les enfants.
On empoigna son bras gauche si violemment qu'elle en oublia sa douleur à la tête. Elle fut trainée sur quelques mètres puis, on la porta, à moitié dans les vapes. Elle sentit un doux parfum masculin.
C'était Liam, à bout de souffle. Ses bras tremblants la soulevaient et la faisait se blottir contre sa poitrine. Sur le point de perdre connaissance, elle sentait le cœur de son sauveur, battant la chamade, si fort. Intensément fort.
Après quelques minutes elle reprit ses esprits, Liam essuyait sa blessure à la tête avec sa chemise blanche.
La sirène d'alerte terroriste faisait trembler les murs de la petite pièce où il les avait confiné. C'était un débarras. Il y faisait sombre. Une petite lucarne laissait passer la lumière du néon de la pièce voisine
— Tu te sens comment?
— Qu'est ce qu'il se passe?
— C'est une alerte terroriste. Il y a eut des coups de feu. Beaucoup de coups de feu…
— Où est Yvan?
— Je ne sais pas. Je ne l'ai pas vu. Quand on descendait l'escalator, je te regardais et je t'ai vu tombé. Tu t'es violemment cognée la tête contre le montant en fer de la porte de sécurité quand un homme y a pénétré précipitamment, surement effrayé par les cris.
Elle voulu porter sa main à sa blessure mais son bras était paralysé. La pièce était ensanglantée.
— C'est moi?
— Oui. Tu as besoin d'aller à l'hôpital. Mais pour le moment, on va attendre les secours.
— On va mourir Liam? lui murmura t-elle fébrilement.
Il ne répondit pas mais ses yeux le trahissaient. On pouvait y lire la peur.
— Il n'y a plus de coup de feu depuis dix bonnes minutes. C'est surement bon signe.
A moitié nu, il enveloppa Maïleen dans son blouson en cuir et la serra dans ses bras. Un court instant, elle s'était sentie en sécurité.
Après presque une bonne heure dans cette pièce froide, ils entendirent des pas fermes à proximité. Et à chacun de ces pas, le cœur de Maïleen bondissait. Des ombres apparaissaient soudainement par la petite lucarne. Chacun des bruits, faisait naitre un effroi épouvantable en eux et la jeune femme ne pouvait en faire autrement que de glisser son visage dans le blouson de Liam à chacun d'eux en retenant sa respiration. Elle avait noté que son cœur n'avait jamais cesser de battre ardemment.
Un agent de sécurité les trouva. Il leur avait expliqué que la situation était sous contrôle. Maïleen avait beaucoup pleuré ensuite. Cet homme avait accompagné, ceux qu'il avait prit pour un couple, dans une grande pièce où plus d'une centaine de voyageurs attendaient, submergés d'émotions. Beaucoup étaient effondrés. D'autres restaient recroquevillés dans leur coin. Comme tétanisés. Certains tentaient de joindre leurs proches par téléphone.
Une fillette cherchait son papa.
Maïleen, épuisée par les évènements, ne parvenait plus à dire un mot. Elle cogitait, de façon aléatoire, ses pensées fuselaient son esprit. Isaac, Tim, Sam. Sam avait-il connaissance de se qu'il se passait ici? Certainement. Il devait paniquer. Il devait essayer de me joindre. Les médias américains avaient probablement interrompus tous leurs programmes télés pour avertir la population du monde entier. Où est Yvan? Cette petite fille, faudrait peut-être que je l'aide. Cette femme en pleurs a besoin de réconfort. Sam. Et Yvan. Et Liam. Liam est là. Sam n'est pas là. Yvan non plus. Mais où est Yvan? Mon téléphone? Où est mon téléphone?
— Mon téléphone. J'ai perdu mon téléphone! bredouilla t-elle tremblante comme une feuille.
— Calmes-toi. On va en trouver un.
Des gardes armés entraient dans l'immense hall. Ils avaient donné l'ordre aux personnes de ne pas se déplacer et demandaient une pièce d'identité à chacune des personnes qu'ils croisaient. L'inquiétude se lisait sur leurs visages. Avaient-ils réellement appréhendé la menace?
