5. Eterna - 3/4

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  L’intérieur de la banque était absolument somptueux. De longues rangées de bureaux en verre s’étendaient de l’entrée jusqu’au bout de la pièce. Des sorciers, assis à ces bureaux, traitaient les demandes des différents clients. Ethan apercevait également de nombreux employés parcourant la salle avec de petits chariots.

  Certains déplaçaient des documents tandis que d’autres transportaient des lingots d’or, des monticules de pièces en argent ou encore des pierres précieuses, de divers couleurs, qu’Ethan n’avait jamais vues.

  Les murs paraissaient, eux aussi, faits de verre, mais tout comme à l’extérieur, ils étaient si opaques que l’on ne pouvait voir à travers. Cependant, les rayons du soleil semblaient n’avoir aucun mal à les traverser.

  Ethan leva la tête. Au-dessus d’eux s’entremêlaient de nombreuses passerelles qui permettaient certainement d’accéder aux différents étages de la banque. À mi-chemin vers le sommet pendait un énorme lustre circulaire, entièrement en cristal brillant de mille et une couleurs grâce aux rayonnements du soleil qui venaient le frapper.

  Dans un coin sombre de l’immense hall, Ethan avait aperçu, derrière d’imposantes grilles en acier, de véritables montagnes d’or. Il trouvait ça étrange de laisser une telle richesse à la vue de tous les clients. Cela devait donner envie à certains d’aller se servir.

  Ils traversèrent la salle en direction d’un bureau libre. Ethan qui n’était pas dans son élément suivait Hendrick de près.

— Bonjour, commença-t-il, nous venons retirer de l’argent.

  L’homme assis au bureau leva la tête. C’était un petit sorcier chauve, l’air triste. Il remit en place ses minuscules lunettes bleues pour mieux les voir.

— Bienvenue à La grande banque des sorciers mais aussi des humains. En quoi puis-je vous être utile ? demanda-t-il d’une voix monocorde.

  Ethan et Hendrick échangèrent un regard décontenancé.

— Je viens de vous le dire. Nous voudrions retirer de l’argent, répéta-t-il aimablement.

— Oh, toutes mes excuses. Je n’avais pas entendu.

  Il resta là, durant quelques longues secondes, à contempler le vide. Visiblement, ils n’étaient pas tombés sur le plus vif des banquiers. Puis finalement il demanda :

— Avez-vous un document d’identité ?

  Ethan lui tendit la petite carte argentée confiée quelques minutes auparavant. Le banquier la récupéra lentement des mains d’Ethan et sortit une énorme loupe de l’un de ses tiroirs.

  Il l’observa pendant de longues minutes avant de réclamer au jeune garçon sa clé sur laquelle était inscrit le numéro du coffre-fort. Il reprit sa loupe et procéda à nouveau à son interminable inspection puis annonça finalement, avec une voix tout aussi monocorde :

— Tout semble en règle, veuillez me suivre jusqu’à votre coffre s’il vous plaît.

  Il se leva de sa chaise et marcha paresseusement en direction du mur derrière son bureau. Ethan commençait à se demander s’il faisait exprès d’être aussi lent.

— Ne traînez pas, dit le petit homme en passant à travers la paroi de verre opaque.

— Au rythme où il va, on ne risque pas de se perdre, marmonna Ethan qui perdait patience.

  Hendrick, qui n’en pensait pas moins, réprima un sourire. Ils traversèrent le mur comme l’avait fait le banquier et se retrouvèrent dans une vaste salle où des milliers de gros coffres s’empilaient les uns sur les autres jusqu’au plafond. Ils s’arrêtèrent devant celui qui comportait le numéro « 142 » et le banquier inséra dans une fente la carte métallique d’Ethan. Le coffre s’ouvrit sans un bruit.

  À l’intérieur de celui-ci se trouvait un unique monceau de quarante pièces en or. Hendrick précisa à Ethan de vider entièrement le contenu du coffre et lui donna une petite bourse afin qu’il puisse ranger son argent.

  Ils quittèrent la salle et furent raccompagnés à la sortie, toujours sans se presser. Ethan n’était pas mécontent de fuir la banque.

— Le fonctionnement de notre monnaie est facile, lui expliquait Hendrick quelques minutes plus tard tandis qu’ils attendaient leur tour chez le tailleur. Il existe les couronnes d’or et celles d’argent. Une couronne d’or en vaut dix d’argent. Simple, non ?

  Avant qu’Ethan ait pu lui répondre, une femme blonde et maigrichonne vint à leur rencontre.

