11. La secte de la Dame rouge - 2/3

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  À présent, le mois d’octobre touchait à sa fin. L’air se faisait de plus en plus frais et, à l’extérieur, les arbres de l’immense domaine du château avaient revêtu leurs couleurs d’automne. Seuls ceux de la forêt Noire restaient inchangés, aussi sombres et peu engageants qu’à leurs habitudes.

  Les feuilles des arbres de la cour pavée et des différents sentiers qui longeaient l’école commençaient déjà à tomber, ce qui ajoutait un peu plus de boulot pour les lutins bossus. Mais ces derniers, pour qui travailler rimait toujours avec amusement, s’en donnaient à cœur joie. Il n’était d’ailleurs pas rare d’en voir quelques-uns se jeter joyeusement de l’une des passerelles pour atterrir dans l’un des gigantesques monticules de feuilles mortes qu’ils avaient créés.

  Ceux qui ne s’affairaient pas à l’extérieur avaient passé les derniers jours à décorer Castel-Lapis pour Halloween. Citrouilles, squelettes, énormes araignées, vampires et autres monstruosités avaient été installés partout dans le château. Certains avaient même pris vie grâce aux enchantements des professeurs et ne manquaient pas une occasion de faire peur aux élèves.

  Ethan avait été surpris d’apprendre qu’Halloween était aussi célébrée sur Isthos. En discutant avec Evan et Anna, il fut forcé d’admettre que les sorciers avaient de toute évidence récupéré la plupart des fêtes humaines.

  Le jour d’Halloween, Ethan et ses amis virent une note dans la salle commune, qui les informait que, ce soir, le banquet se déroulerait, pour la seconde fois depuis leur arrivée, dans la grande salle du hall d’entrée.

— Hé, Thobois, l’avait interpellé Seth juste avant le début du cours de sortilèges.

— Qu’est-ce que tu me veux ?

— Alors, tu as prévu de te déguiser comment ce soir ? lui demanda-t-il d’un air narquois. En sorcier, je suppose ?

  Il n’attendit pas la réponse d’Ethan puis alla rejoindre Samus qui était déjà assis, en rigolant tout seul.

— Ne fais pas attention à lui, lui conseilla Leah.

— J’essaie, mais il me tape sur les nerfs, répliqua Ethan la mâchoire serrée.

— Un peu de silence tout le monde, réclama le professeur Maléfio en frappant sur son bureau.

  Elle se passa une main dans ses courts cheveux gris puis se tapota le nez distraitement avec sa baguette.

— Jusqu’à présent nous avons travaillé sur movere magis, le sortilège d’entrave. Bien que vous ne soyez pas encore en mesure d’empêcher complètement une personne de bouger, vous allez apprendre autre chose aujourd’hui.

Un murmure de satisfaction parcourut la classe. Maléficio leva l’index pour leur intimer le silence.

— Je vous conseille quand même de continuer à vous exercer puisqu’à la fin de l’année vous serez évalués sur les différents sortilèges enseignés.

  Elle attrapa joyeusement son exemplaire d’Enchantements et sortilèges puis le jeta à l’autre bout de la salle avant de le faire exploser en milliers de confettis.

— Pas besoin de livre aujourd’hui, dit-elle avec un sourire satisfait.

— Elle est vraiment dérangée, commenta Ethan.

— On ne s’entend pas toujours à merveille avec mon frère, mais on n’en est pas encore là, murmura Derek avec une pointe d’amusement.

— Lors de votre premier cours, continua Maléfio, je vous avais dit que les sortilèges étaient la seule forme de magie avec laquelle la visualisation mentale n’était pas nécessaire. Ce n’est exact que pour ceux à effet direct. Pour les enchantements et les sortilèges de manipulation mentale, nous devons constamment utiliser la visualisation.

  Elle quitta son bureau, puis devant le regard stupéfait des étudiants grimpa sur celui-ci.

Illusio, s’exclama-t-elle en visant le sol de sa baguette.

  À la surprise générale, de l’eau venue de nulle part commença à emplir peu à peu la salle. Très vite, le niveau d’eau fut suffisant pour tremper totalement les pieds et le bas de la robe de sorcier de chaque élève. D’un même mouvement, ils s’empressèrent de monter, eux aussi, sur leurs tables en râlant.

— Si j’avais su, j’aurais pris mon maillot de bain, grommela Derek.

— Je vais avoir les pieds mouillés tout le reste de la journée, se plaignit Emma en essorant sa robe.

  Les flots continuaient à affluer ce qui contribuait à faire grimper le niveau dans la salle. Maléficio décida tout à coup de descendre de son bureau. Elle était submergée jusqu’aux genoux. Puis, aussi soudainement que l’eau était arrivée, elle disparut et tous prirent conscience qu’ils étaient en réalité totalement secs.

— Reprenez vos places, s’il vous plait, leur enjoignit Maléficio avec un sourire, visiblement satisfait de sa démonstration.

  Ethan entendit Emma et quelques autres élèves soupirer de soulagement tandis qu’ils redescendaient de leurs tables respectives.

— La manipulation mentale requiert effectivement d’utiliser la visualisation. Autrement, l’illusion que vous venez de vivre n’aurait pas eu l’air si réelle. Aujourd’hui, nous ne travaillerons pas sur le sortilège d’illusion qui n’est pas de votre niveau. À la place, vous allez vous exercer sur elicere, le sortilège de leurre.

  Ethan fut un peu déçu de cette nouvelle, mais il se doutait qu’il fallait être puissant pour lancer un tel sort, d’autant plus que tous les élèves de la classe avaient été soumis à l’illusion.

— La différence entre l’illusion et le leurre, poursuivit Maléficio, réside dans l’intensité du sortilège ainsi que sur les sensations physiques. J’aurais pu reproduire la même chose avec elicere mais vous n’auriez pas eu l’impression d’être mouillée. Le leurre se contente d’être une projection de votre image mentale.

  Elle frappa dans ses mains et manqua d’en échapper sa baguette.

— Allez, c’est parti ! Mettez-vous par deux et exercez-vous l’un sur l’autre. Commencez par des choses faciles, ne cherchez pas la complexité dès le départ.

  Étant assis à côté de Derek, Ethan et lui se mirent naturellement ensemble. Ils passèrent l’heure qui suivit à créer des leurres. Très simples au début puis lorsque approcha la fin du cours, Ethan réussi à produire un nain bossu particulièrement grossier, ce qui fit éclater Derek de rire. L’ambiance dans la classe n’avait jamais été aussi bonne, et ce, même avec la présence des élèves de Pyro.

  Le soir venu, l’atmosphère était à la fête dans la salle commune. Certains étudiants quittaient déjà la tour pour se rendre au banquet d’Halloween.

— On y va ? s’enquit Nate. On va finir par être en retard.

— Ethan, tu ne mets pas ta robe de sorcier ? lui demanda Leah.

— Ah zut, je l’ai oublié dans la chambre. Commencez à y aller, je vous rejoindrai là-bas.

— D’accord, répondit nonchalamment Derek en haussant les épaules.

— Je ne vais pas te laisser tout seul. Gardez-nous une place, ajouta Leah à l’adresse des deux garçons avant de suivre Ethan jusqu’à sa chambre.

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