12. Un noël studieux - 2/3
Pourtant, il n’avait aucune raison particulière d’être heureux d’être en vacances. Le lendemain, tous ses amis quitteraient le château pour se rendre dans leurs familles et il ne resterait que, comme lui, quelques élèves qui passaient Noël loin des leurs.
Ethan n’avait jamais vraiment célébré Noël. Il faut dire qu’à l’orphelinat, bien que ce soit une fête religieuse, il s’agissait d’un jour comme les autres. Pas de cadeau, pas de repas qui sortait de l’ordinaire, juste plus de prières qu’à l’accoutumée. Il se demandait d’ailleurs si sœur Madeleine n’était pas encore plus désagréable que le reste de l’année.
Quand Seth avait appris qu’Ethan serait un des rares élèves qui allait passer Noël à Castel-Lapis, il avait repris ses mauvaises habitudes et s’était empressé d’aller narguer celui-ci. Ethan, l’avait consciencieusement ignoré puisqu’il savait que son absence de réaction énervait Seth au plus haut point, et rien ne lui faisait plus plaisir que de voir son ennemi juré sortir de ses gonds.
Dans la grande salle, pas d’immense sapin. À la place les énormes chênes ainsi que l’entremêlement de branches avaient été ornés de guirlandes et de boules en tout genre. Ethan ignorait comment les lutins s’y étaient pris, mais visiblement ils avaient persuadé les écureuils, qui sautaient de branche en branche, de porter de minuscules bonnets de Noël. La décoration des tables était quelque peu surchargée, on sentait bien là le travail de Namirion.
Le banquet fut plus somptueux encore que le précédent et les plats étaient exquis. Les lutins s’étaient vraiment surpassés. La soirée se déroula dans la bonne ambiance et sans incident majeur à déplorer si ce n’est Homer Berton, un étudiant de troisième année de Pyro qui s’était étouffé avec un os de volaille à plusieurs reprises et avait donc été accompagné jusqu’à l’infirmerie.
Alors que le banquet semblait terminé et que tous s’apprêtaient à quitter la salle, le professeur Foubadil les retint.
— Pour les curieux qui l’auront remarqué, des travaux sont en cours à l’extérieur, leur apprit-elle. Nous sommes en train de monter un stade couvert. Ces travaux ont un rapport avec un évènement qui aura bientôt lieu au château.
Tous les élèves qui étaient encore debout s’assirent immédiatement afin d’en savoir plus.
— J’ai le plaisir de vous annoncer qu’à partir de février se tiendra un tournoi de duel magique.
L’ensemble des étudiants explosèrent de joie et d’excitation. Evan et Erik se mirent débout sur leurs sièges pour célébrer. Agate s’était retenue de faire de même. Pourtant, elle aussi ne tenait plus en place. Foubadil leva la main pour demander le silence.
— Le tournoi sera ouvert à toutes et tous, peu importe votre niveau. Les inscriptions seront possibles jusqu’à la fin du mois prochain et le premier tour aura lieu courant février. Les affrontements ne se dérouleront dans l’arène qu’à partir du second tour. Enfin, le vainqueur de la compétition remportera la somme de cinq cents couronnes.
La foule exulta encore une fois, applaudissant et sifflant de joie. Il s’agissait là d’une cagnotte non négligeable, plus importante encore que ce que l’établissement avait donné à Ethan pour acheter ses fournitures scolaires. Foubadil observait l’assemblée avec un sourire, mais semblait attendre le silence, manifestement elle n’en avait pas terminé.
— Ce n’est pas tout. Les deux finalistes du tournoi seront automatiquement sélectionnés pour participer à un autre évènement. En effet, j’ai le plaisir de vous annoncer que le tournoi des quatre écoles renaît de ses cendres.
Ethan n’avait aucune idée de ce qu’était cette compétition, mais visiblement il s’agissait de quelque chose d’encore plus exceptionnel que celle de duel puisque les étudiants étaient en délire. Même les professeurs accueillaient la nouvelle avec moult sourires et applaudissements.
