14. Une proposition alléchante - 1/2

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  Chaque pas et chaque respiration étaient un véritable calvaire. Quelle idée de placer l’arène aussi loin ! Il essayait malgré tout de faire bonne figure tandis que ses amis l’accompagnaient à l’infirmerie, mais il ne pouvait s’empêcher de grimacer de douleur.

  Jim qui avait pourtant passé une grande partie de l’après-midi à commenter les duels ne se lassait pas de reparler des actions incroyables qu’il avait vu.

— Et quand Agate a fait apparaître cette épaisse brume, c’était génial, disait-il avec enthousiasme. Évidemment, je vous avoue que c’était devenu beaucoup plus délicat pour moi de commenter, mais j’ai fait de mon mieux.

— Tu veux rire ? répliqua Derek. C’était son golem de nuages, son sortilège le plus impressionnant. Tu as vu la droite monumentale que s’est prise Sam ?

— Effectivement. C’était une sacrée démonstration, renchérit Leah.

— C’est vrai, admit Jim. C’est dommage pour Sam, je suis certain qu’il aurait pu aller plus loin.

  Il tourna la tête vers Ethan qu’il soutenait toujours.

— C’est comme toi, reprit-il. Je dois avouer que tu m’as surpris. Si tu n’étais pas tombé contre Sarah, tu aurais peut-être pu avancer dans le tournoi.

— Absolument, renchérit Nate. Tu n’as aucune honte à avoir. Elle était beaucoup trop forte pour toi et tu as quand même donné le meilleur de toi-même.

— On pourrait parler de ça à l’infirmerie si ça ne vous dérange pas ? demanda Ethan en grimaçant.

— Oh… Oui, désolé, s’excusa Jim.

  Ils arrivèrent rapidement devant la porte de l’infirmerie. Mme Neda était en train de s’affairer entre les différents lits qui étaient pour la plupart tous occupés. Lorsqu’elle tourna la tête en direction de l’entrée et qu’elle vit Ethan accompagné de ses amis, son visage s’assombrit. Elle marcha dans leur direction en grommelant.

— Encore d’autres élèves, l’entendaient-ils se plaindre. Je n’ai pas assez de travail d’habitude, il fallait bien que Janice ait la brillante idée d’organiser un tournoi avec des dizaines de blessés. Qu’elle compte sur moi pour lui dire ce que je pense de tout ça.

  Elle continua de s’approcher du petit groupe en pestant, mais une fois arrivé à hauteur d’Ethan, elle sembla se calmer.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda-t-elle d’une voix plus douce, mais toujours ferme.

  Ethan, le souffle court à cause de la douleur, regarda Derek pour lui faire comprendre de parler pour lui.

— Ethan a été blessé pendant son duel, commença Derek.

— Étonnant, marmonna Mme Neda entre ses dents.

— Il a violemment percuté un mur.

— Il va falloir que je t’examine, dit-elle à l’adresse d’Ethan.

  Elle se retourna et observa les couchettes qui étaient toutes occupées. Elle semblait réfléchir à un moyen de libérer une place pour Ethan. Son regard s’arrêta sur un jeune homme qui n’avait pas l’air si mal en point que ça. Un sourire se dessina sur les lèvres de Mme Neda puis elle fit signe au groupe de la suivre tandis qu’elle approchait du lit.

— BOYER ! rugit-elle soudainement.

  Le garçon sursauta et se redressa vivement.

— O… O… oui, Madame Neda ? balbutia-t-il.

— Tu vas me faire le plaisir de débarrasser le plancher et plus vite que ça, ordonna-t-elle d’une voix sévère.

— Mais… Madame Neda, je vous assure que j’ai toujours mal, gémit Boyer.

— Le contraire m’aurait étonné, railla-t-elle.

— C’est surtout quand je plie mon poignet. Regardez.

  Il courba étrangement sa main droite et grimaça en reprenant sa position de départ.

— Vous voyez ?

— Je te conseille de déguerpir rapidement si tu ne veux pas avoir des problèmes bien plus sérieux, lui recommanda Mme Neda qui commençait visiblement à perdre patience.

  Il soupira et quitta le lit.

— Très bien, opina-t-il. Mais si j’ai toujours mal demain vous pouvez être sûr de me revoir. Et si vous m’expulsez encore de l’infirmerie de cette manière, croyez-moi que je ne manquerais pas d’en toucher deux mots à madame la directrice.

  Mme Neda lui fit une grimace insolente puis lui montra la porte de sortie. Il soupira puis quitta la salle d’un air maussade.

  Elle se retourna vers le groupe d’Ethan et leur sourit en replaçant ses cheveux sur sa tête.

— Excusez-moi pour cette scène, dit-elle. Allez-y, installez-vous, monsieur Thobois.

— Pourquoi l’avez-vous expulsé ? demanda Ethan en se couchant sur le lit. Il avait vraiment l’air d’avoir mal au poignet.

