5. Eterna - 2/4
En se promenant dans la ville, ce qui frappa le plus Ethan était le silence. Lui qui se trouvait à Paris quelques minutes plus tôt, était surpris. Il y avait évidemment des passants qui discutaient et des enfants qui jouaient, cependant il n’y avait pas la moindre voiture. Des chariots et carrioles se déplaçaient automatiquement et traversaient parfois la route pavée. Bien qu’ils n’aient pas besoin de chevaux pour les guider, on pouvait en rencontrer souvent dans la rue.
Ils arrivèrent devant une auberge nommée « L’espadon doré » quelques minutes plus tard. Ethan crut voir à nouveau l’une des créatures au gilet jaune, mais celle-ci s’évanouit si rapidement dans les airs qu’il pensa avoir rêvé.
Lorsqu’ils furent dans la chambre que leur avait atribuée le maître des lieux, Ethan put enfin se délester de sa lourde malle. Il la tirait derrière lui depuis un moment et commençait à fatiguer.
Hendrick sortit une enveloppe pliée de la poche de son pantalon et la tendit à Ethan :
— Ouvre ça, lui ordonna-t-il. C’est l’école qui me l’a confié.
Surpris, Ethan prit la lettre sans dire un mot, la déplia et lut :
CASTEL-LAPIS — ÉCOLE DE MAGIE POUR SORCIERS DE SECOND CYCLE
Comme convenu, veuillez trouver ci-dessous la liste des fournitures scolaires que vous devez impérativement avoir en votre possession à votre arrivée à Castel-Lapis.
FOURNITURES
1 baguette magique
1 chaudron en étain, taille standard
1 boite de fioles en verre (cristal autorisé, mais non conseillé)
1 coffret standard d’ingrédients pour les cours de potions
1 balance de précision
5 robes de sorcier Magimain
1 paire de gants de botaniques
1 nécessaire à écriture (plume obligatoire)
LIVRES ET MANUELS
Ingrédients et potions magiques, par Servilus Flamme
Le livre des créatures magiques, par Herbert Puissinot
Mille et une plantes, par Alberta Laronce
Magie élémentaire niveau 1, par Roberta Rocher
Les nuances de la magie blanche, par Leonce Leblanc
Illusion ou réalité, par Morpheus Caprin
Transfiguration niveau 1, par Adam Changé
Enchantements et sortilèges niveau 1, par Pierre Maleficio
Nous rappelons à nos élèves de bien vouloir vous en tenir à ce qui est indiqué sur la liste. Il est également inutile d’acheter un manuel en Histoire de la Magie.
Après avoir parcouru la liste des fournitures qu’il devait se procurer, il se tourna vers Hendrick.
— Comment vais-je faire pour payer tout ça ? Je n’ai pas d’argent.
— Le professeur Tarr m’a laissé entendre qu’il t’avait remis un paquet lorsque vous vous êtes rencontrés.
— Oui, c’est vrai, mais quel est le rapport ?
— Eh bien j’imagine qu’il serait peut-être temps de regarder ce que c’est, répliqua Hendrick avec amusement.
Ethan posa son imposante malle à plat sur le sol. Il commença à chercher le paquetage. Il n’avait pas envie de sortir tous ses vêtements, pourtant il éprouvait des difficultés à récupérer le paquet du professeur. Il le retrouva au bout de laborieuses minutes et ouvrit le petit sachet.
Son regard se posa sur un message ainsi qu’une carte métallique sur laquelle étaient inscrits son nom, son prénom ainsi que le numéro « 142 ». Il ne comprenait pas vraiment pourquoi le professeur Tarr lui avait offert une carte gravée à son nom. Il attrapa la note en espérant qu’il y aurait plus d’information dessus.
Ethan,
Nous sommes conscients que tu n’as pas d’argent pour te procurer tes fournitures scolaires. La directrice a accepté de t’ouvrir un compte à la banque et de t’envoyer de l’argent chaque mois. Sache également que tes frais de scolarités seront entièrement pris en charge.
Nous avons déjà effectué un premier virement de quatre cents couronnes, ce devrait être largement suffisant pour acquérir tout ce dont tu as besoin.
Les futures transactions ne seront pas aussi conséquentes. À toi d’économiser si tu veux pouvoir acheter tes fournitures l’année prochaine.
À très vite,
Oliver Tarr.
Hendrick qui avait lu par-dessus l’épaule d’Ethan poussa un long sifflement, visiblement impressionné.
— Dis donc, l’école a sorti les grands moyens. Tu as de la chance.
Il regarda brièvement la montre qu’il avait au poignet.
— Eh bah, ce n’est pas tout ça, mais l’heure tourne. On ferait mieux d’aller à la banque.
Ils quittèrent l’hôtel et s’engouffrèrent dans plusieurs petites ruelles, Hendrick semblait savoir parfaitement où il se rendait. Ils passèrent devant de nombreuses tavernes et auberges toutes désertes à cette heure-ci. Ils débouchèrent sur une large rue bondée de monde et se retrouvèrent face à un édifice qu’il était difficile de ne pas apercevoir tellement il dénotait avec l’environnement alentour.
Il s’agissait d’une grande tour qui totalement construite en or et en verre. L’on pouvait deviner de la lumière à l’intérieur de celle-ci. Pourtant, le verre était si opaque qu’Ethan ne pouvait voir à travers.
D’élégantes marches en marbres blancs menaient aux doubles portes en or massif qui devaient être l’entrée du bâtiment. Sur la façade de celui-ci, il était inscrit en énormes lettres dorées « GBSMADH ». Ethan ignorait ce que signifiait cet acronyme, il pensa cependant qu’ils auraient certainement pu en choisir un plus court.
— Nous voici à la banque, annonça Hendrick. Il en existe plusieurs sur Isthos, mais c’est la plus proche que nous pouvons trouver. De toute manière, tu peux retrouver ton argent dans n’importe quelle banque. Pour peu que tu en aies, bien sûr.
Ethan lui aurait bien demandé ce qu’était « Isthos », mais il sentait qu’Hendrick était pressé. Celui-ci s’avança pour pousser la porte, mais s’interrompit aussitôt et fit signe à Ethan de s’arrêter également.
— Que suis-je bête, s’exclama-t-il. J’ai presque failli oublier.
Il fouilla dans ses poches et en ressortit une petite carte argentée qu’il donna à Ethan.
— En tant que représentant du gouvernement, c’est un honneur de te remettre ta carte d’identité de sorcier, déclara-t-il très solennellement à Ethan. Conserve-la précieusement. Sans elle tu ne pourras pas accéder à ton coffre-fort, même si tu possèdes ta clé. Et puis si un membre de la brigade magique t’arrête, tu dois pouvoir prouver que tu es bien la personne que tu prétends être.
Ethan regarda la carte de plus près. Sur celle-ci était inscrit son nom, son prénom, sa date de naissance et il y avait même une photo de lui. Il s’attarda un instant sur l’image, il était persuadé que son portrait venait de lui faire un clin d’œil à l’instant. Il dut se rendre à l’évidence lorsque son reflet lui fit un signe de la main pour le saluer que le cliché était totalement animé.
Il allait retourner la carte pour observer le verso quand Hendrick le tira en direction de la porte pour lui faire comprendre qu’il était temps d’y aller.
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