— Bienvenue à La boutique d’Alice messieurs, que puis-je pour vous ?

  Hendrick donna un léger coup de coude dans les côtes à Ethan pour qu’il comprenne que c’était à lui de parler.

— Je voudrais acheter des robes pour Castel-Lapis, s’il vous plaît, balbutia Ethan.

— Voilà, qui devrait être rapide. Suivez-moi, jeune homme. Je vous laisse attendre ici, ajouta-t-elle à l’adresse d’Hendrick.

  Elle conduisit Ethan dans l’arrière-boutique où se trouvaient les cabines d’essayage et lui tendit une robe de sorcier de couleur noire. Seulement, Ethan se demandait si la vendeuse n’avait pas d’importants problèmes de vue puisque celle-ci était trop grande de plusieurs tailles. Et il n’avait même pas besoin de la porter pour en être certain.

— Je crois que ça va être trop large, lui fit-il savoir poliment.

— Évidemment, rétorqua-t-elle en levant les yeux au ciel comme s’il avait dit une énormité. Allez, enfilez-là.

  Ethan s’exécuta. Comme il s’y attendait, la robe traînait sur le sol et deux autres personnes auraient facilement pu entrer à l’intérieur avec lui. Puis lentement, elle commença à rétrécir d’elle-même, elle finit par ne plus toucher le carrelage de la boutique et quelques secondes plus tard elle lui allait à la perfection.

— Pas trop large ? lui demanda la vendeuse avec un sourire moqueur.

  Ethan rougit et n’osa pas répondre.

— Les robes de sorciers Magimain ont la particularité de s’adapter à la morphologie de leur porteur, lui expliqua-t-elle. De cette manière, lorsque vous grandissez, pas la peine d’en acheter de nouvelles. Pratique, hein ? Combien il vous en faut ?

  Ethan ressortit du magasin avec le porte-monnaie moitié plus léger. Ces robes de sorciers étaient bien utiles, mais elles étaient un véritable investissement.

  Ils passèrent ensuite de boutique en boutique pour obtenir tout ce dont avait besoin Ethan. Ils se dirigèrent d’abord chez le vendeur de chaudrons. Hendrick avait insisté pour s’y rendre en premier afin qu’ils puissent avoir un récipient pour transporter tous les autres achats.

  Ils allèrent par la suite chez le botaniste pour acheter des gants, la papèterie pour acquérir les objets nécessaires à l’écriture, puis à l’apothicaire où ils trouvèrent la balance de précision, le nécessaire pour les potions et même le lot de fioles en verre.

  Ils s’attardèrent face à la devanture d’une seconde boutique qui vendait des ingrédients exotiques pour les potions. Œuf de sirène, œil de kraken, scalp de centaure et une multitude d’autres ingrédients qui semblaient tous plus étranges les uns que les autres.

  Un couple de sorciers et leur jeune fille observaient également la vitrine.

— Maman, regarde ! Un cœur de dragon, s’exclama la fillette.

— Par Thanathos, tu as vu le prix ? s’indigna-t-elle.

— Tout le monde sait que les dragons n’existent pas, marmonna le père avec mauvaise humeur. Cette boutique est une véritable arnaque. Partons.

— Je crois qu’il n’a pas tort, chuchota Hendrick à l’oreille d’Ethan. Je devrais en toucher deux mots au gouvernement.

  Ils se détournèrent de l’échoppe et s’engagèrent dans une nouvelle rue, aussi bondée de monde que la précédente. Ils passèrent devant plusieurs commerces qui semblaient tous plus intéressants les uns que les autres. L’un vendait toute sorte de vieilles pièces et objets apparemment magiques comme des casseroles, des brouettes, des balais et différents ustensiles. Un autre entreposait de nombreuses plantes carnivores bien plus imposantes et certainement plus dangereuses que celles que l’on pouvait trouver chez les humains. Le suivant faisait une démonstration de sortilèges ménagers.

  Ethan se serait laissé facilement happé par toutes ces nouveautés. Heureusement, Hendrick n’oubliait pas la raison de leur venue.

— Il te reste quoi à acheter ? demanda-t-il à Ethan afin de le sortir de sa rêverie.

— Les livres et la baguette magique, déclara ce dernier après avoir jeté un œil à sa liste de fourniture.

  Hendrick repositionna le chaudron rempli sur son bras avant de répondre en grimaçant.

— Allons chercher la baguette dans ce cas, on terminera par le plus lourd.

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