— Pour les rares personnes qui ignorent ce qu’est le tournoi, avait-elle expliqué une fois le calme revenu, il s’agit d’une compétition entre les quatre écoles les plus importantes d’Isthos. Chaque établissement choisira deux élèves qui concourront dans des épreuves particulièrement exigeantes. Les moins bons seront éliminés au fur et à mesure jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. Le vainqueur remportera cinq mille couronnes, une somme permettant de débuter n’importe lequel de vos projets futurs.
— Cinq mille couronnes ? Ça fait beaucoup d’argent, s’exclama Leah.
— Tu veux participer ? demanda Derek à l’adresse d’Ethan.
— Bien sûr, répliqua ce dernier avec entrain. Je n’irais certainement pas bien loin, mais ce sera intéressant de voir comment je m’en sors.
— Tu as intérêt de m’attendre pour t’inscrire, l’avertit Derek. Imagine si on gagne.
— Je ne veux pas briser tes rêves, petit frère, intervint Malik d’un air hautain, mais il y a très peu de chances pour que ce soit le cas.
— Qu’est-ce que tu en sais, d’abord ?
— Derek à parfaitement raison, intervint Agate. Ce n’est pas parce que monsieur parfait à décidé que le tournoi n’était pas suffisamment bien pour lui qu’il doit convaincre les autres de ne pas participer.
Malik foudroya sa sœur du regard avant de quitter la salle du banquet.
— Il n’a pas tort pourtant, fit remarquer Leah. Le tournoi est ouvert à tous. Ce qui veut dire que vous pouvez affronter n’importe qui, pas seulement des élèves de première année. Tu comptes faire quoi si tombes contre un sixième année, Derek ? L’impressionner en allumant une bougie ?
— Je suis certain qu’il sera mort de trouille, s’esclaffa Ethan.
— On sait très bien qu’on a peu de chance d’arriver à quoi que ce soit, mais ça fait une expérience, répliqua Derek. Tu ne veux pas participer avec nous, Nate ?
— Non merci, je me contenterais de vous encourager des gradins.
Le lendemain matin, lorsqu’Ethan se réveilla, un silence de plomb régnait dans la pièce. Il se retrouvait à nouveau seul pour la première fois depuis trois mois. Aucune trace de Derek, Nate et Evan, ils avaient dû quitter Castel-Lapis à l’aube, ce qui n’était pas une surprise pour Ethan qui leur avait dit au revoir avant de se coucher.
Il jeta un coup d’œil à travers la fenêtre. Il semblait faire le même temps que la veille, à savoir un temps froid et nuageux. Il se leva sans réelle envie, décida de laisser sa robe de sorcier dans l’armoire et enfila des vêtements normaux. Il sortit de la chambre pour aller prendre son petit-déjeuner. Là encore, la salle commune était totalement déserte.
La grande table, généralement bondée de monde, était vide et la quantité de nourriture avait considérablement diminué. Après tout ce n’était pas étonnant, l’école n’allait pas continuer à fournir beaucoup de vivres s’il n’y avait presque plus d’élèves.
Il baissa tristement le regard sur l’âtre de la cheminée dans laquelle il restait quelques braises. L’ambiance conviviale qui régnait habituellement dans la salle commune et la chambre lui manquait déjà, les vacances s’annonçaient très longues sans ses amis.
Tandis qu’il prenait son petit-déjeuner, une question ne cessait de le harceler. Qu’allait-il bien pouvoir faire pour s’occuper pendant ces deux interminables semaines ? Sa première idée fut d’aller dévorer les livres de la bibliothèque. Avec les cours et les devoirs, il n’avait plus eu beaucoup le temps de s’adonner à ce loisir qu’il chérissait tant lorsqu’il vivait à l’orphelinat. Puis, son esprit rappela à lui le tournoi de duel. Il avait promis à Derek de l’attendre pour s’inscrire, néanmoins il n’était pas obligé de patienter pour s’entrainer.
De meilleure humeur à la fin de son petit-déjeuner, il s’était rendu à la bibliothèque. Non seulement, il devait se renseigner afin de savoir comment se déroulaient les duels magiques, mais avec un peu de chance, il dénicherait des ouvrages qui lui apprendraient de nouveaux sortilèges.
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