Liam lui prit la main, et alla demander à un des commandos, des informations. Le garde lui dit de façon protocolaire de patienter et de ne pas bouger. Ils auraient des informations dans peu de temps. Les deux jeunes gens, s'étaient alors installés dans un des coins de la pièce, sans bouger, comme il leur avait été demander.
Des médecins et infirmiers étaient arrivés afin de panser les blessures des survivants. Beaucoup étaient amochés. Sur le sol à l'origine blanc cassé, le liquide vermillon déferlait.
Les messes basses des autres voyageurs les avaient informé qu'il y avait eu des morts. Au moins une dizaine. Et toujours pas de nouvelle d'Yvan. Put*** Où es-tu?
Il régnait un silence de mort. Seules, les sirènes d'alerte lointaines, à l'extérieur, donnaient un tempo tristement flippant. Liam n'avait pas lâché la main de Maïleen depuis la sortie du placard. A plusieurs reprises, il l'avait serré dans ses bras.
Le corps de sa nouvelle amie souffrait. Le moindre petit mouvement lui demandait des efforts considérables. Même si son crâne avait arrêté de saigner, Maïleen se sentit mal et perdit de nouveau connaissance.
Liam hurla pour appeler à l'aide. Un médecin s'était précipité et l'avait amené à un box de fortune établit dans l'urgence de la situation. Elle avait reprit connaissance. Un infirmier l'installa sur une chaise et laissa le médecin s'appliquait à regarder la blessure.
— Il vous faut des points Madame, mais cela devrait aller, dit-il très solennellement.
— J'ai très mal à mon bras gauche.
Il s'attela à la tache, en bougeant son bras de bas en haut puis de gauche à droite avec toute la précaution du monde. La belle jurait tout ce qu'elle pouvait.
— Ca ressemble à une épaule luxée Madame.
Le médecin avait commencé à pratiquer ses soins. Après avoir rasé près de cinq centimètre carrés de sa chevelure, il lui fit cinq points de suture et préconisa un scanner cérébral dès que possible. Pour l'épaule, il ne pouvait la remettre en place de suite, une radiographie de contrôle était indispensable pour ne pas léser un cartilage. Il préconisa un gros morceau de tissu sous le bras afin d' éviter de l'accoler au thorax, et le coude fléchi à angle droit pour finir par un avant bras tenu en écharpe devant la poitrine. La chemise rougie de Liam avait fait l'affaire. Liam avait promis au médecin de l'amener à l'hôpital dès que cela serait possible.
Après la prise des antidouleurs, Maïleen était complètement stone.
— Je t'ai trouvé un téléphone! triompha Liam en s'asseyant près d'elle.
Il tendit l'appareil à sa partenaire.
Elle s'exécuta et tomba sur le répondeur de son conjoint où elle laissa un message qui le rassurerait. Elle le rappellerait plus tard, et spécifia qu'elle avait perdu son téléphone donc qu'il ne fallait pas qu'il prenne la peine d'essayer de l'appeler.
Elle rendit le téléphone à Liam qui se releva dans la foulée.
— Où vas-tu?
— Rendre le téléphone.
— Tu n'as personne à appeler?
— J'ai déjà envoyé des messages pendant que le médecin te soignait.
Ils avaient enfin pu quitter l'aéroport, après avoir récupéré leurs bagages et montré une multitude de fois leurs passeports, passant par trois passages de sécurité devant des gardes armés jusqu'aux dents après trois heures et demi d'attente interminables.
— Je t'emmène à l'hôpital Maïleen.
— Et Yvan?
— Il faut d'abord pensé à toi. Et puis j'ai discuté avec un garde qui fier de m'avoir reconnu, m'a informé qu'il y avait plusieurs salles d'attente remplies de voyageurs comme nous. Il a certainement trouvé refuge dans l'une d'elles.
— Et si ce n'était pas le cas Liam?
Il ne répondit pas, pressant le pas pour trouver un taxi.
