9. Des débuts difficiles - 2/4

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  Ils arrivèrent rapidement dans la classe pour assister au cours de magie blanche. Leah, convaincue de savoir où se situait la salle, avait pris la tête de la petite équipe et quelques minutes plus tard ils étaient installés sur leurs chaises, face au professeur Lighton. Derek et Ethan n’étaient, en définitive, pas mécontents d’être accompagnés par Leah, persuadés qu’il leur aurait fallu plusieurs heures pour trouver le bon chemin.

— Bonjour à tous, je suis le professeur Lighton, se présenta-t-elle. Oh non, rangez vos baguettes, vous n’en aurez pas besoin aujourd’hui.

  Un murmure d’indignation parcouru les élèves. Le professeur Lighton était une petite femme rousse d’une quarantaine d’années. Sa chevelure de feu cascadait jusqu’à ses épaules. En revanche son visage ne comportait pas une seule tache de rousseur. Ethan soupçonnait que le roux n’était pas sa couleur naturelle. Ses grands yeux couleur noisette, rangés derrière une paire de lunette noire, inspiraient la douceur.

— Étant donné qu’il s’agit du premier cours auquel vous assistez, continua-t-elle, j’ai la lourde tâche de vous expliquer les règles de base de la sorcellerie. Prenez de quoi noter, s’il vous plaît.

  Un vacarme s’éleva durant quelques secondes tandis que chacun prenait une feuille, une plume et de l’encre.

— Il est crucial que vous compreniez le fonctionnement de la magie, car autrement vous mettriez votre vie en danger. Comme vous le savez, tous les sorciers ont une puissance magique différente. Selon son importance, il est possible de lancer des sorts plus ou moins conséquents. Il s’agit d’un élément essentiel, puisque recourir à la magie requiert de l’énergie et la quantité utilisée n’est pas la même en fonction de notre puissance. Pour certains, soigner une blessure n’est pas plus fatigant que lever le petit doigt, tandis que pour d’autres ce serait comme courir plusieurs kilomètres. Si vous êtes parmi nous, soyez fiers, c’est que vous avez du potentiel.

— On va devenir trop forts, murmura Derek à l’adresse d’Ethan visiblement ravi.

— Prenez garde cependant, les avertit Lighton en avançant entre les tables. Ne vous reposez pas sur vos acquis. La puissance magique grandit avec la pratique et l’appropriation de connaissances. Elle évoluera tout au long de votre vie. Et de notre côté, nous vous en demanderons toujours plus. Il va donc falloir travailler dur si vous ne voulez pas être à la traine.

  Elle s’arrêta un instant pour passer de table en table afin de regarder les notes qui avaient été prises par les élèves.

— Enfin monsieur Staple, faites un effort, le réprimanda-t-elle gentiment. Vos notes sont un vrai torchon, il va falloir que vous puissiez les relire, vous savez ?

  Alan, un garçon brun au visage rondelet, vira à l’écarlate.

— Comme je l’ai dit, reprit-elle, vous pouvez mettre votre vie en danger en manipulant la magie. Pas uniquement en jetant un sortilège dangereux, mais parce que vous aurez été trop ambitieux et que votre réserve d’énergie sera vide. Il est très important de bien se connaitre ainsi que ses propres capacités, car, et je ne vous annonce pas ça à la légère, vous risquez de mourir si vous n’utilisez pas votre pouvoir correctement.

  Le professeur Lighton n’avait pas besoin de forcer son talent pour avoir l’attention des élèves. Tous l’écoutaient avec intérêt et des mains ne tardèrent pas à se lever.

— Il y a beaucoup de sorciers qui sont morts parce qu’ils ont entrepris un sort trop puissant ? lui demanda Emma avec inquiétude.

— Il y en a eu. Mais cela reste peu fréquent, la rassura-t-elle. Les importantes fatigues, malaises et semi-comas sont en revanche plus communs. Les sorciers sentent leurs forces les quitter et interrompent le sortilège avant que cela ne devienne trop dangereux. C’est dans les cas où le sort n’est pas stoppé à temps que le lanceur met sa vie en jeu.

  Ethan le comprit rapidement, la magie donnait envie de tenter diverses prouesses, mais sans prudence il n’utiliserait pas ses pouvoirs bien longtemps. Et pour l’heure, il n’avait pas prévu de jouer avec sa vie ou celle des autres. Une question lui vint à l’esprit, il leva la main.

— Oui, monsieur Thobois ?

— Comment savoir que l’on risque de lancer un sort qui va nous mettre en danger ? l’interrogea-t-il.

— Excellente question, s’exclama-t-elle avec ravissement. Grâce à l’expérience et une bonne connaissance de ses propres facultés. Ce n’est qu’en expérimentant et en vous exerçant à des sortilèges de plus en plus complexes que vous saurez de quelle manière vous réagirez. C’est pour cela que nous avancerons progressivement. Nous n’aurions aucun intérêt à vous apprendre des choses que vous aurez beaucoup de mal à maitriser et qui vous viderait de votre énergie, vous rendant incapable de suivre le cours suivant.

— C’est possible d’utiliser l’énergie d’autre chose ? demanda Jill. Une autre personne ou un objet ?

  Lighton perdit son sourire, ses traits se durcirent et elle laissa un silence pendant plusieurs minutes avant de répondre froidement.

— Certains mages noirs sont, en effet, capable d’extraire l’énergie d’êtres humains ou d’animaux. Le résultat n’est que temporaire et n’augmente pas leur puissance, mais il permet, par exemple, de maintenir un sortilège complexe plus longtemps.

  Elle quitta les rangs et se plaça face aux élèves de façon à bien tous les observer.

— C’est une pratique répugnante que je vous recommande fortement d’oublier, les avertit-elle d’une voix cassante. Une telle chose laisse la personne qui en subit l’expérience dans un état d’extrême fatigue, voire peut le tuer sur le coup. Il s’agit de magie noire. Une magie infâme qui ne respecte aucune règle. La magie noire n’est pas tolérée. Ni ici ni à l’extérieur. À moins que vous ne teniez à être poursuivi par les autorités et passer le restant de vos jours en cellule. Je me suis bien fait comprendre ?

  Le reste du cours se déroula dans une ambiance plus sereine. Le professeur Lighton avait retrouvé sa douceur et son sourire. Ils passèrent les minutes restantes à poser des questions, en évitant soigneusement celles qui pouvaient s’approcher de près ou de loin à la magie noire.

— C’était fascinant, s’exclama joyeusement Leah lorsqu’ils furent dans le couloir.

— C’est vrai, renchérit Nate. On voit tout le monde utiliser la magie au quotidien, mais je ne m’étais jamais rendu compte qu’il suffisait d’un rien pour que ce soit dangereux.

— J’espère que ce ne sera pas trop difficile d’apprendre tout ça, fit Ethan songeur.

— Je suis déçu, tout de même, se désola Derek, je pensais qu’on ferait au moins un peu de magie. Ce n’est pas pour aujourd’hui apparemment.

— Ne sois pas si défaitiste. Peut-être pendant le cours d’altération ? proposa Leah.

— Tu parles, on va encore avoir le droit à des mises en garde, ronchonna-t-il.

— On a quand même appris beaucoup même si on ne s’est pas servi de nos baguettes, lui fit remarquer Ethan.

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