— Croyez-moi, Owen Boyer est un bon acteur. Il passe la grande majorité de ses journées ici, à l’infirmerie. Tous les jours avec un nouveau problème imaginaire. Au début je perdais mon temps à essayer de trouver la cause de sa douleur, mais évidemment je pouvais chercher longtemps. Je connais mon métier, vous savez.

  Elle parut réfléchir un instant.

— Je me demande par quel miracle il est passé en deuxième année celui-là. Toujours à l’infirmerie, jamais présent aux cours. Mais là, ça commence à aller trop loin, je n’aurais pas d’autre choix que de parler de lui à Janice.

  Elle ne semblait visiblement pas porter Owen dans son cœur, Ethan tenta malgré tout d’adoucir la situation.

— Dans le monde des humains, les personnes comme Owen sont appelées des hypocondriaques, expliqua-t-il. Ils craignent tellement de tomber malades qu’ils s’inventent des problèmes.

­— Foutaises, s’exclama Mme Neda. C’est juste un gosse de riche qui a un père qui travaille au ministère ou pour le roi, qui pense que tout lui est dû et qui fait tout son possible pour ne pas se rendre en cours.

Elle attacha ses cheveux avec une pince en fer.

— J’exerce ici depuis près de vingt ans, monsieur Thobois. Ce n’est pas le premier tir au flanc dans son genre que je rencontre et la réalité, c’est qu’ils ne deviennent généralement pas très brillants.

  Ethan trouvait Mme Neda un peu dure, mais après tout, peut-être avait-elle raison ? Seth avait également son père qui travaillait au ministère de la Magie et il pensait qu’il valait mieux que les autres.

— Assez discuté, reprit Mme Neda. Soulevez votre pull et votre t-shirt que je puisse évaluer l’étendue des dégâts.

Ethan obtempéra pour laisser entrevoir son torse. Le verdict ne tarda pas à tomber.

— Hmm, ce n’est pas joli. Je vois au moins trois côtes cassées, annonça Mme Neda, si ce n’est plus.

  Ethan se redressa légèrement pour mieux s’observer. La partie droite de sa cage thoracique était toute violacée. Sarah ne l’avait visiblement pas raté. Même s’il n’avait pas été expulsé hors de la zone de combat, il aurait sans doute été incapable de poursuivre le duel.

— Ça doit être douloureux, s’inquiéta Leah.

  Mme Neda sortit sa baguette de la poche de sa blouse blanche et effectua un étrange moulinet qui éclaira le bout de celle-ci ainsi que la peau violacée d’Ethan. Entre les deux, une minuscule boule lumineuse se mit à grossir pour faire apparaître un fil qui relia cette dernière à Ethan. Elle resta ainsi durant deux minutes puis la rangea.

— Ceci devrait calmer un peu la douleur, déclara Mme Neda.

  Effectivement, Ethan pouvait maintenant respirer sans avoir l’impression de se faire poignarder. Une belle amélioration, donc.

— Je peux facilement réparer la peau et les muscles, mais là, c’est une autre affaire. Ma magie ne sera pas suffisante, il faut ressouder les os. Je vais préparer la potion, mais vous allez devoir passer la nuit à l’infirmerie.

  Elle lui tapota l’épaule puis fit volte-face pour s’éloigner en direction de son bureau, sur lequel se trouvait un petit chaudron en bronze qui fumait en permanence.

— Je n’avais pas prévu de rester tout le week-end ici, mais je ferais avec, plaisanta Ethan.

— On viendra te voir demain matin, lui assura Nate.

— Ce n’est pas que je ne vous aime pas, leur dit Jim, mais j’ai fait ce que j’avais à faire. Je vais rejoindre les autres dans la salle commune. Bon courage pour avaler la potion, Ethan, ajouta-t-il avant de se diriger vers la sortie.

— Je trouve que tu t’en sort plutôt bien, lui fit remarquer Leah. Ça aurait pu être beaucoup plus grave. Je comprends ce que veut dire madame Neda, le tournoi est dangereux.

— Tu changes bien vite d’avis, railla Derek. Tu n’étais pas la dernière à crier dans les tribunes, je te rappelle.

— Ce n’est pas parce que j’ai passé un bon moment que ça n’en reste pas moins dangereux pour les participants, répliqua-t-elle avec mauvaise humeur. Regarde l’état dans lequel est Ethan.

— Du calme, intervint ce dernier. Personne ne m’a forcé à m’inscrire, et encore moins à combattre. J’aurais pu déclarer forfait en sachant que j’allais affronter Sarah.

— Le tournoi est un parfait rappel que la magie n’est pas à utiliser à la légère, dit Nate comme si la discussion était close.

  Il y eut un mouvement sur le matelas à droite de celui d’Ethan. Les rideaux qui cachaient le lit remuèrent puis s’écartèrent brusquement. Le visage d’Ethan s’assombrit quand il vit que son voisin n’était autre que Seth.

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