L'attente fut encore très longue à l'hôpital. Même spectacle désolant qu'à l'aéroport. Les personnels médicaux passaient d'une salle à une autre. Les rescapés, si nombreux, attendaient sur les brancards jusqu'à l'entrée du parking du dispensaire. A l'accueil, le téléphone sonnait sans interruption. Les familles affluaient à la recherche de leurs proches disparus et dont personne n'avait de nouvelle quand d'autres s'étreignaient, s'embrassant comme au premier jour d'un rendez-vous amoureux.
Maïleen reconnue amèrement l'odeur abominable du métal qui parcourait les lieux ternis d'éclaboussures et de trainées sanglantes. Elle n'était pourtant pas novice mais c'était écœurant à en vomir. Elle porta sa main à son visage pour empêcher cette fétidité se s'introduire en elle.
Les antidouleurs ne faisaient plus effet et la belle brune à la chevelure rougie, douillait. Installée sur un brancard de fortune dans le long couloir reliant les urgences à la morgue, elle ne pensait qu'à Yvan. Liam restait silencieux et semblait pensif.
— A quoi tu penses?
— Je suis désolé.
— Désolé de quoi?
— C'est d'ma faute pour ton épaule, c'est en te tirant que … lui dit-il en laissant son regard tombait religieusement au sol.
— Arrêtes tes conneries deux minutes, tu veux? Tu m'as surement sauvé la vie.
Liam ne bougea pas d'un cil. Maïleen se leva tant bien que mal de sa paillasse froide et déchiquetée et alla poser ses mains sur le visage de son bel ange-gardien.
— Regardes-moi.
Il releva sa tête, glissa son regard larmoyant dans le sien.
— Serres-moi fort.
Liam s'exécuta. Maïleen eut un mal de chien mais ne sourcilla pas. Elle lui glissa ces quelques mots au creux de l'oreille, qui illuminèrent instantanément son visage:
— Aujourd'hui, je suis là, ici et maintenant grâce à toi. A toi seul. Alors merci.
*
— Maïleen, enfin je te retrouve! hurla Yvan à l'autre bout du couloir.
Yvan prit sa protégée dans ses bras chétifs.
— J'étais tellement inquiet. J'ai fais deux hôpitaux avant de venir ici. J'ai essayé de t'appeler. C'est un monsieur qui m'a répondu. Ton téléphone est à l'aéroport. Comment vas-tu? T'es blessée? T'as du sang partout! Ta tête?
— Ma tête va bien Yvan, ne t'inquiètes pas. Nous allons bien. Liam s'est occupé de moi. Et je suis vraiment soulagée de te voir. Vivant.
De le voir, debout devant elle, en pleine santé, Maïleen eut un sentiment de soulagement si intense qu'elle se sentit d'un coup extrêmement éreintée. Le stress la faisait tenir en haleine.
— Maïleen Garcia? aboya un grand monsieur de bleu vêtu des pieds à la tête, cherchant désespérément un regard approbateur.
— Ici! s'écrièrent en cœur Yvan et Liam.
Après une radio de l'épaule et un scanner cérébral écartant un saignement crânien, le médecin remit l'épaule en place. Il s'adressa ensuite aux deux accompagnateurs et préconisait une surveillance constante de son état de conscience durant les quarante-huit prochaines heures. Il était formellement interdit de reprendre l'avion pour le moment et le repos devait être strict. Puis il glissa une carte dans la main d'Yvan en le dirigeant sur le seuil de la porte de la salle de plâtre durant un bon quart d'heure. Maïleen encore sous l'effet du protoxyde d'azote, n'entendait que quelques brides de la conversation. Yvan avait un faciès tiré et des plus graves. Il écoutait attentivement.
Son vieil ami aida sa protégée à se lever et la couvrit de son grand manteau beige.
— Où est Liam?
— Il m'a dit de te dire au revoir. Il avait l'air chamboulé. Chacun réagit à sa façon, il avait sans doute besoin d'un peu de solitude.
Terriblement attristée qu'il ne lui ait pas dit au revoir, Maïleen se demandait alors si elle le reverrait un jour, autre part que dans une salle de projection.
Dans le taxi, Yvan fut accaparé par les informations qu'il lisait allègrement sur les différents sites de la presse américaine.
