9. Des débuts difficiles - 3/4

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  Ils n’utilisèrent pas plus leurs pouvoirs durant les cours suivants. Celui de botanique se révéla moins rébarbatif que ce à quoi s’attendait Ethan. Le trajet jusqu’aux serres de l’école lui permit de visiter le parc de Castel-Lapis.

  Cette fois, ils ne s’engagèrent pas sur l’immense pont et avaient plutôt longé la rivière en empruntant un sentier de graviers, peuplé de modestes peupliers. Ethan était particulièrement surpris de voir à quel point les animaux étaient peu craintifs. Les lièvres les observèrent passer devant eux avec curiosité puis reprirent simplement leur chemin.

  Ils traversèrent ensuite la rivière grâce à deux petits pontons de bois avant d’arriver devant les trois grandes serres. Le professeur Florenpot, un homme bien bâti, d’une cinquantaine d’années avec des cheveux noirs clairsemés et une élégante moustache, les attendait à côté de la serre numéro une.

  À l’intérieur de celle-ci, le professeur leur apprit à reconnaitre différents arbres grâce à leurs feuilles. Il leur expliqua ensuite les propriétés que pouvait avoir tel ou tel bois. Ethan n’avait pas vu l’heure passer. Il n’avait jamais été très intéressé par les plantes, mais Florenpot mettait une telle passion dans son cours qu’il était difficile de ne pas l’écouter avec attention. De plus, à l’inverse de ce que sa carrure impressionnante laissait présager, il se révélait doux, sympathique et n’hésitait pas à plaisanter avec les élèves.

  La matinée s’acheva avec un cours de potions en compagnie du professeur Beltrom, une petite femme aux cheveux blancs, coupés courts. Elle paraissait bienveillante, mais assez autoritaire. Ethan avait du mal à estimer avec précision son âge. Elle était plus proche de la fin de sa carrière que de son début, de cela il en était certain.

  Dans le chaudron de Beltrom frémissait doucement un liquide verdâtre qui dégageait une odeur de pelouse fraichement tondue. L’objectif de la journée était de reproduire ce liquide, un philtre de sommeil. Ils étudièrent d’abord chaque ingrédient ainsi que leurs diverses propriétés et où les trouver. Ethan qui de prime abord pensait la matière simple, car « il suffit de suivre la recette » avait un avis bien différent une fois le cours terminé.

  Chaque dosage devait être d’une précision chirurgicale, ce qui n’était pas aisé, car les yeux de rats et autres crochets de fourmis rouges se révélèrent difficiles à extraire et encore plus à découper. Une fois cette étape passée, il fallait veiller à ne pas faire trop chauffer le liquide et de bien mélanger la mixture comme l’indiquait les instructions.

  À la fin du cours, aucun élève d’Hydro n’avait réussi à reproduire la potion. Celle d’Alan était devenue si corrosive qu’elle perça son chaudron et il dû être accompagné à l’infirmerie par Evan avant qu’il ne perde un doigt. Nate obtint le résultat le plus acceptable. Sa préparation avait la bonne consistance, mais, de couleur jaune, elle dégageait une forte odeur de fromage. Le philtre d’Ethan ressemblait à du pétrole tandis que Leah, trop absorbé par sa conversation avec Anna, laissa brûler sa mixture. Ce qui eut pour conséquence la diffusion d’une émanation nauséabonde dans l’ensemble de la classe.

— Eh bien, Castel-Lapis ne s’est pas construite en un jour, avait alors commenté le professeur Beltrom en ouvrant une fenêtre à la fin du cours. Il y a de la place pour de l’amélioration. Mademoiselle Monroe, à l’avenir, gardez un œil sur votre chaudron au lieu de discuter avec votre voisine.

  Derek n’avait pu réprimer un petit rire tandis que Leah devenait écarlate.

— Nous reprendrons la semaine prochaine, leur dit Beltrom en guise d’au revoir.