Arrivés à la destination initialement prévue, un hôtel, modeste. C'était le plus petit de loin, qu'ils avaient croisé sur leur route. Du haut de ses sept étages, l'Embassy Suites, proposait des services multiples dont une restauration sur place, avec à proximité son bar, une piscine chauffée, une salle de réceptions, une épicerie entre autres choses. Mais le choix d'Yvan pour cet hôtel s'était porté suite à deux conditions. La première émanait de Maïleen. Elle avait exigé quelque chose de simple, sans froufrou. La seconde, étant l'offre des navettes itinérantes pour LAX. Un groom porta leurs bagages jusqu'à leur chambre. Yvan avait demandé au maitre d'hôtel s'il pouvait modifier la réservation pour avoir une chambre avec deux lits jumeaux. Il préférait surveiller sa partenaire de travail de près pour les deux jours qui suivraient. Suite à l'attentat, les clients avait déserté la maison. Il y avait de la disponibilité.
— Ca va aller? s'inquiéta t-il en arrivant dans la chambre.
— J'vais prendre une douche. J'aurais besoin de tes services pour m'habiller.
— Euh. Moui…répondit-il tout gêné.
La brunette mit une bonne heure sous la douche et non sans mal, elle avait exécuté une gymnastique des plus distrayantes. Le plus difficile avait été de se shampouiner. La vue du sang s'écoulant sous la bonde, lui fit réaliser par quoi elle venait de passer. Elle se mit à pleurer à chaudes larmes durant de longues minutes.
Finalement, elle avait réussi à s'habiller seule même si son bras et son épaule lui faisait un mal de chien. Le trou dans sa tête se voyait à peine, si sa raie était un peu décalée.
La cérémonie du grand concours de L.A avait été annulée. Après un diner écourté, Maïleen et Yvan avaient regagné leur chambre de bonne heure. La nuit allait être longue pour le quinquagénaire. Le médecin avait préconisé une surveillance de sa collègue toutes les deux heures. Sam n'était toujours pas joignable. Que pouvait-il faire? Maïleen lui laissa un second message en lui donnant les coordonnées de l'hôtel, elle se montra insistante pour qu'il la rappelle dès qu'il le pouvait. Elle éprouvait le besoin d'entendre sa voix et celles de ses fils.
C'était peine perdu pour le duo. Yvan stressait de rater l'intervalle des surveillances et Maïleen, malgré l'extrême fatigue et les douleurs diffuses, ne parvenait pas non plus à trouver le sommeil. Ils s'accordèrent pour regarder la télévision. Sur les cent-soixante-dix chaines proposées, plus de la moitié parlaient de l'attentat meurtrier. Au gré des chaines, ils avaient entendu que les autorités avaient recensés presque deux-cents blessés et dix-sept morts, à minuit heure locale, dont deux des auteurs de ces actes de barbarie. Ils présumaient qu'il ait eut un troisième auteur. Introuvable à cette heure de la nuit. Puis après vingt minutes à écouter en boucle les mêmes informations, une édition spéciale sur la chaine CNN attira leur attention. Une course poursuite dans les rues assombries de L.A débutait en direct à la télévision. Les voitures des fédéraux étaient aux trousses d'un pick-up bleu nuit. Sans conteste, celui du troisième agresseur. Il s'était planqué du côté de San Pedro, une zone portuaire. Tu voulais fuir salop, t'as raté ton coup! J'espère qu'il vont pas te rater!
*
L'aéroport international de Los Angeles était bouclé pour plusieurs jours. Yvan avait dès le lendemain voulu réserver leur vol de retour à San José mais avait fait chou blanc. Tous les vols pour l'Europe étaient complets durant une bonne semaine. Il téléphona alors à l'une de ses amies, Lina March, décoratrice, mise en lumière grâce à Yvan et ses fameux contacts. Elle avait fait, il y a plusieurs mois, la une du Metropolitan Home ce qui avait fait décoller sa carrière d'artiste d'intérieur. Elle lui devait un service. Après un échange téléphonique pompeux, Yvan informa Maïleen qu'ils quitteraient l'hôtel le lendemain matin. Lina les conviait gracieusement au sein de sa villa.
Le lendemain matin, la délicieuse romancière aux yeux de chat demandait à Yvan de passer à l'aéroport de L.A. Elle souhaitait y déposer des fleurs pour les innocents qui avaient perdu la vie, symbolique du souvenir qui la lier à eux. Quinze vies ôtées injustement. Et bien plus piétinées. Ces monstres avaient arraché le droit au bonheur à tant de familles. Sans compter ceux qui en avaient réchappé mais qui resteraient à jamais marqué.
Tout le boulevard Sepulveda avait été cadenassé, les routes étaient toutes déviées et il était interdit de pénétrer au delà des grilles. Yvan demanda au chauffeur d'essayer par la côte, se qu'il fit sans plus de succès. Il eut alors une idée. Il demanda à leur taxi de suivre ses instructions de route dans un premier temps puis le duo, avait parcours près de cinq cents mètres à pieds. Maïleen ne comprit pas de suite, mais son ami avait réussi à les mener à l'intérieur de l'aéroport, au Theme Building, un monument architectural à l'aspect futuriste. Entouré de jardins luxuriants et d’une cour, commémorant l’ouverture du terminal, on y trouvait une plaque rendant hommage au premier employé de l’aéroport en 1928. Yvan avait tapé dans le mil. D'autres inconnus avaient eu la même idée, la même envie. Pour d'autres, le même besoin. Des fleurs, des centaines de bougies allumées, des témoignages d'affection et d'amour étaient dispersés un peu partout sur la pelouse, en témoignage. En déposant son bouquet de roses mauves agrémentées d'immortelles, ses larmes se mirent à rouler sur ses joues rebondies. La symbolique des fleurs comptait pour Maïleen.
Lorsqu'elle se releva, elle fut prise de vertiges. Elle revivait ce douloureux moment. Ce traumatisme ferait, à tout jamais parti d'elle. Cette peur gangrénait tout son être. Elle suffoquais. Yvan posa sa main sur mon épaule, la prit par la taille et la fit s'assoir sur un banc.
— Ca va allait?
Maïleen hocha la tête. Elle ne pouvait parler sans arrêter ses larmes. Son souffle était saccadé, remplit d'angoisses. Séchant ses yeux, entre deux soubresauts avec le mouchoir que lui avait tendu Yvan, elle l'aperçut. Il était là. Devant elle. Il portait les mêmes vêtements que la veille. Il n'était donc pas rentré chez lui. Elle le reconnut à ses épaules fortes et bien bâties. Mais à ce moment précis, elles portaient toute la peine du monde. Toute sa misère s'était abattue dessus.
Elle s'approcha et glissa sa main dans la sienne. Elle était glacée. Il la lui serra.
Il se tenait debout avec ses roses blanches dans l'autre main.
— Je n'arrive pas à les déposer. Si je le fais, ça deviendra réel.
Sois forte. Forte pour nous deux aujourd'hui. Parce que lui, il l'avait été pour vous deux, la veille.
Elle lui prit le bouquet de sa main et les déposa. A peine relevée, qu'elle sentit qu'il basculait en avant. Il était tombé à genoux et trembler de tout son être. Maïleen resta un instant sans réagir.
Peu importe qui nous sommes, nous sommes tous égaux face à de tels évènements.
Puis s'était à son tour agenouillée, et le serra aussi fort qu'elle le put contre elle. Liam avait pleuré durant de longues minutes. Et elle aussi.
Il pleuvait des cordes. Ils était trempés. Yvan, en personne prévisible, avait son parapluie mais ne l'utilisait pas. L'égratignée prit l'autre main du bellâtre écorché pour se mettre à l'abri.
— Combien de temps te reste t-il avant que tu repartes pour Paris?
La question surprit la belle. Les yeux du jeune homme criaient à l'aide. Elle ne put faire autrement que de lui répondre quelque chose qui le réconforterait un peu.
— Je reste et resterais avec toi le temps qu'il faudra.
A ce moment, il répondit:
— Pour toute la vie?
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