  Ethan n’avait pas vu défiler la matinée. Même s’il n’avait toujours pas fait de magie, les cours se révélaient intéressants. L’après-midi se déroula à peu près aussi rapidement.

  En chemin vers le cours d’études des créatures magiques, le groupe croisa Seth dans les couloirs. Il passa à côté d’eux sans dire un mot, mais lança un regard assassin à l’adresse d’Ethan.

— Ce type est vraiment bizarre, commenta Derek une fois qu’il fut hors de vue. Je ne comprends pas ce qu’il te veut.

— Honnêtement, aucune idée, répondit Ethan en haussant les épaules. C’est vrai que je l’ai bousculé hier sans le vouloir, mais ce n’est pas une raison pour garder une rancune pareille.

— Il n’a rien contre moi, mais il me met mal à l’aise quand même, leur fit savoir Leah.

  Le cours d’études de créatures magiques se révéla bien moins intéressant que l’avait espéré Ethan. Visiblement, le professeur Filosi, une très jolie femme blonde aux beaux yeux bleus, avait décidé que les créatures de grande taille n’étaient pas adaptées pour des premières années. Elle avait donc choisi de commencer au bas de la chaine alimentaire. Les élèves d’Hydro passèrent ainsi les deux heures suivantes à étudier de curieux petits vers appelés Fertilateurs.

  Bien qu’ils eussent l’apparence de vers communs ne dépassant le plus souvent pas les dix centimètres, ceux-là avaient une propriété particulièrement utilisée en botanique. En effet, la bave de Fertilateur se révélait être un excellent fertilisant une fois mélangée à la terre. Cependant, ces créatures ne produisaient leur étrange salive verdâtre que lorsqu’ils avaient bien mangé. Ils passèrent donc le cours à essayer différents types de nourritures afin de récolter un peu de cette précieuse salive.

— Fichue bestiole, maugréa Derek en tentant de forcer l’un des vers à manger une myrtille. Comment elle veut qu’on sache ce qu’ils aiment ?

  Sur le bureau du professeur Filosi étaient entreposés plusieurs mets qui pouvait convenir aux Fertilateurs. Fruits, légumes, poissons, insectes, différentes graines, plantes et autres champignons n’attendaient que d’être mis à l’épreuve. Le seul problème était qu’il n’y avait qu’une unique bonne réponse et que les vers se montraient particulièrement capricieux.

  Filosi tentait cependant de les diriger de temps à autre en leur donnant des indices.

— Souvenez-vous que les Fertilateurs sont plutôt solitaires et relativement paresseux, il leur faut de la nourriture simple d’accès, leur rappela-t-elle pour la troisième fois.

— Je hais ce cours, pesta Leah. Je déteste toucher ces choses, ils sont gluants et ils me dégoutent.

  L’instant d’après, elle se mit à hurler comme si l’on essayait de l’assassiner. Evan qui tentait d’alimenter son Fertilateur, de façon musclée, depuis plusieurs minutes, le fit exploser en le serrant trop fort dans sa main et éclaboussa Leah de ses entrailles.

— Ce n’est pas comme ça que vous arriverez à les nourrir, monsieur Jace, le réprimanda Filosi en fronçant les sourcils tandis qu’elle aidait Leah à se nettoyer.

  Malgré les deux heures d’essai intensif, à la fin du cours, personne n’avait réussi à récolter la moindre goutte de bave de Fertilateur.

— Profitez du week-end pour travailler, leur dit Filosi en guise d’au revoir. Chacun de vous devra me rendre, la semaine prochaine, un rouleau de parchemin dans lequel vous m’expliquerez le mode de vie des Fertilateurs, ce dont ils se nourrissent ainsi que les propriétés de leur salive.

— C’était de loin le pire cours de la journée, s’exclama Derek avec mauvaise humeur une fois dans le couloir.

— J’espérais autre chose que des vers pour une introduction aux créatures de votre monde, dit Ethan qui avait du mal à cacher sa déception.


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